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 AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door.

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MessageSujet: AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door.   AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door. Icon_minitimeSam 14 Sep - 22:11


adam rochester w/ james franco
the characterthe person
→ habite à Londres.
→ âgé(e) de 29 ans.
→ né(e) le 12 décembre à Cumwhinton.
→ est animateur radio.
→ un t-shirt likes boys, likes girls ou bicurious ? Girls- they want to have fun.
→ est actuellement perpétuellement célibataire.
→ pseudo : morrow.
→ âge : 18 ans.
→ comment avez-vous connu le forum ? par partenariat.
→ code : Da Vinci.
→ crédits : ça viendra!
→ de quelle couleur sont les petits pois ? les petits pois de la mère michel sont partis à la pêche aux moules frites, donc la réponse est vert.


that is the question
Rêve ou réalité, toujours est-il que vous êtes chez le psy, allongé sur ce fameux divan, à faire le bilan de votre vie merdique ou parfaite, tout en sachant qu’un développement parfait n’existe pas que nous sommes tous au mieux normalo-névrotiques. Au cours de la séance votre psychiatre aborde différents sujets et c’est en essayant d’être vraiment honnête pour une fois que vous répondez à ces quelques questions, parce qu’après tout il a de jolis cheveux.

→ Dans la vie, on cherche toujours à atteindre un but, quelque chose de vraiment personnel, un idéal de vie, un rêve, quelque chose qui vous rendrait heureux finalement. Pour vous qu’est-ce que c’est ? Woah, vous allez droit au but vous ! Pas du genre à proposer un dernier verre mais direct faire sauter la boîte de latex, hein ? Bon, heureux. Qu'est-ce qui me rendrait heureux... 'ttendez, je n'ai pas l'air heureux ? Il y a quelque chose qui cloche ? Je couve un truc ? Genre, le rhume dépressif, ou peu importe comment vous appelez ça ? Non ? Bon... Alors, si je me considère plutôt comme heureux - pourquoi vous n'écrivez plus ? Notez-le. Il est heureux. Heu-reux. Vous ne le faites pas ? Bon bah d'accord. Oui oui, j'vais vous répondre, il n'y a pas le feu au lac. Vous avez un autre rendez-vous après, hein ? Même pas ? Alors un rencard ? Vous pouvez m'le dire, c'est bon, ça restera entre nous. C'est votre secrétaire ? Bon... D'accord... On gardera cette relation platonique et fade... Mais au prix où je vous paye... Oui, bon, j'y viens. Si je pouvais choisir ma vie idéale, je crois que je ne changerais pas grand chose. Ah si, peut-être que je prendrais bien l'émission de Robb. Enfin, son créneau d'horaire, plutôt, parce qu'entre nous, ce n'est pas franchement très vivifiant, son blabla sur le trafic et les breaking news politiques. Mais j'en ai un peu marre de bosser de nuit. Je me réveille toujours trop tard pour regarder Doctors sur la BBC et je ne peux même pas l'enregistrer parce qu'Abby enregistre déjà How I Met Your Mother sur Channel 4, 'voyez le problème ? Enfin, voilà. J'arrêterais de bosser de nuit, donc, mais seulement si je pouvais garder mon émission. J'y fais un peu ce que je veux, et puis, j'bosse avec des gars sympas, pour une fois. Sinon, je pense que je déménagerais. Je ne quitterais pas Londres, oh que non, ça a été tellement la galère d'y arriver !, mais j'aimerais bien un appart un peu plus grand. Peut-être bien dans un quartier un peu moins glauque, aussi, mais pas avec une ambiance de synagogue non plus... Que ça bouge un peu, mais pas trop, vous voyez ce que je veux dire. Ouais, j'aimerais bien un appart plus grand. Voire même une maison. Et puis, peut-être que j'aimerais rencontrer mes parents, enfin, mes géniteurs, vous savez. Juste pour savoir.

→ Et qu’est ce qui vous bloque en fin de compte ? Je me dis qu'ils devaient avoir une bonne raison de me faire adopter, au fond, alors pourquoi est-ce qu'ils voudraient me voir, aujourd'hui ? Je ne sais même pas qui ils sont, peut-être qu'ils n'existent même plus. Genre, imaginez le truc, en fait, j'suis l'enfant de deux entités mystérieuses qui se sont évaporés comme ça, en un claquement de doigt, et ça a donné, genre,  de la poussière de fée, ou bien, un truc qui... Quoi ? Avouez que ça expliquerait pas mal de trucs ! Hé, vous notez quoi là ? Hm... Ouais... C'est ça. Bon, passons. Ensuite... pour l'appart. Abby voudra jamais, j'suis sûr qu'elle irait se bétonner contre le mur du salon si je venais à lui proposer un autre endroit, elle y tient trop, à notre petit taudis. Quoi ? Woah, déménager sans elle ? Mais pourquoi je ferais ça ? ... bon, je continue alors... mais vous êtes vachement bizarre quand même. Qu'est-ce qui me restait ? Ah, oui, le boulot.  C'gros boulet de Robb a la langue tellement collée au cul du patron qu'il me faudrait un chalumeau pour l'en décoller, alors c'est pas demain la veille que j'vais pouvoir prendre un horaire dans la norme...

