buddies night | Summer

« C’est ta petite amie ? » Je croise les bras et regarde ma mère dans le miroir devant lequel elle est en train de se préparer. Elle va diner avec je ne sais plus quel mec de son service. Sa chambre est vide, ne restent que le lit, un grand miroir et ses affaires qui s’empilent un peu partout, comme rangées dans un bordel organisé. Ma chambre à moi ressemble à la sienne, et les autres pièces de la maison… Un peu plus tôt dans la journée, elle a tenté de me convaincre qu’il fallait déménager – et j’ai obtenu d’elle qu’on attende la toute fin du lycée. « Non, Summer n’est pas ma petite amie, ma petite amie c’est Margaret ». Elle semble confuse mais ne fait pas de commentaire, se contente de hocher la tête, visiblement rassurée par le seul fait que personne ne viendra lui hurler dessus pour avoir laissé son fils en compagnie d’une demoiselle sans défense. « Très bien », elle lâche en enfilant sa deuxième boucle d’oreille. Elle embrasse ma joue – persévérante – et disparait finalement pour rejoindre une voiture qui l’attend dans la rue. Enfin libre, je décide de commander des pizzas avec les 20£ qu’elle m’a donné et d’ajouter deux bières, ce après quoi je rejoins ma chambre pour zoner sur facebook en attendant un signe de vie de la part de ma très chère amie Summer. Je ne sais pas vraiment comment il se fait que nous soyons devenus tellement amis, à dire vrai, alors que notre rencontre hasardeuse ne promettait rien de la sorte, mais je sais sans le moindre doute que c’est la personne sur laquelle je peux le plus compter aujourd’hui.

La preuve, elle est invitée dans ma maison vide. Quelques minutes plus tard, je réceptionne les pizzas, que je dépose directement dans la cuisine peu aménagée, et il ne faut ajouter à ça que quelques minutes supplémentaires pour que Summer ne sonne à son tour. J’ouvre et lui offre un sourire nonchalant. « Hello », je lâche en lui ouvrant grand pour qu’elle entre. « Welcome in my Castle, My lady », j’ajoute, ironique évidemment. Mes yeux se posent sur une photo de mon père épinglée au mur et sertie de quelques fléchettes et je pousse un soupir. « Long story, sometimes we need distraction with my mother ».