Apparemment, on n'a pas le droit de se promener nue dans la rue. Apparemment aussi, ca favorise pas de s'être pris quelques tequilas paf... une petite dizaine, accompagnée de d'autres verres en plus. Puis quand les flics te remarquent, disons que les "apparemment" deviennent plus concrets.
Installée tranquille dans un bar, j'y avais rencontré un couple, qui commençait à être bien amoché. En les voyant, je les soupçonnais d'avoir des tendances échangistes - ou pas très nettes en tout cas - pour être aussi déjantés qu'ils l'étaient... Vous me direz, l'alcool n'arrange jamais rien ! Toutefois, je supposais bien : un baiser échangé par-ci par-là ne semblait déranger ni l'un, ni l'autre. A mon goût, cette soirée était parfaite, je n'avais pas à m'en plaindre, loin de là. On fait toujours de bonnes rencontres dans les bars ou boites de nuits... Arrivés à un point culminant de notre taux d'alcoolémie, celui-ci se faisait bien remarquer dans nos gestes amples, nos voix fortes et nos paroles brouillées. A un tel point que le barman finit par refuser de nous servir. Que faire d'autre que sortir dehors dans ces cas là ? Riant sans gêne, bousculant le peu de personnes sur notre passage vers la sortie, on finit par poser notre cul sur le bord du trottoir. Il était quoi ? 3h ? 4h ? Peu importe, la rue était plutôt déserte. La fille nous lança alors un pari, à moi et son mec. Qu'on serait pas cap de se foutre nu et de marcher comme si de rien n'était. Moi qui tentais de décuver un peu, je relevais vivement la tête en entendant son défi. Elle me prend pour qui au juste ? Son mec se désiste tandis que je commence à retirer mes fringues. Ils croyaient que je n'irais pas jusqu'au bout, mais ils ont bien ri quand ma dentelle s'est envolée ! Le temps de mon strip-tease, on n'avait pas vu la police approcher, et puis faut dire aussi, on n'en avait rien à battre de la police. Bref. J'me suis faite arrêter. Et un allé simple pour la prison ! Un ! Ouais parce que bon, encore je sais pas, mes débordements auraient peut être pu passer... Mais il suffit que tu résistes un peu, que tu dises qu'il ne faut pas avoir honte de son corps, de ce que la nature nous a à tous offert... et puis hop ! Direction le poste.
Je vais finir par devenir une habituée des nuits en prison... Ca doit faire la troisième fois que je m'y retrouve, toujours pour des raisons dans le genre la, mais jamais au même endroit. Assise contre les barreaux inconfortables, ils me laissèrent dessaouler une petite demi-heure avant de m'autoriser à passer un appel. De toute manière, je n'aurais jamais pu me rappeler d'un numéro plus tôt. Alexander ne va sans doute pas être très accueillant à l'autre bout du fil... Un policier vint m'ouvrir la porte, alors que je marche à peine droit, me guidant jusqu'au téléphone. Les bips se font entendre, s'est déjà un bon signe. Espérons simplement qu'il décroche... «
Quoi ? » Cette voix si douce et agréable qu'il a quand on le réveil contre sa volonté me fit sourire, mais je revins vite à la réalité : qu'il va possiblement vouloir m'étrangler ou oh, pourquoi pas me raccrocher au nez en me disant de me d'emmerder. Évidemment, mon esprit embrumé est plutôt dans l'espoir qu'il soit d'humeur charitable... «
Alex c'est moi... » Complètement crevée, toujours légèrement bourrée : rien qu'à m'entendre ca doit se sentir. «
Denzel ? Merde qu’est-ce que tu as encore foutu ? », me dit-il froidement. Il pourrait au moins se montrer inquiet, ou préoccupé je sais pas. Avec sa question insinuant que j'ai fait une connerie, et même s'il a raison, j'ai l'impression qu'il se croit supérieur à moi. Ouais c'est con, insensé, mais il aurait été juste en face de moi, je me serais sûrement énervée contre lui. Au lieu de ca, je restai plusieurs secondes sans un mot, à ruminer ma colère. «
Je.. j'suis en prison », répondis-je enfin, un léger rire s'échappant de mes lèvres. Bourré déjà, nos émotions sont assez changeantes, mais quand on est en plus bipolaire et sans traitement fixe... «
T’es où exactement ? je dois venir te chercher ? » Je mis quelques secondes à comprendre ce qu'il me demandai, et ris alors une nouvelle fois. «
Ne te dérange pas pour venir me chercher non, je t'appelle juste pour t'emmerder, te faire un petit coucou ! Et puis j'suis bien, entourée de barreaux », lui dis-je pleine de sarcasme. «
J'te passe le gars qui m'a foutu là, sans cervelle. » Appuyée contre le mur, je lui balançai un léger je t'aime dans un élan d'affection, avant de refiler le combiné au policier. Putain si Alex n'était pas là, où est-ce que je serais moi ?! Policeman me remit dans la cellule, me laissant être rattrapée par ma fatigue.