→ Je vois. Est-ce que vous avez des regrets ? Pas vraiment ? Comme tout le monde. Quelques uns.  Un ou deux...  Freddy te coupera en deux, trois, quatre, rentre chez toi, quatre à quatre... Freddy, les Griffes de la Nuit... ? Non ? Hmpf. C'est bon, pas la peine de l'écrire, j'vais vous les confier, mes regrets. Vous aimez drôlement le linge sale des autres, hein ? Bon. Déjà, si je remonte à ma petite enfance, je regrette amèrement d'avoir regardé Sacré Graal avec mon papa, j'ai eu peur les trois années suivantes de dormir dans la même pièce que Neige, ma lapine. Brrr. Killer Bunny. Sinon, je regrette aussi un peu de m'être autant laissé faire quand j'étais plus jeune. J'veux dire, je sais bien que je ne suis pas une armoire à glace et que mon regard le plus dangereux me donne juste un air de Dramatic Chipmunk, mais j'exige quand même un peu de respect, aujourd'hui. Tandis qu'à l'époque... Ouais, enfin, il y a quelques nez que j'aimerais bien aller casser si je me trouvais une DeLorean un de ces jours. Quoique je ne suis pas sûr que ça serait vraiment très classe d'aller venger le petit moi de l'époque en allant brutaliser les trois gamins d'un mètre vingt qui le martyrisent maintenant... Par contre, peut-être qu'à moi-même,  je me mettrais un bon coup de pied là où j'pense. Histoire que je bosse un peu plus à l'école. Pas que je regrette de ne pas être devenu médecin ou bien j'sais pas quelle connerie de métier de crâneur - genre, vous, c'est quoi, psychologue ? psychiatre ? Peu importe. Mais ça a été la croix et la bannière, toute ma scolarité, et je sais que mes parents ont été déçus, parce qu'ils savaient bien que j'en avais les capacités. Je n'en avais juste pas envie, je voulais juste faire de la musique, lire du Tolkien et élaborer les plans de la future tyrolienne qui relierait la chambre d'Abby à la mienne par-dessus nos jardins respectifs. Ah, en parlant de cette tyrolienne. Ça aussi, c'est un regret. Un sacré regret. On aurait vraiment dû la construire. Au lieu de ça, j'ai juste continué à tomber de sa chêneau un jour sur deux et m'casser le dos de plus en plus, ma croissance n'aidant pas. Tough life.


→ Qu’est-ce qui vous rends heureux dans votre vie aujourd’hui. Une personne, une passion ? Je ne suis pas difficile à rendre heureux. Je suis heureux depuis toujours. Même quand je suis triste, je vois du bon ailleurs et ça ne dure de toute manière pas. Abby me rend heureux. Mes amis me rendent heureux. Mon job, la musique, les stands de bouffe à Camden Town me rendent heureux. Londres, Pippa Middleton, les sitcoms américaines, les chats, les caleçons American Apparel, le thé à la menthe, les fraises, la peinture à doigts... Ouais, non, je suis comme Willy Wonka dans sa chocolaterie. Tout me va.

→ Et est-ce que vous vous sentez seul parfois ? Me sentir seul... Ah, jackpot, Mister Moleskin. Je n'aime pas être seul. Allez pas y chercher un traumatisme, c'est juste que, vous voyez, j'aime bien parler... Hé, souriez pas, j'suis sérieux ! Bref, je n'aime pas me retrouver rien qu'avec moi-même. Bien sûr, ça m'arrive, mais je m'ennuie vite et je tourne en rond. En ce moment, d'ailleurs, avec Abby qui n'est plus là... L'appart, il est vachement vite. Et puis bon, y ramener quelqu'un, ce n'est pas vraiment la même chose. Et même, j'dois avoir une sorte de mauvaise aura autour de moi, du genre qui rend les gens un peu réservé avec moi. J'crois que je ne suis pas sur la même longueur d'ondes que les autres, en général. Alors ouais, je me sens seul, parfois, en ce moment, souvent, mais je... Enfin... Vous voyez ce que je veux dire, hein...

→ Rien d’anormal je vous rassure, mais dîtes moi, qu’est ce que vous attendez des autres, qu’ils vous aiment, qu’ils vous comprennent ou qu’ils vous respectent ? Ben... Qu'ils me comprennent, ça risque d'être un peu trop demandé, j'suppose. 'Paraît que je suis compliqué, la tronche noircie de votre calepin ne va pas me faire changer d'avis d'ailleurs. Qu'ils m'aiment... J'suis pas une attention whore, mais je ne crois pas que je suis un mauvais garçon non plus, et puis moi j'aime tout le monde, alors pourquoi pas. Disons que je me contenterai d'un peu de respect, pour commencer. Pour la suite, je les aurai à l'usure.

→ Et qu’est ce que vous attendez de vous même ? Wah, c'est Freud qui vous possède ou bien ? Je ne sais pas. Divertir mes auditeurs ? La vache, j'ai l'impression d'être en entretien d'embauche. Non, j'sais pas, vraiment. J'aime bien ma vie, j'espère donc que je vais pas foirer un de ces jours, en oubliant de regarder des deux côtés de la routes avant de traverser et de me faire faucher par un taxi. Enfin... Il y a peut-être bien un truc. Peut-être qu'il faudrait que je sorte un peu de ma bulle. Je crois que je suis un peu... hermétique à la réalité. Genre, je ne m'attendais pas à retrouver ma meilleure amie en arrêt cardiaque dans la salle de bains... Mais... Erf, ça plombe un peu l'ambiance.

→ Et peut être que vous vous en demandez trop. Qu’en pense votre entourage ? Ben... J'ai assez entendu que je suis trop tête en l'air, maladroit, naïf et j'en passe pour supposer qu'ils seraient d'accord. Ils ne sont pas vraiment au courant, je crois.

→ Est ce que vous sentez soutenu dans vos choix par votre famille et vos amis ? J'vais pas dire que je me suis fait renié par mes parents quand j'ai pris la première grande décision de ma vie, en quittant Cumwhinton pour Londres, quand j'avais 18 ans, mais presque. Sinon, outre ce point, j'pense que je suis plutôt bien loti. Peut-être qu'on ne me soutient pas au sens propre du terme, mais, en tout cas, on me laisse me casser les dents sur des projets stupides sans opposer la moindre critique, et il y a toujours quelqu'un pour m'aider à me relever et nettoyer les pots cassés. Alors, je pense que la réponse est oui, Chef.

→ Bien, nous continuerons la semaine prochaine si vous voulez bien, n’hésitez pas à m’appeler si vous avez un souci d’horaire.


Dernière édition par Adam Rochester le Dim 15 Sep - 21:21, édité 13 fois
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MessageSujet: Re: AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door.   AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door. Icon_minitimeSam 14 Sep - 22:11

That awkward moment when you realize your whole life is just one big awkward moment.



that awkward moment when you find out
you're adopted.


