AW ♦ inglorious bastard

     Certains essayent de trouver des raisons au comportement d’Alan, des indices sur son enfance, son adolescence, qui prouveraient qu’en réalité, c’est une faille, une enfance malheureuse ou un drame qui lui ont forgé son caractère. Mais en réalité, il n’en est rien. N’importe quel enfant qui aurait eu l’éducation qui fut la sienne aurait pu être soit comme lui, soit complètement différent. Alan a eu une enfance plutôt heureuse. Ou en tout cas, il n’a jamais manqué de rien. Un de ces ancêtres, du côté de sa mère, était un lord et possédait des terres dans les Midlands de l’Ouest, près de Coventry. Son grand-père paternel était un homme d’affaire allemand. Sa mère n’a jamais eu à travailler, même si elle avait obtenu à vingt-deux ans un diplôme en lettres antiques à Oxford. Les revenus du patriarche suffisaient largement à entretenir la famille Wagner. Alan n’a connu que des établissements privés, côtoyant les enfants de la monarchie anglaise au sens large pendant nombre de ses années scolaires. Il a reçu une excellente éducation et s’est toujours montré bon élève, appliqué et studieux. Peut-être que sa façon de vivre vient de ses trois années passées en France, de quinze à dix-huit ans, où il a fréquenté un lycée international parisien. Il est vrai qu’il lui arrivait, avec ses camarades, à payer un homme à tout faire pour qu’il achète pour eux une bonne bouteille de vin qu’ils dégustaient tout en refaisant le monde dans leur dortoir. Et ne dit-on pas que les françaises adorent les gentlemen anglais ? Ou peut-être que son retour en Angleterre, à Oxford, tradition familiale oblige, lui a donné envie de tester d’autres facettes de sa personnalité, de tester son sourire sur de jeunes anglaises naïves qui ne refusaient pas une invitation dans sa chambre d’étudiant. Dernière piste, ses deux années au MIT aux États-Unis, où son accent anglais et son français impeccable a pu faire tourner la tête à bien des demoiselles croisées sur le campus. Personne ne saura jamais ce qui a fait que ce petit garçon brun aux grands yeux bleus plein de curiosité est devenu à vingt-cinq, un des célibataires les plus en vogue de Londres, avec un job en or, un somptueux manoir, un dressing à faire pâlir n’importe quelle accro à la mode et autant de voitures que de jours dans la semaine. Mais déjà, la rumeur courrait qu’il n’était pas si gentleman que ça, et que certes, il était un cœur à prendre, mais qu’aucune de ses conquêtes ne passait plus de deux nuits d’affilé dans son lit. Qu’il ramenait parfois deux filles à la fois dans son king size, et même parfois, des jeunes hommes qui ne semblaient pas toujours savoir négocier des gros contrats.