L.B. ♀ J'ai vraiment pensé qu'un jour tu reviendrais.

Mon père m'a toujours dit de dépasser mes limites. De les repousser car si je voulais réussir ma vie je devais aller plus loin, toujours et encore. J'entends sa voix dans ma tête qui me souffle que je ne dois pas abandonner, que rien ne vient au hasard et que l'échec n'existe pas chez nous. Je devais avoir 6 ans lorsque pour la première fois, je l'ai entendu dire : « Si tu abandonnes, c'est que tu n'es pas une vraie Britany. » C'était au bord de la piscine municipale, le maître nageur agenouillé à mes côtés, des affreux brassards rouges dans les mains. Tétanisée, j'avais croisé les bras et avais reculée de trois pas, refusant de sauter. Le fait de mettre les orteils dans l'eau me faisait trembler et à la vue de cette eau profonde qui à l'époque me semblait sans fond, je m'étais mise à pleurer, hurlant que jamais je ne sauterais. J'étais partie en courant, et je m'en suis voulue toute ma vie : jamais je ne deviendrais grande nageuse olympique, au grand damne de mon père, pilote de formule 1 qui aurait tout donné pour m'offrir un avenir radieux. Depuis, je ne suis jamais retournée dans une piscine ou dans tout lieu se rapportant à l'eau. Ma phobie s'est agrandie chaque jour, et le simple fait de recevoir un verre d'eau me mettait dans tout mes états. Je n'ai jamais su et je ne saurais jamais d'où me vient cette aquaphobie aiguë et à l'âge de 14 ans, jeune fille rebelle hurlant pour la moindre petite contrariété, j'avais démonté ( oui, démonter, le verbe fait très bien l'affaire ) un étudiant qui m'avait jeté sa boisson à la figure lors d'un petit accrochage sans importance.
Certaines choses dans la vie arrivent alors que l'on ne les a pas invitées, et c'est ainsi que ma mère nous a quittés. Mon père est devenu de plus en plus protecteur, limite étouffant, et je me suis réfugiée encore plus qu'avant dans le patinage artistique. Le contact avec la glace me faisait du bien, me faisait respirer, me faisait oublier l'aquaphobie et la claustrophobie prononcée que je trainais depuis gamine. Je n'aimais pas être entourée, encore moins de personnes que je ne connaissais pas. Je n'étais pas insociable, loin de là, mais j'ai toujours préféré la compagnie du vent à celle des humains ; enfant, je trouvais tout trop compliqué. J'ai évoluée depuis le temps et je suis devenue plus agréable avec les Hommes, mais je garde au fond de moi cette envie de liberté que je n'arriverais jamais à assouvir.
En grandissant, j'ai transformé ce dégout pour tout ce beau monde en une envie de les comprendre. Plus rien ne devais m'échapper, j'avais déjà perdu assez de temps à pleurer. Je lisais des bouquins sur le comportement, j'apprenais à déchiffrer les sentiments et les ressentis sur les visages ou dans les paroles, et j'écoutais mon père me dire qu'il ne fallait pas que je m'inquiète, car même si l'école n'était pas faîte pour moi, j'avais de vraies capacités. J'ai suivi les cours à la maison avec lui, car " mon comportement explosif ne correspondait pas à ces règles faîtes par des moutons pour des moutons ". Cela ne m'a pas empêché de décrocher haut la main mon bac avec mention très bien. En même temps, en dehors du patinage, l'apprentissage était la seule chose que j'arrivais encore à faire calmement. C'est ainsi que j'ai décidé de me lancer dans la médecine, après quelques passages un peu moins glorieux en compagnie d'adolescents peu fréquentables.

En bref, je ne suis pas une vraie Britany, j'ai peur de l'eau et je fuis les endroits fermés, je cherche toujours l'amour de ma mère qui nous a quittée et j'ai enfin trouvé comment comprendre ces humains trop compliqués.

Petite, je voulais secrètement être dans l'armée ou la police. J'aimais tout ce qui bougeait, et je ne voulais surtout pas rester assise dans un bureau. Si j'ai décidé de faire médecine, c'est avant tout pour rendre hommage à ma mère, qu'on se l'avoue ; elle était infirmière mais aurait voulu être dans la chirurgie. Passionnée également par le comportement et la psychologie humaine, les urgences et tout ce qui va avec se sont révélés bénéfiques pour moi. Ça canalise aussi toute l'énergie que j'ai en moi et ça m'évite de hurler sur ceux qui s'approchent de moi. J'aime être dans le stress, pendant ce temps-là, j'évite les accrochages inutiles qui ne font que m'énerver et renforce l'idée que je me fais sur les autres.

