Le Deal du moment : -50%
-50% Baskets Nike Air Huarache Runner
Voir le deal
69.99 €

Partagez
 

 baby, baby it's a wild world [fabien & reese]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Anonymous


Invité
Invité

baby, baby it's a wild world [fabien & reese] Empty
MessageSujet: baby, baby it's a wild world [fabien & reese]   baby, baby it's a wild world [fabien & reese] Icon_minitimeLun 1 Aoû - 5:09


« baby, baby it's a wild world »
[fabien & reese]

Pour un temps, Fab a cru que tout allait rentrer dans l’ordre. Pour un temps, il y crut vraiment.

Il crut pendant un temps que les troubles qui lui avaient été soupçonnés de posséder n’étaient qu’issus que de l’imaginaire de professeurs impatients et désabusés. Qu’en réalité, il n’était qu’un enfant, qu’un gosse aussi juvénile et puéril que tous les autres gamins. Qu’il n’y avait ni réels motifs, ni réelles raisons à son attitude hors de l’ordinaire, qu’il n’agissait pas si différemment des autres et que ce comportement s’expliquait par une naïveté toute infantile. Il se souvient qu’un jour, avec son meilleur ami de l’époque, amitié qu’il croyait à ce moment éternelle, ceux-ci croyaient dur comme fer qu’un monstre habitait les bois loin de leur école banlieusarde. Après quelques mois de préparation et d’enquête, ils s’étaient décidés à bondir contre la clôture les emprisonnant, afin de la grimper et de fuir jusqu’à l’orée de la forêt. Le moment venu, le signal donné, Fab s’était élancé, avait bondi, avait franchi la clôture et courait vers la forêt, le vent battant sa respiration, ses yeux pleurant à cause d’une excitation énorme. C’était peut-être là le premier moment où il avait compris qui il était. C’était là le moment décisif où il avait saisi que cette sensation, pure et honteuse, était ce qui allait l’animer, l’enivrer. Que cette adrénaline serait sa drogue la plus dure. Que pour lui, le coup du vent contre sa peau ne ressemblait pas à une gifle, mais bien à une caresse. Il se souvient aussi qu’il s’était retourné pour enfin voir les surveillantes de l’école crier son nom avec une rage énervée, comme son ami était resté derrière, ensouché, le regard terrorisé. À ce moment, il devinait aussi que leur amitié ne serait pas éternelle.  

Il crut pendant un temps que ce malaise enfantin allait donc passer. Une fois la puberté traversée, l’adolescence arrivée, il se découvrirait de nouveau. Mieux qu’autrefois. Qu’il cesserait de pleurer aussi souvent. Sur ce point, il n’eut pas tort. Il ne pleura pas pendant longtemps. Un long moment. Malgré cette victoire sur les larmes, tout ne s’arrangea pas. Il rencontra Cassie. Cassie et ses longs cheveux blonds. Le nombre de jours pendant lesquels Fab les épiait, avec une passion, une intrigue tout veule. La vénusté avait déclenché son aphrodisie. Si aux yeux de tous, elle n’était qu’une fille parmi tous les autres, ni plus belle, ni plus laide, Fab avait vu en elle la beauté d’un millénaire. Un temps, il l’aimait. Puis pendant un temps, elle l’aima. Un temps, ils s’aimèrent. Ce fut compliqué. Leurs sentiments étaient distordus, incapables de s’agencer. Malgré tout, Fab avait continué de croire au bonheur, à le vivre. Après trois ans à Vancouver, à se lancer la balle avec Cassie, il crut pendant un temps que tout devenait beau. Puis son père eut cet offre d’emploi à New York et la petite famille quitta la côte ouest.

