LJS ♦ fall into my arms instead

#1 « Bouuuuuuge, dégage, c’est mon tour, allez ! Zou, DE-HORS ! » J’attrape le bras de mon frère et tente de reprendre la télécommande qu’il tient le plus haut possible. « Hahahahaha tu l’auraaaaaas pas !!! » Il me donne un coup de télécommande sur la tête et part en courant. « SI JE TE CHOPE T’ES MORT ET ENTERRÉ !!! » Je me lance à sa poursuite. Oliver a beau avoir deux ans de moins que moi, il est beaucoup plus endurant. Son rire me précède de quelques mètres. Je l’entends monter bruyamment les escaliers et m’apprête à le suivre lorsque ma mère se poste devant moi. « LARRY JESSE STYLISON PUIS-JE SAVOIR CE QUE TU FAIS ? » Elle n’a évidemment pas vu la scène et ne semble pas avoir remarqué le passage d’Oliver il y a quelques instants. Elle semble plutôt en colère contre moi. « J‘essaie de récupérer la télécommande pour prendre MON tour de télé. Oliver y est depuis au moins deux heures, ça se fait trop pas ! » Ma mère hausse les épaules et prend un air très las. Elle a arrêté depuis très longtemps de tenter de régler nos conflits. A dix et douze ans nous avons déjà démontré que nos disputes ne sont que passagères, malgré leurs volumes sonores défiant toute concurrence. Nos parents ont décidé il y a quelques années de les laisser se régler toutes seules. D’ailleurs, Oliver revient déjà. Il me tend la télécommande. « Tiens mon petit chat, va regarder la télé ! » Je lui mets une petite claque à l’arrière de la tête. « Bouffon. Va chercher des couettes au moins, je vais chercher des gâteaux. On regarde un film et c’est moi qui choisis. » Il acquiesce et part dans les étages tandis que j’attrape rapidement un paquet de cookies dans la cuisine. Je m’agenouille devant le meuble qui contient notre immense collection de DVDs et cherche La Mélodie du Bonheur. Je l’introduis dans le lecteur. Oliver revient à ce moment, à peine visible sous les couettes qu’il porte tant bien que mal. Je prends ma couette superman pendant qu’il se blottit sous la sienne, couverte de dessins de Dingo. Nous lançons le film, notre préféré à tous les deux. « Dooooo, le dooo il a booon doooos, rééé rayoooon de soleiiiiil d’oooooooooor, mi c’est la moitiééééééé d’un touuuuuuuuuuuut, fa c’est faaaaaaaaaaaacile à chanteeeeeeeeeeer, sol, le soooooooooool oùùùùùù vous maaaaaaaaarcheeeeeeeeeeeeez, laaaaa l’endrooooooooooooit oùùùùùùù vouuuuuuuuuus alleeeeeeeez, siiiiiiiiiiii c’est siiiiiiiiffleeeeeer comme un meeeeeeeeeeeeeeeerle et ça nous ramène à do wow wow wow »Nous chantons de bon cœur avec Julie Andrews. Lorsque le film se finit, nous nous redressons un peu et le commentons de la même façon qu’à chaque visionnage. « Moi, mon préféré c’est Kurt ! » « Mais n’impoooooooorte quoooooooooooi c’est Marta la mieux et la plus belle, t’es trop bête ! » Je secoue la tête. Impossible de lui faire comprendre en quoi le personnage de cette gamine est inintéressant. « Et sinon, avec June ? Ça avance ? » « Doucement et pas surement. Je suis numéro deux sur sa liste. C’est pas mal hein, mais c’est pas assez. » Je soupire. « C’est chiant ce genre de trucs, mais tu verras au collège, les gens sont déjà plus grands dans leurs têtes on a plus ce genre de problèmes ! Et c’est toujours Hugo le premier ? » Oliver hoche la tête. « Mais il est moche comme tout, il est débile et il a plein de boutons alors que toi t’es tout blond tout mignon » « Ne m’en parle pas. » Je me déplace un peu sur le canapé et prends mon petit frère dans mes bras pour le réconforter. « De toutes les manières c’est toi le meilleur, tekate, on s’appelle pas Stylinson pour rien dans cette famille ! Viens on va faire une partie de Pokémon, chope une game boy ! » Nous hurlons « POKEMON GONNA CATCH ‘EM ALL » et nous mettons à la recherche de nos consoles. « Je vais te la-mi-ner » C’est en effet probable vu mon manque de talent pour tous les genres de jeux vidéos. Nous connectons nos DS et commençons le combat. « En même temps tu geekes dessus tout le temps, tu m’étonnes que tu gagnes après ! » Il ne répond pas, trop occupé à me voler tous mes Pokémons. Lorsqu’il me prend pikatchu, il sauvegarde jette sa DS sur un coussin et fait le tour du canapé en hurlant « POKEMON I’VE CAUGHT YOU AAAAAAAAAALL !!!!!!!! T’ES MAUVAIS LARRY, JE T’AI MIS LA PIQUEEEEEEEEEETTE BOUUUUUUUUUUH » Je me lève pour le poursuivre et lui faire payer cette victoire non méritée. Je vois du coin de l’œil ma mère sur notre passage. « Vous viendrez diner quand vous aurez fini de faire n’importe quoi… »


