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 don't you wish you could go back when you hadn't lost anything? [evey & fabien]

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MessageSujet: don't you wish you could go back when you hadn't lost anything? [evey & fabien]   don't you wish you could go back when you hadn't lost anything? [evey & fabien] Icon_minitimeDim 29 Mai - 21:59


« don't you wish you could go back when you hadn't lost anything ? »
[evey & fabien]

Les bas-fonds de Londres perdent toute leur obscurité caractéristique lorsqu’apparait l’été. Les fenêtres des pubs s’ouvrent, leurs palissades s’élargissent, donnant place à des terrasses festives où l’alcool coule à flot. Sans compter les boîtes de nuit. Celles-ci portent bien leur nom, leur fait honneur, étant donné qu’elles s’animent, prennent vie dès que le ciel devient noir et glauque. Les stroboscopes tyranniques, les danseurs démoniaques, les boissons turpides et les stupéfiants chimériques, tous ces indices rappellent le pire des cauchemars, pourtant, cette ivresse lugubre, Fab en raffole. Danser avec passion et frénésie jusqu’aux premières lueurs du jour, sentir sa sueur, chaude et alcoolisée, imprégner sa peau de cette humidité espiègle qu’il ne connait que trop bien, et, par-dessus tout, frôler les corps détendus et voguant des autres nymphes et satyres. Vraiment, cette noyade au sein de la foule délirante, avide d’émotions, peu de choses sur Terre procure à Fab un plaisir aussi extrême. Ce soir, il sort en boîte de nuit. Ses apôtres lui sont fidèles et l’accompagne, pas tous, mais plusieurs. Michelle est là, seule fille du groupe ce soir, dans une robe d’été flamboyante, dont le décolleté s’étant de Londres à Montréal. Depuis l’arrivée de l’été et la fin du trimestre, elle et lui finissent tant de soirées dans le lit de Fab. Dès que leurs regards se croisent, des étincelles lascives illuminent leurs yeux, des sourires coquins fusent. Il y a aussi ces trois mates, Breandan, Ted et Wolfgang. Ceux-ci l’ont convaincu de se pointer dans un bar tranquille de Kensington avant de se jeter dans le vide d’une nuit de MDMA et de néons vandales. Ils commandent deux ou trois pichets de bière, entrechoquent leurs pintes, se moquant de l’alcool qui dégouline contre leurs mains, ou encore de la mousse qui se colle à leurs lèvres. Chacun d’eux a gobé un comprimé d’ecstasy à l’appartement de Fab, lieu de leur pre-drink, avant de se pointer au bar. Leurs commissures semblent s’éloigner l’une de l’autre de plus en plus sous l’impact de leur joie, de leur ivresse naissante. Énervé, enivré surtout, le jeune Canadien engloutit la boisson délicieuse, réchauffé par le goût familier du malt. Il se jette sur un pichet, dont il s’autoproclame le propriétaire et poursuit le massacre à même celui-ci, évoquant chez ses amis des rires généreux. La soirée débute en allégresse et en beauté. Comme toutes celles passées, comme toutes celles à venir. De ces moments au nirvana, Fab ne peut plus se passer. Enfin, il croit avoir découvert sa vocation, celle de la fête. Ceux qui le connaissent mal le surnomme libertin, épicurien, hédoniste, parfois même ivrogne ou dopé, mais ils ignorent ce à quoi ressemble sa vie. C’est une aventure. Une aventure que la plus part de ses critiques ne pourraient mener sans trépasser. En ce moment, le jeune homme flotte gaiement en une exosphère suave et paisible. La zizanie de la fête, lorsque bien étudiée, n’est pas si différente du torrent des vagues : Fab, lui, se laisse porter par le courant, vif, insoupçonné, impardonnable. Dare-dare, les pichets se vident, les amis sont bientôt près à passer à la boîte de nuit. Il se lève, se rend au comptoir afin de nettoyer l’ardoise. Bien qu’il titube légèrement, sa démarche ne trahit pas la quantité d’alcool circulant dans ses veines. Le jeune homme a toujours bien toléré les boissons, à l’exception des boissons fortes. Confronté à celles-ci, ces lendemains sont tortueux. Voilà l’une des raisons pourquoi il raffole des amphétamines. L’estomac s’en plaint moins.

Appuyé contre le bar, Fab sourit bêtement, heureux comme il ne le fut pas depuis un bon moment. Il se sent libre, volant même. Perdu dans ces pensées, il remarque par surprise un garçon qu’il reconnait. Il y a quelques temps, lors d’une fête organisée en plein Kensington, où lui et ses mates se sont pointés. Il se souvient particulièrement de cette soirée, puisqu’il y a rencontré une fille splendide, aux longs cheveux blonds scintillant comme des perles et longeant parfaitement son échine, avec une délicatesse dont il a rarement été témoin. Et de tous les garçons présents cette soirée-là, Fab avait été le preux chevalier à courtiser la princesse. Également, Evey était présente, la fille d’une amie de sa mère, qu’il connaissait somme toute bien. Légèrement plus jeune que lui, ils parlaient tous deux français et anglais, ce qui avait su les rapprocher, bien que leurs intérêts communs s’estompent après cela. Ils partageaient peu en commun, néanmoins, le garçon la connaissait depuis longtemps déjà et s’était attaché à elle malgré tout.

Les propos du garçon lui coupent le souffle. Le barman lui demande sa carte de crédit, mais Fab n’entend rien. Son visage est glacé par l’effroi, à l’écoute du récit du salaud. Ses mains tremblent de rage et de stupeur, son cœur se déchaine. Son corps bouillonne et ses poings se serrent plus l’odieux personnage en rajoute, précisant à ses copains chaque détail du viol, avec une cruauté macabre, une fierté choquante. Fab ne peut s’en empêcher, il se répète le scénario de la soirée en boucle, encore et encore. Quand cela a-t-il pu se produire? Pourquoi Evey n’est-elle pas venue à lui immédiatement après ce crime horrible? Et lui, qui baisait what’s her name plutôt que d’être là pour cette pauvre jeune fille qui a vécu l’odieux, l’irréparable. Et maintenant, ce connard de première qui narre son exploit avec la vantardise d’un héros grec. Michelle s’approche de Fab, voyant la furie dans ses yeux, l’interroge sur celle-ci, n’ayant jamais vu son ami dans un tel état.

« Fab? Fab? »

Celui-ci se libère de l’étreinte de son amie, s’avance d’un pas furieux vers le salopard. Il ne peut se retenir et le bouscule immédiatement, l’envoyant choir contre le sol. La surprise est pleine dans les yeux du vantard, alors que les mains de Fab saisissent son chandail et le soulève avec force du sol. Sans plus attendre, le poing du Canadien heurte la mâchoire du vaurien, alertant tous les clients du bar. Breandan, Ted et Wolfgang bondissent de leur siège, le regard ahuri. Moult fois Ted s’est retrouvé impliqué dans des bagarres de bars, Breandan également, et même Wolfgang, pourtant futur médecin. Leur amie Stacy aussi s’était même déjà battue contre une fille assez costaude dans un bar gay qu’ils avaient visité... Mais Fab, non. Fab veut faire la fête et c’est tout.

Un des amis du salaud lui vient enfin en aide, frappant le jeune homme au visage. À ce moment, Ted lui saute dessus, Breandan et Wolfgang joignent la mêlée. Lentement, mais surement, ils se font tous sortir du bar par les doormen. Malgré la furie de Fab, lequel continue à s’en prendre sur le trottoir à son adversaire, ses mates le saisissent de force. Ensemble, ils déguerpissent, le propriétaire ayant rapidement appelé les autorités.

« What the fuck, Fab ? What happened ? » demande Michelle, autant essoufflée qu’incrédule.

« Remember my friend Evey... That guy and others raped her... » murmure enfin Fab, le souffle tout aussi coupé.

« That little fucking bloody tosser, fuck! » s’enrage Ted.

« I need to see her... » réalise Fab, quittant sans adieux ses mates.

Le temps s’éternise entre Kensington et Clapham. Fab se pose mille et une questions. L’effet de l’adrénaline atténue les effets de l’alcool et du psychotrope, même la douleur de son œil gauche s’est évanouie. Il ne sait quoi penser. Le wagon débarque à la gare et le jeune homme se précipite à l’extérieur. Courant contre le vent froid de la nuit, il est caressé par la brise, laquelle ne sait le calmer. Quelques minutes de course, puis le voilà, son poing rougi frappant maintenant la porte d’Evey.

« Evey ! Evey ! Evey ! Open it’s Fab ! I gotta talk to you! »
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MessageSujet: Re: don't you wish you could go back when you hadn't lost anything? [evey & fabien]   don't you wish you could go back when you hadn't lost anything? [evey & fabien] Icon_minitimeLun 30 Mai - 0:53

L’été ennuie Evey. Ça a toujours été le cas. Elle fait partie de ces intellos qui aiment l’école. Les vacances sont pour elle une période où elle doit constamment se trouver une occupation. Et en ce moment, depuis quelques mois, avoir une occupation pour se changer les idées est plus que primordial. Sans quoi, la dépression revient rapidement prendre sa place habituelle sur sa chaise. Evey a appris à vivre avec la dépression et l’angoisse. Elles sont comme deux crocodiles presque sympathiques avec qui boire le thé et converser, et qu’on a parfois envie de jeter par la fenêtre avec le reste de son propre corps. Il paraît que généralement, les femmes choisissent des méthodes plus propres pour se suicider, comme les médicaments. Sûrement parce qu’elles pensent à ceux qui vont nettoyer derrière. Et Evey se suicide à petit feu, à petits coups de lames de rasoirs, et une cigarette après l’autre. Mais elle fait aussi tout son possible pour sortir de tout ça. Elle parle de plus en plus de son ressenti sur internet, presque plus qu’à sa psy. Elle déteste sa psy de toute façon. Dans un cas aussi extrême de PTSD et de dépression, c’est sûrement normal. Elle n’en peut plus de voir cette petite gueule de bourgeoise enfarinée. Une fois rentrée de la promenade bi-quotidienne qu’elle s’oblige à faire, elle pose son sac qui contient un cutter et une bombe au poivre sur la table. Elle ouvre le vieux frigo qui ronronne doucement dans un coin de la cuisine, et sort une bouteille de vin blanc. Elle l’ouvre, et s’en verse un verre avant de s’allumer une cigarette. Elle récupère le verre, passe au salon et s’avachit sur sa chaise en osier agrémentée de nombreux coussins après avoir déposé ledit verre sur la table basse devant elle. Elle ôte d’une main experte ses boots en daim camel, les balance quelques mètres plus loin, et pousse un grognement de satisfaction alors qu’elle s’étire de tout son long, son pied droit manquant d’envoyer valdinguer son verre de vin. Elle tire sur sa cigarette et prend un moment pour se détendre. Son chat, Earl of Grey, se faufile sous ses jambes dont les extrémités sont posées sur la table, et les poils soyeux du bout de sa queue chatouillent les mollets de la jeune fille. Elle caresse la petite boule ronronnante de sa main libre en finissant sa cigarette, puis se lève et va dans sa chambre chercher son laptop. En revenant, elle le pose doucement sur la table basse à côté du verre de vin, et s’assied en tailleur sur l’épais kilim rouge orangé. Elle ouvre le capot de l’ordinateur, entre son mot de passe, et navigue rapidement entre les différents onglets. La voilà sur tumblr. Elle répond à quelques messages privés du mieux qu’elle peut, en donnant des conseils qu’elle sait efficaces sur elle, avec beaucoup de précautions. Et elle commence à rédiger son entrée quotidienne.

Dear tumblr.
It’s been about six months since i’ve been raped now. I don’t really feel any different or any better. But i have faith. I know i, like each and everyone of you, can get out of this downward spiral.


Elle fait une pause. Y croit-elle vraiment, au fond ? Elle se demande parfois si elle va réussir un jour à aller mieux. Elle cauchemarde encore presque toutes les nuits, elle sent des mains poisseuses sur elles, le souffle chaud et alcoolisé de ces gens. Elle se réveille en sueur à cause de ses propres cris, empêtrée dans les draps froissés. Dormir est devenu effrayant. Autant que tout le reste. Evey passe souvent la nuit en position fœtale sur le tapis du salon. Sans savoir pourquoi, cette odeur de laine poussiéreuse la rassure. Ça et l’odeur de l’endroit entre les oreilles du chat. Ce sont les choses qui la rassurent, plus que la voix de sa mère au téléphone, plus que les emails de son père avec des photos stupides d’animaux. Plus que quoi que ce soit d’autre. Etre dans le silence, allongée par terre, toute habillée, avec le chat au creux de son ventre.
Elle respire profondément en sortant de ses pensées. Il fait déjà presque nuit. Elle se lève et va à la cuisine se préparer un semblant de repas.
Après avoir mangé devant une série, elle prend de nouveau place devant l’ordinateur. Elle pose ses doigts sur le clavier longuement, sans vraiment savoir quoi écrire. Mais il faut écrire.


Sometimes, i don’t know about you, but i feel like i’m never gonna get better. But i’m sure of it. At one point you get to live with it. You get tough and strong. Every single one of us has way more strength than they think. But you know what, it’s okay sometimes to lose hope. Still, guys, we can do it. Together. Sometimes i still doubt, i still think it’s my fault. But guess what ? it’s not. It’s nobody’s fault but the person that did that to you. When you’re woken up by your nightmares at night and you feel like crying, cry your eyes out because it’s okay if it makes you feel better. But think of me, i’ll be thinking of you. I’ll be thinking of how strong and brave you are. You can do it. Be kind to each other cause we all deserve it.