Même à New York, il crut pendant un temps qu’il avait trouvé sa place, son nirvana, son Éden. Qui aurait pu le blâmer? La Grosse Pomme, la Nouvelle-Amsterdam, le refuge de tous les incompris. C’est pendant cette époque que Fab découvrit les œuvres de Kerouac, les dévora et tomba de nouveau en amour, cette fois, avec celles-ci, plutôt qu’avec une fille. Il rencontra aussi Toni, une âme encore plus égarée que la sienne, mais beaucoup moins tourmentée. Ensemble, ils eurent réellement l’impression de vaincre quelque chose. Quoi? Ils ne savent vraiment. Ils vainquirent l’obligation et le risque. À eux deux, ils se mutinèrent et les hurlements de leur rébellion transpercèrent la nuit bleutée et illuminée de Manhattan. Leurs lectures et leurs ballades dans Central Park sous le Soleil torride leur semblaient à l’époque des aventures éternelles, à la fois figée dans le temps, immuables en ce sens, mais aussi longues, interminables, comme de telles séances devraient l’être. Mais aussi, ils vécurent l’énergie, l’adrénaline, les amphétamines et tout ce qui accompagne l’éclosion de leurs sens. Ils se rebellèrent, sortirent dans les boîtes de nuits les plus indécentes de l’île, sinon de l’État. Ils burent lors de fêtes organisées dans des penthouses grandioses, dans des jardins gigantesques. Si le regard des jeunes gens de la haute-bourgeoisie le télescopaient avec, parfois jugement, parfois hilarité, Fab s’en moquait éperdument. Il n’avait que peu de respect pour ces gens qui e vêtirent d’habits inconfortables dans leur temps libre et qui discutaient des chiffres d’affaires de leurs parents. Pour lui, ces soirées étaient synonymes de débauches, de bacchanales! Il devait toujours boire plus. La bière, le vin, les spiritueux, tout devait y passer. Les moqueries qui lui étaient lancées étaient tues par le tonnerre joyeux et vrombissant de sa propre révolution, noyant dans ses huées les couinements des destitués. Il crut pendant un temps qu’il resterait jusqu’à la fin de ses jours dans cette cité des merveilles et qu’il y trépasserait paisiblement, scandaleusement. Puis, le contrat de son père se termina et ils retournèrent sur la côte ouest, à Seattle cette fois-ci.

Il crut pendant un temps qu’il avait trouvé l’amour, son sens, sa vérité. Pour un temps, il y crut. Il avait joint une troupe de théâtre, pour la première fois, découvrant son goût pour cet art. Aujourd’hui, Fab ne peut nier avoir adoré fouler les planches, les avoir caressées, embrassées. Néanmoins, il regrette d’en avoir découvert l’horreur, le jugement, la discipline. Après tout, le théâtre est bien l’art que nul ne peut dompter, qui se doit de se cabrer. De toute manière, c’est ses rencontres qui l’incendièrent vraiment. Ce garçon aux cheveux encore plus bouclés que les siens, cette fille aux cheveux courts aile de corbeau et cette fille aux cheveux châtains et aux mèches violettes. Ce garçon à l’éloquence incomparable, cette fille à la voix surprenante et cette fille aux mouvements de danse transcendants...

And they all fell in love.

Ça sonne comme la fin d’un récit, d’une histoire d’amour. Pourtant... Pourtant, aujourd’hui, les larmes coulent toujours malgré elles lorsque Fab resonge à leurs moments les quatre ensemble, à danser sous la pluie, à se répliquer sur scène, à vagabonder dans les rues les plus insignifiantes de Seattle, à glisser en toboggan pendant l’hiver à la maison du garçon. À se haïr, à se détester, aussi. Il se souvient des moments de tendresse. Ces premiers, à lui. Il se souvient du toucher du garçon, doux et maladroit, de ses mèches encore plus bouclées que les siennes lui chatouillant le visage. Il se souvient du corps frêle de la fille aux cheveux courts, de l’espoir dans ses yeux, de la caresse de ses mains. Il se souvient du baiser de la fille aux mèches violettes, de sa grandeur séduisante, de ses sourires coquins et de son passé terrifiant. Les nuits passés à la maison du garçon, ces nuits peu éclairées, sombres oui, mais qui demeurent aujourd’hui des souvenirs... fabuleux. Si fabuleux que le moindre fracas pourrait les briser. Voilà pourquoi Fab se refuse à reprononcer leurs prénoms. Car leur souvenir doit demeurer intact.

Puis, ils se détestèrent. Tous, un à la fois. Sauf Fab, qui était incapable de détester ceux qui l’aimaient. Mais il fut détesté. Et son cœur... Et son cœur ne savait plus, ne pouvait plus. Peut-être est-ce parce que son cœur ne pouvait plus faire rugir son sang que Fab avait alors décidé de le faire couler. Il se souvient du baiser froid de la lame contre ses bras, contre ses cuisses. Jamais rien de dangereux, se disait-il. Il se souvient du confort accompagnant chaque meurtrissure. Celles-ci soulageaient son mal ailleurs. Et à travers les disputes, ils continuèrent à s’aimer. Les pleurs, les rires, les étreintes. Quand chaque nuit semblait issu d’un vidéoclip, d’un roman ou d’un film. Cela dura un an. Puis, cela se termina. La fille aux mèches violettes avait abandonné des gens toute sa vie, avait été abandonnée toute sa vie aussi. Elle connaissait la chanson mieux que quiconque. Elle les quitta, leur fit faux bond. Et ils ne se revirent plus. Fab revit le garçon par accident, quelques fois, mais sans plus. Il reçut quelques messages de la fille aux cheveux courts, y répondit poliment, mais sans plus.

