MRG •• Je t'épouse pour le pire et le pire

Gonsalez, un nom que beaucoup connaissent soit de loin, soit de près mais qui laisse rarement insensible. Figurez-vous que je suis un Gonsalez et j’en suis fier. En même temps excusez-moi du peu mais un être aussi riche, beau, talentueux et j’en passe et des meilleurs ; que moi, se doit d’être honnête avec lui-même et avec les autres. Modestie ? Vous parlez de cette hypocrisie universelle qui force les gens à se sous-estimer consciemment sous l’excuse du politiquement correct ? Voyons, pas de ça entre nous. Depuis ma plus tendre enfance, on m’a demandé d’être le meilleur dans tout ce que j’entreprends et on m’a donné les moyens pour cela. Je ne vous raconte pas le nombre de cours que j’ai dû suivre pour bien me tenir en société, pour bien articuler lorsque je parle, pour être aisé à l’oral bref pour être digne de reprendre le flambeau de père. En suis-je traumatisé ? Non pas le moins du monde. Je suis ce que je suis et pourquoi irais-je me plaindre de mes millions, de mon charisme à toute épreuve, de mon corps svelte et finement musclé, de ma beauté grandiose ?! Vous ne voyez pas non plus, je m’en doutais. Certains trouveront de la prétention là où je ne vois que de l’arrogance. Je n’ai jamais dit être parfait ! Il y a bien peut-être une chose que je regrette dans ma vie : l’horloge ainsi que les montres. Toute mon enfance a été bercée par cette maudite phrase : « Monsieur Gonsalez, il est l’heure de votre leçon d’équitation.. Monsieur Gonsalez, il est l’heure de votre leçon de danse de salon. » etc. etc. j’avais l’impression d’avoir une horloge dans le … la tête. Humpf. Pardonnez-moi mais oui, disons-le clairement, d’avoir une horloge dans le derrière !

Je vous entends déjà en train de marmonner « oh le pauvre enfant de riches, on va le plaindre. » et bien chers amis, oui, plaigniez moi mais faites-le quand je suis en train de me prélasser dans un jacuzzi alors que vous êtes en train de trimer sur vos révisions en vue des examens. Il faut dire qu’aux vues de mes facultés intellectuelles, je n’ai jamais eu à me fouler le cerveau pour réviser mes examens. Je vous ne l’ai pas dit ? En plus d’être beau, millionnaire, talentueux, je suis également très intelligent. Dame nature a été si généreuse avec moi mais entre nous, ce n’est que justice envers ma petite personne. Quoiqu’il en soit, pour faire plaisir à mes parents, j’ai suivi des études de management et d’économie car j’ai tout un empire a géré. Oui, Père, en voyant ma réussite m’a confié les rênes de toute une chaîne de magasins de vêtements. Mon cadeau d’anniversaire pour ma majorité. N’est-ce pas aimable de sa part ? Je ne doute pas que pour lui, c’est un nouveau challenge de la même trempe de ceux qu’il m’a confié toute ma prime jeunesse. A la réflexion, c’est étrange mais je viens d’avoir l’image d’un âne que l’on ferait avancer à l’aide d’une carotte suspendue grâce à une ficelle. Dérangeant ! Perturbant ! Donnée effacée. Voilà qui est mieux.

Où en étais-je ? Ah oui, je suis donc à la tête d’un empire mais la machine est tellement huilée que cela en venu rapidement ennuyeux. J’aime l’action, j’aime les défis, les obstacles, la difficulté. Et puis, c’était quelque chose de prémâché. Au fond de moi, j’avais besoin de prouver ma valeur, de montrer à père et mère que j’étais réellement digne de mon nom. C’est dans la littérature que je trouvai la solution. Je me mis à l’écriture d’un premier roman et à ma grande surprise, je me découvris une véritable passion, que dis-je un engouement pour ce genre d’exercice. Alors, quand mon ouvrage est sorti et fût couronné de succès, pour la première fois de ma vie, j’étais fier d’être non pas un Gonsalez mais tout simplement Marwan.

