LMD + La fleur qui s’épanouit dans l’adversité est la plus rare et la plus belle de toutes.

Debout devant ma fenêtre, je regardai l’extérieur et la scène qui s’y jouait. Jeune espagnole fraichement débarquée à Cambridge pour un échange Erasmus qui devait commencer début septembre dans le cadre de mes études en cinéma, je balisai quelque peu. Serrant le tissu extrêmement fin entre mes longs doigts, je le relâchai finalement avant d’aller me préparer pour me coiffer. J’avais une réunion d’informations qui se déroulait dans quelques heures à l’université de Cambridge et je détestai être en retard. Oui je détestai réellement ça.

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Assise au premier rang, mes jambes croisées, un crayon de papier dans ma main droite, je dessinai un arbre sur l’une de mes feuilles tandis que je m’impatientai. Mon professeur avait du retard, beaucoup de retard et j’étais sur le point de remballer mes affaires pour m’en aller. Il faisait chaud en Espagne, trop chaud et chaque fille essayait de s’éventer avec le minimum. Pas moi. J’aimais la chaleur, j’adorai ça même. Je souriais tandis que la porte du fond s’ouvrit sur un homme de notre âge qui descendit les marches à volée avant de revenir s’asseoir devant tout le monde. Il prit place sur le bureau. Pas derrière. Sur le bureau et sortit une liasse de papiers qu’il fit tomber sur le sol. Un rire parcourut l’amphithéâtre et je levai les yeux au ciel. Mais quel boulet ! « Excusez-moi. J’ai un peu de retard ! » Seulement une heure et demie, ce n’est rien. Je déglutis tandis que ma mine s’écrasa sur le papier pour se briser. L’heure qui suivie fut plus qu’inutile. Et tandis que je détaillai le pignouf qui nous faisait face. Manches de chemise relevées, cheveux coiffés en arrière, petites lunettes rondes sur le nez, il aurait pu tout aussi bien s’appeler Harry Potter que tout le monde n’y aurait vu que du feu. Marcello. C’est italien ça ? Un nom que je devrais sans doute retenir.

Profitant du trajet en taxi jusqu’à la fac, j’en profitai pour passer un appel à ma mère. Le décalage n’était pas important et je savais qu’elle l’attendait avec impatience. Ma mère, une femme courageuse qui m’a élevée toute seule. Mon père étant mort des suites d’une longue malade (=agonie), elle n’a jamais réellement voulu se marier. En Espagne tout le monde étant religieux, le sexe avant le mariage ne se fait pas ou peu (=les filles le cachent à leurs parents pour qu’ils aient l’honneur sauf) et j’ai déçu ma mère. Quand elle a appris pour ma relation avec Marcello, elle n’en fut que plus détruite, ruinée et je savais que je n’étais plus digne d’être sa fille. Raison pour laquelle je me suis éloignée. « Alors, tu es bien installée ? » On sentait toujours cette chaleur dans sa voix car elle ne voulait rien y laisser paraitre. C’est vrai que chez nous, les émotions sont surfaites. Je suis une faible selon elle mais ma faiblesse est en réalité ma force si on en oublie mon cœur d’artichaut. « Oui, Mama. Tout va bien, merci. » Je passais une main dans mes cheveux tandis que j’approchai de Cambridge et que la discussion prit une tournure désagréable. « Ne couche avec personne cette fois-ci. » Elle raccrocha et je sentis une larme rouler le long de ma joue.

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Couchée sur le ventre, le drap enroulé autour de mon corps nu, je regardai Marcello qui s’habillait. « Tu sais, tu devrais sans doute revenir près de moi, dis-je dans un sourire. » J’ignorai encore comment ça c’était fait mais nous en étions là. Un bar, trop de verres et me voilà entre ses draps pour la fois de trop. De plus. Ce n’était pas assez, je le savais. Je le regardai tandis qu’il se baissa pour déposer ses lèvres sur les miennes. Je pensais être amoureuse. Je pensais que l’amour pourrait me sauver du bûcher mais qu’est-ce que l’amour dans le fond ? Qu’ai-je fait ? J’enroulai mes bras autour de son cou tandis que ma raison laissa place à la luxure. La relation aurait pu évoluer s’il n’avait pas menti.

amour, nom masculin
Sentiment d'affection, d'attirance sentimentale et sexuelle entre deux personnes. Ex Un amour éternel. Des amours tumultueuses (féminin pluriel)

Peu de temps après que j’eus commencé cette relation de manière exclusive, la bombe s’abattit sur ma tête comme un rocher. Je coulai avec lui au fond. Marcello était en fait marié. A une femme restée en Italie. Après tout, ce n’en était pas réellement étonnant quand on sait qu’on a vingt ans d’écart et je me suis sentie tellement idiote. Elle a débarqué un jour sans demander son reste. Nous étions… ensembles et non vêtus. La scène qui s’ensuivit fut des plus dramatiques. Pleurs, cris, fracas et ce n’est que quand je remarquai la petite tête brune dans un coin que je me suis sentie sale. Et que j’ai pris la fuite. La réalité me frappa de plein fouet quelques jours plus tard. J’étais enceinte.

