Le Deal du moment : -55%
Coffret d’outils – STANLEY – ...
Voir le deal
21.99 €

Partagez
 

 une toute petite fille w/ jaimee

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Anonymous


Invité
Invité

une toute petite fille w/ jaimee Empty
MessageSujet: une toute petite fille w/ jaimee   une toute petite fille w/ jaimee Icon_minitimeMar 24 Mar - 0:16

Des jours que je repousse le moment de venir voir David. Papa n'a pas voulu que j'y aille d'abord parce qu'il ne voulait simplement pas que je bouge. Pour éviter tout risque, a-t-il répéter pendant une semaine avant que l'infirmière chargé de s'occuper de lui et des deux doses de médicaments à injecter par jour ne lui dise qu'il y aurait probablement déjà eu un problème si j'avais vraiment eu une commotion. Ensuite, il a argué que je devais d'abord penser à rattraper tous les cours que j'ai raté — par sa faute, me dois-je de préciser, mais ce détail semble lui être passé au-dessus de la tête. Soit. Peu désireuse de déclencher une dispute avec lui alors qu'il est dans cet état-là. Il a le bras gauche en écharpe et il ne doit pas bouger, inutile de le contrarier. Mais quand il a commencé à insinuer que je ne devrais peut-être pas aller voir Daniel du tout, j'ai craqué. Ça a été plus fort que moi, c'est parti tout seul. Je ne hausse pas souvent la voix avec Papa, jamais pour ainsi dire. Mais il a dépassé les bornes. Quoi, il imaginait que tout allait bien se passer et que j'allais oublier notre chauffeur ? Je sais qu'il apprécie beaucoup Daniel et qu'il est tout aussi inquiet mais honnêtement, je n'ai eu envie de m'attarder sur ses états d'âme. Des jours, presque deux semaines bon sang, qu'il est sur mon dos du matin au soir sans discontinuer. Je n'aurais jamais cru dire ça mais j'en suis arrivée au point où je suis soulagée d'aller au lycée. Soulagée. D'aller. Au lycée. C'est tellement étrange. Evidemment, il guette mon retour comme le suricate du troupeau chargé de surveiller le ciel et les environs. C'était rassurant au début mais il dépasse les bornes. Je sais qu'il a eu peur, j'ai eu peur aussi et je tremble encore chaque fois que j'entends des pneus crisser sur le bitume mais il ne peut pas garder un œil sur moi vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Il ne vaudrait mieux pas qu'il essaye ou ça risquerait de mal finir.

Il est seize heures et mon portable vibre dans la poche de mon blazer tandis que je passe les portes vitrées de l'hôpital. Papa s'est fermement opposé à toute proposition de visite et il ne répond à mes questions qu'avec des réponses courtes et bien trop vagues pour vraiment me rassurer. J'ai besoin de savoir et surtout j'ai besoin de voir Daniel. Mais çan, il n'a pas l'air de comprendre. Tant pis pour lui. Après tout, je suis légalement une adulte, je suis libre d'aller et venir où bon me semble. Et il me semble bon d'aller voir Daniel. Je souffle son nom à la réception et la nana, derrière le comptoir, attrape son téléphone en soupirant. Eurgh. Pardon, je ne voudrais surtout pas déranger. Mais mieux vaut éviter de dire ça, elle pourrait se vexer et ne pas me donner les infos dont j'ai besoin. Ils ont sans aucun doute placé Daniel dans un service bien spécifique depuis son admission et il faut qu'elle me l'indique, parce que je n'ai pas la force de chercher dans tout l'hôpital. Ni le temps d'ailleurs, parce que Papa va sans nul doute finir par comprendre où je suis et j'aimerais éviter qu'il ne vienne faire une scène ici. « Soins intensifs, chambre 75. Suivez la ligne rouge » répond-t-elle finalement après une minute, d'un ton si las et impersonnel que j'ai presque envie de m'offusquer. Presque. Ce n'est pas le moment. Elle voit probablement des dizaines et des dizaines de gens pas toujours sympathiques, elle en a sûrement marre. Il faut compatir. Oui enfin non, comprendre à la limite. Compatir, il ne faut pas pousser non plus. Je ne lui ai rien dit moi et je murmure même un merci avant de m'éloigner, les yeux rivés sur cette fameuse ligne rouge. J'atterris dans un ascenseur, après avoir vérifié les étages. C'est l'odeur qui, en premier lieu, me prend à la gorge. C'est partout, c'est aseptisé, c'est lourd. J'ai l'impression de suffoquer au premier bol d'air et je grimace en sortant de la cabine. Derrière moi, les portes se referment silencieusement et je remarque le calme. On dirait que tout est enroulé dans du coton, capitonné. J'avance, jette un coup d’œil ici et là. 75, a-t-elle dit. Voilà la 73, celle de David ne devrait pas être loin. J'aperçois enfin le bon numéro. De grandes vitres me font face, offrant le triste spectacle d'une chambre très clair, où rien ne bouge si ce n'est une courbe sur un moniteur. David est allongé là, relié à deux ou peut-être trois machines. Je ne saurais compter. Son visage est à peine visible entre les fils et les tubes de couleur pastel. Mon visage s’alourdit, mon nez surtout. Les larmes montent, irrépressibles. Un frisson me secoue, trop soudain pour que je le réprime. C'est con, tellement con. Il est en vie, il va bien, son cœur semble battre normalement à en croire cette stupide courbe. Mais il est là, immobile, dans des draps trop propres, dans une chambre trop vide. Il est là et il ne bouge pas. Qui sait s'il pourra jamais remettre un pied devant l'autre et marcher. Je ne peux pas rester là, je ne peux pas. L'envie de fuir est forte, si forte que je la sens dans mes genoux, au fond de mon ventre. Je ne peux pas rester là.