Son post continue. Elle cherche ses mots, enchaîne les verres de vin et les cigarettes, écrit à propos de sa journée, coupe ce qui n’est pas intéressant. Au milieu elle réalise qu’elle a le souffle court et que son cœur bat beaucoup trop vite. Elle tente de se calmer, mais finit par choisir la facilité en allant à la salle de bain, récupérant sur son passage une lame neuve. Elle sait qu’elle ne devrait pas faire ça, mais elle n’a pas la force de lutter ce soir. Elle reste recroquevillée sur le carrelage de la salle de bains pendant un bon moment, puis se relève, essuie ses larmes, renifle un grand coup et va se rasseoir. Une journée normale jusque là. Une fois le post fini, elle songe un instant à mettre son pyjama mais décide finalement de garder sa tenue qui se compose d’un crop tank top bleu et blanc à motifs vaguement ethniques et d’une jupe taille haute grise plissée qui s’arrête à mi-mollet. Elle retourne à la cuisine mettre des croquettes au chat et lui changer son eau. Puis elle prend un bon moment pour arroser les nombreuses plantes qui remplissent son appartement. Puis elle retourne s’affaler sur le canapé cette fois ci, un plaid aux mailles lâches vaguement jeté en travers de son corps mince. Elle allume la télé et se met à somnoler devant la chaîne d’histoire en attendant un programme intéressant qui lui permettra de fuir le sommeil pendant quelques heures encore. Alors qu’aucun autre bruit que le ronronnement du réfrigérateur et les commentaires de la télévision ne se font entendre, soudain, venant du couloir se fait entendre un fracas aussi soudain de puissant. Evey a un sursaut d’une telle violence que son corps entier décolle presque du canapé. Elle bondit jusqu’au couloir attrapant au passage son spray au poivre, s’approchant de la porte comme on s’approche d’un serpent venimeux prêt à mordre. Le silence revient pour un court instant, et une voix s’élève de l’autre côté de la porte, criant presque.

« Evey ! Evey ! Evey ! Open it’s Fab ! I gotta talk to you ! »

Elle glisse un regard par l’œil de bœuf. C’est effectivement Fabien. Elle entrouvre la porte sans ôter la chaîne de sécurité. Elle a beau connaître ce garçon depuis longtemps, c’est un garçon. Elle n’ose plus leur faire confiance. Sa main droite se resserre autour du lacrymogène. Elle ne sait pas quoi penser et préfère lancer d’une voix très légèrement agressive :

«  What do you want Fabien ? it’s like the middle of the night. You’re drunk, go home. »

C’est seulement après avoir dit cela qu’elle distingue mieux son visage. Sa bouche s’entrouvre de surprise et son visage se radoucit. Elle ne sait pas tant de choses que ça sur le canadien, mais elle sait par contre qu’il n’est pas homme à se battre. Il est plus imbécile heureux que bête et méchant. Elle fronce les sourcils et resserre encore davantage sa main sur son arme. Les jointures de ses phalanges blanchissent et son visage aussi. S’il avait des ennuis, ou s’il était en danger ? Elle va rester sur ses gardes mais elle ne peut décemment pas le laisser dehors. Elle passe sa main sur son visage et referme la porte pour enlever la chaîne de sécurité, puis réouvre la porte, dégageant un espace assez grand pour que le garçon aux cheveux blonds puisse entrer dans l’appartement. Elle réalise alors qu’elle aurait préféré qu’il ne la voit pas comme ça. Son appartement sent la cigarette et le vieux papier, elle n’est pas maquillée et sur la table passe gisent de nombreuses tasses et bouteilles de bières vides, sans parler des mégots de cigarettes, des livres ouverts et des papiers éparpillés sur lesquels elle a griffonné à la hâte de quoi se calmer dans les moments de détresse. Elle réalise aussi qu’elle porte des manches courtes, et se sent honteuse. Sans savoir trop pourquoi, elle n’a pas envie qu’il la voit dans l’état où elle est actuellement. Lui particulièrement, plus que quiconque. Elle s’approche néanmoins de lui et sa main prend naturellement le chemin du visage tuméfié du jeune homme.

« What happened to your face Fab ? Are you in trouble ? Oh god, take a seat i’ll go get something. »

Son visage exprime une certaine inquiétude, et elle oublie un instant l’état de son appartement. Elle lui indique le canapé, et part dans l’appartement en quête du nécessaire. Dans la salle de bains, elle pose sans y penser sur l’étagère la bombe lacrymogène pour récupérer du désinfectant et du coton. Elle fait un tour rapide par la cuisine pour récupérer de la glace et une serviette, qu’elle assemble pour en faire un cooling pack de fortune avant de revenir vers le jeune homme à qui elle donne le désinfectant et le coton avant de poser la serviette pleine de glace sur la table.
Elle s’assied sur le siège en osier et débarrasse rapidement la table avant de s’allumer une cigarette. Elle se mord rapidement l’intérieur de la lèvre avant de s’adresser à lui, à la fois concernée par son état et angoissée par sa présence.

« Fuck, t'es vraiment amoché… You okay ? »


Dernière édition par Evey J. Adams le Lun 30 Mai - 13:36, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: don't you wish you could go back when you hadn't lost anything? [evey & fabien]   don't you wish you could go back when you hadn't lost anything? [evey & fabien] Icon_minitimeLun 30 Mai - 6:47

Le visage tendu d’Evey brise le cœur de Fab. Sa tête se tient là, à peine éclairée dans la porte entrebâillée. Son portrait rime avec une tristesse, un désespoir, profond et senti. Même de l’autre côté du mur, si peu lui étant révélé, le jeune homme aperçoit, est attaqué même par toute la douleur de la pauvre... Une larme glisse même de son œil gauche, une larme sincère mêlée à celles qui s’échappent malgré lui étant donné sa blessure. Malgré sa retenue, sa cachoterie, son mensonge, son mal transparait, explose à travers son regard reculé et distant. S’il ne le voyait pas avant, peut-être à cause d’un aveuglement causé par son allégresse, maintenant, le doute n’existe plus. Cette souffrance, il l’aperçoit dans les prunelles d’Evey, il la renifle dans son souffle haletant et hésitant, il l’entend dans son timbre qui se veut fort malgré tout, il la touche même si un mur les sépare... Son cœur se brise, certes, mais pire encore, son innocence en prend un coup. Cette innocence déjà meurtrie par le passé, par les poignets lacérés de Cassie, puis cicatrisée par le temps vient de voir ses plaies se rouvrirent, l’instant d’un regard. La jeune fille pense qu’il est saoul, lui reproche d’envahir son intimité alors que les étoiles sont déjà bien hautes dans le ciel, mais c’est elle qui pourtant ne dort pas à cette heure, isolée et au comble de la peur. Evey se tient devant lui, vaillante et d’aplomb, mais sous l’égide de sa porte. D’autant plus, le courage n’existe pas, s’il n’est pas motivé par la peur. Et cette peur, cet effroi, cette crainte, tremble dans les yeux de son amie, embrasé par le souvenir de... De ce qui s’est produit, cet acte odieux que Fab n’ose pas même prononcer et pour lequel il se blâme.

« Let me in, je t’en prie! »

Soudainement, le regard d’Evey change, peut-être a-t-elle aperçu l’urgence dans ces yeux, ou encore dénoté la sincérité dans sa voix, ou même la noirceur de sa blessure. Peu importe, la porte se referme avant de se rouvrir, grande ouverte, après le tintement de sa chaîne. Fab se retient à peine de bondir dans l’appartement, mu par une panique qui ne lui est pas familière, mais qu’il a bien connu par le passé. Il pénètre dans la pièce et découvre le logis d’Evey avec horreur. It’s like a nightmare. Un cauchemar, oui, mais loin de ressembler à ceux qu’il vit avec enthousiasme et audace dans les boîtes de nuit... Non. Celui-ci est glauque, hanté par une souffrance prononcée. Le jeune homme sent une nausée gravir son corps, un tremblement frôler son échine. Les mégots de cigarette et les bouteilles vides n’ont rien à voir avec ceux et celles qui jonchent son appartement suite à ses festivités arrosées. Ces macchabées respirent sa douleur et trahissent sa torture. De telles images, Fab n’en a pas vu depuis longtemps, s’est éloignée de ces réalités désolantes. Sa rancœur envers le fourbe décuple, il se promet de convaincre ses mates de le retrouver, peut-être même de le tuer. La rage est une émotion forte et Fab est trop sensible pour la ressentir sans faire de dégâts. Il se retient de tout casser. Il en veut aux violeurs, il en veut à Evey d’avoir gardé ce secret, mais par-dessus tout, il s’en veut de ne pas avoir été là. En cet instant, toutes les filles, tous les garçons du monde ne lui importent pas, il n’y a que le fantôme terrifié d’une autre victime, vivant dans l’ombre d’elle-même, et ce, à son insu. La respiration de Fab est insensé, autant qu’il hyperventile, que ses poumons se vident, lentement, mais surement.

La main d’Evey se dépose contre son visage et la douceur du moment parvient tout de même à atténuer l’énervement de Fab. Son souffle reprend, moins sporadique, plus contrôlé. Néanmoins, sa colère n’en diminue pas moins. It’s so fucked up. Evey se faufile dans la cuisine, alors qu’il s’échoue contre le divan. Elle réapparait, munie de quelques trucs afin de s’assurer que sa plaie ne s’infecte pas et que son enflure diminue.

« Comment t’as pu me cacher ça... How?! »

Des analepses, vives et tragiques, rebondissent soudainement dans sa tête. Cassie... Il secoue sa tête, une autre larme glissant malgré lui contre sa pommette boursoufflée. Pendant un moment, il se demande qui souffre le plus en cet instant, avant de réaliser la stupidité de sa question. Ainsi, son regard se retourne vers Evey, incrédule, muet. La cigarette qu’elle fume est seule à combler l’atmosphère lourde, à défier la pesanteur du moment de sa fumée légère. La jeune femme s’inquiète pour lui, mais elle ne réalise pas, ne comprend pas que d’un coup, soudainement, il sait.

« Je viens d’éclater la gueule of some dude that was sayin’...things ‘bout you... »

Soudainement, tout cela devient trop pour Fab. Son regard s’abaisse, trop effrayé de fixé l’étudiante. En son cœur, c’est un imbécile heureux, le malheur, le désarroi, pourquoi doit-il connaître ses maux? Il se complait tant dans la paisible ignorance de l’été... Mais des démons le guettent à chaque détour. Pas seulement lui, mais tous. Cette fois, Evey en est la malheureuse victime. Le monde est un endroit si horrible pour les bienheureux, songe-t-il. Certes, ces troubles scolaires le torturaient, son ennui le malmenait, ses inquiétudes le rongeaient, mais rien de la sorte n’avait su l’atteindre jusque-là, pas du moins depuis Seattle...

« Is it true, Evey? Est-ce que c’est de ma faute? »

Son cœur pompe son sang à une vitesse folle. Fab est épuisé par le drame, l’inusité du moment le draine de toute force, de toute volonté. Autant la rage le motivait il y a quelques secondes, que maintenant elle le tari. Le remords l’envahit, d’une vague si colossale, que le jeune homme respire mal suite à l’impact et ne sait que songer. Finalement, sa tête se redresse et il croise le regard de son amie. Il attend qu’elle prononce des mots, n’importe lesquels. Il veut comprendre. Pourquoi... N’importe quoi.

« Je suis désolé. »
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MessageSujet: Re: don't you wish you could go back when you hadn't lost anything? [evey & fabien]   don't you wish you could go back when you hadn't lost anything? [evey & fabien] Icon_minitimeLun 30 Mai - 12:49

Alors qu’elle s’inquiète avant tout pour celui qu’elle considère malgré leur manque d’intimité comme un ami, elle réalise qu’il n’est pas là parce qu’il a des ennuis. Elle le comprend alors que leurs regards se croisent et qu’elle voit dans les yeux du jeune homme la colère et la tristesse de celui qui assiste impuissant à l’horreur.

« Comment t’as pu me cacher ça… How?! »

Evey fait mine de ne pas comprendre. Elle fronce les sourcils, tire sur sa cigarette en cachant tant bien que mal les rayures sur ses poignets. Elle secoue la tête, le visage fermé, et alors qu’elle s’apprête à dire qu’elle n’a aucune fucking idea de ce dont il est en train de parler, il reprend la parole. Il s’est battu avec un gars qui disait des trucs sur elle. Le cerveau de la jeune femme travaille à toute vitesse. What ? il s’est battu ? Ça ne lui ressemble tellement pas, soit il a beaucoup changé, soit il a beaucoup bu, soit… Et puis, elle a compris immédiatement de quoi il parlait, ce gars. Qu’est-ce qui pourrait être assez grave pour que Fab perde son sang froid et vienne jusqu’à Clapham à une heure aussi avancée frapper chez elle et entrer en trombe comme ça. Elle se redresse sur le fauteuil. Faut il vraiment que ses bourreaux lui infligent ça aussi ? L’humiliation de le raconter à tout le monde ? Faut-il que tout Londres soit vraiment au courant ? La nausée lui vient et elle étouffe un haut le cœur en posant la paume de sa main droite sur sa bouche. Elle respire profondément, alors que Fabien s’enfonce un peu plus dans le désarroi.

« Is it true, Evey? Est-ce que c’est de ma faute? »

Evey plonge sa tête dans ses mains, frottant doucement son propre visage alors que sa cigarette se consume toute seule entre ses doigts et que la cendre tombe doucement sur le kilim de laine rouge et orange. Est-ce que ça la soulagerait de mettre toute la faute sur Fabien ? À part lui faire perdre un ami de plus ou semer encore davantage de douleur autour d’elle, est-ce que ça changerait grand chose ? Elle secoue la tête, et ses yeux cherchent ceux du jeune homme. Elle retient avec peine ses larmes. Elle veut être forte, elle se l’est promis. Elle ne peut pas l’accuser, ce serait stupide. It’s no one’s fault but the rapist’s. Cette phrase, elle l’écrit si souvent, elle ne peut pas la trahir. Ce qui lui permet de garder sa dignité, ce sont les principes dont elle entoure sa manière de vivre. Les règles qui lui permettent d’avoir une vie rassurante et dirigée vers l’avant.

