JMB ω et demain, j'te fais des crêpes au sucre.

« RUNAWAY TRAAAAIN ! RUNNING RIIIIIGHT OFF THE TRAAAACK ! RUNAWAY TRAIN ! RUNNING RIIIIIGHT OFF THE TRAAAACK ! » On ouvre un œil. Puis l'autre. Coupe l'alarme du smartphone. Aperçoit l'heure du même temps. Sept heures sept. Mhphmgr. Referme les paupières alors que le sommeil s'enfuit déjà à toutes jambes — le salaud. « JAAAAAASOOOOON ! WAKE UP BIG BABY ! » Il grogna, vouant Kitty à tous les diables. D'ici trois secondes, elle gueulera encore une fois. Des quatre mégères — charmant sobriquet parmi tant d'autres tout aussi agréables que méritent amplement, aux yeux d'un Jason agacé, ses sœurs — c'est elle la plus impatiente. Aurait-elle une chance d'aller plus vite que la musique qu'elle la saisirait. Et comme chaque matin depuis que Maryanne et lui étaient rentrés pour les vacances, lorsqu'elle commença à pousser son second hurlement, il l'interrompit : « SHUT THE FUCK UP, KIT' ! » Une cavalcade se fait entendre dans l'escalier, de l'autre côté de la cloison contre lequel le mur est appuyé. C'est bien, qu'elle courre le vendre à leur mère. Elle le fait toujours. Impatiente et déloyale avec ça. Cette petite a de l'avenir.

Katie Baker, quarante-huit ans, un sourire perpétuel sur des traits fatigués, à moitié cachés par une masse de boucles brunes, passa la tête dans l'entrebâillement de la porte. Toujours couché, les couvertures couvrant les trois-quarts de sa tête, Jason braqua son seul œil ouvert sur sa mère. « 'morning mom » crossa-t-il avant de tenter vainement de retenir un bâillement. Elle le gratifia de ce sourire qui ne quittait jamais ses lèvres avant de secouer légèrement la tête, vaguement consternée. « Jason, Kit said that you've been rude, soupira-t-elle ensuite, I'm glad you came back home with Mary for the winter break and all but, please, I just want you to be cool and nice with your sisters » Comme chaque matin depuis une semaine, il hocha la tête, priant mentalement pour que le quart de son visage qu'il offrait à la vue de sa mère démontre combien il était sincèrement désolé d'avoir envoyé paître Kitty, la petite dernière de la tribu. Il savait pertinemment qu'elle ne s'était pas vexée. Au contraire. Elle était la première à courir vers lui pour lui demander d'enrichir son vocabulaire injurier. Généralement, il refusait. Toutefois, du haut de ses douze ans, Kit savait se montrer particulièrement persuasive. Elle avait des arguments. Ou, du moins, de quoi le faire chanter. « It's almost noon, by the way, reprit sa mère, le sortant de l'énumération de ses secrets plus ou moins inavouables en possession de Kitty, maybe you should get up, if you're hungry » Comme en écho aux paroles de sa mère, son estomac produisit un son étrange, à mi-chemin entre le grognement de l'ours mal léché et l'appel au secours du sans abri bourré. Le sourire de sa mère s'élargit ; Jason comprit qu'elle avait entendu. « I assume you'll do it soon » rit-elle avant de refermer la porte. Il ne prit même pas la peine de lui répondre. Elle le connaissait trop bien. D'un autre côté, c'était plutôt normal et surtout réconfortant. Il s'agissait de sa mère, for god's sake.

