Londres, Royaume-Uni, le 16 Décembre 1990« Elle est magnifique ! » avait dit une femme.
« Elle est adorable ! » avait dit une autre.
« Elle ira loin, très loin, c'est sûr ! » avait dit un homme cette fois. Les personnes les plus riches et célèbres de Paris étaient présentes. Que faisaient ces personnes ici ? Je venais tout juste de venir au monde, je n’avais même pas une semaine, mais, plus de cinquante personnes étaient présente autour de mes parents et moi.... Et bien, ce n'était pas seulement parce qu'elles me trouvaient mignonne que toutes ces personnes me regardaient avec attention, non... C'était aussi à cause de mon nom, Sisley-Wilshire. Mon père, Michael Wilshire, était à la tête d'un groupe bancaire. Ma mère, Bethany Sisley, avait été une célèbre chanteuse d’opéra, maintes fois récompensée et elle était actuellement la directrice artistique de la marque de mode « Burberry ». Alors, inutile de préciser que je n'étais pas n'importe qui... Le monde entier allait suivre de près tout ce que j'allais faire de ma vie et je n'y pouvais rien. Ma mère me tenait dans ses bras - je n'avais que quelques jours après tout - et mon père était à ces côtés. Des personnes venaient les féliciter ainsi que me rencontrer moi, la nouvelle fille du couple Sisley-Wilshire... Nous nous trouvions tous dans une des salles de réception de l'énorme propriété de Londres de ma famille. Une résidence gigantesque enviée de tous, qui figuraient dans la liste des endroits les plus photographiés et dont les Sisley-Wilshire étaient extrêmement fiers.
Ariana Winnifred Valentina Anastasiya Sisley-Wilshire, tel est mon nom et le 13 décembre 1990 à Londres, j'ai vu le monde pour la première fois... Dans une famille comme la mienne, je n’allais sûrement manquer de rien, de plus, je n’allais pas être seule. J’avais un frère plus âgé d’un an pour me tenir compagnie. Une famille idéale, parfaite… Mais, pour combien de temps ?
Londres, Royaume-Uni, le 20 Juillet 1996« Alors, auriez-vous une idée ou une envie particulière mademoiselle ? » Je n’avais même pas daigné regarder le vendeur moustachu. J’avais les yeux rivés sur le sol et je n’arrivais pas à m’en décrocher… Oui, je n’avais pas envie d’être là, je me sentais mal-à-l’aise…
« Ne vous fatiguez donc pas, elle ne vous répondra pas. Non, nous n’avons pas d’exigences particulières… » Lui dit ma mère avant de me lancer un regard chaleureux. Elle avait d’ailleurs parfaitement raison, je n’allais pas répondre à ce vendeur, j’en étais parfaitement incapable… Je n’arrivais même pas à le regarder dans les yeux, comment aurais-je pus lui adresser ne serait-ce qu’un mot ? Impossible, je me sentais incroyablement faible. Timide, voilà ce que j’étais, je souffrais d’une timidité plus que maladive. Elle me rongeait de l’intérieur et m’empêchait de montrer aux autres celle que j’étais réellement :
« Oh, je vois. » Lança le vendeur qui semblait avoir compris la situation, un sourire rassurant aux lèvres il reprit :
« Bien, suivez-moi. » Nous nous exécutâmes donc. Tout le long de notre marche, la vision de cet endroit magnifique qu’offrait ce magasin de musique m’éblouissait. J’étais d’ailleurs tellement absorbée par la pièce que ma mère dut m’appeler plusieurs fois pour que je me rende compte que le vendeur nous montrait un instrument de musique. Nous nous trouvions devant un assemblage d’éléments aussi étranges les uns que les autres, c’était une batterie. Je lançai un regard interrogateur à ma mère, elle fixait l’instrument et se mordait la lèvre inférieure :
« Impossible. Dit-elle finalement en détachant chacune des syllabes du seul mot qu’elle avait prononcé.
Non, ma fille ne jouera jamais de la batterie… » Elle avait prononcé d’une voix dénuée de toute émotion, mais, il était évident qu’elle n’était pas ravie… En tout cas, ma mère me connaissait bien car, je n’avais aucunement envie d’apprendre à jouer de cela…
Tandis que le vendeur se confondait en excuses, racontant à ma mère qu’il voulait en quelques sortes soigner ma timidité, je regardai chacun des instruments avec attention. Soudain, je fus totalement charmé par l’un d’entre eux qui se trouvait plus loin. Sa forme à la fois convexe et raide additionnée à sa couleur noire sombre et puissante ainsi qu’à ses finitions dorées lui donnait une élégance plus qu’incroyable. J’étais comme hypnotisée, il fallait que je m’en approche. Je m’étais – enfin – détachée de ma mère et ce, sans aucune hésitation…
Enfin face à ce magnifique instrument, je pus voir les innombrables touches noires et blanches qui le composaient et le siège très travaillé qui se trouvait face à cet instrument. Je ne l’avais pas remarqué mais, une jeune femme se tenait face à lui, et elle jouait un air très beau tout en chantant. La musique entrait en moi, j’étais parfaitement sous son emprise… Soudain, la jeune femme en question me fit signe de m’asseoir près d'elle. Je fis cela et – étonnamment – sans aucune hésitation.