#2 « Stylinson Larry… » Je lève la main. « Présent ». « Thompson Max ? … Williams Harry ? … Yellow Jules ? … Zachary Léo ? » Les élèves répondent plus ou moins présents au fur et à mesure de l’appel de notre prof d’histoire. « Larry, vous viendrez me voir à la fin de l’heure. C’est à propos de vos études l’année prochaine. » Je hoche la tête. J’adore cette prof. Passionnante pendant ses cours et on ne peut plus gentille lorsqu’il s’agit de nous aider. Elle m’épaule pour mes demandes aux universités de Cambridge et d’Oxford. Je veux faire de l’histoire, j’en suis absolument persuadé, contrairement à la grande majorité de mes camarades qui hésitent encore entre médecine et droit. « Tu demandes toujours Oxford et Cambridge ? » Je tourne la tête vers mon voisin et meilleur ami, Charles. « Ouais ! J’espère tellement que je vais en avoir au moins une des deux… Enfin sinon j’irai à la fac ici ! Mais York c’est quand même autre chose que Cambridge et Oxford quoi. On verra bien ce j’aurai hein ! Tu demandes quoi toi ? » Il hausse les épaules. « Harvard. » Je me retourne brusquement vers lui. En prenant la décision de partir à Cambridge ou à Oxford je ne pensais pas m’éloigner de plus quelques centaines de kilomètres de lui, encore moins mettre un océan entre nous. Je souris comme je peux. « Ah ? Mais…c’est GENIAAAAAAAAAAAAAAAAAL » Je hurle, oubliant presque que je suis dans une salle de cours. Je m’excuse rapidement auprès de la prof, attends quelques secondes qu’elle recommence à parler et reprend mon murmure inaudible. « Pourquoi est-ce que tu ne me l’as pas dit ? Charles t’es sérieux là ? T’as du envoyer ton dossier y a des mois en plus ! » « Je ne voulais pas te le dire avant d’être sur d’être pris et… » Je lui coupe la parole. « I. Beg. Your. Pardon. Tu es priiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiis ? » Il acquiesce. Je suis très partagé entre le bonheur que j’éprouve pour lui et l’idée d’être séparé de lui. « Ce soir, on sort. On fête ça comme l’enterrement de vie de garçon de Simon dans Good Morning England. Tu sais en mode on marche dans la rue et on hurle PUB ou CLUB et on les fait tous ! Si tes parents demandent euuuh… Trouve une excuse bidon pour ne pas avoir à rentrer avant six heures du mat’, je m’occupe du reste. » Il tape dans ma main droite. « Haha, deal! » Je prépare mentalement un vague itinéraire et liste de quelques invités. « Margaux, David, Cameron, Winston, George, Mary, Alice et Juliet… ça te va ? » Il réfléchit une seconde. « C’est parfait » « Rendez vous à 21 heures devant la cathédrale then ! Mais maintenant j’écoute le cours, on en parle après » Charles me regarde bizarrement, n’étant pas habitué à me voir dire des choses pareilles. « C’est de l’histoire mec, c’est super intéressant, écoute aussi ! » Une grosse demi-heure et une copie double de notes plus tard, la sonnerie retentit. Tous mes camarades se dépêchent de ranger leurs affaires sans attendre l’assentiment de la prof pour ne pas perdre une seconde de récré. J’écris une dernière phrase et range à mon tour mon trieur et ma trousse dans mon sac. Lorsque je m’approche vers la prof, la classe est vide, à part Charles qui m’attend à la porte. « Vous vouliez me voir ? » « Ah oui, Larry ! Je voulais simplement vous dire que tous vos professeurs ont rempli votre dossier. Les commentaires sont très positifs d’une façon générale ! J’espère que vous entrerez dans une de ces universités, vous le méritez » Je bredouille un vague merci, sans réellement comprendre d’où vient mon appréciation positive en philo. « Quelle est celle que vous pensez mettre en premier choix ? » « Je pensais à Cambridge. » Un grand sourire éclaire son visage. « Très bon choix. C’est là que j’ai fait mes études et une vieille rivalité avec Oxford m’oblige à vous conseiller Cambridge bien que ce soit ridicule au fond. Enfin je croise les doigts pour vous, les résultats devraient arriver d’ici quinze jours ! » « Merci madame, au revoir ! » Je sors de la salle du pas le plus calme possible et tire mon portable de ma poche en faisant signe à Charles. J’ai une soirée à organiser. 