Avant qu'il ait eu le temps de se lever, une chance à la mélodie plus ou moins entraînante — agaçante, voire même franchement chiante, aux dires de Maryanne et de certaines personnes à la capacité à apprécier de la bonne musique tout à fait discutable dont le nom n'a, ici, aucune importance — et aux paroles d'une qualité certes contestable mais simple à retenir — honestly, qui, après les avoir entendu, était parvenu à ne pas les chantonner ? — rompit le silence tout relatif de la chambre de Jason. Il décrocha après le second friday, songeant au passage qu'on était effectivement vendredi. « Jay ? Still alive ? Your sisters didn't kill you yet ? » ricana une voix masculine. Chandler. Tiens. Ça faisait longtemps. « 's'up dude ? » lâcha-t-il en calant le combiné entre son oreille et son épaule — sans mentir, tout un art. Écoutant distraitement les nouvelles plus ou moins fraîches en provenance d'Oxford — bordel, il avait beau ne vivre là-bas que depuis quelques mois, il aurait donné cher pour y passer les vacances de Noël ainsi que le Nouvel An.. mais non, Mary avait voulu rentrer et puisqu'il était incapable de lui refuser quoi que ce soit, comme aux trois autres, il avait suivi le mouvement — il passa rapidement un jean. Si par malheur Rachel apprenait qu'il avait mis deux jours de suite les mêmes fringues, il en entendrait parler pendant des lustres. Si ça avait été possible, elle se serait personnellement occupée de leurs gardes-robes à tous, s'arrangeant pour que chaque vêtement soit à usage unique. Fort heureusement, Abbey et elle, les jumelles, étaient absentes jusqu'à dimanche. « Earth to Jason ! D'ya listen or not ? » railla Chandler, le sortant de ses pensées. Il hocha la tête, la mine faussement concentrée.. avant de se souvenir que son pote était dans l'incapacité totale de le voir. « Don't tell me that you've just nodded, ricana l'autre idiot, sans doute très fier de lui — enfin, au moins, il le connaissait assez pour deviner ses réactions à distance.. bon à savoir. Ha, damnit, it's weird without you there.. when will you come back ? » Jason vit là la perche pour se moquer, à son tour, de son pote. « Why ? D'ya miss me Chandy ? » minauda-t-il avant d'éclater de rire. Une main se posa sur son épaule, le faisant sursauter. « What the f— Mary » marmotta-t-il en découvrant sa sœur à côté de lui — holy crap, n'allaient-elles jamais lui foutre la paix ? Elle agrippa son poignet, tirant brutalement le smartphone à elle. « HELLO TO YOU CHAND' ! » gueula-t-elle littéralement avant d'adresser à son frère un sourire satisfait. « Relax, I won't tell him that you cheat on him with our big boobs blond-haired neighbor, ricana-t-elle, anyway, continua-t-elle en reprenant le téléphone, I'm almost sure that he screamed your name in his dreams last ni— no-no-no-no-no-not-this-pleaaaaaaaase ! Alright, Jay, you win, YOU WIN ! Please, release me » implora-t-elle presque lorsqu'il eut fini de la chatouiller puisque c'était là l'arme ultime contre chacune des filles Baker and, thanks to god, lui était immunisé — la nature était décidément bien faite.