Le grand désavantage d'être né dans un petit village comme Cumwhinton, outre le fait que la vie y est ennuyante, étouffante, angoissante, lassante, barbante, rasante et pénible, c'est que les jeunes s'y font rares, et lorsqu'on en a assez pour en faire frissonner d'excitation la moustache de la vieille institutrice qui se bat toutes griffes dehors pour garder l'école du village ouverte, et bien, on prend tous ces pauvres gamins et on les mets dans une seule et même classe, tous âges et niveaux confondus. Si j'avais pu trouvé ça plutôt intéressant, au début, en songeant que, pour une fois, j'pourrais bien être dans les plus grands de la classe, et ça, ce n'était pas un point négligeable du haut de mes 13 ans pas si haut que ça, justement, j'avais bien vite déchanté quand j'avais vu le nom de mon albinos de frangin en dessous du mien, sur la liste de l'école. Évidemment. Me laisser tranquille, rien qu'une année, la dernière où je pouvais être scolarisé à Cumwhinton et où je n'aurais pas à me lever beaucoup, beaucoup, beaucoup trop tôt juste pour aller me rendormir dans une salle de classe à trente kilomètres de là, c'était trop demandé. Nooon. Il fallait qu'il redouble, encore une fois. Balayant la dernière trace, infime, fragile d'espoir qu'il m'était resté, à force de le voir, lui, redoubler ses classes et moi, innocemment, monter dans les miennes. C'était inévitable, au final, et puis, je ne crois même pas que voir mon sportif de frère de 15 ans et demi dans la même classe que des gamins de 7 ans et un mètre vingt allait vraiment détonner. Peut-être qu'il ne prendrait pas excessivement de retard sur ses camarades, au moins. Par contre, ce dont j'étais certain, c'était que j'allais devoir m'asseoir à côté de sa Royale Personne durant la totalité de l'année scolaire, je devrais même bosser un peu pour que Blanche Neige puisse copier sur moi et aussi me trouver une de ces chouettes toques de portier, vous savez, un tambourin de groom, parce qu'après tout, je ne me faisais pas d'illusion ; je serais le sherpa de Ryan et son sac de cours bien plus rempli que sa tête ne le sera jamais.

Ça, ça allait encore… même si, de toute manière, si cela m'avait dérangé, je n'aurais rien dit, bon petit frère que je suis ; non, le vrai problème s'est posé au premier cours de sciences, à l'annonce du programme du l'année et tout particulièrement des quelques thèmes que nous allions traiter en biologie. En plus d'être une branche qui m'hérissait, j'avais eu l'immense bonheur de lire les mots "sang", "analyse" et "expérience". Ma hantise du sang, couplée à l'évidence que mon binôme ne pourrait être que mon frère, m'avaient tenu éveillé quelques nuits précédant la date prévue… Et nous y voilà. Etonnament, l'aiguille n'avait pas traversé mon doigt au moment où j'avais laissé Ryan piquer mon doigt, mon appréhension et ma frousse me faisant oublier tous les principes simples de survie qui me hurlaient pourtant de ne pas le laisser m'approcher avec le moindre objet pointu, lui et ses mains de bourrin. Mieux encore, je n'avais pratiquement rien senti et les larmes qui perlaient déjà à mes yeux fermés de toutes mes forces n'avaient pas eu le temps de s'écouler qu'elles avaient déjà disparu. Je me suis presque laissé croire que j'avais une image vraiment trop mauvaise de mon aîné, même si je n'en laissais rien paraître, j'avais posé un regard presque affectif sur lui pendant qu'il grattait sa tignasse blonde pour ensuite rigoler en voyant les pellicules blanches qui restaient crochées sous ses ongles, en attendant la suite de l'explication de Mme Perkins, notre institutrice, qui, pour l'occasion, avait revetu une blouse d'un blanc presque aussi vieux qu'elle. « AÏE ! » Enfin, ça, c'était avant que Ryan retrouve un intérêt pour l'aiguille posée là et mon avant-bras naïvement laissé à découvert.  « Les Rochester ! VOUS N'ALLEZ PAS RECOMMENCER VOS BÊTISES !  » Je ne prends pas la peine de protester, préférant appuyer ma main sur la minuscule goutte de sang que j'ai vu apparaître sur mon bras et qui a suffi à me faire perdre toutes les couleurs qui pouvaient égayer mon visage jusque là. Je doute que je l'aurais fait, de toute manière, même dans des circonstances moins angoissantes pour moi ; me faire mettre dans le même panier que mon frère était depuis bien longtemps une chose contre laquelle je savais que je ne pouvais lutter, liens du sang obligent… L'ironie. « Tenez, lisez la suite de la marche à suivre au lieu de faire les imbéciles !  » Je prends la feuille que nous tend Perkins, un air de chien battu sur les traits pour contrer son regard de bouledogue agacé, avant de plonger mon nez dans les explications... prenant le soin de faire disparaître, discrètement, tout ce que mon frère pourrait bien avoir l'idée de me planter dans la chair de notre table.

« Bien, vous avez tous terminés ? Bon, alors, on va commencer par vous deux. Oh, vos deux parents ont le groupe sanguin O ? Vous n'avez donc pas trop du vous fouler pour faire cet exercice, pour changer.  Tous les deux O, c'est logique. » Logique... C'est un bien grand mot. « Ben... Non. » « Comment ça, non ? Deux parents O ne peuvent avoir que des enfants O, Adam. » « Mais... ça dit que j'suis AB. » Voyant déjà sa narine commencer à frémir face à l'affront que je lui fais en la contredisant, je m'empresse de pousser vers elle la plaquette qui me donnera raison et lui donnera tort. Enfin... qui aurait du. Elle blêmit, vite, trop vite, vérifie les résultats de mon frère micephallé, jette un oeil paniqué au questionnaire qu'on a du faire remplir à nos parents. Je sens les regards qui se posent un à un sur moi et ne sais quoi faire lorsque je les croise ou que j'entends les murmures gagner en intensité dans la salle de classe. Heureusement, Madame Perkins vient me sauver de cet instant gênant rapidement, en se redressant, un peu fébrile, et en laissant sa voix s'élever avec bien trop de douceur pour que ça ne surprenne pas tout le monde.  « Les enfants, on va en rester là pour aujourd'hui, vous pouvez aller en pause. » Après tout, elle me le devait bien; même si je la regarde encore en toute naïveté, à cet instant-là, elle vient quand même de foutre royalement ma vie en l'air.