Les escaliers défilent sans que je parvienne à les compter. Pas que j'en ai quoi que ce soit à faire de toute manière. Je les vois à peine. L'image de David sur son lit d'hôpital a l'air d'être imprimée sur ma rétine et les larmes n'aident pas. Je pousse une porte dans l'espoir qu'elle ouvre sur l'extérieur, sans succès. Tant pis, l'air est déjà plus respirable et il n'y a personne. Les murs sont encore trop clairs, trop propres mais je peux respirer normalement. Ou en tout cas sans avoir l'impression d'avoir pénétré sans un sas de décontamination. Je cherche l'appui du mur et c'est le sol qui vient à ma rencontre, tout doucement tandis que je glisse jusqu'à être assise. C'est ridicule, je devrais pouvoir encaisser. Je savais que ce stupide accident l'avait amoché mais- mais je n'imaginais pas que ça pouvait être aussi grave. Penser à quelque chose et l'avoir sous les yeux sont décidément sont décidément bien différents. Mais je n'ai pas le temps de m'attarder là-dessus. Des pas m'arrachent un sursaut, bien trop près pour que j'ai le temps de me relever ou même d'arranger le bordel que j'ai dû faire en me mettant à pleurer comme une idiote. Je dois sans doute avoir des airs de raton-laveur mais tant pis. « Pardon je, je n'ai rien à faire là, je vais m'en aller je- » Un sanglot que je n'avais pas vu venir m'empêche de terminer et je ferme les yeux, rageant silencieusement pour tant de mièvrerie. David est en vie, bon sang, et je ne trouve rien de mieux à faire que sangloter comme une môme. J'essuie mes joues et mon nez d'un revers de manche, dans un manque total d'élégance. Mais après tout, personne ne me connaît ici, who cares. « Je suis désolée » je murmure piteusement, assise sur le sol comme une idiote. Comme une môme.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous


Invité
Invité

une toute petite fille w/ jaimee Empty
MessageSujet: Re: une toute petite fille w/ jaimee   une toute petite fille w/ jaimee Icon_minitimeDim 29 Mar - 15:12