Sa sœur sortie, non sans une nouvelle pique au sujet de son amitié avec Chandler, il referma la porte, à clé cette fois, et se consacra à quelques échanges sans grand intérêt concernant les quelques anciennes têtes du lycée qu'il avait recroisé durant cette semaine passée à New York et ce qu'il comptait faire avant de repartir pour l'Angleterre. Le départ étant prévu pour le vingt-huit décembre — on était le vingt-trois — il lui restait cinq jours à tuer, entre ses quatre frangines et le reste de la famille devant débarquer prochainement. Les mâles, chez les Baker, étant plutôt une espèce en voie de disparition, il allait falloir qu'il s'arme de courage pour supporter les querelles typiquement féminines qui s'annonçaient. C'est, du moins, les mots qu'il servit à son ami. La vérité ? Il adorait être au milieu de Mary, Abbey, Rachel et Kit. Elles avaient beau être chiantes, occuper trop longtemps la salle de bains, passer leur temps à lui pourrir la vie, investir sa chambre pour un oui ou pour un non, il aurait sans hésité donner sa vie pour l'une d'entre elles. A plus forte raison pour les quatre. Mais ce n'était pas franchement le genre de choses qu'il confessait régulièrement. « And how's Figgins ? » demanda-t-il, soudain soucieux. Il n'aimait pas franchement la laisser, surtout aux bons soins — notion toute relative — de Chandler. « What ? Who ? » répliqua l'intéressé, d'un ton vaguement stupide. Jason fronça les sourcils. « Figgins, répéta-t-il, you know.. » Il y eut une bonne dizaine de secondes de silence avant que son ami ne pousse une exclamation qui, étrangement, ne rassura pas du tout Jason. Si il ne s'était pas souvenu directement de qui il était question, il y avait fort à parier qu'il n'avait pas vraiment dû s'en occuper correctement. « Yeah, the monster ! éructa-t-il avec un léger rire. Fine. Still alive. I think » Hilarant. Vraiment. Il ne pouvait pas se permettre d'emmener Higgins à droite, à gauche. Les gens, en général, étaient plutôt effrayés face à une mygale. Jason n'avait jamais compris pourquoi. Figgins était adorable. Elle partageait sa vie depuis bientôt deux ans maintenant. Certes, dit comme ça, c'était plutôt.. étrange. Toujours est-il qu'il avait eu assez de mal à la faire venir à Oxford avec lui, avec toutes ces histoires de quarantaine. Il n'avait quitté l'Angleterre qu'à la condition que Chandler s'occupe de la petite, ce qui avait passablement agacé Mary, consciente qu'il y avait peu de chances que l'ami de son frère saute de joie à l'idée de garder pour presque deux semaines la charmante mygale domestique — vraiment charmante, hein. « I heard her singing Friday yesterday, by the way » lâcha Chandler. Il avait pris quelque chose ? un peu trop bu ? Quelle heure était-il à Oxford pour que ce genre de phrases sorte de sa bouche ? Merde, ils discutaient de Figgins deux secondes plus tôt. Et il était tout de même de notoriété publique que les mygales ne chantent pas. Ni aucun autre insecte. Animal. Bestiole. Whatever. « I mean, not your wonderful hairy wife, Rose.. you know, Rose Foster » expliqua-t-il. Ouais, il savait qui était Rose Foster. La reine du chaud-froid. Je cède et je t'envoie te faire voir ensuite. Le pire ? Il était bien possible qu'il ait craqué pour son petit côté nana coincée. D'autant que ça n'était clairement qu'une jolie petite façade. Foster au pieu.. il n'en dirait pas plus. Elle avait été claire, la dernière fois qu'il avait seulement évoqué la possibilité de remettre le couvert. Bah, ce n'était que partie remise. Elle finirait par craquer. « Cool.. and is she okay ? » demanda-t-il. Un vague ricanement lui parvint : « If the question is "is she still single ?", yup, she is » Jason leva les yeux au ciel. Là n'était pas le question. « Jason ! We're waiting for you ! » cria sa mère depuis le rez-de-chaussée. Oui, oui, OUI, il venait. Rectification : l'impatience n'était pas un trait propre à Kitty. Elles l'étaient toutes, absolument toutes. « 'coming, mom ! répondit-il avant de reprendre, à l'intention de son ami : gotta go man.. see you soon anyway » Il raccrocha rapidement, sans attendre une quelconque réponse de Chandler. Un profond soupir souleva son torse. Encore cinq jours. Cinq jours et il retournerait à Oxford. Si on lui avait dit un jour que cette ville lui manquerait, il aurait sans doute éclaté de rire. New York avait été tout pour lui, jusqu'à ce qu'il se tire en Angleterre pour suivre Chandler. Au final, il s'était parfaitement acclimaté à la vie anglaise.

→ Ton heure de gloire est enfin arrivée, un producteur de cinéma vient de te remarquer dans la rue et te propose de devenir la star de son nouveau film. Que lui dis-tu ? D'aller se faire foutre. Le milieu du cinéma, franchement.. ça craint. Encore que, si Chandler marche dans le truc, pourquoi pas. Mais bon. Quand même.

→ Une pauvre fille en pleurs chante all by myself avec son cornet de glace à la vanille en plein de milieu de la rue retournant tous les regards sur son passage, y compris le tien. Ta réaction ? Je lui donne une corde ? Ou mon numéro, à voir. Non, plus sérieusement, je lui paye un coup — à boire, hein, soyons clairs — et je la convainc d'éviter d'aller voir la demi-douzaine de romcoms qui vient de sortir au ciné'. Ensuite, advienne que pourra.

