MNF ♔ beloved brother

« Il est parti où, Papa ? » je demande d’un air curieux en me perchant sur les genoux de ma mère, qui bouquine tranquillement dans son fauteuil en se faisant faire les ongles par une dame qui s’est déplacée exprès. Je crois qu’elle vient une fois par semaine mais je ne suis pas sûr. Ma mère tique, referme son bouquin d’une main agile pour ne pas solliciter l’autre et me regarde en haussant très haut un de ses sourcils. « On a déjà parlé de ça. On ne parle pas de Papa. Tu n’as pas de père, je suis ta mère et c’est suffisant, tu comprends ? » Elle sourit un peu mais la réponse ne me convient pas, pique ma curiosité d’enfant. « Mais les autres gens dans ma classe, eux, ils ont tous des Papas ». Elle me pousse un peu de ses genoux avec sa main libre et me fait signe d’aller jouer plus loin. La conversation est close.

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Les bancs de la fac, à Dubaï. Si j’avais cru un jour que je changerai de ville pour venir ici… Je n’ai jamais manqué ni de rien de moyens, et ma mère avait beau être une femme secrète et réservée, elle m’a élevé convenablement en enchainant les amants qui la couvraient de cadeau et les boulots hallucinants. De mannequin à secrétaire, de journaliste à organisatrice d’évènements, elle a toujours été très mobile et suffisamment intelligente pour s’en sortir. Elle m’a bien élevé, pour sûr, et me voilà installé à un café à Dubaï. Ma petite amie est dans notre appartement, c’est pour elle que je suis ici, parce que c’est elle qui a choisi de partir. Elle voulait tellement que je la suive que je n’ai pas eu le cœur à dire non, et que de dossier en dossier, je me suis découvert une ambition qui ne souffrait aucune limite. uc

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« On devrait se marier ». Je relève les yeux du figaro que je suis en train de lire et secoue un peu la tête, pas certain d’avoir parfaitement entendu ce qu’elle me dit. « Pourquoi faire ? » Elle se lève et pose ses mains sur mes épaules, se penchant outrageusement en avant pour finir par s’asseoir à califourchon sur mes genoux. « C’est ce que les gens biens font quand ils s’aiment, et toi, tu m’aimes, alors tu devrais m’épouser ». Elle sourit un peu et effleure ma joue du bout des doigts. « Non ? » Je ris doucement et glisse mes mains de part et d’autre de ses hanches. « Toi aussi, tu m’aimes ». Elle hoche la tête et se mord la lèvre, m’embrasse de nouveau à pleine bouche et glisse ses doigts fins sur le col de ma veste. « Alors marions-nous ». Elle hoche vivement la tête, claque un dernier baiser sur mes lèvres et se lève pour retourner s’asseoir sur son fauteuil en remettant le figaro sur mes genoux. « Mais pas tout de suite », elle ajoute en se laissant tomber, posant des lunettes sur son nez pour retourner à ses lectures.

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« Mélanie ». Elle secoue la tête et croise les bras. « Pourquoi est-ce que tu voudrais refuser une occasion pareille Nicolas ? C’est complètement stupide ». Elle me repousse et s’éloigne pour ouvrir les rideaux sur la rue parisienne qui s’agite déjà, malgré l’heure. « Débarquer à Londres et jouer les bons frères samaritains pour retrouver Papa que je connais depuis quatre ans ? Non merci. Je lui suis très reconnaissant pour Dubaï et les apports financiers certains mais… » Elle lève le bras et se tourne vers moi, s’approche pour me secouer les épaules. « Tu te voiles la face, on s’en tape qu’il ne soit là pour toi que depuis quatre ans. Il va t’offrir Londres Nick, ni plus ni moins. Tu acceptes ce job, tu montes en puissance auprès de ton père et de son nom célèbre, tu fais tes preuves et tu deviens le prochain Faure notable entre ici et Paris ». Elle sourit sans doute pour conforter ses propos pourtant énoncés avec une froideur certaine. « Si tu te respectes un minimum, tu ne peux pas dire non. Les rares choses dont tu manques actuellement te sont servies sur un plateau d’argent ». Elle enroule ses bras autour de mon cou et ses lèvres glissent jusqu’à mon oreille. « Fais le pour notre enfant, pour qu’il ai les meilleurs parents du monde ». Elle s’empare de ma main qu’elle guide jusqu’à son ventre et embrasse mes lèvres avec une douceur qui contraste délibérément avec les mots qu’elle emploie. « Fais-le pour nous ».