La pluie battait de son plein contre les vitres légèrement drapées de cette vapeur invisible. Drue, elle semblait s'abattre avec férocité contre le pavé si dur qui lui faisait face. Comme si sa force était nécessaire quant à cette volonté de vaincre maintes épreuves. Les gouttelettes ruisselaient avec rapidité, empêchant même tout contact avec le monde extérieur. Tout était flou. Si flou, que même si l'on désirait y voir avec plus de clarté, en plissant son regard, on se heurtait à quelque chose d'inaccessible. Il n'y avait que ces gouttes qui comptaient. Que ce spectacle désolant, qui dévoilait une perte d'espoir terrible, tant bien même que la nature était incapable de se montrer clémente face à cela. Le néant s'offrait à perte de vue, un néant chargé d'une lourdeur sans précédent et dont les sons aussi secs que lourds laissaient présager en une nouvelle menace. Les bras croisés, face à cette immense baie vitrée, la jeune infirmière se mettait à envisager le fait que d'ici quelques minutes cette averse s'estomperait et qu'il ne resterait plus rien de ce souvenir, si ce n'était les conséquences qui en résulteraient. Autant le dire clairement, la jeune fille n'aimait pas la pluie. C'était souvent signe d'accidents et donc de surcharge au niveau des urgences. Un tel aurait pu glisser sur un trottoir et n'aurait pas pu se retenir terminant sa course contre un pavé et se fracturant tel ou tel os. Un autre encore aurait tant voulu défier le temps, se dévoiler aux yeux de tous comme le plus chanceux alors que la nature aurait abattue son courroux sur ce pauvre garçon et lui aurait infligé une chute telle qu'il se serait ouvert sur plusieurs parties de son corps. Il y avait tant de causes pour provoquer un accident et toutes se rapprochaient de cette pluie. Ainsi, elle n'avait qu'à attendre. Rester patiente tout en priant que les victimes soient moindres et que peut être que la raison aurait eu raison de ces dernières. Mais l'attente s'avéraient bien souvent se confondre avec de la déception. Une légère brume vaporeuse s'échappait d'entre ses lèvres, désireuse de se réfugier contre la vitre qui lui faisait face pour ainsi s'accorder avec cette tension naissante. Les yeux baissés en direction du vide, Jaimee  n'eut d'autre choix que de se résoudre à l'évidence et ainsi prendre le chemin qui la menait vers les couloirs des soins intensifs. Elle n'avait pas été affecté aux urgences aujourd'hui et pourtant son esprit n'arrêtait pas d'envisager le pire. Plus le son devenait sourd et plus elle songeait à ses conséquences qui seraient sans précédent pour certaines personnes. Néanmoins, son caractère professionnel prenait le dessus et lui insufflait le courage de rester à sa place. De toute manière, si ce service avait besoin de mains supplémentaires, son bipper sonnerait à tue tête dans la poche de sa blouse. Au moins, elle s'avérait utile à sa manière auprès des personnes qui méritaient le plus d'attention. Le silence y était toujours présenté de manière lourde. Comme si le temps parvenait à se suspendre dans ce couloir, comme si il n'existait rien en dehors, si ce n'était le bruit incessant des gouttes qui s'abattaient contre les murs de l'enceinte. Ses pas s'activèrent un peu plus, alors que son esprit commençait déjà à retrouver la quiétude dont elle se devait de faire preuve afin de faire au mieux son travail. Lorsqu'elle franchit le seuil de la porte des bureaux, c'est avec un sourire timide mais pour le moins chaleureux que la jeune fille salua la personne en charge de la fonction. Toutes deux conversèrent quelques minutes, s'attribuant l'une et l'autre les banalités dont pouvaient requérir leurs métiers, prenant simplement des nouvelles, s'accordant à une convention mutuelle. Après quoi, Jaimee s'en alla vers la petite pile de dossier qui avait été mise à cette place. Cette fameuse pile qu'elle apprenait à chaque fois par cœur mais dont elle se plaisait à relire tous les jours, dans l'espoir de ne plus y voir quelques personnes. Dans l'espoir de croire qu'elles étaient guéries et qu'elles étaient dans un service beaucoup moins inquiétant que ce dernier. D'ailleurs, elle remarqua que la petite fille qui avait été interné à la suite d'un AVC n'y était plus. Cela ne signifiait qu'une seule chose : ses jours n'étaient plus en danger. Les médecins étaient parvenus à la stabiliser et même si les séquelles seraient perpétuelles à vie, il n'en restait pas moins qu'elle pourrait avoir droit à sa part de bonheur et ainsi à connaître de meilleurs jours. Le sourire de la jeune infirmière s'agrandit à cette idée, alors qu'elle continuait d'examiner chaque dossier.