« Putain, Fab… I’d had preferred if you didn’t find out… Bien sûr que non c’est pas de ta faute. It’s those twats. »

Comment aurait-il pu savoir ? Elle s’était étonnée de recevoir son message l’invitant à sortir. Elle s’était emballée sur le moment, s’imaginant qu’elle pourrait enfin passer plus de temps avec lui, qu’ils pourraient apprendre à se connaître autrement que par leurs parents. Mais elle avait rapidement compris que cette invitation n’était pas spontanée. Elle avait fermé les yeux alors qu’il partait charmer une fille, une très jolie fille qu’Evey aurait sûrement voulu courtiser si elle n’avait pas été aussi gourde et aussi timide. Et elle était restée plantée là, peu familière de ce genre de party, de ce genre de population. Et ce qui était arrivé était arrivé. Est-ce que la présence du jeune homme à ses côtés aurait pu éviter cela ? Peut-être. Elle ne pourrait jamais en être sûre. Elle ne pouvait pas lui reprocher de vivre sa vie. Elle se redresse et, réalisant que sa cigarette était presque entièrement consumée, l’écrase avec les autres dans le cendrier en céramique. Elle passe sa main dans ses cheveux, ne sachant par où commencer, que dire. Elle ne peut pas imaginer toutes les questions qu’il doit se poser. C’est un moment de rare tension émotionnelle. Elle se doutait que quelqu’un apprendrait la chose, mais elle n’imaginait pas que ce serait lui, et surtout pas dans ce genre de circonstances. La tête lui tourne et elle réprime un nouveau haut le cœur. Elle se demande ce qu’il peut penser d’elle. Si il a entendu beaucoup de détails. Ce que ça lui fait. Ses yeux noisette sont écarquillés et bordés d’une fine rangée de larmes. Elle essuie rapidement ses paupières de la paume de la main, alors que le canadien lui présente ses excuses. Elle lui répond d’une voix douce mais résignée.

« Yeah, yeah, you’re sorry, i’m sorry… Everyone is sorry. Listen. J’ai survécu. Je suis encore là. I’m going to learn how to live with it. It’s hard for now. But i’ll be okay. »

Encore une fois, elle a le réflexe de le rassurer lui. Au fond, elle se disait qu’il n’était pas venu pour entendre tous les détails de sa dépression, ou pour qu’elle pleure sur son épaule. Les gens ne faisaient pas de choses comme ça. Et c’était parfaitement normal. Elle pose son regard sur lui, un peu triste, un peu indifférent. Elle inspire profondément et se masse la nuque avec ses deux mains d’un mouvement peu assuré. Que dire ? Que faire pour qu’il se calme et ne fasse pas de connerie ? Elle hésite, s’éclaircit la gorge et finit par parler.

« Je l’ai dit à personne. And it’s not like you’re the first person i was going to tell anyway. I mean… T’es un mec quoi. Plus, we don't know each other that well. How could i have told you ? »

Elle réalise que ses paroles peuvent le blesser. Mais c’est la vérité. C’est pas demain la veille qu’elle fera de nouveau confiance à un homme. Et puis qu’est-ce qu’elle pourrait lui dire ? Qu’elle ne voulait pas lui dire parce qu’elle a le béguin pour lui en pointillés depuis qu’ils sont ados et qu’elle ne voulait pas qu’il la considère comme une marchandise endommagée ? Ça serait juste stupide et inutile. Ça rappelle encore à Evey qu’elle est toujours prisonnière du carcan du patriarcat. Elle secoue la tête et se lève, commençant à ramasser les bouteilles vides qu’elle amène dans le panier à verre qui se trouve à l’entrée de la cuisine. Le bruit du verre sur le verre attire le chat qui vient en trottinant se frotter à ses jambes, poussant des miaulements emprunts d’angoisse. Elle sait que l’animal sent ce qu’il se passe. Il est son compagnon de lutte depuis cet hiver. Elle se baisse pour lui gratter le menton, espérant le rassurer. Elle s’agenouille sur le parquet face au chat qu’elle continue à caresser dans le but d’en tirer des ronronnements. Lorsque c’est enfin le cas, elle attrape la boule de poils gris et la prend dans ses bras, retournant s’assoir avec le chat sur ses genoux. Earl of Grey n’est pas vraiment un chat patient, il se lasse donc rapidement des cajoleries et saute par terre, tournant autour de la table en s’y frottant. Evey quant à elle reporte son attention sur Fabien, tentant de décrypter ce qu’il pense.  Elle attrape ses genoux et pose son menton entre eux, de sorte que ses jambes sont entièrement recouvertes par sa jupe dont le tissus doux caresse sa peau. Elle penche un peu la tête d’un côté, comme un chiot curieux et intrigué.

« So… What do you wanna know ? What do you know, au juste ? »

Les mots sont sortis de sa bouche presque naturellement. Il veut peut être savoir, mais elle veut savoir aussi, ce qu’on raconte sur elle, ce qu’il sait et ce que ça change entre eux. Si ça se trouve, il ne va plus jamais vouloir la revoir. Si ça se trouve il va vouloir la protéger. Elle ne veut personne pour la protéger. Elle n’a besoin de personne. Du moins c’est ce qu’elle pense. C’est ce qu’elle veut croire.
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MessageSujet: Re: don't you wish you could go back when you hadn't lost anything? [evey & fabien]   don't you wish you could go back when you hadn't lost anything? [evey & fabien] Icon_minitimeMar 31 Mai - 21:13

En loupe, la scène rejoue dans sa tête. Les fantômes de la soirée sont parfois au ralentit, parfois en accéléré. Tous se déplacent, indolents, alors qu’à l’étage, le drame a lieu. La musique retentit, bloque, dissimule le scénario horrible qui a lieu à l’étage. C’est sous cette couverture rythmée que Fab, lui, s’envoie en l’air, batifole inconsciemment, tel un préadolescent imbécile et insouciant... Il se souvient de la scène comme d’un rêve, un rêve qui rapidement tourne au cauchemar. Le plaisir remémoré a quelque chose de glauque, de sinistre, alors qu’il réalise les conséquences de son absence. Il passe sa main, presque tremblante, contre son front humide, en se rappelant la douceur des lèvres de la blonde anonyme, la tendresse de ses baisers, la passion de ses élans. Chaque instant de satisfaction, de volupté, au son de leur souvenir est comme un glas, lourd et pénétrant, annonçant la tragédie s’étant produite simultanément. Dans l’imaginaire de Fab, c’est carrément impossible, improbable. Il ne peut visualiser cette horreur, pas à Kensington, pas dans l’une de ces fêtes pendant lesquelles il s’éclate... Ces soirées et ces nuits sont synonymes d’extase et d’agréments, les gens s’y pointent afin d’oublier qui ils sont, leur quotidien qui les torture, les obligations qui les tuent petit à petit... Jamais n’a-t-il vu le danger, peut-être puisque c’est un garçon? Malgré tout, il songe à Breandan, Wolfgang et même Ted, dont l’appétit sexuel n’est plus à démontré, et jamais ces mates n’en viendraient à commettre un geste aussi irréparable... C’est l’incrédulité qui l’assaillit alors qu’il réalise qu’il existe réellement ce genre d’hommes, d’autant plus en plein Kensington. Il songe aux fêtes où il a invité son amie Lizzie, une adolescente, se demande si de tels salauds auraient pu se retrouver sous son propre toit... Qui sait même, si une scène comme celle-là ne s’est pas déjà produite dans sa chambre d’invité? Il préfère ne pas y songer. Ces images le rongent, le vidant de son allégresse, pourtant avivée il y a quelques heures.

La réponse d’Evey sait le soulager, malgré tout. Même s’il ne peut oublier, même s’il se sait responsable, du moins, dans une certaine mesure, de ce qui s’est produit ce soir-là, savoir qu’elle, dans son effort de raison, ne l’en tient pas responsable, lui retire un poids énorme de sur ses épaules. Il la regarde, mal à l’aise dans sa position, dans sa tenue, dans ses mots, dans sa peau. Il ne comprend pas son malheur, mais se l’imagine douloureusement. Evey enchaine avec ses paroles de courage, de réconfort, si forte et si faible à la fois. Fab se retourne vers elle, croisant son regard. Il la fixe avec intensité, cherchant une vérité dans ses prunelles, n’importe laquelle. Son visage est triste, un peu fuyant, distant surtout. Elle aurait surement préféré qu’il l’oubli, ou bien qu’il disparaisse. Après tout, tous les événements de cette soirée se sont enchainés à cause de sa naïveté retrouvée. Et malgré cela, la jeune fille déniche en elle-même la solidité, la constance d’esprit de le rassurer, de tenter de remettre son malheur sur ses propres épaules, déjà écrasées. La voilà qui bondit et s’occupe à éloigner de sa vue les bouteilles de bière, comme si leur évanescence allait altérer l’ambiance des lieux, laquelle, malgré tout, demeure aussi maussade. La langueur est quelque chose qui se sent, avant même d’être vue. Mais encore, Evey s’occupe afin de ne plus penser, de devenir une automate. Cela aussi, Fab le sait, le reconnait. Il songe au dernier regard qu’il eut donné à Cassie, lorsque l’électrocardioscope tinta longuement, que les médecins se jetèrent contre le lit de la beauté de seize ans et qu’une infirmière le força à l’extérieur de la pièce. Puis, plus rien. Les mois qui avaient suivi ce dernier coup d’œil, Fab avait fêté la nuit jusqu’à en perdre la raison et fait les pires bêtises pendant le jour, tout cela, sans réellement être présent, son corps et son esprit s’étant comme détachés, afin d’éviter que ceux-ci apprennent la douleur de l’autre. Voilà qu’Evey réalise le même exercice et cela lui déchire le cœur. La voilà, d’autant plus, qui le rassure, alors qu’il devrait être celui lui proposant son appui. Sa gorge s’assèche à l’idée de son insensibilité, de son égoïsme.

N’en pouvant plus, pris sans moyen, Fab se lève et s’approche, serrant doucement la jeune fille dans ses bras. La caresse est toute légère, il ne la coince pas, la tient comme il tiendrait un enfant naissant, apeuré et innocent. L’étreinte se prolonge, le jeune homme réalisant à quel point, lui aussi nécessite cet échange silencieux, mais ô combien évocateur. Saisissant la difficulté que doit éprouver Evey à accepter une telle marque d’affection, spécialement provenant d’un garçon, il desserre ses bras, s’éloigne, reprend sa place sur le divan, à une distance raisonnable. Le silence s’installe quelques instants, un doux silence, celui-là même qui survient lorsque les mots échouent, faillissent, et que seule une présence muette est en mesure de combler l’espace. Son souffle se détend enfin. Il comprend que son comportement, sa stupeur, sa colère n’aident en rien. Au fond, voilà tout ce qu’il désire. L’aider dans ces moments sombres et difficiles.

« Je veux rien savoir. You don’t have to say anything. I’m sorry. Je n’aurais pas dû débarquer comme cela... »

Un sourire invisible apparait dans sa tête, alors qu’il songe à comment excuser son entrée agitée. L’idée de son piano lui apparait, son fidèle compagnon lors des nuits sempiternelles, pendant lesquelles les touches sont ses seules confidentes, résonnant le fruit de ses douleurs... À ce moment précis, Fab voudrait jouer une mélodie pour Evey, de sorte qu’elle s’endorme sous la douceur d’une berceuse, qu’il interprèterait magnifiquement. Ou encore quelques accords de guitare à la catalane. Le son des cordes qui vrombissent n’a pas son égal, du moins pas à ses oreilles.

« Is there anything... I mean, anything I... What I’m trying to say is... I’m here, Evey. Anything... »

Fab, détendu, croise son regard, mais n’ose sourire. Il la fixe, dans l’attente de sa décision. Si elle désire qu’il parte, il partira, si elle désire qu’il reste, il restera. Toutefois, un détail refait surface et, malgré son désir de ne pas l’assaillir de questions, il ne peut rester muet sur cette idée.

« But... why haven’t told the police? »
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MessageSujet: Re: don't you wish you could go back when you hadn't lost anything? [evey & fabien]   don't you wish you could go back when you hadn't lost anything? [evey & fabien] Icon_minitimeMer 1 Juin - 5:30

En allant ouvrir la porte quelques minutes plus tôt, Evey ne savait pas à quoi s’attendre. Elle avait été surprise de trouver Fabien derrière, le visage tuméfié et manifestement en proie à la panique. Elle ne s’attendait pas à ce qu’il sache ce qu’elle s’évertuait à cacher à tout le monde, ni qu’il réagisse comme il le faisait. Mais s’il y avait bien une chose à laquelle elle ne s’attendait vraiment, vraiment pas, c’était qu’il la prenne dans ses bras. En d’autres circonstances, elle aurait certainement apprécié ce geste, et bien plus encore. Elle y aurait repensé plus tard, souriant à ce souvenir. Elle aurait adoré que cela se passe à un autre moment, parce qu’à l’heure actuelle elle était incapable de ressentir quoi que ce soit d’autre que l’angoisse d’être touchée par un autre être humain. Son corps entier se raidit et, même si l’étreinte n’avait rien d’agressif ou de contraignant, elle ne put empêcher son cœur de battre la chamade et sa mâchoire de se serrer, se prenant à pense que si elle avait eu une arme quelconque, elle s’en serait très certainement servie. Elle maudit le hasard qui faisait qu’elle ne pouvait pas profiter de ce qui serait très certainement le seul contact un tant soit peu agréable avec le jeune homme pendant un bon bout de temps, voire pour toujours. Lors qu’il finit par s’éloigner, elle s’appliqua à calmer sa respiration. Elle ne voulait pas qu’il s’en veuille. Après tout, c’était une chose normale à faire quand on veut réconforter quelqu’un. Le fait qu’elle réagisse comme ça n’était pas prévisible. Elle ne voulait surtout pas qu’il se blâme d’avoir essayé de la rassurer. Aussi, elle respira par le nez pendant quelques instants, s’efforçant de ne pas laisser sa panique paraître. En revanche, ses joues s’empourprèrent et elle laissa son dos retomber dans le fauteuil. Elle laissa balader son regard sur les nombreuses plantes qui émaillaient l’appartement de vert, et ses yeux s’arrêtèrent sur la seule lampe allumée du salon, un lampadaire au pied en métal ouvragé, dont l’abat jour en tissus et en perles pendait à un genre de branche. Le fauteuil en osier grince alors qu’elle tente de s’installer un peu mieux sur les coussins. Elle ne trouve pas de position confortable et n’ose pas aller s’asseoir à côté du jeune homme. Le rouge commence de nouveau à lui monter aux joues.