Mon salut ne dura pas très longtemps car un beau matin, Père m’annonça de but en blanc : « Fils, tu épouseras la fille de mon meilleur ami. » Autant dire que ce jour-là, je suis passé par toutes les couleurs de l’arc en ciel. Leïla Fernandez ! Le troll, la naine, le démon, la sorcière, l’épouvantail, mon ennemi juré. Pour la connaître, je la connais très bien. Nous avons pratiquement été élevés ensembles et apprendre que j’allais devoir unir mon existence à cette chose ! Père avait perdu la raison, il s’était cogné en se réveillant ! « Père, avec tout le respect que je vous dois, il est hors de question que je m’unisse à cette fille ! Elle n’a même pas de poitrine, c’est une planche à pain !! Même mon écuyer Roberto est plus féminin qu’elle !!! Hors de question, moi vivant, jamais !! »

Trois jours plus tard, j’étais dans un avion à destination du Royaume-Uni pour annoncer à ma chère et tendre fiancée notre prochain mariage. Oh, rigolez pas mais après une discussion des plus houleuses (à comprendre mon illustre personne en train de hurler sur mon père jusqu’à faire appeler le médecin de famille pour diagnostiquer un début de sénilité à Père), je compris que si je voulais mener ma vie comme je l’entendais (à savoir continuer dans la voie de l’écriture qui selon Père était certes rémunérateur mais trop futile par rapport à mon rang), je me devais de l’épouser. Comment ça, j’ai un sourire idiot ? Ah. Je vois de quoi vous parlez. En réalité, lorsque j’ai retrouvé Leila, je ne l’ai pas reconnu dans un premier temps. Comprenez-moi, la dernière fois que je l’ai vu, c’était une adolescente plate et sans intérêt et là, je retrouve une bombe avec tout ce qu’il faut où il faut. D’un coup, vous voyez le mariage autrement, cela va de soi.

La seule chose qui n’avait pas changé était son foutu caractère. Depuis mon arrivée et l’annonce de nos fiançailles, dès que nous nous voyons, c’est la guerre ouverte. Je ne peux m’empêcher de tout faire pour la mettre en rogne (elle est si belle en colère) et de son côté, elle n’est pas en reste. Autant dire que lorsque nous exprimons notre répulsion sexuellement, cela fait des étincelles. Quoi ? Vous êtes choqués ? Je vous signale que c’est ma fiancée, j’ai quand même le droit de coucher avec même si j’ai quelques maîtresses ici et là. Leila aussi, tout va bien, c’est parfait ainsi.

Je sais, je ne mets pas beaucoup d’entrain sur ce sujet. C’est qu’il y a quelques semaines, j’ai fait une découverte très embarrassante. Nous venions de nous disputer, une nouvelle fois et tout cela s’était terminé au lit comme souvent dernièrement. Le sexe avec elle était passionnant, fougueux mais cela restait du sexe à l’état brut ! Allongés l’un à côté de l’autre, nous reprenions notre souffle, sans nous toucher plus que de raison et c’est LA que j’ai pris conscience de plusieurs choses. Je ne la voulais pas si distante, je voulais la prendre dans mes bras et la caresser distraitement du bout des doigts et plus que tout, je ne voulais plus coucher avec elle mais lui faire l’amour. Face à cette constatation, mon cerveau a bug. Je me souviens de m’être levé comme si j’avais le diable aux trousses et de l’avoir fusillé du regard. « Mais c’est pas vrai !! Tu es la huitième plaie d’Egypte !! Tu fais chier Leila !!! Tu as décidé de me pourrir l’existence jusqu’au bout hein !! Tu ne pouvais pas t’en empêcher hein !! » Criais-je avant de prendre mes affaires et de me rhabiller en vitesse. Inutile de vous préciser que nous nous étions encore engueulés ce soir-là car je ne voulais pas lui avouer que si j’étais si en colère, c’est parce que je venais de me rendre compte que j’étais tombé amoureux d’elle.

Il m’a fallu une semaine pour admettre mes sentiments et oublier toute colère envers elle. A présent, je n’ai plus qu’un seul but : la conquérir. Seulement, tête de mule comme elle est, je ne suis pas au bout de mes peines. C’est pourquoi, depuis, je multiplie mes plans (je vous interdis de parler de plans foireux) pour avoir son cœur car si mon corps est comblé par nos ébats physiques toujours si intenses, mon cœur lui, se languit de fusionner avec le sien.
Mes amis, pardonnez-moi, mais je vous laisse. J’ai ma femme à conquérir !