À ce moment, il ne croyait plus en rien. Ses coupures devenaient plus difficiles à cacher, de telle manière que son père l’emmena en voyage pour l’été. Ils firent le tour de la Floride. Ce fut bien. Fab croyait un peu plus. À son retour, Cassie était là. Descendue de Vancouver pour le voir. Ils firent l’amour. Ce fut bien, ce fut merveilleux. Sa caresse était comme le baume dont il avait besoin. Cela dura un temps. Pendant plus d’un an, ce jeu, ces escapades secrètes et intimes eurent lieu, sans qu’ils se dédient l’un à l’autre. Était-il trop blessé, avait-elle trop peur? Ce sont là des questions que Fab se posa souvent et longtemps, sans jamais vraiment y répondre, sans jamais vraiment trouver leur pertinence. Cela s’était déroulé ainsi. Leurs aveux dans le creux de la nuit douchés par les rayons de la Lune, bercés par la tiédeur de l’été. Voilà des souvenirs qui ne périssaient pas, malgré tout ce qui avait pu suivre. À travers les fucks et les fuck-ups, Fab s’était remis à se couper. Cassie avait été mise au courant, s’en était blâmé. Leur relation s’était détériorée. Elle y avait mis fin. Fab se souvient de sa rage, de sa rancœur. Ils l’avaient abandonné, elle l’abandonnait, pourquoi est-ce que tous ces gens le laissait couler ainsi, n’avait-il pas la même valeur à leurs yeux qu’ils avaient aux siens? Il lui en a tant voulu à Cassie... Les larmes qu’il lui réserva, les cris qu’il lui lança, il ne peut tous les compter. Il lui jura que jamais elle ne le reverrait, qu’il ne pouvait lui pardonné la douleur qu’elle lui causait...

Un soir froid, alors que Fab était chez un ami à Vancouver, elle lui avait envoyé un message. Elle avait décidé qu’elle ne voulait pas vivre si cela impliquait ne jamais le revoir. Des adieux. L’adolescent avait couru à travers la ville afin de se rendre à l’appartement où Cassie et sa mère logeaient. Il avait vu le sang dans lequel elle gisait, il avait vu la longue et profonde coupure sur son poignet. Il l’avait pris dans ses bras, comme les films lui avaient montré, elle avait ouvert faiblement les yeux, comme les livres lui avaient décrit, avait soufflé ces mots, ces derniers.

« I wanted to see your face. One last time. »

Il crut pendant que les ambulanciers tentaient de sauver Cassie qu’elle et lui vivraient à tout jamais heureux.

À l’hôpital, le cœur de Cassie cessa de battre et les médecins se regroupèrent autour d’elle. Au même moment, les parents de la jeune fille arrivèrent et chassèrent Fab, l’ordonnant de ne plus jamais s’approcher de leur fille si celle-ci survivait. Jamais ne l’avait-il revu. Ses parents avaient déménagé, sans annoncer leur destination. Si elle avait survécu demeure à ce jour inconnu du jeune homme. Him too, wants to see her face. One last time.

Ces parents et lui passèrent l’été en Italie, dans la campagne toscane, loin des goules de son passé jeune et amer. Puis, ces années à Montréal avec Toni le menèrent où il est aujourd’hui. Il lui semble parfois difficile de situer ces années. Si peu semble s’y être produit. Beaucoup de fêtes, beaucoup d’excès, mais surtout du divertissement. De hautes performances dans ses études afin d’oublier vraiment. Forgotten is forgiven, après tout. La possibilité de Londres apparut. Tout d’abord, c’était l’idée de Toni, ce qui est assez ironique, puisque Fab seul fut sélectionné. La hantise de ces souvenirs commençait à refaire surface. Alors il prit la chance d’être diverti. Ces parents vivaient maintenant dans les Antilles, sur un catamaran, voguant sans ennui, leur dernier, Fab, étant maintenant un jeune homme. Ils le virent réussirent académiquement et crurent qu’il avait oublié.