→ Ugh j’ai soif, mon verre est viiiiiiiiide ! Vous croyez qu’on peut considérer la menthe comme un fruit ? Seriously, ça pousse dans l’herbe comme n’importe quelle plante, ça devrait être considérée comme un fruit et quand je vous demanderai si je dois boire un mojito ou une bière cerise, je n’aurai pas à privilégier l’un par rapport à l’autre pour avoir ces foutus cinq fruits et légumes. Je mange de la salade tous les jours à cause de ça, mais je. Ne. Suis. Pas. Un. laaaaaapin. D’ailleurs tu mets quoi dans une salade de fruits rouges ? Tant qu'à faire, je met des fruits rouges, tu vois. Mais une salade de fruits rouges, c'est un peu bizarre.. j'ai jamais vu de salades avec uniquement cerises, fraises et framboises.. Mais bon, si tu insistes, on va dire que c'est normal.

→ Pff, c’est ce que je n’arrête pas répéter à Francine qui habite à côté de chez moi mais elle ne m’écoute pas. Et elle n’arrête pas de gueuler quand j’appelle mes amies à deux heures du matin. Ça te dérangerait que je t’appelle ? Bah un peu oui, quand même.

→ On parle, on parle mais on n’a même pas commandé. Alors mojitoooo ou bière cerise ? Va pour une bière cerise.

→ Tu as des gouts bizarres mais j’ai soif ! Ouh ouh barman ! Coucouuuuuuuuu j’ai un billet pour toi ! Je peux le mettre dans votre caleçon ? Vous avez la tête d’un strip-teaseur ! Je ne serai pas contre une petite danse langoureuse… Finalement ça sera tequila pour tout le monde et vous savez ce qui va avec la tequila ? Le guacamole ? Oh qu’est-ce qui riiiiiiime avec guacamole ? Fraise molle.

→ Troooooooooll/guacamole, you’re right ! Damn quelle heure est-il ? Je dois appeler la cousine de l’oncle de la meilleure amie de ma tante qui habite à Sydney, parce qu’elle est géniale. Tu connais Sydney ? L’autre jour, j’ai appris qu’Ewan Mcgregor avait tourné à poil là-bas. MEC EWAN A POIL CA NE TE FAIT RIEN ? Hum, tu m'y emmène quand, à Sydney ?

→ J’ai des bouffées de chaleur rien que d’y penser. Ouh il reste un apérifrais sur la table, tu le mange ou pas ? Vas-y, avec ce que tu as bu il faut éponger.

→ Tant mieux, parler de guacamole, ça donne faim. C’est une bonne situation ça scribe ?? Tu crois que si je mets plein de points d'interrogation à la fin de ma question, est-ce que le pouvoir interrogatif de cette question devient plus grand ??? Ça rends surtout plus chiant à lire.

→ Je ne sais pas, je demande. Tu porte une chemise alors qu’il fait 15 mille degrés. Aïe caramba la tequila est arrivée ! Cheers ! Omg c’est moi ou j’entends la sublime voix de Paul. SHE’S GOOOOOT A TICKET TO RIDE BUT SHEEEEE DON’T CAAAARE ! Non tu ne rêves pas, le talent c’est de famille. C’est quoi la première chanson des beatles qui te vient à la tête et pas de triche ! Tu ne regardes pas le jukebox parce que si on doit vivre une grande histoire d’amour ou juste une minuscule histoire de sexe, la taille ne compte pas, je dois savoir si tu es digne d’intérêt. Quoi que non, ça ne compte qu’à moitié. Jouons à j’épouse, je tue, je couche avec Ewan Mcgregor, Colin Firth et Pippa Middleton ! Je couche avec Ewan Mcgregor. Les deux autres je te les laisse.

→ Ew, je ne suis pas d’accord. Tu as de la chance d’avoir un beau petit cul. Tu dois vraiment être apprécié de la gente masculine. Pour combien tu te baladerais dans la rue en string ? Parce que je suis prête à mettre le prix qu’il faut. Enfin pour ça il faudrait que je sois payée. On est le combien ? Ah oui, j’ai trouvé ! Ça me fait penser tu sais pourquoi septembre est le neuvième mois et non le septième, octobre le dixième et non le huitième, novembre le onzième et non le neuvième et décembre le douzième et non le dixième ? Non, mais tu vas me le dire ?

→ Ah merde on m’appelle ! J’arriiiiiiiiiiiiive ! C’est Sam ! Tu connais Sam ? Non.

→ Dommage. Hop cul sec et on se revoit vite pour manger du guacamole. Surtout n’oublie pas de venir en string. Byyyyye !