Souvent le passé nous rattrape tout comme nos souvenirs nous hantent. Je venais tout juste d’arriver dans cette université immense que je savais que j’allais me perdre. Et je me suis perdue, btw. Cherchant l’amphi dans lequel avait lieu la réunion d’informations, je me sentais comme Ted Mosby. Après être arrivée, je constatai que le professeur n’était pas encore arrivé. Je me posai donc tandis que le souvenir de mon départ d’Espagne me restait très douloureux. Ma grossesse imprévue et abrégée non pas volontairement me hantait ainsi que ce qui en a découlé. Mes yeux s’embuèrent tandis que je me penchai pour sortir mon crayon ainsi que ma feuille. Commençant à dessiner, je ne prêtai pas attention aux personnes assises à mes côtés. « Puis-je m’asseoir ? » Je relevai la tête pour la poser sur une jeune fille tout aussi perdue que moi. Je lui fis un maigre sourire avant de retirer mon sac. Retournant à mon dessin, un homme prit la parole. Grand, brun, yeux bleus d’un clair. Je déglutis avant de savoir ce qui allait se passer. J’étais perdue.

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Couchée sur le côté, je pleurai à chaudes larmes tandis que ma meilleure amie, Penelope me passait un linge sur le visage. J’avais fui le domicile familial après une crise avec ma mère. Elle ne supportait plus, on ne se supportait plus. « Ça va aller, ça va aller, me chuchota mon amie. » Mais je savais que non. J’avais perdu mon bébé et mon ventre était désormais un cimetière. Deux mois que j’avais rompu avec Marcello. Sous le coup de la colère, je suis allée le dénoncer mais les étudiants à l’université peuvent coucher avec leurs élèves. Je n’ai eu qu’une réputation de salope. Raison pour laquelle j’allais fuir le pays. Ne pas recommencer, ne plus tomber dans les travers. Mon téléphone vibra et je me relevai pour en regarder la personne appelante. Marcello. Deux mois sans nouvelles. Je décrochai pour rester silencieuse. « Salope ! » Ainsi donc tu ne sais dire que ça. Je raccrochai d’une traite pour me recoucher. Je partais le lendemain pour l’Angleterre. Une espagnole parlant à peine anglais dans une immense ville comme celle-ci. Je savais que j’allais me perdre. Mais dans quel sens ?

« Tu es trop belle pour être gentille. C’est pourquoi tu détruit tout ce que tu touches. »

→ Hello gorgeous ! Je t'offre un verre? Allez, allez, pas de chichis, assieds-toi, on va discuter un peu toi et moi. Déjà, j'ai une question essentielle. Vraiment, c'est primordial pour savoir si oui ou non on peut s'entendre. T'es plus team James ou team Severus? Oh merci pour le verre, querida. Alors, si je réfléchis assez bien, j’pense que je suis team Severus. Déjà parce que James est mort dès le début de la saga et qu’on a appris qu’à connaitre la partie détestable de ce mec. En plus Lily et Severus sont trop trop meugnons. Donc, je dois dire que j’suis pour le serpentard aux cheveux gras.

→ Okay love... Bon sinon, tout à fait sérieusement, ce serait quoi ton plus gros défaut? Et on est pas en entretien d'embauche, me dit pas que vraiment, tu aimes trop travailler. Je n’aime pas trop travailler. Justement. Je dirai que mon plus gros défaut serait d’être trop provocatrice. Vois-tu, je dois tout faire pour me faire remarquer même dans des funérailles, ce qui est gênant de se ramener en rose fuschia alors que Tata Lucia est dans la tombe. Mais enfin au moins, on ne risque pas de m’oublier.

→ Boooon, on s'emmerde un peu là non? Je reprendrai bien un petit blanc, tu veux quoi quoi? Tiens, c'est quoi ton alcool préféré? Ressers-moi du blanc et je suis très téquila ou rhum. J’adore les mojitos par exemple.

→ Still boooooored. Raconte moi un truc fou que t'as fait. Et je veux dire FOU, pas j'ai sauté dans la Tamise quand j'étais bourré(e) J’me suis mise à poil lors d’une soirée étudiante à Madrid pour finir par aller me promener dans la rue comme ça. Arrestation par les flics, garde à vue etc. Mais trois battements de cils et s’était réglé. Le pire : j’étais sobre.

→ On progresse là mon chou. Reprends un verre et raconte moi un secret maintenant ! Hum, mon secret ? Je n’en ai pas vraiment. Ah si, j’ai triché lors de mon examen final au lycée. Et je couche avec mon professeur d’analyse un genre hollywoodien depuis le début de l’année. Mais bon, faut voir mon prof !

→ Ouuuh, croustillant ! Pour digérer tout ça, je changerais bien la playlist, non? Tu aimerais voir qui en concert toi? J’ai vu AC/DC, Muse, Within Temptation mais j’dois dire que Lady Gaga doit envoyer du lourd, et du très lourd. Enfin en plus posé, j’dirai que j’suis allée voir Juanes. Il est pas mal. Mais je suis fan d’Imagine Dragons.

→ Sinon handsome, c'est quoi ton fantasme absolu? Tu peux tout me dire, rien ne me choque tu sais et si ça se trouve, je pourrais faire quelque chose pour toi... Enfin, je veux dire, je connais des gens quoi Le faire sur le bureau avec mon prof. Ce qui est déjà fait. Sinon, j’aimerai assez le faire contre un mur dans une ruelle avec un parfait inconnu. Je suis très ouverte d’esprit !

→ Petit cochon va ! Pendant qu'on est sur le sujet tiens, ton meilleur coup? Mon professeur de théâtre lorsque j’avais seize ans. J’ai un faible pour les hommes qui sont dans l’enseignement.

→ Houu, je vais avoir besoin de tequila pour avaler ça. No pun intented ! Pire gueule de bois, c'était après quoi? La mort de ma tante. On a fêté ça car elle nous laissait un énorme héritage. Fais gaffe, tu vas finir sur les rotules !

→ Haha pas mal ! Pour conclure, surprends moi. Raconte moi ce que tu veux. La moitié des réponses était vraie, la moitié était fausse. A toi de faire le tri, querida.