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Nous sommes installés à une table au fond du Fouquet’s. Elle tient ma main et épie les alentours avec un air anxieux que je ne lui connais pas. Elle pianote un peu sur la nappe blanche et s’agite. « Mel, détend-toi, tu… » Elle secoue la tête et me coupe. « Arrête ». J’acquiesce et avale une gorgée de mon verre de blanc. Si j’avais su que l’entrevue angoisserait ma fiancé à ce point, je me serai débrouillé pour annoncer à ma mère les nouvelles récentes tout seul. Je me tais et garde le silence jusqu’à ce que, finalement, ma mère arrive, habillée d’un tailleur Chanel blanc qu’a dû lui offrir son dernier admirateur en date. Elle ne m’embrasse pas, presse juste mon épaule en guise de tout salue et s’installe à la chaise libre. « Mélanie, tu es ravissante comme toujours. Quoi qu’un peu arrondie ? » Ma mère hausse les sourcils et je roule des yeux alors que ma fiancée elle, se tend notablement. Elle sourit et boit un peu d’eau, lentement. « C’est pour ça qu’on est là Maman », je commence d’une voix qui se veut maitrisée. « Pour parler régime ? » Je lui jette un regard sévère, je sais qu’elle plaisante quoi qu’à cheval sur les principes et la beauté physique à tout prix, mais quand même. « Je suis enceinte de votre fils », lance finalement Mélanie, un sourire presque victorieux aux lèvres. Je sens ma mère se décomposer avec grâce, je crois qu’elle n’apprécie pas vraiment la place que prend Mel dans ma vie. « Nous allons nous marier », ajoute cette dernière, encore plus radieuse, en tendant sa main à laquelle est accrochée une bague de fiançailles qu’elle a choisi elle-même. « Et déménager à Londres ». Je presse la main de ma future femme, c’est à moi de continuer. Ma mère tourne la tête vers moi, impassible comme si elle n’avait rien entendu de ce qui vient d’être dit. « A Londres ? Je dois me réjouir, c’est nettement moins loin que Dubaï ». Mais elle sait, je le vois à sa tête. « Je vais travailler dans un grand cabinet d’avocats là-bas, un de mes profs m’a recommandé ». Elle sourit un peu et commande un martini auprès du serveur qui passe. « Ton père est là-bas, j’imagine que c’est calculé ? » Je secoue la tête. « Non, ça ne l’est pas, on m’offre vraiment du boulot ». Mélanie jubile et ma mère hoche lentement la tête. « Qui prend le poisson ? » Je la fixe et mets quelques secondes avant de réagir. La conversation est close.

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L’hôtel est superbe, je dois bien le reconnaître. La vie est luxueuse ici et je n’ai quasiment rien d’autre à faire qu’étudier les quelques dépositions effectuées au lendemain du drame survenu ici. Mes yeux survolent délibérément les mots sortis de la bouche de mon… demi-frère. A plusieurs reprises. J’ai déjà lu sa déposition des dizaines de fois, et je ne me suis pas franchement arrêté là. Je vais rencontrer bien assez tôt les membres de ma famille nouvellement recomposée et je tenais à être sûr d’avoir toutes les informations en main. Tristan Faure semble être des deux jumeaux le plus perturbé ; marié, entre autre, à son cousin, ancien acteur porno étudiant et presque homme d’affaire, hésitant sur la marche à suivre et à l’origine d’un certain nombre d’évènements douteux, présent lors des autres d’ailleurs. Sa sœur qui est la mienne aussi, Laureline, semble nettement plus réservée et moins extravertie, mais il y a très peu d’informations que j’aie pu glaner à son sujet. Je referme le dossier et m’étire en inspirant, Melanie est étalée dans les draps de la suite, comme une enfant bien heureuse. Je souris un peu, finalement, je lui ai donné exactement ce qu’elle voulait, et j’y ai trouvé ma part. Le monde ici est différent qu’à Paris, le luxe est autre, et la notoriété semble tellement proche. Défendre Gregory sera aisé, le type est coupable jusqu’au bout des dents et il n’y a aucune faille visible. Une fois gagné, ce dossier sera une référence non négligeable.