Pendant un moment, lui-même crut pouvoir oublier. Londres, London. La bande. Il avait retrouvé Wolfgang, son vieil ami, lui aussi étudiant à Cambridge. Celui-ci lui avait présenté Ted et Michelle, celle-ci lui avait présenté Mimi. Pendant ce temps, il rencontrait Breandan dans un cours de droit et celui-ci lui présenta Stacy. Enfin, Reese apparut lors d’une fête.

Pour un temps, Fab a cru que tout allait rentrer dans l’ordre. Pour un temps, il y crut vraiment. Il trouva même, à un certain point, le courage d’abandonner ces études de droit, au moins le temps d’une année, afin de faire la fête pendant l’été à Londres, puis je-ne-sais-quoi septembre venu. Voyager peut-être? C’est encore indéterminé et imprévisible. Il avait rencontré tant de gens dans cette cité.

Pour un temps, Fab a cru que tout allait rentrer dans l’ordre. Pour un temps, il y crut vraiment. Mais les souvenirs revinrent à l’approche de son vingt-et-unième anniversaire. Avoir eu vingt ans fut une étape difficile pour Fab et c’est peut-être l’une des raisons pour lesquelles il se convainquit de tenter l’aventure à Londres. Aujourd’hui il avait vingt ans et pourtant n’avait pas su semé ses fantômes. Comme une promesse muette, il s’était juré de vaincre son mal avant ses vingt-et-un ans. Que cette année serait décisive, qu’elle marquerait un renouveau, la fin de ce cycle de tristesse et de douleur qui avait débuté à Seattle, alors qu’il avait rencontré le garçon aux cheveux encore plus bouclés que les siens, puis les deux filles. Mais s’il avait échoué. Et ce soir, le soir de son vingt-et-unième anniversaire, il était toujours hanté par ses souvenirs. Le plus important, le plus effrayant étant celui du poignet lacéré de Cassie, se vidant par sa faute.

Ce soir, Fabien ne croit plus en rien. Ce soir, Fabien a pris beaucoup d’alcool, d’amphétamines, de cocaïne. Ses idées sont imprécises, mais son vœu le plus cher l’est. To see her face. One last time.

It’s like sleeping, songe-t-il, alors que son esprit flotte et s’endort, son poignet gisant contre le plancher froid de sa chambre, comme celui de Cassie il y a de cela une éternité déjà. Il sourit, comme il s’endort.

S’il devait dire un dernier mot, Fab dirait surement que la rancœur lui a tout pris et que la peur lui a tout mis hors de portée de main. Il dirait aussi que tout cela en a valu la peine. Les chasses aux monstres en banlieue à l’extérieur de Montréal, le rafting en Colombie-Britannique, les nuits éhontées et moquées à New York, la pente descendue en toboggan chez le garçon aux cheveux encore plus bouclés que les siens tout près de Seattle, les mots d’amour de Cassie, la bande de Londres. Mais maintenant, il s’endort, sans laisser de mots, sans prévoir de réveil.

« It’s a wild world. », songe finalement Fabien Albatross Hepburn, comme ses yeux se closent sur la vue de Londres aux petites heures du matin à travers la fenêtre de sa chambre.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous


Invité
Invité

baby, baby it's a wild world [fabien & reese] Empty
MessageSujet: Re: baby, baby it's a wild world [fabien & reese]   baby, baby it's a wild world [fabien & reese] Icon_minitimeMer 31 Aoû - 20:14

Fab avait dit qu’il ne serait pas là, mais elle n’avait pas oublié. C’était son anniversaire, à lui. A Fab. Ils vivaient ensemble, elle avait beau en priorité s’occuper de sa propre petite personne, c’était des choses qui se savaient. Il devait aussi savoir quel était le jour de son anniversaire. A cause de ces conventions déjà. Aussi parce que c’était sa pote, quand même. De toute façon, s’il venait à oublier, il pouvait être certain qu’avec Reese, la fois suivante, il n’allait sûrement pas manquer la date… Il lui avait appris être absent pour la soirée, elle avait prévu autre chose entre temps… mais elle n’avait pas oublié.

Parce que c’est ce que font les amis, non ?

