I think I wanna marry you w/ Adrian

Ma vie reprend forme et je ne peux pas m'empêcher d'être rassuré par l'idée. Adrian semble aller beaucoup mieux et même de ne plus m'en vouloir ce qui est une chance inespérée que je compte bien saisir pour nous. Les choses se précisent, et il m'est honnêtement très difficile de me concentrer sur le reste de mes activités lorsque je songe à ce qui nous attend cette année. Mariage, adoption, nouvelle maison et nouveau job sans doute avec la fin du tournage des maraudeurs. Tout va changer, pour le meilleur on dirait. Lorsque je songe à l'année dernière, je ne peux que voir le chemin parcouru et considérer mon erreur comme un rappel de ce qui compte réellement pour moi. J'ai failli perdre l'homme que j'aime depuis des années, et j'ai réalisé qu'il nous manquait quelque chose d'important pour compléter notre bonheur commun comme le mien en particulier. Je n'ai plus envie de découcher, j'ai au contraire réellement envie de m'investir dans quelque chose de sérieux et d'utile. Je veux mettre mon temps libre à profit et élever un enfant me semble être la meilleure façon de le faire. Je sais que beaucoup de gens pensent qu'un couple comme Adrian et moi ne devraient pas avoir d'enfants à charge, que nous ne pouvons pas assure la stabilité émotionnelle et l'éducation d'un enfant de la même manière qu'un couple hétérosexuel. Je pense évidemment le contraire, pas par égoïsme, mais parce que je ne vois pas comment deux personnes qui s'aiment autant que nous et qui ont pu compter l'un sur l'autre toutes ces années ne pourraient pas en faire de même avec un enfant. C'est une énorme responsabilité évidemment, mais une responsabilité que mon cœur est prêt à prendre avec ma raison. Ce n'est pas quelque chose qui ne fait qu'arriver, ou même une décision qu'on prend sans avoir pleinement conscience des choses, c'est une démarche. Une démarche intellectuelle dictée par le coeur. L'instinct paternel, soumis au bon vouloir de l'administration et d'une bonne dose de volonté. Adrian et moi ne sommes pas inaptes, il nous faudra cependant le prouver avec plus de force que n'importe quel autre couple.

Je ne peux d'ailleurs pas m'empêcher d'y penser, alors qu'en terminant les derniers achats de Noël, mon regard échoue sur quelques peluches et jouets d'enfants. La conversation elle même m'échappe régulièrement comme une obsession dont on se défait pas vraiment. La faute peut être à ma grande famille. J'ai tellement à donner, et cet enfant tellement à recevoir. Incapable de résister j'achète une peluche qui échoue sur le sofa près d'Adrian qui est désormais en vacances et allongé sur moi devant un film dont la résolution me donnerait presque le tournis. Mon bras caresse doucement son épaule. « Tu tiens vraiment à te marier cet été ? » Je le questionne soudainement. Il serait plus judicieux d'être un couple marié au moment de la demande. « L'hiver c'est bien aussi. » Peut importe vraiment la saison en réalité, c'est quelque chose que j'ai l'impression d'attendre depuis des années.

Les vacances scolaires changent mon rythme de vie de manière considérable. Courses de Noël, déjeuner chez ma mère, après-midi passés à l’appartement pour regarder des films en buvant du thé, je n’ai rien d’autre en tête que la période apaisée qui s’ouvre à nous. Je suis tellement heureux que les problèmes de l’année dernière aient été surmontés que je ne parviens même pas à corriger des copies dont je vais bien devoir finir par m’occuper avant la rentrée prochaine. Noël est une période de l’année que j’affectionne particulièrement et dont j’apprécie l’esprit chaleureux et de réunion. Nous allons revoir toute la famille, et moi qui ai toujours été vraiment très proche de ma mère, je ne peux que porter une grande attention à ces moments que nous partageons tous. J’aime à penser que les ennuis sont désormais derrière nous et que nous ne risquons plus rien, Chris et moi. Nous allons avancer, nous marier, et nous finirons par adopter si tout se déroule comme prévu. Je songe malgré moi aux papiers de la demande qui sont dissimulés dans mon bureau et que je compte lui mettre au pied du sapin si toutefois la dame responsable de mon dossier me rappelle pour me confirmer que nous pouvons adopter. Il serait évidemment arrangeant que l’on se marie avant, et malgré mes paroles de l’année passée, qui consistaient pour la plupart à s’interroger sur l’instauration d’un délai de réflexion et de remise en cause de notre relation avant de sauter le pas, je crois que je n’ai finalement jamais été plus prêt et plus déterminé que je ne le suis aujourd’hui. Je veux l’épouser et finir ma vie avec lui, et peut être que c’est ce dont notre couple a besoin, après les années et le temps qui passe, d’un peu de ciment pour assurer les bases de toute notre histoire. En tout cas, je suis prêt à m’engager. Je l’aimerai toute ma vie, et je serai tout bonnement incapable d’aimer qui que ce soit d’autre comme je l’aime. Il me rend meilleur, m’apporte cette stabilité que tant de gens apprécient chez moi, et ce sans avoir besoin de rien faire.