That awkward moment when someone says,
“You two should date!”


« Dis donc Adam, tu pourrais te lever un peu plus vite quand même, tu vas de nouveau- oh. Bonjour, Abigail... »  « Bonjour, madame Rochester ! » Silence de plomb. Je n'y fais pas attention, l'esprit encore aussi ébouriffé que mes cheveux le sont, je me contente d'aller chercher un bol et une tasse à rajouter à la table familiale pour mon amie. « Cannelle ou miel, tes cornflakes ? » « Les deux. » Armé des deux paquets de céréales que j'avais déjà attrapés avant même qu'elle ne me réponde, je vais m'asseoir à côté de mon amie occupée à remplir mon verre de jus d'orange. « Tu crois que Ben aura vraiment des billets pour Oasis ? » « J'sais pas. Demande lui en anglais. » « Oh meeerde, l'anglais ! J'reviens, j'vais chercher mes bouquins !  » La voilà déjà qui lâche sa cuillère, m'éclabousse au passage et file vers la porte d'entrée dans son pyjama fleuri et troué. « Oh, pardon M'sieur Rochester... » La porte claque derrière elle, ma mère sursaute, mon père bousculé retrouve avec peine son équilibre et moi, je suis bien trop absorbé à dévorer mon petit-déjeuner avant que le lait n'ait le temps de me faire l'odieux affront de trop ramollir mes cornflakes pour remarquer quoi que ce soit. « Salut, 'pa. Dis, maman, tu pourras nous conduire à Newcastle upon Tyne si on arrive à avoir des places pour le concert, samedi ? » Toujours ce silence, pesant, insistant, inaperçu quelques secondes plus tôt et désormais tellement frappant. Je lève un regard circonspect de mon bol, listant mentalement les conneries que j'ai pu faire ces derniers jours et évaluant la probabilité pour chacune d'être arrivée jusqu'aux oreilles de ma mère, s'enfonçant dans un mutisme pour mieux exploser ensuite. « Maman ? Ça ne va pas ? » Sa lèvre ne tremble pas, ses joues ne rougissent pas, son regard ne se vide pas. J'ai mes chances d'échapper à la scalpation, du moins, je crois. Pas de réaction, je tourne la tête vers mon père, habituellement salutaire. Là, je ne fais que heurter un nouvel air qui n'a rien à faire sur son visage. Celui-là, je le connais. Souriant, malicieux, lourd de sous-entendu. Oh oui, je le connais, cet air-là, depuis qu'il est monté dans ma chambre pour avoir cette petite discussion en père et fils, la veille de mes quinze ans, une banane et un préservatif dans les mains. Seulement, il n'y a aucune raison qu'il resurgisse maintenant. « Mais... Qu'est-ce que vous avez à me regarder comme ça ? Vous allez m'annoncer que j'ai été adopté ? » Je dis ça, un sourire railleur aux lèvres, pas méchant, juste aiguisé. Jouer l'ironie, parce qu'après tout, j'ai 16 ans, et même si je suis le bon p'tit gars des Rochester, j'ai aussi le droit de me montrer un peu arrogant quand je perds mes moyens face à deux paires d'yeux trop insistantes. Et puis, mon adoption à deux mois découverte sur le tard, ça me donnait quand même des arguments en béton. « Abigail... Abigail a dormi ici ? » J'hausse un sourcil. Le ton est hésitant, la voix chevrotante. Je jurerais la voir chercher son souffle. « Ben... oui. » Si sa lèvre avait frémi, j'aurais répondu autre chose. Détourné la question. Banalisé les faits. J'aurais même été content de voir cet abruti de Ryan qui dévale maintenant les escaliers comme le bourrin qu'il est encore. Mais là, je vais droit au but. Parce que je ne comprends pas son désarroi, encore moins la mimique de mon père qui ne fait que s'enflammer un peu plus. « On a fini notre exposé hier soir et... et comme il pleuvait, ben, elle est restée là. » Oui, parce que, quand même, parcourir les vingt mètres qui séparent son perron du mien sans parapluie, c'est dur.