Est-ce que Reese était une bonne amie ? Difficile à dire. Il y avait des amis qui la craignaient, pour son caractère solaire, d’autres qui l’enviaient pour son caractère solaire. Des amis qu’elle fréquentait à cause d’intérêts communs, telle que Michelle, ou bien d’autres amis qui lui ressemblaient comme Cassie. Il y avait aussi ceux qu’elle-même admirait comme Terry. De tout ces gens là, lesquels étaient véritablement ses amis ? Ses sautes d’humeurs, sa franchise, décriées ou appréciées, elle ne laissait jamais les gens indifférents. Elle devenait ainsi une fille d’extrêmes, capables de pires bassesses par vengeance, la lapidation publique était une de ses activités favorites. Elle était toutefois tout à fait capable d’une loyauté sans faille envers ceux qui le méritaient. Drôle, sans prise de tête, elle savait se montrer d’agréable compagnie, toujours prête à passer un bon moment. Elle n’avait pas oublié Fab, et elle avait même au contraire pensé à lui quand elle avait acheté un cupcake dans une boulangerie, dans le but d’en faire un cadeau d’anniversaire. Oui bah elle avait pas assez d’argent pour un vrai gâteau et pour une fois qu’elle achetait un truc, qui en plus n’était pas pour elle… A présent qu’elle avait claqué la porte de chez ses parents pour de bon, après une énième dispute de merde, elle rivalisait d’inventivité pour éviter de payer un loyer chez Fab en tant que coloc. Elle ne savait pas si il faisait exprès de rentrer dans son jeu, ou si il y croyait vraiment. Ca marchait comme ça, en plus ça l’arrangeait, elle évitait de trop la ramener quand il s’agissait de fric, et c’était très bien. En attendant, elle n’arrêtait pas de sortir ses douilles, en espérant que ça dure le temps que ça dure…

Comme elle avait fait la fête toute la nuit, elle espérait juste que la friandise n’était pas trop défoncé dans le sac à main dans lequel elle l’avait niché. Elle ne savait pas vraiment qu’elle heure il était, lorsqu’elle débarqua à l’appartement, silencieux. Elle avait sa grosse gueule de déterrée, comme lui confirma le reflet dans le miroir à l’entrée. Bien décidée à festoyer dans les règles, Fab n’allait pas y échapper, il était sûrement rentré maintenant, elle fit d’office un crochet dans les cuisines. Il devait bien y avoir des bougies quelque part dans cette baraque, non ? Après avoir retourné la moitié des placards, sans se soucier de foutre le bordel ni même de faire du bruit (elle allait le réveiller de toute façon, alors, tant qu’à faire) elle tomba sur ce qu’elle cherchait dans une boîte tupperware. Génial. Elle fit quand même l’effort de choisir une bougie qui n’avait jamais été utilisée, avant de l’installer sur la crème du cupcake. Elle attrapa ensuite une bouteille de vin, là où elles étaient habituellement rangées, pour faire bonne mesure. Ben quoi ? On ne se refait pas, et puis elle n’allait pas racheter à boire, alors qu’ils en avaient bien assez à la maison. Elle attrapa son briquet dans la poche de son jeans, et enfin, alluma la bougie.  

Elle déambula jusqu’à la chambre de son colocataire, parce qu’elle n’était évidemment pas très fraîche de la soirée qu’elle venait de passer, mais suffisamment en forme pour remettre ça. Frappa trois coups à la porte, qui demeurèrent sans réponse. Entendons-nous bien. En aucun cas, elle n’avait agi par politesse, n’en ayant pas vraiment entre eux. Mais pour une fois, pour préserver l’effet de surprise, elle avait fait un effort. Et bien tant pis pour lui ! Elle n’en avait rien à foutre, si elle était en train de l’interrompre en pleine partie de baise, après tout, elle était aussi chez elle et décrétait avoir accès à toutes les pièces de la maison – même si dans les faits, ce n’était pas tout à fait vrai. Elle poussa la porte d’entrée de la pièce, sans la moindre cérémonie.

Pendant une fraction de seconde, un instant, peut-être une éternité, elle resta passive. La suite des événements lui demeuraient très flous encore, comme l’habituelle impression de déjà vue, mais qui n’avait jamais eu lieu.

A la lueur tranchante du matin, la réalité s’était imposée.

