POSIE & ENZO - you'll always be here, right ?

On est au beau milieu de l’après-midi et je suis coincé dans les embouteillages. Les mains vissées sur le volant, je prends mon mal en patience. Quelques gouttes de sueurs viennent perler mon front lorsque je réalise que je vais être en retard. J’ose espérer que Posie ne m’en tiendra pas rigueur. Par simple précaution, je décide tout de même de lui envoyer un message pour lui demander de m’attendre. Je sais que c’est plutôt mal venu de la part d’un policier d’utiliser son téléphone au volant, mais la pauvre traverse une période difficile, je ne voudrais pas qu’elle croit que je l’abandonne. En ami fidèle et concerné, je me suis bien gardé de lui reprocher quoi que ce soit. De toute manière, ce n’est pas mon genre. J’estime que chacun est libre de vivre sa vie comme bon lui semble et si la brunette ne se sentait pas prête à s’engager, alors ça la regarde. Qui suis-je pour la blâmer ? Contrairement aux langues de vipères qui se sont empressées de faire monter la mayonnaise en racontant tout et n’importe quoi, je serais plutôt de ceux qui considèrent qu’elle a pris la bonne décision. Après tout, qui-y-a-t-il de plus responsable que de mettre un terme à une relation lorsqu’on est persuadé qu’on va droit dans le mur ?! Mon amie a fait preuve d’une grande sagesse et d’un courage que beaucoup devraient lui envier et rien que pour ça ; je suis fier de me tenir à ses côtés. Qu’on se le dise, je n’ai rien contre ce pauvre Thomas, mais Posie a toujours beaucoup compté pour moi.

Un peu plus tard dans la journée.
Je pousse les portes du Starbuck’s et fais un tour d’horizon. Il ne me faut pas plus de quelques secondes pour repérer la petite tête brune. Confortablement installée au fond de la salle, Posie est déjà en train de déguster son café. « Hey ! Merci d’être venu » dit-elle avant de me serrer dans ses bras. « Oh tu parles! Je n’avais rien de mieux à faire de toute manière… » je lâche avec une pointe de dérision. Au fond, je suis convaincu qu’elle sait que je serais toujours là pour elle. « J’espère que je ne t’ai pas trop fait attendre… » Elle hausse les épaules. « Je suis vraiment désolé, mais en ce moment, je passe pas mal de temps sur Oxford. Le frère d’Aliyah lui a laissé la villa et on n’arrête pas de jongler entre les deux villes… Enfin bon… Comment ça va, toi ? »

Je suis vraiment content de la voir. Même si nous avons tous les deux traversé des moments difficiles, quelque chose me dit que les choses ne vont pas tarder à s’améliorer. Je vais reprendre le travail et peut-être qu’un jour viendra où je serais enfin capable de mettre la main sur le meurtrier de mon père. Quant à Posie, je suis convaincue qu’elle finira par trouver chaussure à son pied. Elle est encore jeune et c’est une jolie femme. Beaucoup seraient prêts à faire n’importe quoi pour qu’elle leur adresse ne serait-ce qu’un regard. Je ne me fais pas trop de souci pour elle, elle trouvera. « - Ah si, je t’attends depuis une éternité… plaisante-t-elle. Je lève les yeux au ciel. Je l’ai bien mérité. « - Sérieusement, ne t’en fais pas, je ne suis pas arrivée depuis très longtemps. » Tant mieux, car je déteste être en retard. Je le répète, j’ai des circonstances atténuantes, mais tout de même ; ça m’aurait ennuyé qu’elle poireaute toute seule dans ce café. Par chance, elle ne s’est pas fait emmerder par l’un de ses Casanova du dimanche, auquel cas j’en aurais pris plein la tête ! Pourquoi je pense à ça ? J’en sais rien. La situation m’a fait penser à ce jour où j’étais coincé dans les embouteillages. Posie et moi étions censés déjeuner ensemble, mais j’étais en retard. Bien qu’à l’époque, elle portait encore sa bague de fiançailles (le mariage était censé avoir lieu un mois plus tard), un homme (qui avait le double de son âge) s’est mis à la draguer et lui a proposé de devenir son amant régulier. J’ai même dû me faire passer pour son fiancé pour qu’il la laisse tranquille. Sur le coup, elle était folle de rage, mais je dois bien avouer que de mon côté, j’ai bien ri. « - C’est pas grave ! Comment c’est alors, Oxford ? » J’hausse les épaules. Je n’ai pas grand-chose à en dire. Pour être tout à fait franc, je n’aime pas y vivre. « J’en sais rien… » Elle secoue la tête. « Qu’est-ce que tu veux que j’te dise ? Tu me connais, j’aime pas bouger… Une fois que j’ai posé mes valises quelque part, j’y reste. D’ailleurs, si Aliyah n’enseignait pas là-bas, je n’y aurais probablement jamais mis les pieds. C’est une jolie ville, mais là-bas je trouve que les gens sont beaucoup plus condescendants qu’ici… Je me sens pas super à l’aise et puis… j'aime pas cette ville ! » Oui, j’exagère et alors ?! J’ai quand même le droit d’être attaché à cette bonne vieille Londres, nan ?!

Curieux de savoir où elle est en de son côté, je finis par lui poser la question. Je suis soulagé d’entendre qu’elle remonte progressivement la pente. « T’es une battante, tu vas y arriver » dis-je en lui souriant. Je n’en dis pas plus, même si je meurs d’envie de savoir si elle a eu des nouvelles de son ex-fiancé ou si elle a quelqu’un dans sa vie ? Remarquez, c’est peut-être un peu tôt pour ça. « Donc tu travailles sur de nouveaux projets ? »