Mon excuse est totalement bidon, je le sais bien, mais je n'y peux rien. Je m'emmêle les pinceaux, avec ces deux regards rivés sur ma pauvre personne mal réveillée - enfin, trois, maintenant, mais celui de mon frère est trop bovin pour être compté dans l'équation. « Qu'est-ce qui vous prend à la fin ? Elle vient tout le temps dormir à la maison ! Pratiquement depuis que j'suis né, enfin - depuis que vous m'avez trouvé dans une friperie ! » Voilà, point de cassure, je perds définitivement tout moyen toute mesure, toute retenue, j'enchaîne pic d'agacement, révélations peut-être un peu trop franches pour des parents qui voudraient bien que je bosse un peu plus et traîne un peu moins et trait d'humour noir. Le combo n'est pas très joli à voir, mais au moins, il est efficace ; ma mère retrouve sa langue. « Oui mais... Sur le clic-clac et... Je viens de la prêter à ma cousine... Où est-ce qu'elle a dormi ? » L'interrogatoire pourrait repartir de plus belle, mais je comprends. Je vois où elle veut en venir. Evidemment. Le regard de mon père aussi prend tout son sens. L'angoisse, la panique me quittent enfin, mais au lieu de pouvoir respirer, j'ai juste envie de creuser un trou, là, dans le sol de la cuisine, avec la tête de pioche de l'Albinos qui s'assied face à moi jubilant du spectacle, et m'y fourrer pour les deux ou trois prochains hivers. Pas ça, pas ça. Et pourtant, je réponds, coincé. « Avec moi. » Ce n'était pas ambigü. Ce n'était pas surprenant. Ce n'était pas inédit. Ils avaient été les premiers à nous mettre dans le même lit, à l'époque un berceau, pour ensuite mieux aller vider avec ses parents à elle les bouteilles de scotch passées en douce la frontière écossaise. Il n'y avait rien, rien, pas anguille sous roche, de caillou sous le matelas, de cadavre dans le placard. C'était juste Abby et moi, les deux mêmes amis qu'il y a deux, cinq, dix ans, qui trouve ça plus sympa de veiller tard et partager une couverture que de se coucher tôt et se contenter de peluches. Mais ça, eux, ils ne le comprenaient pas. Ma mère fait mine d'avoir subitement oublié quelque chose ailleurs, filant hors de la cuisine, largement trahie par le long blanc qui a précédé sa tentative d'échappée discrète. Un regard pesant en moins ; je ne me réjouis pas, parce que je sais déjà ce qui m'attend. « Alors ? C'était bien ? » Non, papa, tais-toi, ravale ce sourire, chasse ces idées, garde tes sous-entendus et regards aussi complices que libidineux pour Ryan, il en raffole, lui. D'ailleurs, lui. J'ai replongé mon nez dans mes céréales, bien décidé à fermer les écoutilles jusqu'à ce que mon paternel se lasse et arrête de me quémander les détails de l'acte totalement absurde qu'il imagine avoir animé ma nuit, mais je le redresse subitement, entendant mon frère intervenir, et pas avec un rire gras ou mauvais. Et ça, messieurs dames, ÇA, c'est du scoop. « Mais enfin, laissez-le tranquille ! C'est évident qu'il ne s'est rien passé ! » J'hausse un sourcil, sens un sourire chatouiller le coin de mes lèvres. Le Micéphallé, l'Albinos, la Tête de Pioche me comprenait ? Enfin quelqu'un de ma famille admettait que rien, rien n'avait changé entre Abby et moi entre l'époque où on jouait ensemble aux pirates au jardin d'enfant et aujourd'hui, peu importent la croissance, les hormones, les phéromones ? « Si elle avait eu du poil au torse et au menton et deux-trois octaves en moins, j'dis pas, mais là... » Ah. Bah non. Ryan restera Ryan. « J'suis de retour ! » Pas pour longtemps. Elle n'a pas eu le temps de claquer la porte, comme d'habitude, que je me suis déjà levé et que j'ai filé loin de mes céréales, de la table, de la cuisine et de ces imbéciles testostéronés pour agripper le poignet de ma meilleure amie et de l'entraîner dehors. « Viens, on va être en retard. » « Quoi ? Mais... T'es en pyjama, Adam! » Oh. Touché. Je ralentis le pas, déjà sur le perron... Et la voilà de ma mère, que j'entends par dessus mon épaule, balaie toute envie d'aller enfiler un jean et un t-shirt propre. « En tout cas, je suis contente que vous sortiez enfin ensemble ! »  « NON MAIS MERDE À LA FIN ! »


That awkward moment when you realize one day you have to finish school and live a real life in the real world.


« Liverpool.
- Leeds.
- Glasgow ?
- NEW YORK !
- Abby, c'est une deux chevaux, pas un jet-ski. »


Ton sarcastique, yeux qui roulent au ciel, je lâche un soupir bruyant. Me prend un coup d'oreiller en pleine tête.

« Bah, vu ce que tu comptes amener avec toi, j'suis pas sûre qu'une deux chevaux suffira, loin de là, alors bon.
- Genre !
- Oui, genre. Tu crois vraiment que c'est nécessaire d'emmener tes deux guitares ? Juste une, ça serait bien.
- Non mais ça va pas ?! »


Ton outré, cette fois-ci, pour de vrai. Son rire s'élève, léger, et elle se redresse du tapis sur lequel nous sommes allongés, les yeux rivés sur la carte du monde placardé au-dessus de nous.

« C'est bon, j'rigole. Je sacrifierai une partie de ma garde-robe et on pourra les emmener. Toutes les deux.
- J'espère bien.
- Amsterdam ?
- Bof. »


Ton las, presque aussi las qu'un jour de cours - mais ça, c'est fini. Plus de cours. Jamais, jamais jamaisjamaisjamais. On a eu notre diplôme. Tous les deux. Hier soir. Et si d'autres cuvent leur gueule de bois, nous, on finit nos cartons. Elle se laisse retomber en arrière, je tourne la tête vers elle et croise son regard.

« Ouais, bof.
- Bon, ben on est d'accord, alors.
- Rien n'est mieux que Londres.
- Et c'est une décision purement, longuement réfléchie.
- On est d'accord.  »


Ton déterminé. On acquiesce, tous les deux, comme si cela avait vraiment de l'importance. On n'avait jamais eu besoin d'y réfléchir. On le savait, sûrement depuis toujours. On irait à Londres, on prendrait un appartement, on effacerait la morosité ambiante de Cumwhinton et on se plongerait dans les entrailles de la capitale. Notre place était là-bas, c'était évident. À faire quoi,  ça, c'était encore une autre question, mais, à 18 ans, on prend les choses une à la fois. Non, on n'avait pas besoin de réfléchir à notre destination. Ces vingt dernières minutes, elles étaient plutôt là pour nous donner du courage. Correction, pour me donner du courage. Mes parents sont en bas, j'entends encore les geignements de ma mère à travers le plancher. Les siens, ils s'en fichent. Du moins, ils ne s'interposent pas. Ils lui laissent même la voiture de son grand-père. Les miens... Oh, malheur. Un Rochester quitte le comté de Cumbrie pour Londres. Je suis sur le point de les déshonorer. Pire encore, ce n'est même pas pour aller y étudier. Non, je n'étudiera pas, je n'étudierai plus jamais jamais jamais. J'y vais pour - ouais, enfin, on verra. Mais j'y vais. C'est décidé.