Son cri, intuitif et non contrôlé fut rapidement couvert par l’explosion de la bouteille de verre, qu’elle avait lâché avec le gâteau, en même temps qu’elle portait ses mains à sa bouche. Elle ignora quelle force parvint à l’éjecter jusqu’aux pieds de son ami. On avait attaqué Fabien. Elle ne voyait que ça, alors que le constat était flagrant, et qu’au fond d’elle même, elle savait : c’était une douleur que lui seul s’était infligé. Le hurlement – le sien, sans qu’elle réussie à l’identifier – même s’il s’était stoppé, n’arrêtait de résonner dans ses oreilles. Ses mains furent rapidement couvertes du sang de Fab, qu’elle posait de façon hasardeuse, tentant vainement d’arrêter, quelque chose qui la dépassait en puissance. Un énorme plomb s’était installé dans sa boîte crânienne, la rendant incapable de formuler une pensée censée, l’urgence du moment lui interdisant de prendre du recul et de l’objectivité. Connaître les gestes de premiers secours par cœur était peine perdue, dans cette situation où elle manquait totalement de sang froid. Pourquoi ? Qu’est-ce qu’il se passait ? Qu’est-ce qu’il s’était passé ? Pourquoi ? Laissant les vannes s’ouvrir, son visage se crispa rapidement en une moue douloureuse, se mélangeant à l’horreur et à l’incompréhension. Il ne tarda pas à être inondé de larmes, mêlées à d’autres couinement vocaux incontrôlés. A travers la fenêtre les premières lueurs du soleil venaient frapper sans pitié le corps sans vie de Fabien. Reese, elle, ne pensait à rien, incapable de toute façon de formulée la moindre pensée, réduite à l’état de poupée qu’on guide à l’aide de liens invisibles. Elle tenta tant bien que mal de couvrir la partie de son corps endommagé avec les draps. L’odeur âcre du sang, de la mort aussi, était en train de s’insinuer dans ses narines, se plaquant contre son palet. Une odeur qu’elle n’oublierait jamais par la suite. Tout comme elle n’avait aucune conscience que ses gestes avaient autant d’importance que des coups d’épées dans l’eau, le temps pressait. Le temps pressait, c’était tout ce qu’elle savait, elle jouait contre lui, il était plus fort, et si elle ne faisait pas vite quelque chose, il allait gagner. Cet instant présent qu’elle chérissait habituellement, elle le trouva soudain d’une ironie cruelle, le genre de coup qui vous laisse normalement sur le bitume.

Dans ces moments là, il n’y avait qu’une énergie, en dehors de l’adrénaline, en mesure de la guider ; celle du désespoir.

- Je reviens, je reviens, je reviens, je reviens, assura-t-elle à son ami, dans une cacophonie de halètements. Le souffle coupé, elle s’attendit une fraction de seconde, se laisser aller totalement à la panique, et laisser tomber, pour assister, impuissante, à la puissance de na nature. Ils n’étaient rien d’autre que des putains d’humains. Elle attrapa assez d’air à travers sa bouche pour se relever, s’accrocher à un des meubles, pour abandonner temporairement la chambre. Reese avait chaud, très chaud, se sentait malade et patraque, comme une mauvaise gueule de bois, pourtant, tous les effets de l’alcool avaient disparu. Elle se hissa malgré tout sur ses deux jambes tremblantes pour gagner le salon, où elle avait laissé choir son sac à main, au beau milieu de celui ci. Qu’est-ce qui allait se passer, qu’est-ce qui allait se passer ? Elle ne voulait surtout pas penser à l’après, surtout pas. Elle se mit à hoqueter de plus belle, tandis qu’elle ne retrouvait pas son téléphone portable dans ses affaires, la rage venant se mélanger au reste. Elle finit par retourner son sac sur le sol, et pu rapidement l’identifier, dans les débris des autres objets. Elle eu ensuite toutes les difficultés du monde pour composer le numéro d’urgence sur son écran tactile, rapidement troublé par les tâches de sang qu’elle laissait involontairement dessus, et qu’elle nettoya dans ses vêtements. Heureusement, on ne tarda pas à abréger ses souffrances, et elle ne put dans un premier temps que se mettre à pleurer de plus belle, lorsque la réceptionniste la récupéra, à l’autre bout du fil. Elle eu toutes les peines du monde à expliquer sa localisation ainsi que les détails, ne parvenant à livrer des informations pour la plupart, uniquement décousues, malgré la voie apaisante de la fille au téléphone. Les données durent être suffisantes, car on lui assura avoir assez d’éléments pour débarquer dans les secondes suivantes.