Finalement, c’est lui qui interrompt le silence. Ça ne répond pas à sa question mais aucune autre n’en est posée. Le soulagement imprègne soudain le cerveau d’Evey et ses muscles se détendent légèrement. La télévision émet toujours un bruit dérangeant, elle se saisit donc de la télécommande pour mettre le silencieux, accueillant néanmoins la lumière de l’écran avec pragmatisme.

«  It’s alright, really. J’aurais fait la même chose, je pense. Don’t worry about it. You didn’t interrupt anything fun. »

Elle étend son bras en direction de l’écran, pour montrer qu’en effet, les interviews de spécialistes de l’histoire grecque ne lui manquent pas particulièrement. Mais son ton sonne faux. Elle a vraiment eu peur au début. Elle n’aurait sûrement pas fait la même chose. Mais elle comprend qu’il n’y a pas d’intention négative dans la tête du Canadien, du moins elle le suppose et elle l’espère. L’atmosphère s’est légèrement détendue. Tant mieux. La jeune fille déteste voir cet endroit, son chez elle, comme un lieu d’angoisse et d’agressions. C’est pour cela qu’elle sort si peu, c’est l’un des rares endroits où elle se sent bien. Finalement, la présence du jeune homme n’est pas aussi oppressante que prévu. Elle est supportable, même presque réconfortante. Voir un visage familier fait toujours du bien, sûrement, ceci explique cela. Elle se mordille un côté de la lèvre, sans trop savoir quoi dire. Ce silence s’est pas désagréable, ni pesant. Il enveloppe la pièce et repose l’esprit. Evey ferme les yeux un instant, inspire profondément. Elle pourrait rester comme ça, sans rien dire, pendant un moment. Les mots n’ont pas toujours d’utilité. C’est avec difficulté, et un peu de paresse, qu’elle réouvre les yeux pour fixer Fab lorsqu’il reprend la parole. Quelque part, ses mots, aussi maladroits soient-ils, la réconfortent. Elle est contente de savoir qu’elle peut compter sur lui, même si elle n’a aucune certitude que ce soit vrai, que ce soit sincère. Mais entendre ça lui fait du bien. Elle a envie d’y croire, ne serait-ce que pour ce soir, ne serait-ce que pour ne pas angoisser d’une présence inhabituelle dans son nid.

« Well, thanks, Fab. I really do appreciate that. You can stay for now, i don’t think you can go home anyway now. J’ai rien de fun à faire though, je suis pas une fille très fun. Désolée. One could even say i’m really boring. »

Le silence s’installe de nouveau, mais ne dure pas longtemps. La question est posée, la question à laquelle Evey s’est préparée mille fois à répondre. Pourquoi ne pas aller voir la police. Pourquoi, c’est vrai ? Elle secoue la tête, désemparée. Maintenant qu’il faut répondre, elle n’a envie de rien dire. Elle n’a pas envie de se justifier. Pourtant, il faut bien qu’elle lui donne une réponse. Elle secoue la tête, détourne le regard et soupire imperceptiblement.

« For the same reason no one goes to the police i guess. I didn’t want to explain myself. I didn’t want to undergo some medical exams. I didn’t want to lose five years of my life with a trial. And i just wanted to forget. That’s all i want. Oublier et vivre avec. That’s all. »

D’une main, elle triture les bagues qui ornent l’autre. Elle a du mal à tenir en place. Expliquer ce genre de choses n’est jamais facile, surtout quand la personne en face n’a aucune idée de ce qu’on a vécu. Mais hors de question de s’arrêter sur ça. Puisqu’elle a de la compagnie autre que son chat pour la première fois depuis un bon bout de temps, autant en profiter. Soudain, elle sent son ventre grogner. Il est vrai qu’elle n’a avalé qu’une tasse de soupe au dîner, incapable de manger plus. Et quoi de mieux qu’un midnight snack pour détendre l’atmosphère ?
Evey se lève donc, et se dirige doucement vers la cuisine, invitant d’un mouvement de main le jeune homme à la suivre. Ses doigts cherchent l’interrupteur un instant, le trouvent, l’actionnent, et une lumière vive, légèrement dorée, éclaire la pièce. Le réfrigérateur bourdonne toujours doucement, et la jeune femme se dirige d’un pas assuré vers le plan de travail dont la surface familière caresse ses doigts. Elle se tourne vers Fabien et esquisse un sourire qui s’estompe rapidement mais qui se veut signe de bonne volonté.

« So… Listen, if you’re tired, you can go ahead and sleep in the guest room. Otherwise… Well, i can make you some tea, i’m gonna have some, and i’m probably gonna have a snack, if you want to share. T’en dis quoi ? »

Elle tripote le rebord en bois du plan de travail puis décide de prendre de l’avance et de remplir et allumer la bouilloire, qui dans tous les cas saura être utile.
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MessageSujet: Re: don't you wish you could go back when you hadn't lost anything? [evey & fabien]   don't you wish you could go back when you hadn't lost anything? [evey & fabien] Icon_minitimeDim 5 Juin - 5:08

Evey tient à paraître forte, tenace même. À un tel point, que Fab est incapable de tirer d’elle ses vraies émotions, de saisir la nature et l’étendue de sa détresse, laquelle, malgré les artifices, ne peut être dissimulée. Peut-être à cause de la tension dans ses muscles, dans son discours. Les rôles inversés, le garçon aurait réagi de manière tout à fait différente. La rage, l’angoisse, le dégoût, la peur même l’auraient traversé, transi. S’il ne peut prédire les mots qu’il aurait prononcés, il sait toutefois qu’il n’aurait pas eu le courage ou la démesure d’Evey. Lui n’aurait pu prévenir ses cris, ses larmes, son halètement. Là-même, il n’était pas la victime du drame et, pourtant, tout son être s’en était raidi, son haleine goûta le soufre et ses poings s’envolèrent. De son côté, la jeune fille compatit avec lui, excuse sa réaction... Fab ignore s’il admire ou désespère sa conduite. Puis, elle s’explique. Des sensations amères font trembler le garçon, alors qu’il comprend pourquoi son amie n’a pas dénoncé l’agression. Il réalise qu’il ne s’était jamais réellement mis dans la peau de toutes ses victimes qui désirent simplement mettre derrière elles le drame. Sa moue change, non pas par surprise ou stupeur, mais par déception.

Fab finit par se lever, suivant Evey qui l’entraine dans la cuisine. Malgré la glace, son œil le fait toujours souffrir. Alors, il la délaisse, davantage importuné que réconforté par sa tiédeur contre sa peau. Le sourire de sa jeune amie ne suffit pas à le changer, à le transformer, à le modifier ou même à le troubler. La fatigue le guette constamment, puis elle frappe. Le frappe. Néanmoins, il n’a pas envie de dormir, ni même de sommeiller. En partie parce que les cauchemars l’effraient, mais aussi parce que le sommeil ne le réclame pas. C’est ce monde qui l’épuise. Plus jeune, l’insouciance l’animait, le guidait. Il se serait jeté tous les jours dans les courants les plus tumultueux, les plus turbides, sans que ceux-ci ne secouent sa confiance, son assurance. Plus jeune, les drames n’existaient pas et ses jours et ses nuits n’étaient hantées que par des désirs inassouvis, mais à sa portée. Le monde entier était à sa portée, ses mains puissantes maniaient le destin avec moquerie. Plus jeune, il croyait au bonheur. Maintenant, les ruisseaux ne sont plus qu’à contre-courant : ils s’assèchent.

Fab n’a jamais voulu être fort, être intelligent, être triomphant. Les sourires, les pleurs et les rires toujours furent ses repères, repères saccagés, dénoncés par ses professeurs, ses parents. Il tremble au souvenir de tous ces moments passés avec la pédopsychiatre, étant jugé non pas atypique, mais anormal. Pendant son adolescence, toutefois, il put se lever ses barrières et ériger des ponts vers des rives que seul lui convoitait. Vers le paradis. Pourquoi la douleur, pourquoi la haine, pourquoi l’angoisse? Pourquoi l’Enfer sur Terre? L’histoire d’Evey, l’histoire de Cassie et tant d’autres histoires auxquelles il se retrouve mêlé ne font que lui remémorer ses questions ineffables, mais surtout leurs réponses introuvables. Néanmoins, chacune d’entre elles renforcent sa conviction. Conviction de ne pas regretter son départ de l’université, son exil du monde tel qu’il n’a le choix de le concevoir. Ses parents sont toujours dans le noir quant à sa décision et il s’en moque. Cette insouciance nouvelle le charme. Comme si Fab s’échappait du monstre qui a toujours rugit dans sa poitrine...

Alors, Fab ne peut mentir, l’ambiance s’alourdit, malgré leurs efforts communs. Ils ne peuvent simplement boire du thé ensemble et oublier le drame, l’horreur. Le sourire d’Evey s’efface aussi rapidement qu’il fut esquissé, le moment et ses démons s’emparant de leur gorge, les étripant. Sa main se déplace à travers ses longs cheveux teints, glissant entre eux, démêlant leur soie délicate et les envoyant choir vers l’arrière. Le garçon réfléchit. Le trouble de la jeune fille l’a comme happé et ses répercussions se font sentir. Le doux vent de l’été, tantôt si mielleux, inspire dorénavant une mégarde risquée, voire dangereuse. La tragédie enrage Fab. Cette soirée de volupté que ses mates et lui s’apprêtaient à créer, il la chérit encore, surtout dans des instants aussi sombres. La caresse des mains de Michelle aussi, il la souhaite dans ces moments d’angoisse et de silence. Ces yeux transitent entre le vide et l’amertume. Le vide des sens et l’amertume des nuits. Parfois, la vie et ses chimères ne le contentent pas, ne lui semblent pas suffisantes. Un élan manque, un élan génial et dynamique, une crise même, souvent. Les cris s’échangent silencieusement, sans que les bouches ne se déplacent, sans que les oreilles ne soient alertes. Ce sont des délires insouciants, indolores et ineffables. Tous ces vices qui font de l’existence ce qu’elle est et qui mène les plus farouches des hommes et les plus idylliques des femmes. Voilà le paradis, le vrai. Cette sensation fluide entre les écluses du corps, pendant l’écume se renifle avec passion. Comme son regard croise celui d’Evey, il comprend que la douleur, aussi forte soit-elle, peut être évadée. L’ecstasy, soudainement, kicks in, l’ébranle, le chamboule, le corrompt même! Si son affolement précédent le prévenait de ressentir, d’agir, dorénavant, ses sentiments s’atténuent, libérant la zizanie dont il fut privée, qui lui fut ravie par l’émotion grandiose. Ne réfléchissant plus, il s’avoue à Evey.

« Yeah, I think I’d like to stay here tonight... I mean, je suis tout de même assez bouleversé par tout cela... Du coup, listen to me, a tea sounds great, but... j’sais pas, tonight was fucked up and I mean, j’ai un pétard encore dans ma poche, even a few pills if you’d like... I don’t know, I know you’re... You know, I get it’s tough... Actually, I don’t get it, I can’t get it, but... Je... Peu importe, j’ai de quoi qui pourrait rendre tout disons plus... supportable? Parfois, Evey, j’sais pas, mais j’ai l’impression que se jeter à l’eau n’est que la seule option... »

Son discours l’engourdit lui-même d’un malaise qu’il maitrise peu. Néanmoins, n’a-t-il pas tort, après tout? Leurs deux corps souffrent à l’unisson, leur douleur est leur diapason, la détente d’une soirée, la liberté d’un moment, toutes ces choses ne sont-elles pas celles qui les sauveront finalement?
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MessageSujet: Re: don't you wish you could go back when you hadn't lost anything? [evey & fabien]   don't you wish you could go back when you hadn't lost anything? [evey & fabien] Icon_minitimeJeu 1 Sep - 17:32

Alors qu’elle s’active à préparer le thé pour ne pas penser au fait que celui qu’elle poursuit de ses assiduités depuis globalement toujours est là, avec elle, dans sa cuisine, à cette heure plus que tardive. Ses doigts se promènent dans les placards, attrapent deux mugs. L’un est blanc et porte le dessin d’un petit personnage affalé au sol ainsi que la mention « nope » en lettres majuscules, tandis que l’autre est bleue et couverte d’une reproduction du tableau « amandier en fleurs » de Vincent Van Gogh, ramenée en souvenir d’Amsterdam lorsqu’elle y était allée avec ses parents deux ans auparavant. Son visage se détend subrepticement et elle sourit un peu en songeant à ces souvenirs ensoleillés des canaux, des immeubles bas en briques et des bougies dans les bars. Ce retour en arrière s’estompe alors qu’elle pose les tasses sur le plan de travail et récupère la bouilloire qui s’est mise à siffler. Alors qu’elle se tourne vers le grand gars qui n’a encore rien dit pour lui proposer différentes sortes de thé, il la prend encore une fois de court. Il propose des trucs, Evey sait que c’est avec des bonnes intentions, mais l’idée même de savoir qu’il a des pilules sur lui la fait paniquer. Elle pose la bouilloire brusquement et s’appuie au plan de travail, le souffle court, tentant de reprendre ses esprits et d’empêcher la panique de s’installer.