→ Ton heure de gloire est enfin arrivée, un producteur de cinéma vient de te remarquer dans la rue et te propose de devenir la star de son nouveau film. Que lui dis-tu ? Je lui réponds que le monde du cinéma ne m'intéresse pas, que j'ai une famille en pleine expansion et un boulot en or et qu'il est hors de question que je renonce à tout ça.

→ Une pauvre fille en pleurs chante All by myself avec son cornet de glace à la vanille en plein de milieu de la rue retournant tous les regards sur son passage, y compris le tien. Ta réaction ? Je passe ma route, le mieux dans la vie restant encore de s'occuper de ses propres affaires plutôt que de celles des autres. Et si le ridicule ne tue pas, il ne rend pas plus heureux non plus.

→ Ton(ta) cousin(e) t'avoue sous l'emprise de l'alcool son attirance pour toi, et tente de t'embrasser. Premières impressions à chaud ? Réactions à froid ? Ca me rappelle étrangement quelque chose. Je la repousse immédiatement et la calme tout de suite, la forçant à arrêter de boire et à aller se coucher, et je la laisse décuver sans jamais aborder le sujet de nouveau.

→ Ton idée du parfait samedi soir : une soirée arrosée au Carling à Oxford, une nuit de folie au Fez Club de Cambridge, une sortie au théâtre de Londres ou une soirée geek avec plat commandé et partie de jeux vidéos avec tes meilleurs potes ? Une soirée chic dans un bon restaurant, un bon verre de vin et Mélanie.

→ T'es au confessionnal, tu peux avouer ta pire faute, ou encore un secret particulièrement pesant que tu n'aimerais pas voir révélé. Que dis-tu au père Patrick pour te soulager la conscience ? Je ne dis rien, ma mère ne m'a jamais emmené à l'Eglise.

→ Le père Patrick était en fait un vrai sociopathe fan de Pretty Little Liars, et t'envoie un sms anonyme où il vous demande de choisir entre un secret révélé qui pourrait anéantir ta réputation ou briser ta famille, et de voler la bague de fiançailles Cartier d'un de vos amis. Après mûre réflexion, qu'est-ce que tu choisis ? Rien, je ne lui ai rien confié.

→ C'est le mec (la fille) de tes rêves, tu en es persuadé(e) et pourtant, celui(celle)-ci est en couple avec quelqu'un d'autre. Tu te la joues résigné(e), stratégique, ou éploré(e) ? On veut les détails ! Désolé de vous décevoir mais j'ai déjà trouvé la fille de mes rêves... Et si elle n'avait pas été libre je me serai battu pour elle.

→ Dans dix ans, je me vois bien ouvrir un resto spécialité moules frites avec Camille Jules Martin, marié, six gosses et à l'origine d'une toute nouvelle sauce roquefort-épinards et toi, des projets pour l'avenir ? Avocat, père, marié, une belle maison et une notoriété certaine.

→ Et enfin, honnêtement, entre truth ou dare, qu'est-ce que tu préfères ? (oui ça rime !) Réponse ici.

→ En pleine soirée baby-sitting, l'adorable petite fille aux cheveux blonds que vous gardez s'installe sur vos genoux et vous demande, d'un air suppliant : « Moi plus tard, je veux être la Reine d'Angleterre. Papa m'a dit que pour pouvoir le faire, il fallait aller à l'université. Mais il a dit aussi qu'il fallait choisir entre Oxford et Cambridge, parce que ce sont elles les meilleures d'Angleterre. A ton avis, il vaut mieux apprendre à devenir Reine à Oxford, ou à Cambridge ? » Je préfère personnellement les facultés parisiennes et particulièrement Assas où j'ai fait mes études, mais de manière tout à fait personnelle je pense que Cambridge est un meilleur choix.

→ Après avoir écouté votre argumentaire, elle s'interrompt une seconde et fronce étrangement le nez. « Mais, au fait, qu'est-ce que c'est, le Judging Club Cambridge ? » Je ne m'intéresse pas franchement à ce genre de choses...

→ « Aaaah, d'accord. Je comprends mieux. Et les TroubleMakers, alors ? C'est la même chose ?» Aux TroubleMakers non plus, désolé.

→ « C'est bien compliqué tout ça. Mais alors, si je choisis Cambridge et que finalement je préfère Oxford, j'ai le droit de changer en cours de route ? » Non, tu choisis une faculté, tu y restes, c'est la loi de la jungle.

→ « Hm... Bon. Ca m'avance pas beaucoup. Mais en même temps, j'ai le temps. »