« Bon ben... j'retourne les voir avant que ma mère ne se soit desséchée complètement. »

Ton mélancolique. J'étais content de partir, pas de les laisser. Mais il fallait bien que ça se fasse. Et comme Ryan a encore redoublé, ils n'auront pas à craindre un nid soudain vide. Trois jours plus tard, ma blonde famille apparaît dans le rétroviseur de la deux chevaux qui, en effet, a de la peine de contenir ce qu'on a décidé d'emporter de nos vies. Mais elle le fait, elle supporte tout, nos valises, nos cartons, notre réserve de nourriture et nos plantes vertes. Notre avenir commence et notre coffre tient - enfin, il a tenu jusqu'à la sortie d'autoroute vers York, mais ça, c'est une autre histoire.

That awkward moment when you work for peanuts and fucking love it.

« You're listening to The Arrow, it's 4am but Roy Tennant, Adam Rochester and Ben Dashwood are going to keep all London awake !

- Non mais vous m'ferez pas lâcher le morceau, Walden qui quitte Babyshambles, c'est quand même un... Tutu, tutu tutuuu ... merde.
- Oh la ! C'est le drame !
- Rochester faute lourdement, l'animateur ne laisse pas son téléphone au vestiaire… Pire encore, il laisse la sonnerie !
- Voilà une erreur grave, mon cher Ben… Il s'enfonce !  il répond et il s'enfuit du terrain…
- En même temps, à cette heure-ci, ça pourrait être grave.
- Son chien est peut-être mort ?    
- Son appart a pris feu ?
- Sa mère est tombée de son lit ?
- Ca, ça pourrait être ennuyant, trouver une grue, à cette heure-ci …
- Ah non Ben ! On avait promis qu'on ne se prendrait plus au surpoids de Mme Trois-plateaux-de-petits-fours-pour-la-fête-de-Noël !
- C'est vrai, pardon. Zephyr453 et son tweet fraîchement arrivé vont m'aider à me repentir; elle nous dit que c'est peut-être sa copine… Hashtag gettingdumped.
- Une copine ? Hashtag just kidding, ouais !
- Celle-là, je ne peux que te l'accorder, Tennant.  C'est quand la dernière fois qu'on l'a vu avec une fille ?
- Autre que celle qui l'a friendzoné jusqu'à la moelle, là ? J'dirais que ça remonte à l'after du concert de Johnny Panic, le mois dernier.
- Ah oui, la blonde sur qui il a renversé la fournée de Tequila qui patientait sur le bar !
- Exactement. Elle n'avait pas trop apprécié…
- N'empêche qu'il a du faire péter tous ses records, ce soir-là. Une heure trente avec une fille ! D'une traite, bam ! J'm'étais presque laissé penser que cette fois-ci, on tenait la bonne.
- La même pour moi.  Puis Rob Solly avait trouvé ça tellement cool, la douche à la Tequila, qu'il est reparti avec la fille.
- Et Adam avec une belle trace de main carmin sur la joue… Allez, on fait un geste pour notre pote ?
- Allez !
- Chères auditrices…
- Et auditeurs.
- Hm, ouais, tiens. On ne va pas commencer à se montrer sélectifs, c'est déjà suffisament ardu comme ça. Chères auditrices, chers auditeurs, aussi peu nombreux puissiez-vous être…
- Si vous êtes célibataires ou si vous avez envie de faire votre BA de l'année…
- Que vous cherchez un hybride râté de James Dean  et Adam Ant…
- Ouais enfin, râté de râté, l'hybride.
- Qui bosse toutes les nuits…
- Et pour un salaire de misère.
- Ca, j'confirme - merci, les patrons.
- Que vous ne craignez pas de voir vos vêtements déteindrent parce qu'il vous aura renversé dessus le verre qu'il comptait vous offrir…
- Ou qu'il vous aura renversé vous, tout court, dans la Tamise, parce qu'il ne sait pas aligner deux pas sans trébucher...
- Appelez Adam Rochester directement sur son portable - ah, le voilà qui raccroche, d'ailleurs.
- Son numéro est le suivant : 7414-445-…
- BEN ! Je… Il est grand temps de, de poursuivre notre top 10 des chansons des Clash avec Should I Stay or Should I Go, quatrième place, et on s'retrouve juste après pour encore plus d'actus de la scène rock britannique. Vous écoutez The Arrow, à tout de suite ! Putaain les gars vous êtes vraiment une bande de-

Darling, you gotta let me know. Should I stay or should I go ? »




That awkward moment when someone acts like they know your best friend better than you do.


« Votre colocataire n'a pas l'air très en forme, ces temps-ci, non ? »

Cette phrase résonnait dans ma tête. Encore, encore et encore. Elle avait pris le rythme des sirènes de l'ambulance. Elle n'a pas l'air très en forme. D'abord, je n'avais pas compris. J'avais haussé un sourcil, lâché un sourire poli et j'avais filé hors du couloir sans donner son reste à la concierge. Et puis, j'avais trouvé ça un peu pénible. Cette vieille chouette se mêlait de tout et n'importe quoi, tuerait père et mère pour dégoter un potin en or, la rumeur crade qui tourne en ce moment, les détails sordides d'une histoire qui ne la regarde pas. L'entendre évoquer Abby ne me plaisait pas. Qu'elle se trouve une proie ailleurs ! Il y avait assez de cas intéressants dans notre rue, voire même dans notre immeuble. Nous, on ne faisait de mal à personne. On ne s'occupait pas de leurs affaires, et les nôtres allaient très bien. Abby allait très bien. Elle allait toujours bien.