« Chantes avec moi. » me dit-elle d’un air bienveillant. Ce que je fis le plus naturellement possible
« Eh bien ! Regardez madame. » Le vendeur venait de s’adresser à ma mère. Je me retournai vers cette dernière, le sourire aux lèvres. Ils avaient tous deux l’air extrêmement surpris et de même pour le jeune homme à ma gauche. J’étais totalement satisfaite. Je me levai et me dirigeai vers ma mère, elle comprit de suite ce que je voulais :
« Vendu ! » Avait-elle dit l’air aussi enthousiaste que le mien. Le vendeur acquiesça et s’en alla quelques instants pour préparer les papiers qui nous permettraient de faire l’acquisition de ce piano. Mais, quand il revint, c’est un autre superbe instrument qu’il avait en main.
« Je crois que votre fille tient de vous. Je m’y connais et je pense qu’elle doit bien atteindre 4 octaves au moins. » Je lançai un regard à ma mère qui me sourit.
« Je pense que des cours de chant s’imposent. » Répondit-elle avec un air excité. Je venais de me découvrir un nouveau talent… Tout comme ma mère et mon frère, j’avais reçu une voix exceptionnellement puissante... En tout cas, j’avais hâte de me mettre à jouer du piano et à expérimenter mon nouveau don, à ce moment-là, je me sentais invincible, comme si j’avais le pouvoir de soulever des montagnes…
New York City, New York State, le 10 Juillet 2008« Adriel ! Tu l’as reçu ? » Criai-je à l’intention d’Adriel tout en le rejoignant dans le salon, mon ordinateur portable en main.
« Affirmatif ! » Me répondit-il les yeux rivés sur le sien. Je m’assis près de lui et m’empressai d’ouvrir le message que j’avais tant attendu. Après quelques secondes de lecture, nous criâmes à l’unisson :
« Acceptés ! » puis, nous nous tapâmes dans les mains. Nous étions tous les deux admis à l’université que nos parents avaient choisis pour nous, Cambridge. Cette université était censée être l’une des meilleures d'Angleterre alors, qui n’aurait pas rêvé d’y étudier ? Mais, il est vrai que les critères pour y entrer étaient assez difficiles… Sans compte en banque garnis ou bulletin de note parfait, il était presque impossible d’y entrer. Heureusement, mon frère et moi avions ces deux choses, il ne fut pas difficile pour nous de nous imaginer étudier à Cambridge… En tout cas, nous étions maintenant sûrs de pouvoir y entrer et c’était le plus important.
« Mademoiselle, monsieur il est temps d’y aller. » Me lança, mon chauffeur personnel.
« Quoi ? Pourquoi maintenant, il est trop tôt ! » Lui dis-je en me dépêchant d’éteindre ma machine.
« Tu dois chanter au match des Yankees dans deux heures, me répondit Adriel,
moi, je dois passer au studio d’enregistrement. Allons-y maintenant, comme ça je serai là pour t’applaudir et ensuite, on ira au Late Night de Letterman. » J’acquiesçai tout simplement et partis prendre mes deux tenues, celle du match et celle de l’émission, je ne pouvais pas me permettre d’être habillée de la même manière aux deux événements… Je voulus vérifier une dernière fois ma coiffure et mon maquillage avant de partir, mais, Adriel me tira par le bras en roulant des yeux.
A l'extérieur, les flashs des photographes crépitaient et nos gardes du corps nous encadraient... La vie de célébrité n'était pas simple tous les jours... Pour Adriel et moi, c'était même plus compliqué. Même après avoir connu le succès, nous avions continués d'aller dans notre lycée. En plus de cela, nous nous apprêtions à entrer à l'université, il allait donc être encore plus dure pour nous d'aller et venir à notre aise... Malheureusement, nos parents n'étaient pas là pour fêter la nouvelle avec nous, ils étaient tous les deux occupés. Mais, même s'ils travaillaient beaucoup, nos parents étaient très proches de nous et, ils avaient quand même pris la peine de nous appeler pour nous féliciter.
Londres, Royaume-Uni , le 12 Août 2010Dans ce monde, il y a parfois bien des injustices… J’allais être séparée de l’homme que j’aime le plus au monde et je n’allais peut-être plus le revoir. Je vivais maintenant la même vie que ma chère mère… Compagne de soldat, un bien triste et heureux sort quand on y pense…
FLASHBACK • Nos cicatrices ont le méritent de nous rappeler que le passé n'a pas été qu'un rêve •
« Ne pleure pas… Tout ira bien. » Me dit-il en me prenant dans ses bras. Daniel habillé de son costume et prêt à partir pour le front… Je savais que ce moment allait arriver mais, jamais je n’aurais pensé que cela me ferait autant de mal :
« Je ne peux pas m’en empêcher. » dis-je en me détachant de mon étreinte. Je séchai mes larmes et m’efforçai de ne pas pleurer. C’était tout aussi dur pour lui, je ne voulais pas qu’il culpabilise.