→ Ta cousine t'avoue sous l'emprise de l'alcool son attirance pour toi, et tente de t'embrasser. Premières impressions à chaud ? Réactions à froid ? Euh.. AH ! Elle est bourrée ! Ça explique tout. Un moment d'égarement est si vite arrivé.. bref, non, ça va le faire. J'imagine que primo, je la secoue comme un prunier et que, secundo, je lui interdis de toucher à l'alcool pour les deux prochaines dizaines d'années. Non vraiment, ce serait comme si j'embrassais une de mes frangines. Très.. eurgh, weird.

→ Ton idée du parfait samedi soir : une soirée arrosée au Carling à Oxford, une nuit de folie au Fez Club de Cambridge, une sortie au théâtre de Londres ou une soirée geek avec plat commandé et partie de jeux vidéos avec tes meilleurs potes ? CAAAAARLING, POPOPOPOPO !

→ T'es au confessionnal, tu peux avouer ta pire faute, ou encore un secret particulièrement pesant que tu n'aimerais pas voir révélé. Que dis-tu au père Patrick pour te soulager la conscience ? Un confessionnal, c'est pas cette espèce de cabine dans les églises ?.. ouais, non.

→ Le père Patrick était en fait un vrai sociopathe fan de Pretty Little Liars, et t'envoie un sms anonyme où il vous demande de choisir entre un secret révélé qui pourrait anéantir ta réputation ou briser ta famille, et de voler la bague de fiançailles Cartier d'un de vos amis. Après mûre réflexion, qu'est-ce que tu choisis ? La bague. Ça coule de source. Les amis, ça va, ça vient, on passe pas toute sa vie avec généralement. Alors.. voilà.

→ C'est la fille de tes rêves, tu en es persuadé et pourtant, celle-ci est en couple avec quelqu'un d'autre. Tu te la joues résigné, stratégique, ou éploré ? On veut les détails ! Mh, résigné. Okay, okay, OKAY, le premier à avoir dit à un de ses potes une de perdue, dix de retrouvées était clairement un abruti. Mais reste que se prendre la tête pour une nana, honnêtement.. ça sert à rien.

→ Dans dix ans, je me vois bien ouvrir un resto spécialité moules frites avec Camille Jules Martin, marié, six gosses et à l'origine d'une toute nouvelle sauce roquerfort-épinards et toi, des projets pour l'avenir ? Dans dix ans ? The Jumping Cucumbers en tête des charts, what else ?

→ Et enfin, honnêtement, entre truth ou dare, qu'est-ce que tu préfères ? (oui ça rime !) .. joker ? Non, je sais pas, dare. Non, truth. Ou dare. Ouais, voilà. Dare.

De vous à nous, dîtes-nous. Votre personnage a-t-il déjà entendu parler des Trouble Makers ? Si oui, qu'en pense-t-il ? Désapprouve-t-il de leurs actions ou bien serait-il prêt à tout faire pour qu'ils le remarque ? Rêverait-il même d'en faire partie? Ou serait-il prêt à rejoindre le premier anti-fanclub de ces chers TM? À moins qu'il ne s'en foute complètement de leurs activités (raison à préciser)?
Et le Judging Cambridge Club alors, le connaît-il? Si oui, l'audace dont fait preuve ce groupe l'impressionne-t-il ou le révulse-t-il ? Et leurs critiques alors, les prend-t-il en compte ou pense-t-il plutôt qu'elles ne vous servent à rien ? Votre personnage serait-il du genre à vouloir impressionner cette élite et voire même la rejoindre ou aimerez-t-il au contraire la voir disparaître ?

Honnêtement ? Ils sont plutôt marrants, les Trouble Makers. Bon, d'accord, un peu extrêmes. Mais c'est marrant. J'crois qu'ils ont assez prouvé qu'il ne fallait pas les chercher alors autant le dire clairement, c'est pas moi qui rejoindrais le mouvement anti-TM hein. Faut aussi savoir reconnaître les.. être supérieurs ? Nan mais quand on fait la poids, on ferme sa gueule. Quant au Jud.. quoi ? Jamais entendu parler.