Elle ne comprit pas comment son corps lui obéit, pour faire le chemin inverse, pour aller au chevet de Fab. Si ce n’était pas l’enfer, ça y ressemblait fortement. Merde, putain, merde. Elle n’était plus un corps, mais une substance molle comme du coton, qui se traîna dans la chambre, pour aller se raccrocher au corps de son colocataire. Non, ça ne se passait pas, ce n’était pas en train de se passer. Elle voulait juste se persuader qu’elle était en train de rêver, et pourtant, elle avait cette conscience horrible que se réveiller ne lui offrirait pas d’échappatoire. Aucune. Elle entendit le service ambulancier l’appeler et tambouriner à l’entrée, ce à quoi elle ne pu répondre que par de vagues plaintes torturées. Maintenant qu’ils étaient là pour prendre le relais, toute énergie paraissait l’avoir abandonnée. Là encore, à leur vision, ses sanglots redoublèrent, traversée par l’effroi et le soulagement, la laissant avec des réactions compulsives et incontrôlées. On l’écarta de son ami, et elle hurla n’ayant plus aucune certitude auxquelles s’agripper. Un secouriste l’avait attrapé par les épaules mais elle n’entendait pas ce qu’il lui disait, malgré sa voix douce, qui venait apporter une douceur étrange, malgré la brutalité sans pitié de la scène. Elle était encore avec lui dans le couloir, lorsqu’elle perdit toute notion de réalité, et qu’elle se laissa aller à la crise d’hystérie, ses membres saisissant la dimension cathartique dans cette réaction impulsive. Elle enfonça son poing plusieurs fois dans le mur, avant que l’on en empêche, et à cela elle ne trouva que la seule solution que de s’effondrer sur le sol, et y rester prostrée pendant des heures. Mais peut être n’était-ce que des minutes. La main de l’homme dans laquelle elle plantait ses ongles était une alternative temporaire à sa peine et son désarroi. Au bout d’un moment, elle finit par retrouver un rythme cardiaque rapide mais moins saccadé. Ensuite encore, il reprit une cadence régulière.

Elle n’eut que très peu de souvenirs de son trajet jusqu’à l’hôpital. Elle se souvint qu’elle était montée dans une autre ambulance, qu’on l’y avait installée. Ensuite, rien. En arrivant au centre hospitalier, on lui expliqua qu’on avait besoin qu’elle réponde à quelques questions. Non, elle ne pouvait pas voir Fab. Mais on était en train de prendre soin de lui.

- Je ne sais pas, dit-elle quand on lui demanda où se trouvait les parents de son ami, après quelques premières banalités. La pression était plus où moins retombée, l’inquiétude toujours présente en arrière fond, mais une épaisse fatigue l’avait enveloppée, comme après une longue maladie. Elle savait que son pote était loin d’être sorti d’affaire, personne n’avait vraiment pris le temps de la rassurer à ce sujet. Ses parents à lui se doraient la pilule au soleil. Est-ce qu’elle savait où, est-ce qu’il le lui avait dit, est-ce qu’elle n’arrivait juste, seulement pas à se souvenir ? Je sais pas, répéta-t-elle, lorsqu’on chercha à savoir si ceux ci restaient au moins joignables. Comment les prévenir, est-ce qu’ils en avaient au moins quelque chose à faire ? Non, je sais pas, on l’avait interrogé pour savoir si elle avait une idée de ce qui avait pu pousser son colocataire à aller aussi loin.

C’était bien ça le fucking problème. Sans autre forme de procès, on lui proposa d’attendre dans la salle d’attente si ça lui faisait plaisir, ou alors d’aller se reposer chez elle si ça lui chantait. Mais ouais, hein, qu’est-ce que ça pouvait bien leur foutre à eux, si elle débarquait chez elle, pour aller pioncer comme si de rien était, dans les lieux du désastre, où le sol était couvert de sang, et où les odeurs de vin et de vomi imprégnaient les murs ? La colère commença à monter – visiblement s’il y avait aucun psychologue de disponible dans les couloirs pour récupérer le bébé, on était assez en forme et fort psychologiquement pour ne pas encombrer l’hôpital.

Elle avait beau essayer de rejeter la faute sur le personnel, elle n’y arrivait pas. C’était à une autre personne qu’elle en voulait.