« Fuck, Fab… I’m sorry. I… C’est juste que… They used pills. So it fucking scares me. It’s just… I’m afraid of loosing control. So… No. Thanks. No pills. Maybe a blunt though… I need to fucking relax. »

Elle sent sa tête qui tourne et s’interroge. Est-ce le stress ? L’angoisse ? Le fait d’avoir avalé l’équivalent d’un repas en plus de deux jours, par mini-doses ? Est-ce que c’est sa présence à lui, le fait qu’il ait tout découvert, qu’il ait débarqué chez elle ? Le contrecoup de sa panique ? L’alcool ? Ça pourrait être tellement de choses. Elle réalise que ce qui aurait été étonnant, ça aurait été qu’elle ne subisse aucune conséquence de son comportement des derniers jours et des évènements de ce soir.
Ses yeux cherchent ceux qui garçon qui l’accompagne et soudain ses jambes ne la portent plus, ses genoux lâchent et elle s’effondre sous son propre poids. Sa tête heurte la poignée du placard sous le plan de travail et elle se retient comme elle peut avec ses pieds nus sur le carrelage. La voilà maintenant plus ou moins assise, le dos rond, à moitié sonnée. Parfait. Vraiment, parfait. Se couvrir de ridicule et montrer l’état pathétique dans lequel on est est définitivement recommandé dans tous les tutos séduction. Si elle en avait la force, elle se giflerait. Putain. Elle marmonne avec difficulté des mots qu’elle veut rassurants.

« I’m okay, ça va, c’est rien, just feeling lightheaded… »

Elle a du mal à se convaincre elle-même. Fuck you, body. Elle tente de reprendre ses esprits, secoue mollement la tête, et pousse sur ses bras de toutes ses forces pour se relever. Son corps refuse de bouger d’un pouce. Putain, pourquoi est-ce que ça doit arriver maintenant ? Elle secoue la tête avec rage et finit par réussir à se relever, chancelante. Un nouveau vertige l’assaille et elle s’appuie sur Fab pour ne pas tomber de nouveau. Elle se dirige vers le frigo et l’ouvre, s’assied en tailleur entre la porte et l’intérieur et scrute ce qu’il contient. Elle repère de la crème anglaise en bouteille et l’attrape, l’ouvre, et en boit plusieurs gorgées, à la recherche du sucre qui lui manque certainement. Elle déglutit également une demie bouteille de jus d’orange et du hummus, sans vraiment prêter attention à celui qui occupe pourtant une bonne partie de ses pensées.  Elle finit par relever la tête vers lui, un air farouche et sombre sur le visage.

« Se jeter à l’eau… It’s not like I have a choice anyway. »

Peut être qu’elle devrait en effet se jeter à l’eau ? Peut être qu’elle devrait tout lui dire ? Qu’elle est allée uniquement à cette fête pour lui faire plaisir ? Qu’elle était encore vierge à la fois à cause de la nullité extrême de ses compétences sociales mais aussi à cause de l’idée stupide que ça aurait pu être lui ? Hopeless romantic whore, pense-t-elle. Elle aurait mieux fait de s’amuser. Quand elle ira mieux, c’est ce qu’elle fera. Fuck you, Fab, je peux pas t’attendre toute ma vie. Elle déteste le fait de ressentir ce qu’elle ressent pour lui, ce mélange flou de désir, de mépris, d’amour, de colère et de tellement d’autre chose, tellement troublant qu’elle n’a aucune idée de ce qu’elle doit faire. Elle finit par se relever, chancelante, et lui sourit vaguement. Elle sort un plateau, empile dessus des toasts, des crumpets et de quoi étaler dessus, y pose également les deux tasses, et se tourne vers lui pour demander d’une voix faible qui se veut forte et rassurante :

« Hey, uh, what kind of tea do you want ? They’re here. »

Elle montre du doigt l’endroit où toutes les boites de thé son empilées et se saisit elle même d’un sachet de thé noir au jasmin, qu’elle ouvre, sort de son emballage, et positionne dans sa tasse avant d’y verser l’eau qui bouillonne et fume en y coulant. Puis, elle commence par attraper les deux côtés du plateau, avant de réaliser lorsqu’elle essaie de le soulever que les chances qu’elle fasse tout tomber sur le trajet, certes court, de la cuisine au salon. Alors elle prend son courage à deux mains, inspire, et s’adresse à Fabien.

« Tu veux bien le porter ? Juste le poser sur la table. Désolée. »

Et elle s’avance en traînant un peu des pieds et s’assied sur le kilim du salon, attrape un crumpet et commence à le tartiner de beurre, puis de confiture, et en mord le bord avant d’apprécier le goût sucré de l’ensemble. Pourtant elle est plutôt salé, mais en l’occurrence, le sucre est exactement ce qui manque à son organisme. Elle finit la pâtisserie et se rend compte qu’elle a froid, qu’elle frissonne presque. Aussi, elle se lève et commence à se diriger vers le couloir, puis dans sa chambre où elle ouvre l’armoire et y récupère un pull léger. Elle se laisse un instant pour souffler et rassembler ses esprits, s’assied sur le lit et soupire un moment. Décidément, cette soirée est troublante, et ça n'est peut être pas encore fini.
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Raffaello O. Cassio


Raffaello O. Cassio

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MessageSujet: Re: don't you wish you could go back when you hadn't lost anything? [evey & fabien]   don't you wish you could go back when you hadn't lost anything? [evey & fabien] Icon_minitimeMer 8 Mar - 0:08

Fab s'étonne comme il aperçoit Evey chuter. Il s'élance, prêt à lui porter main forte, mais une seconde le retient, le faisant hésiter. Il aimerait soulever son amie et l'assoir quelque part, mais tout son corps se freine, comme s'il s'apprêtait à causer un accident, comme s'il allait heurter une blessée. Il déglutit, ses pensées allant et venant dans des sens contraires. La bière et l'ectasy bouleversent sa tête, se chicanant entre elles, parfois s'alliant pour confondre une idée avec une autre. Il secoue la tête et se penche, s'assois presque à ses côtés. Evey murmure qu'elle se sent bien, mais elle le murmure tant que Fab devine qu'il ne devrait peut-être pas la croire. L'étudiante s'appuie contre lui et le jeune homme est pris de surprise par le geste. En la caressant tout à l'heure, il a bien senti le malaise du corps chez Evey, alors qu'elle le touche le prend par surprise. De son mieux, il l'aide à se soulever.

Le spectacle qu'il observe le terrifie. À la manière dont s'alimente Evey, la source de sa chute lui apparait évidente. Il déglutit, les nerfs électrifiés, l'esprit à fleur de peau. Son souffle trahit son mal et souligne sa confusion. Soudain, tout ce qui se passe est trop pour lui. Il évite le regard de son amie, car il ne veut pas qu'elle sache, il ne veut pas qu'elle croit non plus. Les drogues s'emparent de lui, comme à l'habitude, mais sans qu'il puisse les défouler jusqu'aux petites heures de la nuit. Son haleine goûte le vice, mais son coeur se serre avec amertume. Lui-même désire et veut une certaine paix, l'indice de l'horizon. Pour le moment, la panique veut s'en prendre à lui. Si sa tête peut toujours raisonner, son corps ne le peut pas. Il respire doucement, cachant sa détresse à Evey qui se goinfre maintenant d'humus. Elle-même ne l'aperçoit pas, privée du monde, exilée par ses douleurs. Ses poings se serrent, celui de droite le faisant souffrir. Malgré tout, il continue d'appuyer sur l'ecchymose, la souffrance le transportant, l'annihilant. Dans ce combat contre l'amphétamine et l'alcool, il riposte de la seule manière qu'il sait. Reprenant ses esprits, il croise à nouveau le regard d'Evey qui finit par lui proposer le thé tant attendu. Fab choisit le même sachet qu'elle, indifférent à la saveur du jasmin, mais très alerte à la tyrannie des souvenirs.

Le Canadien va déposer sur la table le plateau, pendant qu'Evey va se vêtir d'un pull. Lui-même n'est vêtu que d'un t-shirt grisâtre et de jeans noirs et troués. La noirceur de son habit contraste avec la blondeur de ses boucles. Comme il prend place, il s'empresse de sortir le pétard de sa poche et de l'incendier avec son briquet. Il tire le blunt, longtemps, sans hésitation. Il profite du moment pendant lequel la fumée caresse ses poumons. La sensation le traverse, lui permet d'échapper au son de la respiration d'Evey et à l'odeur du thé qui s'infuse. Ses yeux clos ne voient plus rien et c'est parfait. Enfin, il libère le tout, refusant de s'étouffer. Il tire à nouveau à deux reprises. Jamais deux sans trois, se dit-il. Il dépose le pétard dans le cendrier d'Evey, à sa discrétion. Soudainement accroché à quelque chose, il sent son corps se détendre. Sont-ce les drogues qui le trahissent ainsi ou bien la sensation, l'émotion, le vertige, la panique ne sont-ils que nés du drame? Si tel est le cas, comment son amie peut-elle vivre avec un tel passé? Lui qui se sent dépassé à la simple évocation du malheur? Sentant son impuissance refaire surface, il saisit à nouveau le pétard et tire, tire, tire. Les échardes se retirent à nouveau de ses muscles, telles les feuilles mortes sont dispersées par le vent. Il redépose le joint, tournant son attention vers Evey, ignorant si elle a touché ou non à l'herbe.

« Tu devrais en prendre… It should make you hungry et tu dois manger. »

Comme lui continue de fumer, lentement, mais surement, il reprend le contrôle de ses sens, mais surtout de son corps. Ce sont les mots qui manquent. Que dire, que faire, maintenant? Comme il tire à nouveau, il ne peut que se désoler.

« We're losing everything… Qui aurait pu prédire ça? »

Lui-même ne va pas bien ces derniers temps. Si l'abandon de ses études a su lui redonné un élan, lui a permis de goûter à une certaine jouissance. Depuis, cette allégresse s'évanouit par moment. Toutefois, cette déprime, il préfère la nier, la noyer dans des nuits d'ivresse, qu'elle soit celle en détresse à l'avenir. Car, somme toute, il aime vivre et il vivera, même si ce n'est que pour se tuer tous les jours.

Son malaise dispersé, il regarde Evey, toujours la même intrigue dans les yeux, dans la voix, dans la tête.

« Si un des jours, tu le veux, si tu t'en sens capable, tu viendras avec mes mates et moi, sortir quelque part. That's how I cope with... stuff. The only way I know how to feel free. »

En étudiant le repaire d'Evey, Fab devine qu'elle ne doit pas être très familière avec ce sentiment ici. Parfois, les pires prisons sont celles faites par soi-même. Et ce flat a toute l'apparence d'un cachot dont les menottes sont les peurs d'Evey. En voyant cette belle fille, cette amie qui lui est chère, cette bourrelle dont la condamnée est elle-même, Fab ne veut que l'entraîner dans la liberté avec lui. Le seul hic, c'est qu'il n'existe pas de mots qui puissent lui permettre de faire cela.
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MessageSujet: Re: don't you wish you could go back when you hadn't lost anything? [evey & fabien]   don't you wish you could go back when you hadn't lost anything? [evey & fabien] Icon_minitimeMer 8 Mar - 1:58

Elle reste assise un moment sur le lit, plusieurs minutes, quelque chose comme ça, essayant de savoir quoi faire et comment se comporter. Il lui faut un moyen d’expliquer son comportement. Elle ne peut pas juste lui dire la vérité, comme ça, out of nowhere, après le traumatisme de cette soirée. Il faut autre chose. Peut être qu’elle peut juste faire comme si de rien n’était. Elle secoue la tête et soupire. Elle imagine qu’elle improvisera. En attendant elle ne peut pas le laisser comme ça attendre tout seul dans son salon. C’est parfaitement impoli. Elle se lève et, alors qu’elle est sur le point de quitter la chambre, réalise qu’il a peut être froid lui aussi. Alors elle cherche des yeux et des pensées un pull qui pourrait lui aller. Elle a beau porter des vêtements un peu trop grands pour elle, elle n’est pas sûre d’avoir quelque chose à sa taille. Et puis, son regard se pose sur le pull qu’elle porte habituellement pour dormir, qui gît au entre les deux oreillers. Elle tend la main, l’attrape nonchalamment et le porte à son visage, en respire l’odeur. Il ne sent rien si ce n’est son odeur à elle, seulement vaguement. En en mesurant la taille du regard, elle déduit que c’est probablement le seul qu’il pourra porter. Pas grave, se dit elle, elle en a toujours d’autres qu’elle même pourra enfiler avant d’aller dormir. Elle peut bien faire ça pour lui, après tout, il n’a pas l’air d’être au mieux de sa forme non plus.
Elle se redirige vers le salon mais, une fois dans la pièce, n’ose pas lui donner le vêtement et le garde bêtement à la main alors qu’elle va s’asseoir sur le canapé qui fait l’angle de celui sur lequel Fab est assis, à fumer un joint. Elle ne dit rien mais le voit se détendre à vue d’œil. Elle s’en veut de lui faire subir ça. Et puis, l’espace d’un instant, elle est en colère contre elle même et contre lui. Elle n’a pas à s’en vouloir. C’est elle qui a survécu à tout ça. Pas lui ni personne d’autre. Elle fait de son mieux et c’est déjà énorme. Elle attrape la anse de son mug et porte le thé brûlant à ses lèvres, le liquide chaud qui coule entre ses dents lui fait un peu mal mais le parfum est réconfortant. Elle a toujours le pull sur ses genoux, lové comme un gros chat paresseux.