→ Ton heure de gloire est enfin arrivée, un producteur de cinéma vient de te remarquer dans la rue et te propose de devenir la star de son nouveau film. Que lui dis-tu ? Je ris un peu parce que, soyons honnêtes, les chances pour qu’il ne plaisante pas sont assez faibles… Mais si finalement, il est sérieux… Bah je vais pas dire non ! Imagine je rencontre Natalie Portman !

→ Une pauvre fille en pleurs chante All by myself avec son cornet de glace à la vanille en plein de milieu de la rue retournant tous les regards sur son passage, y compris le tien. Ta réaction ? Je chante avec elle ! Déjà, j’adore Céline Dion. Et en plus, je chante très bien cette chanson. Puis le ridicule ne tue pas que je sache ! Et tant que j’y suis je lui vole sa glace. Elle a très bien choisi le parfum cette petite !

→ Ton(ta) cousin(e) t'avoue sous l'emprise de l'alcool son attirance pour toi, et tente de t'embrasser. Premières impressions à chaud ? Réactions à froid ? A chaud comme à froid, je le ou la repousse. On ne fait pas dans l’inceste chez moi… Je sais que c’est monnaie courante par ici (il parait que deux cousins se sont mariés à Oxford, qu’ils sont bizarres !) mais sérieusement, je ne pourrais pas. Brrr, rien que d’y penser…

→ Ton idée du parfait samedi soir : une soirée arrosée au Carling à Oxford, une nuit de folie au Fez Club de Cambridge, une sortie au théâtre de Londres ou une soirée geek avec plat commandé et partie de jeux vidéos avec tes meilleurs potes ? Y a pas les options fifa, playmobils et scrabble ? C’est quoi ces questions ? Bon. Je choisis la soirée au Fez Club, mais vraiment à contre cœur hein (arrête de rire toi là-bas, après on dirait que je raconte n’importe quoi).

→ T'es au confessionnal, tu peux avouer ta pire faute, ou encore un secret particulièrement pesant que tu n'aimerais pas voir révélé. Que dis-tu au père Patrick pour te soulager la conscience ? Je lui dis « Coucou Patrick ? Bien ? La famille tout ça ? Ouais moi aussi, bien, les parents tout ça ! » Bref, je ne fais pas confiance aux prêtres, il pourrait se taper une barre et tout répéter alors merci bien. C’est moi la commère ici.

→ Le père Patrick était en fait un vrai sociopathe fan de Pretty Little Liars, et t'envoie un sms anonyme où il vous demande de choisir entre un secret révélé qui pourrait anéantir ta réputation ou briser ta famille, et de voler la bague de fiançailles Cartier d'un de vos amis. Après mûre réflexion, qu'est-ce que tu choisis ? HA ! Je te l’avais diiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiit ! Je ne lui fais pas confiance, donc il ne sait rien. Et puis de toutes les manières j’ai pas de secrets, j’arrive jamais à me taire donc bon.

→ C'est le mec (la fille) de tes rêves, tu en es persuadé(e) et pourtant, celui(celle)-ci est en couple avec quelqu'un d'autre. Tu te la joues résigné(e), stratégique, ou éploré(e) ? On veut les détails ! Ecoute, tout dépend. Je crois que j’essaie involontairement d’attirer l’attention sur moi. Déjà que je le fais naturellement, ça devient flippant. Sinon je lui sors la tactique baptisée STTALTT par mes soins. Grosso modo, je lui apprends à régler la circulation à un carrefour hyper fréquenté. And I stop the traffic. And I let them through.

→ Dans dix ans, je me vois bien ouvrir un resto spécialité moules frites avec Camille Jules Martin, marié, six gosses et à l'origine d'une toute nouvelle sauce roquerfort-épinards et toi, des projets pour l'avenir ? OMG, c’est qui ce Camille? Non parce que là, vie de merde quand même… Moi dans dix ans ? Mais je ne sais même pas ce que je vais faire demain !

→ Et enfin, honnêtement, entre truth ou dare, qu'est-ce que tu préfères ? (oui ça rime !) Dare, dude ! (et bravo pour la rime )

Les Trouble Makers… Bof. Enfin bon, entre nous, oui je les trouve super marrants mais ceci est un secret. Marrants ou pas, ils sont oxfordiens. Entre nous, je serais un très bon trouble maker, j’en suis intimement persuadé. Mais ils restent oxfordiens, aussi drôles soient ils. Ça craint. C’est très dommage pour eux d’ailleurs, j’aurais été tellement stylé dans leur groupe. Bon, par contre, le Judging Cambridge Club… à part le fait qu’ils soient cambridgiens… VOILA QUOI. C’est une plaie un peu quand même. Enfin, personnellement, je m’en fous, je n’ai jamais eu honte de quoique ce soit et je me fous de leurs pseudos classements à deux balles. Mais ils sont lourds. On dirait des oxfordiens. Ces groupes, c’est vraiment le monde à l’envers...