« Il ne me reste plus beaucoup de temps. Me dit-il.
Je dois te dire quelque chose… » Cela ne présageait rien de bon… Mon cœur s’arrêta de battre net. Quand comptait-il me dire ? Qu’il ne voulait pas revenir ? Qu’il me quittait ? Quoi donc ? Voyant toute la détresse que j’avais dans les yeux, Daniel poursuivit :
« Ce n’est rien de grave… Ça va te plaire. Enfin… J’espère. Dit-il en riant et en me prenant les deux mains.
Écoute Ariana, je t’aime plus que tout au monde et je voudrais rester à tes côtés pour le restant de mes jours. Il posa un genou à terre et me brandit une magnifique bague.
Épouse-moi Ariana. » Ce trois mots, il n’aurait rien pu dire de mieux… Totalement surprise, je mis un temps fou avant de lui répondre :
« Oui. »• Nos cicatrices ont le mérite de nous rappeler que le passé n'a pas été qu'un rêve • FLASHBACK
Mais, pourquoi avait-il fallut que Daniel soit un fier soldat ? Ne pouvait-il pas choisir un métier civil ? Non… Mais, je ne pouvais pas me plaindre. Je ne pouvais que le soutenir et prier pour lui. Daniel, celui que j’aimais depuis deux belles années.
Cambridge, Royaume-Uni, le 17 Juillet 2013Deux ans... Deux ans que j'étais fiancée à Daniel et un an qu’il était parti pour l’Afghanistan. Il me manquait énormément même si nous communiquions par courrier… Mais, il m’avait annoncé qu’il avait l’intention de quitter l’armée sous peu et j’en étais très heureuse. Néanmoins, j’avais la peur au ventre et je priais pour qu’il ne lui arrive rien, pour qu’il me revienne sain et sauf.
FLASHBACK • Nos cicatrices ont le méritent de nous rappeler que le passé n'a pas été qu'un rêve •
J'étais à l’université ce jour-là, j’avais eu une longue journée et tout ce que je voulais, c’était me coucher. Mais, une fois dans mon lit, je ne pus m’endormir. Daniel allait bientôt avoir une permission et j’allais donc pouvoir le revoir alors, j’étais toute excitée. Soudain, je reçus un appel de l’administration de l'université. :
« Ariana Sisley-Wilshire ? » demanda la personne au bout du fil. Le numéro affiché était celui des urgences, cela m'inquiétais.
« Oui, c'est bien moi. » répondis-je. Il y eut un court silence puis, la voix de la personne changea :
« Bonjour Mademoiselle, j’ai une nouvelle bien triste à vous annoncer… Votre fiancé Daniel Williamson est porté disparu depuis hier soir... » A ces mots, le téléphone me tomba des mains. Comment cela était-il possible ? Je lui avais parlé quelques jours auparavant et il était heureux de savoir qu’il allait rentrer. Était-ce une mauvaise blague ? Je ne pouvais m’y résoudre.
• Nos cicatrices ont le mérite de nous rappeler que le passé n'a pas été qu'un rêve • FLASHBACK
Cela faisait maintenant un peu plus d’an que Daniel avait disparu. Ce matin-là, j’avais appris que les recherches avaient été abandonnées… Je ne m'en étais toujours pas remise... Je n’arrivais plus à parler et je n’avais même plus la force de pleurer. L'armée américaine lui avait décernée la
Victoria Cross, car il s'était sacrifié pour le bien de ses collègues militaires. Ils sont entrés dans un bâtiment mais, ils ne sont pas rendus compte qu'il y avait une bombe et Daniel est resté pour pouvoir la désamorcer. Malheureusement, il n'a pas été assez rapide et il y eut une explosion. Mais, personne ne retrouva son corps, c'était la pire chose qui pouvait lui arriver...
Adriel, mon frère, m’était d’un grand soutien et il veillait tout le temps sur moi. Ma mère bien que très occupés prenaient même le temps de venir me réconforter… Mon père et ma mère prenaient même le temps de m’appeler ou de me rendre visite. Ils ne voulaient pas que
« je fasse de bêtise ». J’aimais beaucoup rester près d’eux mais, leur présence ne faisait qu’atténuer une minuscule partie de ma douleur… De plus, je venais d'obtenir le rôle d'Amelia Bones dans les films
« The Marauders ». Je refusais que le monde se rende compte de l’état dans lequel j’étais, il en était hors-de-question. C’est pour cela que je me levai, camouflai les cernes qui s’étaient formés sous mes yeux, me coiffai et m’habillai. Ainsi, la tête haute, la démarche franche et le sourire aux lèvres, je me rendis sur le tournage.