« Tu devrais en prendre… It should make you hungry et tu dois manger. »

Le regard distrait de la jeune fille se porte sur le visage du canadien, s’y attarde avec tendresse l’espace d’un instant, puis se reporte sur l’endroit où sont fixés ses yeux à lui. Elle entrouvre la bouche lorsqu’elle voit le joint posé sur le rebord du cendrier, et se penche pour l’attraper. Effectivement, ça va lui faire du bien.  Elle tire plusieurs lattes, inspirant avec délice la fumée salvatrice, puis le repose où il était. Elle ferme les yeux l’espace d’un instant et étend ses jambes,  masse son cou d’une main tandis que l’autre empêche le pull qu’elle a toujours sur ses cuisses minces de glisser au sol.  Alors que le silence commence à s’installer, le jeune homme aux boucles blondes décide de le rompre.

« We're losing everything… Qui aurait pu prédire ça? »

Evey ressent une tristesse étrangère dans ces mots, venant de quelqu’un qu’elle pensait pourtant insouciant. Ses yeux écarquillés cherchent avec surprise ceux de Fabien, elle tente de comprendre, de déceler ce qu’il veut dire par là.

«  Fab… I’m, i’m sorry. I didn’t know you were feeling down. Je sais pas quoi dire… À part que tu peux m’en parler si tu veux… »

C’est d’une voix pleine d’hésitation que la jeune anglaise fait sa proposition. Un élan de tendresse lui donne envie d’aller s’asseoir à côté de lui, de se blottir dans ses bras, de le réconforter et de pleurer contre sa poitrine. Elle ne le fait pas. Une tempête de sentiments contraires se déroule en elle, mais elle tente de ne rien laisser paraître. Elle triture les mailles lâches du pull entre ses doigts fébriles tout en faisant tourner son cerveau à toute vitesse pour trouver quelque chose à dire. Et puis, son regard croise celui du jeune homme et elle s’immobilise, son trouble s’atténue, il n’en reste plus qu’un sourd bourdonnement à ses oreilles. Pourquoi il a fallu que je tombe amoureuse de toi, putain. C’est à peine si elle entend la proposition de Fab, mais elle émet un petit couinement presque inaudible d’adolescente, qui filtre à peine d’entre ses lèvres. La confusion règne dans son esprit. Alors que le silence et l’immobilité de la jeune fille commencent à devenir gênants, elle décide de se secouer, elle retrouve ses esprits, et se lève pratiquement d’un coup du sofa, fait les deux pas qui la séparent de Fab, et lui tend presque brutalement le pull qu’elle a gardé entre les mains depuis qu’elle est revenue.

« Tiens. For you. Just in case you’re cold. Sorry, it’s not perfectly clean, mais il devrait t'aller au moins. »

Puis elle s’asseoit de nouveau, sur le même canapé que lui cette fois, seulement à l’autre bout, les genoux serrés et les doigts entrelacés étroitement dans le creux de ses cuisses. Elle regarde en direction de la table basse mais ses yeux sont dans le vide, son visage rougissant est caché derrière un rideau de ses cheveux cendrés.

« Je viendrai, someday, I guess. »

Le silence retombe et elle n’ose pas tourner son regard vers lui, parce qu’elle a autre chose à dire mais les mots refusent de passer la barrière de ses dents et de ses lèvres closes. Finalement les mots se forment, presque inaudibles tant ils sont prononcés bas.

« I thought you didn’t care about me. »

De sa main gauche, elle ramène ses lourdes mèches d’un blond foncé derrière son oreille droite et elle finit par poser ses yeux sur le visage qu’elle connaît et chérit depuis si longtemps. Dans la rangée inférieure de ses cils, quelques perles salées s’accrochent encore et elle ne veut pas les laisser couler, parce qu’elle ne veut pas tomber dans le mélodrame. La lumière des bougies et de la ville se reflètent sur les visages des deux jeunes gens et Evey aimerait que ce moment ne soit pas un moment triste, elle aimerait avoir le courage de se lancer et de lui dire la vérité, mais elle ne peut pas, elle ne trouve pas la force ou l’énergie en elle. Alors elle détourne le regard, se mordant l’intérieur de la joue, et reporte son attention sur le thé qu’elle porte de nouveau à son visage, et grimace en aspirant une gorgée, le sachet ayant infusé trop longtemps ayant rendu le breuvage amer. Elle attrape le joint d’entre les doigts de Fab ainsi que son briquet qui traîne sur la table, le rallume, et tire plusieurs lattes, la fumée commençant à lui monter doucement au cerveau et à délier quelques uns des liens serrés par lesquelles elle se maintient involontairement prisonnière. Elle soupire et se tourne légèrement vers son ami, lui fait un petit sourire, et s’enfonce dans les coussins du canapé.
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MessageSujet: Re: don't you wish you could go back when you hadn't lost anything? [evey & fabien]   don't you wish you could go back when you hadn't lost anything? [evey & fabien] Icon_minitimeDim 12 Mar - 1:58


À l'extérieur, la ville entière rugit, les fauves quittant leurs tanières. La chasse de minuit s'entame et seuls les pires d'entre eux en sortiront vivants. De l'intérieur, Fab est capable d'entre ces bruits, les grognements et les murmures. Son coeur et sa tête pèsent lourd comme il aperçoit à travers les rideaux de l'appartement d'Evey les lumières de la cité, rouges et bleues, dont l'éclat crie dans la noirceur. Ce monde nocturne réchauffe les corps. C'est le royaume des chats de ruelles, gouvernés par no one, régi par les lois que l'obscurité rend impossible de lire. La nuit, tôt ou tard, finit par aspirer ceux qui s'y enfoncent trop loin. Voilà où il est. À craindre le jour, à craindre la sobriété, à craindre la réalité. Il n'y a que dans les bras de la morphine qu'il veut être bercé. Car cet endroit, au fin fond de Londres, où la foudre s'abat sans cesse, où la pluie ne sait noyer, où les maux s'effacent comme les étoiles dans les cieux urbains. Là où les sains se croient fous et où les fous se croient sains. Voilà où Fab s'est rendu, voilà où il s'est abandonné, dans la noirceur la plus profonde de la nuit, là où tout souvenir des astres est oublié. Fab y a laissé son corps ; c'est un fantôme qui erre les rues de Londres.

Il tient à tout pris à éviter le regard de son amie comme elle lui offre de l'entendre. Quel monstre serait-il de se confier en une telle soirée. Un débile comme lui, aux folies noircies, ne peut se comparer à la souffrance de quelqu'un comme Evey, à qui tant a été ravi. S'il a envie d'être ailleurs, c'est parce qu'il est rendu faible et qu'il ne sait pas comment être brave, encore moins faire semblant de l'être. Il ignore même lequel des deux son amie est. Il déglutit et détourne la tête à la cité, son amante.

« It's nothing. I meant… I don't know what I meant. C'est juste injuste que certaines choses, une fois ravie, ne puissent pas être redonnées. It makes us feel helpless, I guess. »

Certainement pas les mots à dire à Evey en un tel moment. Mais cette fille est imprévisible, comme la glace. Fab ne peut en prédire l'étancher. Si elle parait forte, voire incassable, un faux pas peut suffire à fracasser sa surface. Le poids, la matière, la pression. Il ne sait pas. Et Fab n'est pas le plus délicat. Il la fixe un peu, pesant ce qu'elle peut penser, ce qu'il pense. Il n'ose pas trop hésiter, mais craint aussi de se prononcer.

Le pull que lui a tendu Evey réchauffe Fab. La laine étreint, caresse ses bras nus. La chaleur lui fait du bien. Le poil sur ses bras commençait à s'hérisser, sans que le garçon d'origine norvégienne le remarque. Evey maintenant à ces côtés, la douceur du pull flattant son épiderme, le pétard incendié, la tension se consume lentement. La fille soutient qu'un jour, elle sortira avec Fab et ses mates. Celui-ci le souhaite, car il réalise comment son corps en a besoin, comment son pouls se débat, requiert la fête, est attentif à l'appel de la débauche. S'installe alors un silence que ni l'un ni l'autre n'ose interrompre. Comme si les deux reprenaient leurs esprits après tout ce qui s'est produit. Fab se retient de boire le thé maintenant infusé trop rapidement, comme son instinct le lui suggère. Il boit une gorgée à la fois, le liquide chaud roulant contre sa gorge, calmant son pouls, dont l'ébat se tranquillise. Ses muscles ne se détendent pas tout à fait, toujours avide du beat de la musique, du poids se son corps qui fracasse la piste de danse. Le seul endroit au monde où il sait s'oublier.

Plus tard, quelques mots s'échappent de la bouche d'Evey. Sa voix tremble, suffoquée, comme si un incendie avait brûlé son être entier, la privant de prononcer, l'empêchant de vivre. Le coeur battant de Fab se stoppe, brusquement. Sa bouche est humide, le déluge prenant une autre forme que celle des larmes.

« Are you insane? » il rit amèrement, ricanement frollant la folie. « I care so much, it's driving me mad. »

Et il a raison. Il le sait. Car, pour rien au monde n'a-t-il envie d'être là, d'affronter la réalité, de sentir la toison des monstres contre sa peau. Pourtant il reste là, comme le fantassin s'approchant des tirs. Mais Fab est comme un pirate ; un escroc des sentiments, un criminel de la vérité, un fuyard du regard, favorisant la clandestinité à la sincérité. Pourtant, il demeure auprès d'Evey, même si son être lui hurle de fuir. Même si sa nature va à contre courant. Voilà peut-être sa manière d'être brave, si mince soit-elle. Ne pas fuir, risquer ne pas survivre à sa propre folie, pour être là pour elle.

« Evey, we might have grown apart, mais je me souviens de tout. We've known each other for so long… Et je vois qui tu es. You're special. You're not like the other girls. Tu as quelque chose de précieux en toi, tu l'as toujours eu. »

Fab voit ce mélange d'espoir et de tristesse dans les yeux d'Evey. Il est surpris de voir à quel point il compte pour elle et se surprend lui-même de réaliser à quel point elle compte pour lui. Quelque chose lui échappe, la raison de sa présence, la raison de sa course à travers Londres pour venir confronter cette fille. S'il a été en mesure de le verbaliser, il ne sait pourtant se l'expliquer. Qui est-elle? Pourquoi est-elle si spéciale? Peut-être est-elle comme lui? Ou peut-être sont-ils simplement les deux terrifiés, désemparés, coincés dans un présent auquel il manque les allures du passé.
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MessageSujet: Re: don't you wish you could go back when you hadn't lost anything? [evey & fabien]   don't you wish you could go back when you hadn't lost anything? [evey & fabien] Icon_minitimeMar 28 Mar - 18:44

« Are you insane? I care so much, it's driving me mad. »

Les mots sonnent aux oreilles de la jeune Anglaise comme une mélodie triste. Elle sait que ce qu’il dit n’est pas fidèle à ce qu’il veut dire.
Son cerveau et son cœur auraient vite fait de s’emballer si elle les laissait faire. Elle ne peut pas se permettre de s’enflammer, ce sentiment n’est qu’un feu de paille qui brûle vite mais ne réchauffe pas et n’éclaire que brièvement. Alors elle s’empresse de digérer les papillons qui ont envahi son ventre et fait un sourire tordu et maladroit en direction de Fab.

« I- I’m sorry. » Sa voix se veut rassurante mais trahit son doute. « I just, sometimes i feel like i’m so outside of all this… »

Elle fait un large geste de la main, englobant la pièce et l’ensemble des fenêtres, désignant la ville qui grouille encore de vie à cette heure tardive. Clairement, Evey a quitté le monde, s’est réfugiée dans sa propre douleur, enfermée dans les ombres et les cauchemars. Les heures passées à ravaler ses larmes n’ont pas porté de fruits. Elle ne se sent pas mieux maintenant qu’au lendemain de la catastrophe qui a chamboulé sa vie. Elle en veut encore plus à ses bourreaux que par leur faute elle ne peut pas savourer un moment qu’elle a tant désiré. Mais alors qu’elle observe encore une fois le visage adoré, son regard s’accrochant à chaque angle, elle ne peut s’empêcher de s’interroger sur le sens de ces mots qu’il prononce les uns à la suite des autres. Helpless… Mad… Quelque chose ne tourne pas rond. Elle ne veut pas arracher un pansement d’une plaie à moitié cicatrisée, mais elle est incapable de mettre cela de côté. Elle l’a toujours cru fort, joyeux, bruyant, prompt à faire la fête et à séduire tous ceux autour de lui… Qu’est-ce qu’il a dit déjà juste avant ? How i deal with stuff ? Il faut qu’elle en sache plus, elle cherche un moyen de tourner sa phrase pour ne pas blesser, en poncer tous les angles et toutes les arêtes. Mais alors qu’elle modifie encore les mots, l’adrénaline battant sourdement à ses tempes, n’arrivant pas à se résoudre à parler, il finit par être trop tard, elle a trop tourné et retourné la question dans sa tête et elle devient impossible à formuler. Alors elle laisse le silence se déchirer aux angles des meubles et la vapeur du thé s’enrouler en volutes pâles à hauteur de ses yeux.

