❝ I need your phone, thanks ❞ libre

Nicolas ne comprenait pas comment il avait pu se montrer si distrait. Il était bien plus intelligent que cela, pourtant. Bien plus intelligent pour ne pas perdre sa mallette des yeux. Sa mallette … C’était un peu sa vie. Sans même compter quelques contrats signés, il y avait surtout son téléphone, ses clés, son portefeuille … Bref, c’était sa vie. Même pas qu’un peu, finalement. Il fut immédiatement soulagé en réalisant que ses dossiers dit « sensibles » restaient toujours chez lui, dans son bureau. Au moins, il était un minimum prévoyant, et probablement pessimiste, alors il ne les avait jamais sur lui. Il ne pouvait imaginer ce qu’il aurait fait si tout le dossier de Bart avait été dans sa mallette et si, pire, quelqu’un était tombé dessus. Sans compter le chantage qu’il y aurait eu – qu’importe, il aurait été prêt à payer après tout – le risque que le voleur se rende à la police était bien trop important pour qu’il ne prenne seulement le risque de les transporter avec lui. Mais il était tout de même dans une bien mauvaise posture, en cet instant. Nicolas s’était rendu dans ce quartier malfamé parce qu’une de ses clientes s’y trouvait. Pourquoi avait-il une cliente qui, vraisemblablement, ne pourrait jamais le payer ? Parce qu’il s’était laissé amadouer. Attention, il ne parlait pas de ses charmes – Nicolas était bien trop professionnel pour ne serait-ce penser à coucher avec l’une de ses clientes, ou en tout cas, pas tant que le procès ne fut gagné – mais d’un sujet bien plus sensible. Quelques années plus tôt, Nicolas avait pris la défense d’une victime de viol, à titre gracieux. Enfin … Disons seulement qu’il avait accepté de n’être payé qu’en pourcentage des dommages et intérêts qu’il remporterait. Et disons que ce procès avait été assez ébruité – par son fait, bien entendu ; c’était qu’il fallait mettre les citoyens de leur côté. Résultat, une autre femme était venue le voir à son cabinet, et Nicolas ne s’était pas vu la refuser. Encore moins depuis que Vera avait commis un meurtre pour se protéger. Parce que ce sujet était, de fait, devenu bien plus sensible pour lui. Bref, du coup, l’avocat se trouvait dans ce quartier malfamé, sans argent, sans téléphone, sans rien. Et il devait retourner à son cabinet, qui était de l’autre côté de la ville. Il ne savait juste absolument pas comment il allait faire pour se tirer de cette situation-là. Quand soudain, il vit une personne non loin de lui qui raccrochait. La personne ne semblait pas trop dangereuse, ainsi n’eut-il pas peur qu’elle fasse atteinte à sa vie. Alors il se rapprocha d’elle et, ignorant son air offusqué lorsqu’il prit son téléphone des mains, il vint composer le numéro de Bart. « Désolé, appel urgent, c’est pour sauver une femme qui vient d’être violée. » crut-il quand même bon de marmonner à l’égard de la personne, avant de porter le téléphone à son oreille et d’atteindre que son client ne lui réponde.