Mais le soir même, j'ai compris que j'aurais du l'écouter, remonter les escaliers quatre à quatre, laisser tomber mon rencard arrangé pour que Ben ne se retrouve pas en tête à tête avec une nouvelle sombre inconnue et juste aller la serrer fort, fort, et lui dire que tout allait bien. Au lieu de ça, j'ai pris les paroles de la concierge à la légère, parce qu'après, c'est moi qui la connaissais par coeur, ma colocataire - et bien plus que ça. J'ai pris sa question de haut, j'ai quitté l'immeuble, j'ai vu passer mon bus, j'ai manqué de me faire renverser par un taxi en voulant le rattraper, j'ai grimpé dans le dit taxi et j'ai filé direction Soho. Trois heures, j'ai tenu trois heures à rire aux blagues vaseuses d'un Ben déjà trop alcoolisé, histoire que sa proie du soir voit à quel point il était hi-la-rant, à me montrer malgré tout gentil avec la copine de la proie qui n'a fait que me snober du début à la fin, et puis j'ai profité que Ben aie sa langue au fond du gosier de sa rouquine et que l'autre ait les yeux rivés sur son téléphone pour m'éclipser. Un passage chez le chinois, au coin de la rue, j'ai décidé de rentrer à pied parce que, après tout, j'avais le temps, et puis, puisque j'avais le temps, j'ai enchaîné deux cigarettes encore avant de finalement franchir la porte de notre immeuble. J'ai monté les marches, tranquillement, puisque j'avais le temps, j'ai cherché mes clés sans empressement, puisque j'avais le temps. Et puis, je suis allé posé les plats chinois à la cuisine, j'ai appelé Abby, ne me suis pas inquiété de ne pas l'entendre me répondre, puisque j'avais le temps. J'ai mis les plats à réchauffer dans le micro-ondes, j'en ai profité pour enfin en régler l'horloge, j'ai pris une canette de soda dans le frigo, j'ai de nouveau appelé Abby, j'ai lu la carte postale posée sur le plan de travail, j'ai nettoyé la tâche de soda que j'ai fait par terre, j'ai nourri le chat, j'ai appelé Abby. Et toujours pas de réponse.  Certain qu'elle est là, je pars à sa recherche, le regard circonspect mais pas trop, je la connais, elle est sûrement en train d'écouter de la musique plein pot dans son casque ou alors, au contraire, à méditer, bouchons dans les oreilles et bandeaux sur les yeux.

Oui, je la connaissais, mais jamais encore je ne l'avais vue allongée à même le sol de notre salle de bains, les traits froissés, le teint livide, jamais encore je n'avais pas réussi à la réveiller, jamais encore je n'avais posé ma main sur sa joue à la fois moite et pas assez chaude, jamais encore je n'avais rien senti en posant ma main sur son cou, sa poitrine, terriblement immobile.

« Votre colocataire n'a pas l'air très en forme, ces temps-ci, non ? »

Cette phrase résonnait dans ma tête. Jamais encore je n'avais pu imaginer qu'Abby viderait une boîte de somnifères, l'arroserait de whisky, et ça, sous juste sous mes yeux. Aveugles.


That awkward moment when you say "hey" to someone, and they go offline.


Dix-neuf heures une, dix-neuf heures deux. Toujours rien. Dix-neuf heures trois, je m'impatiente, dix-neuf heures quatre, je m'inquiète. Dix-neuf heures quarante, ma nuque commence à me faire mal, la tête penchée vers mon portable, mais je m'obstine. Elle a accès à son téléphone entre 19 heures et 20 heures, je le sais, son frère me l'a dit. À demi mots, comme s'il cachait un vilain secret, comme si je le contraignais, comme s'il bravait un interdit, mais il me l'a dit. Je le sais de lui. Lui, et pas elle. Elle ne m'en a pas informé. En fait, elle ne m'a informé de rien. Elle ne m'a pas prévenu qu'elle pouvait contacter ses proches chaque soir, elle ne m'a pas prévenu qu'elle participait à une thérapie de groupe, elle ne m'a pas prévenu qu'elle était dans une maison de repos à quelques dizaines de kilomètres du centre de Londres, elle ne m'a pas prévenu qu'elle était sortie des soins intensifs.

Elle ne m'a pas prévenu qu'elle voulait mourir.

Dix-neuf heures cinquante-cinq, son prénom apparaît enfin, en vert, en haut de mon écran. Abby. Il ne lui reste que cinq minutes, il ne nous reste que cinq minutes mais j'ai l'impression, après tout ce temps, d'avoir une petite éternité au bout des doigts.

Un mois. Un mois que je n'ai pas de nouvelles. Je l'ai vue partir sur un brancard derrière deux portes battantes, entourée de blouses blanches qui beuglaient l'une sur l'autre à l'aide et au défibrillateur, il y a deux mois de ça, et depuis, plus rien. Le néant. Je suis navré, seuls ses proches sont autorisés à lui rendre visite. Ses proches. J'ai grandi avec elle, j'ai joué avec elle, j'ai construit des cabanes avec elle, j'ai dormi, campé, veillé, mangé, rigolé, pleuré, dansé, étudié, bu, fêté, parlé, cuisiné, fumé, déménagé, emménagé, voyagé avec elle, mais je ne suis pas un proche. Pas un membre de sa famille. Je suis juste un ami. Une connaissance, un peu plus poussée. Un pion. Un nom, parmi tant d'autres. Si j'avais été un de ces cons qu'elle avait pris l'habitude de mettre dans son lit pour que je puisse mieux la ramasser à la petite cuillère le lendemain, surlendemain, la semaine suivante, j'aurais pu la voir. J'aurais été un proche. Mais je ne l'étais pas. Les informations m'étaient parvenues au compte goutte. Un mot par-ci, un sourire par-là, mais surtout beaucoup de regards dérobés et de silhouettes qui filent dans les couloirs bien vite. Beaucoup trop. Son frère, ses parents. Il y a un mois encore, j'étais l'un d'entre eux. J'étais le meilleur ami, le confident, la moitié d'une entité, la moitié d'Abby et Adam, ceux qui vivaient ensemble, tombaient malades ensemble, allaient à des mariages ensemble, lavaient leur linge ensemble, commandaient de la bouffe chinoise ensemble fêtaient Noël ensemble. Et aujourd'hui, je n'étais plus rien. Plus personne. Juste un type, qu'on salue du bout des lèvres, qu'on évite comme s'il portait la marque du diable pile au milieu de son front, la lèpre, la mort. Juste un type qui a passé plus de temps, ces dernières semaines, assis dans une des chaises inconfortables d'un couloir d'hôpital qu'à travailler, dormir, manger, les trois réunis.