« Evey, we might have grown apart, mais je me souviens de tout. We've known each other for so long… Et je vois qui tu es. You're special. You're not like the other girls. Tu as quelque chose de précieux en toi, tu l'as toujours eu »

En entendant ces mots, la jeune femme s’empourpre, s’essouffle, se rembrunit. Elle cherche ses mots et sa respiration. Elle ferme les yeux un instant, reprend ses esprits.

« Fab, i just- C’est juste que- I've never grown apart from you. »

Voilà, les mots sont sortis, jetés dans le silence. Ils se sont glissés tous seuls en dehors de sa bouche sans qu’elle n’y puisse rien. Évidemment, elle regrette presque immédiatement. Elle cherche une solution d’urgence. Une excuse. Une manière de rectifier ce qu’elle a dit. Elle s’empresse de continuer

« Enfin. Je veux dire. We’ve known each other for a long time, you’re one of my oldest friends… »

Elle crispe la mâchoire, se tait. Espère que le mensonge va passer. Elle n’a que peu d’espoir mais tant qu’elle reste ambiguë elle tente de se rassurer. Sa respiration saccadée peine à lui apporter l’oxygène dont elle a besoin. Elle se calme tant bien que mal pour ne rien laisser paraître. Le malaise l’envahit.

« But enough about me. Qu’est-ce qui ne va pas ? what’s that stuff you have to deal with ? You know you can talk to me. But you don't have to if you don't want to. »

Sa tentative de détourner la conversation est sincère. Son inquiétude transparaît dans ses yeux suppliants. Elle hésite un instant puis pose sa main sur celle du jeune homme, légère, l’espace d’un instant qui paraît long comme une éternité. Elle se veut rassurante, douce, compréhensive. Dans son cerveau l’adrénaline a enfin fini de monter et elle veut en profiter. Son cœur bat à toute vitesse mais ses yeux sont attentifs au visage de celui pour lequel elle ressent tellement de choses.


HRP- désolée c'est plus court que ce que j'avais prévu mais comme tu sais je suis pas au meilleur de ma forme -_- Promis le prochain post sera mieux!
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Raffaello O. Cassio


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MessageSujet: Re: don't you wish you could go back when you hadn't lost anything? [evey & fabien]   don't you wish you could go back when you hadn't lost anything? [evey & fabien] Icon_minitimeVen 7 Avr - 4:46


« It's okay… to feel lost or like an outsider. I get it. Vraiment, j'comprends. Et j'suis là pour toi. Wherever you are. Inside, outside, upside down… any fucking where. »

Fab observe à nouveau Evey, sous un jour nouveau. Il l'étudie rapidement et devine son struggle. Des mots tentent de se hisser hors de sa bouche, mais une force obscure l'en prévient. Ça, Fab le devine. Une part de lui veut lui arracher ces mots, mais il sait cette impulsion trop véhémente. Alors, une part de lui veut lui tendre la main, similairement tremblante, effleurer sa peau avec sa chaleur caractéristique. Peut-être est-ce son instinct qui le pousse à vouloir agir de cette façon, le froid de son pays de naissance étant si souvent lutté par la tiédeur des corps. Les enlaçages et les caresses sous la neige qui font fondre la givre. Ces soirées, ces aventures en forêt ou dans les suburbs de Vancouver à fuir le blizzard, à patiner sans patin parce que les rues n'étaient plus que glace…Et bien sûr, c'est Cassie qu'il enlaçait, caressait. Cette fille dont le visage brillait sous le reflet des réverbères à travers les rafales. Étrangement, pour la première fois, Fab remarque qu'Evey et Cassie se ressemblent. Ou peut-être ressemblaient… Enfin, malgré quelques traits familiers, il reconnait en Evey cette complexité et cette gêne mignonnes que lui partageait Cassie. Leurs longues chevelures tombent même d'une manière identique, cachant un peu leur regard, l'une dissimulant sa peine et sa douleur, l'autre dissimulant des mystères. Fab se surprend à fixer Evey, ses traits, sa beauté. Il se surprend à réaliser que cette étude pourrait durer des heures. Il sent en lui un mélange qu'il avait oublié. Ineffable, mais qui ressemble à la crainte, mais aussi à la joie. Une béatitude en pleine tempête.

Puis elle lui répond, dans cette discrétion qui lui est propre, de ce ton qui laisse présager tant d'autres phrases. Que veut-elle dire? Si, leurs chemins avaient pris des directions antipodiques et ce, depuis longtemps déjà. Evey et lui n'avaient partagé que très peu ces dernières années. Fab avait quitté ces lieux de leur enfance pour dérober des bouteilles de champagne pendant les fêtes de leurs parents et les boire avec les autres gosses et Evey ne l'avait jamais vraiment suivi. Le garçon a laissé la fille derrière, mais la fille ne l'a jamais poursuivi. Où en seraient-ils aujourd'hui, si Fab était resté derrière ou si Evey s'était mise à courir? Peut-être tout ceci, cette soirée, n'aurait jamais eu lieu. Peut-être seraient-ils sur un toit à fumer quelques pétards et boire du vin blanc, tout en admirant les étoiles, enlacés… Fab se ravise. Enlacés? Pendant qu'Evey clarifie sa pensée, mais Fab écoute à moitié. Où ses souvenirs d'une autre vie le mènent? Son coeur fait un bond, comme une confusion brusque et violente le happe. Il lève le regard, observe la mâchoire crispée d'Evey. « Et Michelle? » lui demande son coeur. La belle de Kensington qui lui ravit son attention à chaque nuit. Michelle. Evey. Que se passe-t-il, se questionne Fab. Sur quelle déroute sa tête s'égare-t-elle? Sa bouche s'ouvre légèrement, comme si des mots hésitent sous ses lèvres, mais pourtant il n'y en a pas. Qu'une lourde hésitation, une cruelle incompréhension qui le secoue et le menace. Ses yeux fixent le vide, déconcentrés, mais sont pourtant plus remplis que jamais. Échappant l'espace d'un moment à sa propre cohue, il bouge sa tête de gauche à droite, rapportant son attention sur les propos de cette fille assise près de lui.

Son visage se durcit aux paroles d'Evey. Il ne peut pas lui partager l'origine de sa douleur. Faux, en fait il ne veut pas. Cassie a toujours été ce doux et lourd secret qui lui appartenait. Cette possession, Fab la chérit toujours, même à ce jour. Comme une histoire que lui seul connait. Une épopée précieuse et mythique dont des contes s'inspireront peut-être dans un avenir plus brillant. D'autant plus, comment Evey pourrait saisir les maux de Fab. À moins que celui-ci se trompe, il ne croit pas avoir jamais vu Evey en amour. Cette aversion spontanée pour tout ce qui n'appartient pas à ce cercle intime qu'est la passion. S'extirpant de son songe, ses traits se libèrent de leur pétrification et s'adoucissent. Il sourit à son amie, d'un sourire qui n'est ni forcé, ni vilain. Que certains oseraient même qualifier de sincère. Fab ignore s'il appartient à ce groupe d'individus, mais il sait qu'il ne peut jurer que ses lèvres se hissent sans sincérité, encore moins promettre le contraire.

« Nothing. L'école and stuff. Enfin, personne n'est immunisé contre la déprime. C'est tout. T'en fais pas pour moi. I'm fine. »

Et soudainement, son pouls se débat contre un ennemi dans la brume. Toutefois, rapidement, Fab découvre qu'il n'y a nul ennemi et que la fièvre qui le brûle est nulle autre que celle d'Evey, dont la main recouvre les doigts du garçon. Les regards des deux jeunes gens se croisent et ce même pouls qui s'accéléra rompt sa course. Cet instant semble durer des années. Toutes ces années pendant lesquelles Fab ne regardait pas Evey. Et parce qu'il réalise sa faute, le garçon n'entend plus qu'un appel. Différent de celui de la ville ou du vide. C'est d'Evey qu'il émane, tel un rugissement. Et Fab n'a envie que de rugir à l'unisson, troublant le diapason de Londres, le diapason de ce monde. S'il écoutait cette mélodie qu'il imagine, il prendrait la fille et l'amènerait avec lui quelque part. Anywhere, right now. Dans une boîte de nuit où ils perdraient tous sens de qui ils sont, de qui ils furent. Ou à la gare de trains, où ils sauteraient dans un wagon au son du sifflet, à direction de fucking anywhere. Sofia, Helsinki, Athènes, Mumbai, peu importe. Tant qu'ils sont ensemble.

Cependant, Fab sait mieux faire. Il devine qu'Evey a encore des larmes à pleurer avant de retrouver ou seulement de trouver cette ouïe unique qui lui permet d'entendre ce genre d'appel. Fab se lève et s'avance vers la chaine stéréo de son amie. Il y branche son téléphone et sélectionne une chanson douce, mais puissante. Les paroles lui sont chères. Il retourne s'assoir aux côtés de son amie et lui glisse ces quelques mots.

« Let's just sit here for a while. And listen. »

Fab ferme les yeux et écoute ces harmonies si familières qui le réconfortent. Puis, comme la chanson se termine, le prochain morceau de la liste de lecture se met à jouer. Et ni l'un ni l'autre ne prononce un mot. Enfin, une autre pièce démarre. Puis comme les dernières notes sont poussées, Fab se retourne vers Evey, sans la toucher, mais son regard la pénétrant.

« I think… perhaps we should get some sleep. T'sais… It's been a long night. »

Il s'empresse de se reprendre, réalisant.

« If that's okay with you? »
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MessageSujet: Re: don't you wish you could go back when you hadn't lost anything? [evey & fabien]   don't you wish you could go back when you hadn't lost anything? [evey & fabien] Icon_minitimeVen 8 Sep - 2:51


Malgré le questionnement d’Evey, Fab secoue la tête. Il parle mais ne dit rien de ce qui le préoccupe réellement. La jeune fille le sait, pourtant, que faire ? Elle ne va tout de même pas le forcer à se confier, elle qui est si pudique par rapport à tout. Il semble troublé quand il pose sa main sur la sienne. Elle peut sentir les non-dits qui flottent dans la pièce. Il est parfois mieux que certaines choses restent sous silence. Bien sûr, elle aimerait se jeter contre lui, se blottir dans ses bras, coller sa bouche contre la sienne, l’entraîner dans le couloir… Les chambres ne sont qu’à quelques mètres. Mais non. À quoi pense-t-elle ? Ça ne ressemble pas à Evey, qui est restée terrée dans son appartement durant les derniers mois. Elle commence à se demander ce qui lui prend. C’est n’importe quoi. Son esprit s’égare pendant ce qui lui semble être une éternité avant qu’elle ne revienne à la réalité.

À l’expression de Fab, elle devine que lui aussi s’est perdu quelque part dans ses pensées. Elle cligne des yeux, retire sa main de celle du garçon et elle s’envole immédiatement pour aller se loger dans son cou sous sa chevelure. C’est gênant. Très gênant. Le silence commence à se faire long et pesant, et Evey a de plus en plus de mal à trouver ses mots. Alors que la jeune fille tente de se forcer à trouver quelque chose à dire, Fab se lève du canapé. Elle le suit des yeux, surprise, perdue, alors qu’il va brancher son téléphone sur la chaîne hi-fi et démarre une chanson. La mélodie est un peu triste, un peu mélancolique, mais belle. Evey rallume une cigarette et ferme les yeux, pour mieux écouter. Les paroles la touchent au plus profond d’elle. I don’t know what i’m supposed to do, haunted by the ghost of you. Elle non plus n’a aucune idée de ce qu’elle va faire. Clairement, la pièce est sous tension.

Elle reprend sa respiration et tire sur sa cigarette quand une autre chanson commence. Sans qu’elle puisse y faire quoi que ce soit, ses yeux s’humidifient et une larme roule sur sa joue lentement avant qu’elle ne l’essuie du revers de la main, discrètement cachée derrière sa crinière. Perdue de nouveau dans ses pensées, elle n’écoute même pas la troisième chanson qui ne fait qu’effleurer ses tympans. Ce n’est que quand Fabien s’adresse à elle qu’elle revient une fois de plus sur terre.

« I think… perhaps we should get some sleep. T'sais… It's been a long night. »

Elle se mord l’intérieur de la joue alors que ses yeux rencontrent ceux du canadien. Evidemment ses joues s’empourprent et un sourire s’esquisse sur ses lèvres alors que Fab se reprend.

« If that's okay with you? »

Elle hoche la tête, se lève précipitamment, s’emmêlant presque les pieds dans le tapis.

« Yeah, sure, of course. I’m sure we’re both tired. »

Écrasant sa cigarette dans le cendrier, elle s’avance vers le couloir, laissant le plateau sur la table basse et Fab récupérer son téléphone. Pas à pas elle s’enfonce dans le couloir et rentre dans sa chambre en premier. Le chat saute sur le lit alors qu’elle ouvre le deuxième tiroir de la commode et fouille un moment avant d’en sortir un T-shirt  trop grand pour elle qu’elle porte parfois comme pyjama ou comme tenue de tous les jours, et le tend à Fab. Elle ne se souvient même pas où elle a récupéré ce T-shirt, ça fait tellement longtemps qu’elle l’a qu’il est même un peu décoloré par les lavages successifs. Il porte l’emblème d’un groupe indépendant qu’Evey suit depuis leurs débuts.

« Tiens. PJs. Tu veux pas dormir dans tes snazzy fringues, si ? »

Elle sourit de nouveau, persuadée qu’elle doit briller comme une lanterne rouge tant ses joues chauffent. Elle se racle la gorge et referme le tiroir avant d’aller dans la salle de bains.

