SFR AOW ◊ better left invisible

« Je peux t'emprunter ton scooter ? » Somnolant encore dans son lit, Kelcey fit un mouvement du bras et prononça quelques mots étouffés dans son oreiller. « C'est un oui ? » Obtenant un ronflement en guise de réponse, je me saisis hâtivement de ma veste et des clés de sa Vespa. Avec un peu de chance, il dormirait encore quand je serai de retour. Si j'étais aussi pressée, c'est que la productrice de notre nouvelle pièce venait de me donner rendez-vous pour un déjeuner improvisé au Galvin at Windows. Comme il n'était pas dans ses habitudes de me convoquer sans Kelcey, le metteur en scène avec qui je couchais occasionnellement, j'angoissais au plus haut point. La route n'était pas longue entre le domicile de Kelcey et le restaurant, mais le temps de trouver une robe qui se prêterait au lieu et de me faire une mise en beauté irréprochable m'avait mise dans un retard effroyable.

Le casque sur mes cheveux parfaitement lissés pour l'occasion - fait rarissime, à noter - je montai sur la Vespa et me mis à dévaler les rues de Notting Hill à toute allure jusqu'à atteindre le coeur de Kensington. Les alentours du luxueux restaurant étaient bondés et je fis plusieurs fois le tour avant de trouver un espace entre deux voitures pour garer le scooter. Peu habituée aux engins à moteur, le contrôle du deux-roues m'échappa et, au lieu de parvenir à me glisser dans l'espace restreint, je percutai de plein fouet l'une des voitures stationnées, actionnant l'alarme de celle-ci. « MERDE ! » Je coupai le moteur et descendis de la Vespa hâtivement. Au moment où je retirai mon casque pour mieux me rendre compte de l'ampleur des dégâts, mes yeux croisèrent ceux d'Alan Wagner, un ex que je n'avais pas revu depuis la dernière fois que j'avais assisté à une soirée mondaine pleine d'avocats. Il se tenait à côté de la voiture qui semblait être la sienne. « Et merde... » répétai-je lentement en le fixant, paralysée par la stupeur.

(Sujet en cours)

Je fronce un peu les sourcils et me lisse le front tout en jouant avec mes clés. Ma mère me retient une nouvelle fois au téléphone alors que j’aimerai cela dit m’autoriser une pause café avant de reprendre le boulot. Je descend les escaliers en souriant à tout le monde y compris ma secrétaire à forte poitrine et prend la direction de ma voiture garée juste en face. « Non pas de mariage, que tu le crois ou non j’ai des relations exclusivement professionnelles avec mademoiselle manchinelli.» Voici un des pires mensonges que je n’ai jamais déblatéré, et je crois que ma mère est bien placée pour jauger le degré d’ironie de cette affirmation. « Non je n’ai pas le temps de déjeuner, j’ai un rendez vous dans.. » Mon regard se pose sur ma montre. Effectivement, j’ai rendez vous dans un peu moins d’une demi heure et la pause café va nécessiter une conduite plus que sportive. Faire sauter quelques pvs également. « Peu importe, je te... » Un grand fracas se fait entendre, et mon regard qui fixait amoureusement ma berline se retrouve heurté par la vision d’un scooter qui vient tout juste de faire de beau dégats à la carrosserie. Je me mords la lèvre inférieure et tente de garder mon calme. « Je te rappelle. » Je raccroche tandis que la conductrice enlève son casque pour me dévoiler un visage connu. Bien que cela ait effectivement l’air d’un accident, en voyant se dessiner ses traits, je serais tout de même tenté de croire à un terrible complot visant à détruire une des choses qui compte le plus à mes yeux, ma voiture. « Et merde... » Je hausse un sourcil et commente. « Je ne te le fais pas dire, ça va te coûter très cher Ryan. Oh c’est un plaisir de te revoir. » Je lui souris admirablement hypocrite pour l’occasion, les yeux rivés sur la berline, tentant de calculer mentalement le montant des réparations.

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