Mais je ne leur en veux pas. Je ne lui en veux pas, à elle, non plus. Je me fiche d'avoir été relégué au dernier plan alors que j'aurais du être au premier, je me fiche de connaître les raisons qui ont décrédibilisé tout ce que je suis censé représenter pour elle. Je ne veux même pas savoir pourquoi elle a avalé cette boîte de somnifères, enfin si, j'en crève d'envie, mais son silence me fait crever encore plus, alors, elle peut me parler météo, poils incarnés, vidéos de chats, je m'en fiche. Je veux juste qu'elle me parle. Un smiley, un assemblage de lettres qui ne signifient rien, même juste un point, un trait, un symbole - tout ce que je veux, c'est un signe de vie. Mes messages sont restés sans réponse. À sens unique, seuls. Désespérés, drôles, tristes, froids, chaleureux, écrits à la va-vite ou mûrement réfléchis, courts, longs, profonds, inutiles, j'ai parcouru tous les styles que je pouvais trouver et leur seul point commun a été d'être ignorés. Savamment. Mais il était dix-neuf heures cinquante-cinq, Abby venait de se connecter sur sa messagerie instantanée, et je la savais donc là, son téléphone en main, sûrement les cheveux devant les yeux, son sourire au coin des lèvres. Je la voyais connectée, une annotation apparaîtrait, en direct, en dessous du message que je lui enverrai, comme quoi elle l'a bien lu. J'avais cinq minutes devant moi pour rattraper tout ça, ce bordel, ce sac de noeuds, et l'écouter parler de sa nouvelle lubie pour le Nyancat. Cinq minutes, une éternité, un privilège, une exception, dont je n'allais pas perdre une seconde de plus.

    - hey !

Simple, concis et pourtant tellement chargé d'émotion.

Dernier message lu à 19h56.
Abby est en train d'écrire...
Abby est en train d'écrire...

Dernier message lu à 19h56.
Abby est hors ligne.


Dernière édition par Adam Rochester le Jeu 19 Sep - 1:22, édité 28 fois
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MessageSujet: Re: AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door.   AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door. Icon_minitimeSam 14 Sep - 22:23

bienvenuuuuuuue officiellement sur ttr ! AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door. 6486 bon courage pour ta fiche ! AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door. 907793 AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door. 424623794 AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door. 424623794
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MessageSujet: Re: AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door.   AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door. Icon_minitimeSam 14 Sep - 22:24

Bienvenue sur TTR !!
Bon choix pour James en tout cas,
et n'hésite pas à nous poser (à nouveau ;D) la moindre question,
et même de passer sur la chatbox !!
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MessageSujet: Re: AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door.   AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door. Icon_minitimeSam 14 Sep - 23:35

merci AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door. 907793 AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door. 1218658480 
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MessageSujet: Re: AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door.   AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door. Icon_minitimeDim 15 Sep - 0:47

Bienvenue parmi nous AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door. 3319906367. Bon courage pour ta fiche AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door. 6486
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MessageSujet: Re: AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door.   AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door. Icon_minitimeDim 15 Sep - 1:07

bienvenue parmi nous ^^
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MessageSujet: Re: AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door.   AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door. Icon_minitimeDim 15 Sep - 1:12

Jaaaaaaaaaaaaaaaames AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door. 424623794 Excellent choix ! AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door. 971691
Bienvenue sur TTR, et bon courage pour ta fiche !
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MessageSujet: Re: AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door.   AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door. Icon_minitimeDim 15 Sep - 2:25

merci AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door. 510144 
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MessageSujet: Re: AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door.   AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door. Icon_minitimeDim 15 Sep - 11:17

les titres de ta fiche me font mourir de rire AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door. 529578179 
welcome AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door. 907793
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MessageSujet: Re: AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door.   AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door. Icon_minitimeDim 15 Sep - 11:23

Bienvenue sur TTR ! AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door. 6486
Bon courage pour ta fiche AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door. 3319906367
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MessageSujet: Re: AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door.   AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door. Icon_minitimeDim 15 Sep - 16:44

merci AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door. 424623794 
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MessageSujet: Re: AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door.   AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door. Icon_minitimeDim 15 Sep - 17:28

FRANCO Nous faudra un lien ! Bienvenue ♥
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MessageSujet: Re: AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door.   AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door. Icon_minitimeDim 15 Sep - 20:21

 je suis totalement pour AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door. 1030633746 AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door. 1030633746

merci AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door. 1458291079 
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MessageSujet: Re: AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door.   AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door. Icon_minitimeDim 15 Sep - 20:58

Bienvenue AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door. 424623794
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MessageSujet: Re: AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door.   AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door. Icon_minitimeLun 16 Sep - 11:45

Mon petit James AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door. 907793 
Bienvenue sur TTR et bon courage pour ta fiche AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door. 3319906367 J'aime le nom de famille, ça me fait penser à Charlotte Brontë AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door. 424623794 AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door. 424623794 AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door. 424623794
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MessageSujet: Re: AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door.   AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door. Icon_minitimeLun 16 Sep - 18:06

Merci vous deux AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door. 424623794 
Charlie, j'ai bien peur que seul le nom de famille me rapprochera de Mr Rochester :hum: AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door. 19831 
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MessageSujet: Re: AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door.   AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door. Icon_minitimeJeu 19 Sep - 11:36

Très belle fiche AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door. 3319906367. J'adore la présentation, les titres, et tu écris vraiment très bien AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door. 907793
Je valide donc, bienvenue sur ttr, officiellement AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door. 510144
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MessageSujet: Re: AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door.   AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door. Icon_minitimeJeu 19 Sep - 11:53

Merci AR ∆ I’m like that ghost who gets horny by being half way through a door. 424623794 
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