Quelques minutes plus tard, c'est en réajustant sa blouse et en examinant le contenu de ses poches qu'elle quitta les lieux pour ainsi commencer sa tournée. Cette dernière s'avéra se dérouler de manière tout à fait normale. Chacun des patients paraissait stable, chose qui allait pour lui plaire, et la rassurait quant aux éventuelles sorties de ce service. Malheureusement, lorsqu'on était de ce côté, le sentiment d'impuissance ne cessait de vous titiller à la moindre occasion. Vous prenant à la gorge, vous laissant croire que vous n'étiez certainement pas la meilleure personne et qu'il y avait tant d'autres infirmières qui seraient si compétentes. Mais il fallait faire avec. Et dès que l'occasion se présentait pour retrouver le sourire, dès que l'on pouvait côtoyer une personne qui vous rendait ce semblant d'humanité et de bien être alors, vous aviez l'impression que toute votre journée serait la plus belle de toutes. Mais les aléas de cette profession vous rappelaient très vite à l'ordre, vous faisant descendre de ce petit nuage que vous aviez construis timidement, vous ramenant à une réalité bien entière : celle de savoir faire face à l'imprévu. Mais heureusement pour aujourd'hui, cet imprévu n'était pas de mise, du moins pas pour l'instant. Aussi, c'est avec ce même caractère professionnel et tout ce qu'il y avait de plus normal que la jeune fille continua à exercer ce qu'elle savait faire de mieux. Nombre de personne trouvait cette profession si banale, si dévalorisante par rapport à ce que les médecins pouvaient réaliser, mais pourtant Jaimee n'avait jamais eu ce sentiment. Selon elle, chacun avait sa place au sein de cet organigramme et se devait de la maintenir afin d'y établir une base solide. Personne ne pouvait être dévalorisé parce que son salaire n'atteignait pas celui de son voisin, parce que ses responsabilités n'étaient pas semblables à lui, non. Cela ne signifiait rien, car tous se devait de sauver des vies. Qui qu'ils soient, il devaient faire face à ce que la vie leur confrontait et aider au mieux les victimes mais aussi les familles de ces dernières à affronter la vie. Leur force résidait en cette union qu'ils parvenaient à créer, en ce bloc qu'ils ne cessaient de fortifier tous ensemble pour ainsi s'améliorer et laisser à la science assez de force pour affronter la nature. Mais le plus délicat était de garder à l'esprit cette part de réalité dont on ne pouvait pas toujours croire. Les rêves étaient voués à se réaliser, sinon pourquoi s'appelleraient-ils ainsi ? A moins qu'ils ne doivent simplement que rester aussi brumeux que cette vapeur qui s’agglutinait un peu plus contre les vitres. La jeune fille terminait tout juste son service, relayée par l'une de ses collègues alors qu'elle avait droit à une pause. Les gardes étaient toujours assez lourdes. Les heures s’enchaînaient parfois plus rapidement à certains moments que d'autres. Néanmoins, le service administratif veillait toujours à bien garder les règles claires, au cas où un contrôle ne vienne à se mêler des affaire de l’hôpital.