Je somnole d’ailleurs sur ses genoux en ce moment même, devant la gigantesque télévision qu’il a achetée il y a quelques jours. Allongé, je viens tout juste de terminer mon thé et la voix des gens à la télé me berce presque, jusqu’à ce que celle de Chris vienne me faire sursauter. Je relève les yeux vers lui et ris doucement, pas moqueur, plutôt tendre. « Je n’aime pas particulièrement le soleil, de toute façon », je réponds en posant ma main sur la sienne. « Mais je ne veux pas que ce mariage soit préparé à la hâte. C’est peut être idiot, mais j’ai envie de t’épouser selon les formes et le romantisme qui conviennent à la situation », j’explique en ricanant un peu, surtout pour me moquer de moi-même et de ce fichu romantisme dont transpirent les bouquins que j’ai l’habitude de lire. Je suis sans doute trop fleur bleue pour notre bien à tous les deux. « Cela dit, si on prend le temps de faire les recherches pendant les vacances et que ça parait réalisable de faire un mariage rapidement mais qui sera aussi bien organisé que si on le faisait dans 6 mois, je ne suis pas contre l’idée de me marier l’hiver ». Je me redresse un peu pour lui faire face et lui offre un sourire tendre en glissant ma main contre sa joue.

Contre toute attente il ne cherche pas à me dissuader d'essayer de le convaincre. Au contraire, il considère la chose, riant de bon cœur en avouant ne pas être un grand fan de soleil. Je ne peux pas m'empêcher de sourire tendrement moi aussi, caressant doucement sa peau blanche comme l’albâtre qui est sûrement la seule ici à vraiment haïr le soleil plus que quiconque dans la pièce. Pour être tout à fait sincère, je n'ai pas vraiment envie d'attendre cet été pour plusieurs raisons qui ont somme toute leur importance. L'année dernière était une pause suffisamment longue pour ne pas perdre davantage de temps, mais la fin de mon contrat en est une autre qu'il faut considérer avec sérieux et même l'accro du shopping que je suis est bien obligé d'avoir un brin de sens des réalités dans ce genre de situation. Je ne sais pas vraiment combien de temps il me faudra pour trouver une nouvelle place sur un tournage, et tout comme Adrian je ne voudrais pas d'un mariage au rabais. Un salaire en moins pourrait complètement changer la donne cela dit et cet été je serais définitivement en pleine recherche d'emploi. La plus importante des raisons et aussi celle qui me tient le plus à cœur, j'aimerai pouvoir accueillir le bébé dans les meilleurs conditions possibles. Être un couple marié et stable fait partie de ces choses que je tiens absolument à avoir mis en place avant d'étendre notre famille. Je veux pouvoir acheter au bébé tout ce dont il a besoin, même ce dont il n'a pas besoin, en réalité surtout ce dont il n'a pas besoin mais c'est une partie de ma personnalité avec laquelle il faudra évidemment composer. Je ne veux pas avoir à me restreindre sur l'achat de ce qui me semble essentiel que ce soit réellement essentiel ou non. Je prends évidemment cette adoption très au sérieux, plus que je n'ai jamais pris au sérieux une chose dans ma vie, et j'ai besoin de pouvoir couvrir ce petit être de cadeaux comme il le mérite, lui qui n'aura pas eu la chance de connaître ses véritables parents, lui qui devra composer avec cette famille un peu différente de celles de ses futurs camarades de classe et qui devra aussi faire avec le regard des gens.

« Je sais tout ça Adrian, c'est ce que je veux aussi vraiment. Mais pour l'instant j'ai un très bon salaire, ça sera sûrement plus le cas dans quelques mois, j'aimerai vraiment en profiter pour faire quelque chose de bien, pour tout ceux qui ont attendu ce moment pendant trop longtemps et tu sais que je ne parle pas que de toi et moi. » Nos parents évidemment, nos famille et amis. Ca doit être un beau mariage et je ne vais certainement pas réduire le budget de cet événement important de notre vie à tous les deux pour une affaire de chômage. « On recommencera à tourner d'ici un mois, ce qui me laisse vraiment beaucoup de temps pour continuer à organiser lorsque tu auras repris le travail. Je pense que c'est possible oui, ce sera aussi très certainement plus facile d'adopter dans ces conditions qu'en se présentant comme concubins. Je n'ai pas envie qu'ils pensent que tu n'es qu'une lubie dans ma vie parce que c'est tout sauf le cas Adrian Fletcher. » Et ça bien sur qu'il le sait, mais ce n'est pas forcément le cas des services sociaux qui peuvent être très à cheval sur les détails sans pour autant prendre en considération le plus important. Ils ne se baseront que sur des faits, et il nous faut de ce fait le meilleur dossier possible.