«
Qu’on soit bien d’accord, la prochaine fois que tu te fous de moi, je te laisse derrière les barreaux. Je ne suis pas d’humeur à rigoler. » Je me réveil en sursaut sous la voix enchanté d'Alexander... Au moins lui, quand il a eu son réveil forcé, c'était par sa Florence Welch, la sonnerie de son téléphone. Aucun respect pour ceux qui dorment... hum hum. Encore dans mon sommeil, je ne perçois que la moitié de ses mots. Mais c'est suffisant pour comprendre l'humeur de chien qu'il a. Je me redresse, prenant ma tête entre mes mains. Il but un peu de son café, qui eut l'air de lui donner l'énergie suffisante pour m'engueuler comme il faut... «
Merde Denzel pourquoi tu fais ça ? Pourquoi tu es obligée de te foutre à poil parce qu’on t’a dit de le faire ? » «
Tu me donnes mal à la tête. » Peut être que j'aurais mieux fait de la fermer. Mais ca ne sert strictement à rien de me faire la morale maintenant. Je ne pense qu'à mon crâne qui va exploser, à la nausée qui commence à monter, et oui, un peu à pourquoi je me retrouve encore une fois derrière les barreaux. Je le regarde, je voudrai lui dire que je suis désolée... encore. «
Sors moi de là, s'il te plaît... » «
Je reviens. » Je ne sais pas si c'est la sale gueule que je lui offre, ou le ton qui dû se sentir sincère qui le fit se calmer. Ou les deux assemblés peut être...
Mon ange gardien me sauva d'une nuit en prison. Et certainement de tout ce que l'aimable policier aurait souhaiter me foutre sur le dos. Alex me dirigea vers la sortie, me posant une autre question. Il sait que je viens de me prendre une mauvaise cuite, que mon attention n'est pas au top ? Déjà qu'en temps normal, j'en fais qu'à ma tête... «
Tu crois vraiment que ça m’amuse de t’engueuler ? » J'eus un léger rire malgré moi. Non, bien sûr que non mais... «
Ca doit bien te défouler des fois ! » Ouais, j'admets que des conneries, j'en fais tous les quatre matins. Si ce n'est quatre, tous les matins. J'admets cependant également que je ne serais plus grand chose aujourd'hui, sans lui. Passée de vie à trépas sans doute. Je me réveille parfois étonnée d'être encore là tiens ! Arrivée à sa voiture, je pose la main sur la poignée, attendant qu'il ouvre. Je vois alors mon reflet dans la vitre, à quel point ma tête ressemble à rien. Saperlipopette, ca fait longtemps que je n'ai pas dormis une nuit entière ! Le ton énervé que Alexender pris à mon encontre me sortit vivement de mes pensées. Je l'aurais presque oublié, mais il réussit à bien marquer sa présence. «
C’est défoulant quand tu le fais une fois tous les 6 mois, pas tous les mois ou presque. Il faut vraiment que je t’apprenne à boire correctement et à éviter de te faire arrêter. Je t’aurai bien dit de te servir de tes attributs mais ça n’a pas fonctionné aujourd’hui. » Sur le coup, je reste la sans bouger, sans ciller à le fixer, silencieuse. Ses mots me firent l'effet d'une lame, me prirent aux tripes un instant. Je ne saurais dire si c'est l'alcool, la maladie ou vraiment moi, mais il me donna le sentiment d'être un poids pour lui. «
J'ai compris. J'irais mettre ma plante verte comme personne à appeler en cas d'urgence. Et puis avec un peu de chance, j'arriverais à me suicider la prochaine fois que je serais en dépression, au moins ta vie sera tranquille et emmerdante. De toute façon, c'est sûr que j'y arriverais, le jour où tu seras plus là. Ne vous en faites pas, je ne vous dérangerais plus à présent ! Je n'oserais pas. » C'est peut être gamin et facile de balancer ma colère ainsi. Mais en général je n'hésite pas à déballer ce que je pense. Je sais que je ne suis pas la plus agréable des personnes à vivre. Mais même si je l'ai rarement dit, il sait que je lui suis reconnaissante de faire tout ce qu'il fait. Qu'au fond je m'en veux. Et je déteste me retourner la tête comme ca, à chercher ce qui est bon ou mauvais. Merde !
Son coup contre la voiture me surprit, me fit sursauter, me fit me demander pourquoi je lui avais dit ces paroles biens moches. «
Putain Denzel, ne dis pas des choses comme ça ! » Son regard me transperce et me fait regretter mes mots. «
Je ne te dis pas que tu ne peux plus compter sur moi, je dis juste que ça serait cool que je vienne moins souvent te chercher chez les flics. T’es chiante quand tu commences à être glauque comme ça. » Sa dernière remarque me donne étrangement envie de sourire. Et j'ai envie de pleurer en me rendant compte encore une fois que non, il n'a pas l'intention de m'abandonner, même s'il a toutes les raisons imaginables pour. Mais je ne fis rien, ne dis rien, le fixai juste. Je lui pris la cigarette qu'il avait allumé d'entre les mains, puis me tournai une nouvelle fois vers la portière de la voiture, attendant qu'il ouvre.
u.c.