Summer time goes too fast - Tamsin&David

Il n'était plus un gamin. Il n'avait pas de raison de prendre ses vacances en été. Ce n'était plus cette période de trève scolaire tant attendue. Il pouvait les avancer un peu, ou les reculer. Eviter les foules, et profiter pleinement. Enfin, c'était juste dans le principe. Il n'était plus un gosse, il ne pouvait pas vraiment faire ce qu'il voulait. Il ne pouvait pas vraiment prendre ses vacances à n'importe quel moment parce qu'il ne vivait plus aux crochets de papa et maman. Cela faisait quelques années que David avait oublié la notion de vacances. Cela faisait quelques années que David travaillait toute l'année pour avoir suffisamment d'argent pour survivre. Et ça lui allait très bien. Cela lui évitait d'avoir à rentrer chez son père. Cela lui évitait d'avoir à rentrer chez lui et à devoir expliquer ses échecs au paternel. Cela lui évitait de rentrer chez lui et d'avoir à justifier pourquoi son nom n'apparaissait sur aucune affiche. Il avait suivit son cœur et ses rêves, contrairement à ce que son père voulait. Il avait suivit son cœur et ses rêves et il avait commencé par se planter. Il avait commencer par se planter, bêtement, pendant plusieurs années. A prendre tous les petits rôles peu rémunérateurs qu'on acceptait de lui accorder sans jamais réussir à atteindre l'échelon supérieur. De petits rôles sans importance, sans jamais réussir à se faire un nom.

Mais ça, c'était avant. Il n'avait pas besoin de travailler pendant son été. Il n'en avait même pas le droit. Il n'avait plus le droit d'enchaîner les petits rôles minables. Il n'avait plus le droit de prendre tout ce qui passait en espérant se faire une renommée. Parce qu'il n'était plus cet acteur misérable, il avait décroché le rôle de sa vie. Certainement pas à cause de son talent, mais il l'avait tout de même. Et il devait donc prendre des vacances. Car ce n'était pas le tournage ni la période de promotion. Alors il n'avait pas vraiment eu le choix. Pas le choix de poser ses vacances avant ou après la trêve estivale. Parce que l'équipe des maraudeurs avait décidé pour lui. Mais il s'en fichait un peu. Il s'en fichait un peu de quand il était en vacances. Il se contentait de profiter de cette liberté. Sa vie n'était décidément plus la même depuis qu'on était venu le chercher pour remplacer Nevil. Sa vie était devenue luxueuse. Parce qu'avoir des vacances, c'était un luxe à ses yeux.

Et il avait passé sa matinée avec sa famille avant de rejoindre sa sœur à midi pour manger. Et il finissait son après-midi tranquillement installée sur une terrasse, un diabolo citron devant lui. Parce que les bières belges avait beau être parfaites, il passait son tour. Quand il commençait à en boire, il avait énormément de mal à s'arrêter, et il n'était que quatorze heure. Bien trop tôt pour céder à l'appel de l'alcool. D'autant qu'il n'avait pas de raison de céder. Sa vie était à ce moment précis tout ce dont il avait toujours rêvé. A quelques détails près. Et même si l'anxiété qui parcourait ses veines lui criait que tant de perfection cachait quelque chose de louche, il s'efforçait d'ignorer ses doutes. Il était suffisamment habitué à questionner tout et n'importe quoi pour savoir que cela n'en valait pas la peine et pour réussir à ignorer cette sale petite voix dans sa tête. Il était bien. Il était seul. Il faisait beau. Il était de retour chez lui. Tout allait tellement bien que quand il vit Tamsin, il ne se posa même pas la question. Il n'hésita même pas une seconde. Et il appela la jeune fille qui se trouvait sur le trottoir en face de lui, en lui faisant un signe de la main pour attirer son attention. Évidemment, il se demanda pourquoi il avait fait ça deux secondes après s'être laissé allé à vouloir être sociable. Mais c'était Tamsin, il pouvait bien faire un effort. La blonde avait été là pour lui lors de leur premier tournage ensemble, quelques années plus tôt, et elle avait pris en main son arrivée en prenant soin de prévenir les autres de la ressemblance frappante entre lui et l'acteur qu'il remplaçait. Tamsin avait fait beaucoup pour lui, alors il pouvait bien abandonner sa solitude tranquille pour partager avec sa collègue une après-midi de vacances.