Sa relation avec Fabien avait toujours assez simple, sans complications, c’était pour ça qu’elle avait marché dès le début. Avec zéro prise de tête, ils avaient juste laissé les choses venir à eux, et voir comment il était possible de les agencer ensuite. Et puis, ils étaient simplement devenue potes. Pour Reese, la vie ne lui avait jamais paru aussi simple, et dépendait finalement de bien peu de choses. Hormis les moments de débauches il y avait eu aussi ceux plus calmes, un repas devant la télévision, une partie de Mario Kart. C’était pour ça que de colocataire, Fabien était devenu un ami plus proche, parce qu’il ne lui avait jamais empêché d’être une chose essentielle à ses yeux : elle-même. Il n’avait jamais tortillé lorsqu’elle était parfois plus farouche. Jamais taquiné non plus lorsqu’elle se faisait plus docile. Acceptant ses défauts, sa philosophie de vie, et prenant à bras ouverts ses qualités et sa loyauté sans faille. Il avait simple fait ok, en haussant des épaules, métaphoriquement parlant, lorsque ça avait été crises de nerfs avec ses parents, et engueulade avec les profs à l’école, parce qu’elle ne correspondait pas au schéma tout tracé qu’ils avaient préparé pour elle. Mal à l’aise dans cette société qui ne voyait qu’une certaine vision de la réussite, dans laquelle elle ne se sentait pas à sa place, et où elle se débattait sans arrêt. Volonté de pouvoir être en paix avec elle-même, mais déboussolée par ces clichés qui prétendait n’avoir qu’un seul modèle type, pour être heureux dans la vie. Aux côtés de Fabien, elle était finalement un semblant parvenue à avancer avec sérénité, en se plaignant souvent, se confiant parfois, et réalisant ensuite qu’elle n’avait pas de tares bizarres, juste des points de vues différents tout à fait louables. Avec amertume elle réalisa qu’elle ne savait rien de lui, à moitié recroquevillée qu’elle était sur sa chaise métallique, aveuglée par les lumières blanches de la salle d’attente. Oh non, elle avait posé des questions pourtant, il avait répondu, expliqué des choses… Alors pourquoi hein merde, alors qu’elle les pensait tous les deux heureux, elle avait été celle qui avait dû éponger son sang avec les draps de son lit ?! Pourquoi quand elle relativisait, elle tombait brutalement des nues ce soir, en voyant que ce n’était certainement pas partagé ? C’était quoi ce putain de bordel qu’elle découvrait, comme une bagnole encastrée dans un arbre après un accident ?! Elle avait impliqué Fab dans ses angoisses, mais aussi ses projets, mais il avait juste été un gros connard en lui faisant découvrir que la réciproque n’était pas vraie et qu’elle pouvait toujours aller se faire foutre bien profond. Et putain elle s’en voulait autant qu’elle était blessée de ne rien avoir vu venir, et n’avoir jamais été mise dans la confidence. Parce que quoi ?! Parce qu’elle était qu’une merdeuse écervelée seulement capable de jouer aux jeux vidéos ?! Il était comme les autres en fait. Mais non, elle n’était pas que ça. Elle savait écouter, elle savait comprendre. Mais ça, comment tous ces abrutis pouvaient s’en rendre compte, parce qu’ils ne prenaient jamais vraiment la peine de la connaître, pour le savoir ? Elle se sentit trahie face à cette abominable révélation qui se dessinait au fur et à mesure devant ses yeux. Non seulement Fabien ne lui faisait pas confiance, mais de toute façon, il ne l’estimait même pas digne d’être suffisamment importante, pour la laisser lui venir en aide. Non elle était seulement bonne à être la pauvre conne qui pleure et qui appelle une ambulance. Trop conne pour comprendre. Trop conne pour ses parents. Trop conne pour tout. Toujours, toujours trop conne. Elle ramena ses jambes contre sa poitrine se roulant en boule sur son siège. Le bruit de ses gémissements fut étouffé par son corps meurtri lui aussi quelque part. Au milieu de gens aussi dans l’attente, la peur et la tristesse, une parmi tant d’autres, qui l’aurait remarqué de toute façon.

Finalement elle était seule. Fabien lui avait expliqué ce soir, qu’on était toujours, toujours tout seule. Comme elle l’avait toujours été.
Revenir en haut Aller en bas
 
baby, baby it's a wild world [fabien & reese]
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» open your eyes, there's no one by your side [fabien & reese]
» [2014] Hinc lucem et pocula sacra /feat Reese
» it's hard telling people things about yourself, isn't it? [fabien & reese]
» no offence, but you kind of represent everything I despise in the world [fabien & tamsin]
» Reese ◊ total eclipse of the heart

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Ticket To Ride :: flood & hors-jeu :: this train terminates at morden :: ARCHIVES 2016-2017-
Sauter vers: