RKC ~ don’t let the world change your smile.

Toutes les histoires, les belles histoires, celles qui terminent bien, commencent par « Il était une fois », mais moi, j’ai envie de commencé la mienne en ajoutant un mot : putain.

Il était une putain de fois, une femme qui souffrait de quelques troubles mentaux avait donné naissance à un petit garçon dans une petite clinique de Sheffield, dans le Yorkshire du Sud. Cette jeune femme qui n’allait pas tous les jours très bien et qui prenait des antidépresseurs n’avait pas conscience que la vie allait encore lui mettre des bâtons dans les roues, elle voulait vivre comme toutes les autres femmes et mettre un enfant au monde faisait parti de ce qu’elle souhaitait le plus au monde. Elle ne s’imaginait pas une seule seconde que tout basculerait peu de temps après, elle ignorait qu’on lui retirerait la garde de son unique enfant pour la mettre dans une clinique psychiatrique. Parce que ouais, cette femme qui était ma mère, qui était la personne que j’aimais le plus en ce monde et qui m’aimait plus que tout en retour, m’avait été retirée alors que je n’avais que six ans. Maman souffrait beaucoup mais elle ne voulait pas que tout le monde le sache, sauf qu’à l’école, ils voyaient bien que tout était bizarre alors ils avaient prévenus les services sociaux, m’arrachant à elle. Ils me disaient tout le temps que c’était pour mon bien et que ma maman allait être soignée là où elle se trouvait à présent. Moi, je ne savais pas qu’elle allait juste être bourrée de médicaments et je ne savais pas non plus à l’époque qu’elle souffrait de schizophrénie paranoïde. Je ne savais rien. Je savais juste que j’étais un petit garçon malheureux qui ne vivait plus avec sa mère bien aimée.

Je n’arrêtais pas de me rendre dans des familles différentes et je n’arrivais pas vraiment à m’attacher aux autres. Je ne comprenais pas ce que je faisais là et dans la plupart des cas, je n’aimais pas ces personnes parce qu’elles n’étaient pas ma mère et que je me fichais bien qu’elles étaient gentilles ou bien intentionnées. Je n’étais pourtant pas un enfant turbulent et je ne faisais aucune bêtise, mais je restais dans mon coin, je ne disais jamais rien et je parvenais facilement à vivre dans mon monde, au point où je m’enfermais dans celui-ci sans le moindre problème. On me changeait sans cesse de famille, au bout d’un moment, je ne me souvenais plus des autres, elles s’effaçaient de ma mémoire aussi rapidement que d’autres visages prenaient ces places désormais vacantes.

En grandissant, j’étais parfois autorisé à rendre visite à ma mère et j’y allais toujours avec le sourire parce que elle, je n’avais jamais oublié son visage. Elle me manquait tous les jours un peu plus et je me demandais pourquoi je ne pouvais pas vivre encore avec elle. D’accord, elle était malade, mais cela ne comptait pas à mes yeux… Je ne voyais que le fait qu’avec elle j’étais heureux alors qu’avec les autres, je ne l’étais pas du tout… Mais on me disait sans cesse que ce n’était pas possible, mais que je pourrais voir ma mère autant que je le voulais… Quelques heures dans la semaine, ce n’était pas suffisant.

D’autant que cela allait de moins en moins bien dans les familles d’accueils où j’étais placé. Pourtant, je ne faisais toujours rien de mal, j’étais un adolescent renfermé sur lui-même qui ne cherchait pas les problèmes. Je faisais mes devoirs, j’avais des bonnes notes en cours et j’étais très attentif. Je n’avais que cela pour me sortir des ennuis que j’avais en dehors de l’école… Je n’entrerais jamais dans les détails parce que c’est mon secret, c’est quelque chose que je cache depuis des années et jamais je ne le dirais, cela m’est impossible… Mais il arrive parfois que notre chemin croise celui d’une personne malveillante et cette personne fait beaucoup, beaucoup trop de dégâts. Je sais que je n’étais qu’une victime, mais cela ne m’empêche pas de tout remettre en question dès que ces événements me reviennent violemment en mémoire… Des événements que je voudrais faire disparaître, comme je faisais disparaître les visages de ma mémoire lorsque j’étais enfant…

Mais je n’avais pas l’intention de me laisser abattre pour autant, bien au contraire… J’ai suivi une longue formation pour être infirmier parce que j’avais très envie de faire ce travail, je trouvais cela bien d’être là pour soulager les patients qui souffraient et puis, ce n’est pas tant juste pour donner des médicaments, j’aimais aussi la perspective d’être rassurant et d’être une oreille attentive pour eux. Je savais que je pouvais le faire et je l’ai fais… J’ai eu mon diplôme et à l’heure actuelle, c’est le travail que je fais et que j’aime toujours autant. Je m’épanouis dedans puisque ma vie privée et intime est beaucoup plus compliquée et chaotique. Les relations que j’entretiens avec les femmes ne durent jamais très longtemps et je ne suis jamais franchement heureux avec elles. Je n’ai pas encore trouvé mon équilibre, mais je ne désespère pas à l’idée de le trouver un jour ou l’autre.