« Uh… J’ai pas de brosse à dents en plus, désolée… Mais bon voilà la salle de bains est là si t’as besoin. Prends n’importe quelle serviette propre, elles sont dans le meuble juste là… Et par là c’est ta chambre- enfin la chambre d’amis quoi. »

Toujours en train de gaffer, Evey. Elle se faufile dans l’encadrure de la porte pour ouvrir celle de la chambre d’invités et appuyer sur l’interrupteur. Ça a pour effet d’allumer les lampes de chevets et d’illuminer la pièce d’une lumière douce. L’endroit est chaleureux, les murs sont marron glacé, sauf la tête de lit, recouverte d’un papier peint velouté couleur pêche. Le lit lui même est garni de plusieurs coussins et d’un plaid en coton et velours, le tout dans des tons chauds, les pieds et la tête en bois foncé comme le reste des meubles, une armoire et les tables de nuit, ainsi qu’un fauteuil chocolat. Evey aime cette pièce qu’elle a décoré elle même comme le reste de l’appartement et en inspire le parfum familier de cire, de vieux bois et de linge propre. Elle se tourne vers Fab et lui fait un petit sourire un peu triste.

« Je dors parfois ici donc le lit est un peu défait, désolée… Euh… Mais bon c’est confortable. Mets tes affaires sur le fauteuil si tu veux, je vais t’amener de l’eau au cas où… »

Sans attendre de réponse, elle retourne au pas de course dans la cuisine et attrape une bouteille-thermos qu’elle remplit d’eau minérale fraîche avant de la ramener au jeune homme. Elle la luit tend depuis le pas de la porte puis reste là un instant avant d’esquisser un signe de la main, l’autre crispée sur la manche de son lainage.

« Bon, euh… Bonne nuit alors… »

Elle tourne les talons, pénètre dans la salle de bains et se brosse les dents tout en essayant de se calmer et d’arrêter le mécanisme de son cerveau qui semble s’être emballé. En se passant de l’eau sur le visage, elle finit par reprendre une respiration normale et retourne dans la pièce à vivre pour éteindre les lumières et vérifier les réserves du chat. Celui-ci se frotte à ses mollets nus en ronronnant puis la suit en trottinant alors qu’elle retourne dans sa chambre et en pousse la porte qu’elle laisse entrouverte au cas où le petit félin voudrait sortir. Elle se débarrasse de ses vêtements et enfile un short un peu large et un t-shirt trop grand flanqué du logo des Franz Ferdinand avant de se glisser sous la couette, Earl of Grey venant se blottir au creux de son ventre. Elle branche son portable, éteint les fairy lights et la lampe de chevet et enfonce sa tête sous le duvet, se retrouvant plongée dans un océan de prune et d’obscurité. Elle entend Fab bouger dans la chambre d’en face pendant quelques minutes encore avant que le silence ne se fasse dans l’appartement, à part les ronronnements du chat et les sons de la ville quelques étages plus bas. Pourtant, le sommeil ne vient pas. Les minutes passent et bientôt cela fait une heure qu’Evey tourne et retourne dans son lit, à la recherche de la bonne position, à la recherche de Morphée qui a manifestement décidé de jouer à cache cache. D’abord l’agacement, puis l’angoisse arrivent. Bientôt, la peur quasi-panique et Evey se débat, entre éveil et cauchemar, aux mains de ses bourreaux. Elle s’entend gémir, bouger sous les draps, mais sans contrôler, jusqu’à ce que finalement elle se retrouve en pleurs, assise dans le lit, la couverture repoussée jusqu’à ses pieds.

Alors, presque machinalement, elle se lève, et ses pieds ne font pas de bruit sur le tapis moelleux. Les larmes roulent sur ses joues et s’écrasent sur le sol alors que ses pieds la mènent hors de la chambre et de l’autre côté du couloir. La porte est entrouverte et elle la pousse doucement, du bout des doigts, avant de se glisser dans la pièce et près du lit. Elle s’apprête à demander à Fab si elle peut le rejoindre mais ne parvient qu’à produire un petit hoquet et un reniflement, alors sans trop comprendre pourquoi, elle s’introduit sous la couette dans le lit, près du corps chaud qui y repose déjà, et alors que sa tête se pose sur l’oreiller, ses sanglots reprennent de plus belle. Pourtant, ils se tarissent rapidement et Evey se recroqueville, dos à Fab, sans le toucher, la présence de son ami d’enfance suffisant à cet instant à la rassurer. Sa respiration s’apaise et alors que le chat vient les rejoindre et que le lit devient un havre de chaleur où trois êtres sont blottis comme dans un cocon loin du monde, ses paupières deviennent lourdes et Evey s’endort presque par surprise, en moins d’un instant.

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Raffaello O. Cassio


Raffaello O. Cassio

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MessageSujet: Re: don't you wish you could go back when you hadn't lost anything? [evey & fabien]   don't you wish you could go back when you hadn't lost anything? [evey & fabien] Icon_minitimeSam 9 Sep - 7:52


Sans le laisser paraître, Fab rigole un peu comme Evey lui parle de ses vêtements, qu’elle considère snazzy. Étrangement, il ne se souvient pas d’un autre moment pendant lequel il ait tant voulu s’en départir. Le T-shirt que lui tend sa vieille amie, simple et anonyme, synonyme d’un autre groupie évasif, semble aux yeux de Fab ce qui lui serait le plus approprié en cet instant. Il est tard, dans la nuit, dans sa vie, il est temps de se reposer, du moins un peu. Loin de la fête, loin de l’excès et près du coeur. Ça peut sonner débile et Fab s’en rend compte, mais il accepte le fait. Il regarde comment la vie les a malmené, Evey et lui, bien que leurs douleurs soient chacune propres et incomparables. Néanmoins, il ose croire que tous les deux s’échapperont de là. Voilà ce qui le charme dans l’idée, le concept du sommeil. L’échappatoire auquel ils ne peuvent échapper. La paix semble certaine, au moins quelques heures par jour s’ils s’y laissent glisser. Il sourit un peu, un sourire embrumé par la fatigue, les muscles du visage prenant peine à s’étirer, mais dont l’effort est sincère.

« It’s fine… En camping, back in Canada, j’oubliais constamment ma toothbrush, alors je devais me foutre du dentifrice sur le doigt pendant des semaines… I’ll manage. Thanks for letting me crash. »

Il devine le malaise d’Evey, lequel transparait davantage que précédemment. Ou peut-être est-il tout simplement plus alerte, plus calme, la poussière de l’annonce étant tombée. Maintenant, ils sont coincés dans le bain de ces mêmes cendres, mais au moins leur tête sont à l’abri, comme plus rien ne risque de les percuter. Du moins, Fab ose croire. Ils s’aventurent dans la chambre d’ami, dont l’ambiance et le décor réussissent à le détendre un peu. Evey s’enfuit brusquement, mais Fab comprend qu’il ne sert à rien d’en porter des conclusions… enfin, c’est ce qu’il croit. Que cela peut-il être d’autre? Il a manqué d’adresse en confrontant Evey ce soir et, bien qu’il ait, à nouveau avec maladresse, tenter de se racheter, il ne peut s’attendre d’elle qu’elle agisse avec lui comme s’il ne venait pas d’apprendre une terrible vérité, la concernant directement. Son amie le salut, avec un embarras évident, rendant son geste engourdi. Encore, elle s’échappe, mais Fab n’ose pas retourner la voir. Il ne peut pas. Evey plus que quiconque qu’il connaisse doit valoir son intimité et il ne peut la fracasser, même au risque de paraître distant. Il n’a pas le temps de lui souhaiter une bonne nuit, comme elle a déjà déguerpi.

Il ferme la porte, cherchant à s’isoler et à offrir la même possibilité à Evey. Souvent, Fab répète ce genre de gestes. Dans les moments plus difficiles, il aime réduire son monde à un lieu, à une maison, à une pièce. Il se souvient, l’été, lorsqu’il revenait chez lui, dans son vieux patelin et que ces amis lui reprochaient ses départs ingrats. Alors, il s’enfermait dans son garde-robe, un matelas de camping au sol, des boîtes de souvenirs l’auréolant, des lumières de Noël se balançant d’un côté du plafond à un autre devenant le seul ciel dont l’existence semblait réelle. Comme si le reste du monde cessait d’exister et que seule cette pièce portait un sens, seule cette pièce existait vraiment. Du moins, à ces yeux. Il éteint l’une des lampes de chevet, afin de rendre la pièce encore plus doucement illuminée, tamisée à son goût. Il détache sa braguette, retire ses pantalons, puis son chandail, enfilant celui d’Evey. Il s’effondre dans le lit, les yeux clos, l’âme faisant tout autant. Il chasse les pensées à coup de bâton, refusant le songe. Il n’y a que le silence et la lumière qui l’entourent, le repos le guettant. Sa respiration se ralentit, le berce et il est bien. Peut-être est-ce naïf, ou encore bête, mais il est bien. Dans un déni honteux, certains diraient. Mais Fab ne voit pas de mal dans cet échappatoire. Il ne voit pas l’intérêt, ne ressent pas le besoin d’abdiquer devant cette torture qui souhaiterait le maintenir face au sol. Elle le recommencera tôt ou tard, alors qu’il profite de cet instant.

Après un court moment, il se relève, bien malheureux de quitter le refuge dans sa tête, mais il tient à brosser ses dents. Une fois qu’Evey quitte la toilette, il s’y rend, presse un peu de dentifrice contre son index. Il boit deux verres d’eau, comme il en a l’habitude, ayant définitivement la mauvaise habitude de se déshydrater. Normalement, il se lève à quelques reprises pendant la nuit, pour aller se désaltérer de nouveau. Toutefois, ce réflexe se tait lorsqu’il dort ailleurs, sans que Fab puisse nécessairement comprendre pourquoi. Peu importe. Il se rappelle de l’eau que lui a amené Evey et est reconnaissant. Il retourne dans la chambre, referme la porte, s’installe sous les draps, boit une gorgée d’eau, éteint la lampe.

Son esprit s’égare, songeant au sentiment qu’il a éprouvé précédemment… Quelle idée… S’enfuir quelque part avec Evey… Il se sent comme happé à l’extérieur d’un rêve ou d’une conversation sortie d’une autre vie. Il repense à son amie, à qui elle est, à qui il est. Ses mains glissent contre son visage, remuant ses traits épuisés. Il ne peut s’enfuir avec elle, il ne peut la mêler à sa vie… ou le peut-il? Non… Ça semble un beau songe tout ça… Mais voilà ce que c’est. Un songe… Fab danse parmi les fantômes, Evey se cache derrière ses démons. Evey ne peut convaincre Fab de laisser la danse, Fab ne peut convaincre Evey de sortir à la lumière. Les seules personnes qui peuvent les aider sont eux-mêmes… Du moins, c’est ce que Fab croit être vrai. Si quelqu’un se tient sur une planche qui donne sur le vide, la pire chose que quelqu’un puisse faire, c’est s’en approcher et risquer de renverser la planche, n’est-ce pas? Refusant de penser, Fab se retourne quelques minutes dans le lit, question de trouver la position la plus confortable. Il s’endort en quelques minutes.

Puis, la lueur de la nuit colorée revient à lui, comme Evey s’engouffre dans la pièce. Fab se réveille doucement, confus, égaré, comme il l’est toujours lorsque le sommeil le libère l’espace d’un instant. Il demeure silencieux, hésitant à parler, hésitant à bouger… Il craint empirer la situation qu’il a déjà réussi à rendre… difficile. Il croit entendre son amie sangloter et il sent sa poitrine se déchirer, ses tripes se tordent au son des pleurs. Mais, encore, il n’ose intervenir. Evey sèche ses pleurs rapidement et, sans s’approcher de Fab, semble s’endormir. Celui-ci n’ose pas bouger, sinon à peine respirer. Si Michelle l’approchait ainsi, ce serait plus facile. Il lui ferait une place dans le creux de son épaule, mais il sait qu’avec Evey, il ne peut agir ainsi. Peut-être le laisserait-elle faire, peut-être même aimerait-elle le geste, mais ce ne serait pas la bonne chose à faire. Peut-être le geste semble intuitif, naturel ou même normal. Mais, ça ne change rien au fait que ce n’est pas la manière dont il doit agir avec Evey. Ce ne l’est juste pas. Et c’est correct ainsi. Un jour, il trouvera la bonne manière de lui faire savoir qu’il est là, près d’elle, à ses côtés.

Le lendemain, Fab se réveille tôt, avant Evey. Il remarque pour la première fois la présence du chat dans le lit. Cela explique son nez coulant. Doucement, il s’extirpe hors du lit et fuit vers la cuisine, saisit quelques mouchoirs, puis s’aventure à l’extérieur se moucher. Ces allergies ne doivent pas réveiller son amie. Comme il retourne à l’intérieur, il se rend à la cuisine, se sert un bol de céréales, son ventre le grugeant. Il est surpris par l’heure matinale, mais encore, il n’est pas si surpris comme il réalise, maintenant à jeun, les événements de la veille. Instinctivement, il s’apprête à servir un bol à Evey, puis il hésite.

Et l’hésitation perdure.

Que fait-il?

Il range la boîte de céréales, regarde ces mains. Il ne peut pas aider Evey. Evey… qui mérite quelqu’un de fort, qui mérite un rocher auquel s’encrer. Evey, qui ne croise que lui sur sa route, un navire coulant. Il retourne s’assoir, attendant que son amie se réveille. Dans le silence du matin, il a honte. Il a honte d’être cette personne, il a honte d’être Fab et de ne pouvoir être là pour Evey. Mais il sent la panique de son coeur, le vertige de sa tête, à l’idée de devoir… à l’idée de se donner à une personne. Il ne peut imaginer cela, il ne peut imaginer être là, dans cette situation. Sa peur prend le meilleur de lui-même…

Et il a honte. Et il attend qu’Evey le rejoigne.
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