C'est donc avec sourire et compassion que la jeune fille délégua sa place pour quelques instants à sa collègue et qu'elle se dirigea vers la sortie du service des soins intensifs. C'est d'ailleurs à ce même instant qu'elle remarqua un mouvement sur sa droite. Un mouvement assez rapide et pour le moins intriguant alors qu'elle déposait sa blouse sur l'un des dossiers des chaises de l'accueil. Le regard intrigué, Jaimee ne dit mot, pensant que cette jeune personne s'était peut être trompée en se rendant dans ce service. Néanmoins son bon sens la ramenait vite à l'ordre, lui insufflant l'idée que cette silhouette fuyante devait probablement avoir vu un spectacle qui l'avait choqué ou du moins troublé. Ainsi, c'est avec un pas quelque peu rapide qu'elle tenta de suivre à distance la allure fuyante. Cette dernière lui devenait de plus en plus claire, lui permettant par là même de découvrir des formes beaucoup plus féminines que masculines. Ses pas s'avéraient devenir un peu rapides encore, alors que son corps cherchait à se mouvoir entre certaines personnes de manière à ne pas se heurter à ses dernières. Et puis, la porte se ferma enfin. L'abattant s'avérait brutal alors que la jeune fille retenait doucement la poignée dans le creux de sa main tout en songeant à ce qu'elle devait faire. Son bon sens lui dictait de lui accorder quelques minutes, sachant pertinemment que ces couloirs seraient vides, puisqu'ils menaient vers les réserves. Seules quelques personnes passaient de temps à autre, mais le débit de ces dernières étaient bien moindre en comparaison de celui qui était incessant dans les couloirs ouverts au public. Son altruisme, quant à lui, lui laissait percevoir l'idée que cette jeune fille aurait probablement besoin de quelqu'un. D'une personne qu'elle ne connaissait pas juste pour sentir une présence. Après tout, elle avait fui et de ce fait, elle aurait très probablement besoin d'une tierce personne pour la soutenir. Cette idée aida sa main à appuyer sur l'abattant qui permettait l'ouverture de la porte. Et c'est avec délicatesse et douceur qu'elle franchit le seuil de cette dernière. L'air y semblait moins lourd et déjà elle reconnaissait les traits de cette jeune fille assise un peu plus en avant. Le regard de l'infirmière devint plus compatissant, comme si elle espérait parvenir à prendre ses tourments pour ainsi la soulager de ses maux. Et alors que les quelques pas qui la séparaient d'elle s'amoindrissait, elle fut saisie par cette volonté de se rapprocher d’avantage dès que ses yeux pleins de larmes croisèrent les siens. Pourquoi s'excusait-elle ? Ce n'était certainement pas à elle de le faire, personne n'était à même de pouvoir la juger par sa manière de réagir. Au contraire, elle dévoilait là sa plus grande force en osant montrer sa vulnérabilité. Et cette dernière était bien plus adulte que certaines réactions de personnes plus matures. Jaimee ne dit mot une fois de plus, se contentant de rapprocher un peu plus la proximité qu'elles avaient établi. Et dès lors qu'elle s'excusa une seconde fois, c'est sans mot dire une nouvelle fois que l'infirmière laissa ses pieds glisser contre le carrelage du couloir et qu'elle se laissa tomber assise contre le mur à ses côtés.  « Nous sommes deux à ne pas devoir être là. Qu'est ce que ça fait ? Au moins on y est tranquille. » dit-elle sur un ton qui se voulait normal alors qu'elle ramenait ses jambes de manière à les plier un peu. Elle espérait par cette simple phrase apaiser cette jeune fille, lui prouver qu'elle ne risquait rien avec elle mais surtout qu'elle pouvait profiter de cet instant de quiétude pour ainsi chasser ses tourments. Elle espérait parvenir à maintenir cette bulle que cette jeune fille avait voulu se créer, la soutenir de manière à ce que personne ne la perce et ne lui inflige plus de douleurs.  « C'est oppressant cet air hein ? On cherche juste à le fuir, pour ne plus que ça pique dans la gorge... » Ses yeux se portaient devant elle, devant ce mur si blanc qu'il semblait immaculé, à se vouloir trop parfait pour un lieu si parsemé de douleurs et de chagrin.  « On respire mieux ici. » Rajouta t-elle tout en cherchant dans sa poche ce paquet de kleenex qu'elle avait toujours sur elle. Toujours doucereuse dans ses gestes, Jaimee ne dit mot de plus, désirant simplement mener à bien sa mission : celle de pouvoir sortir un mouchoir de ce paquet. Et lorsque cela fut fait, c'est avec précaution qu'elle détourna son regard pour ainsi le poser sur la jeune fille et lui tendre par là même occasion ce mouchoir avec délicatesse.  « Personne ne vous dira rien ici, je vous le promets. » Un sourire à mi chemin entre la sincérité et la protection vint s'installer sur ses lèvres, dans l'infime espoir de pouvoir apaiser cette jeune fille qu'elle aurait tant désiré aider.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous


Invité
Invité

une toute petite fille w/ jaimee Empty
MessageSujet: Re: une toute petite fille w/ jaimee   une toute petite fille w/ jaimee Icon_minitimeLun 6 Avr - 1:25

Je peux presque entendre ma mère dire à ses copines combien je peux être dure, froide même, le tout en riant. Parce que forcément, une fille qui ne pleure pas en regardant Titanic n'a pas de cœur, c'est bien connu. Elle rirait sans doute moins si elle me voyait là, tout de suite. Mais elle n'est pas là et c'est bien le problème. Elle n'est pas là, Papa non plus et s'il savait, lui, que je suis ici, que j'en tremble tellement fort que mes genoux ne vont probablement pas tarder à lâcher, il hurlerait. Je comprends à présent pourquoi il ne voulait pas que je vienne. David est immobile, posé là comme une poupée brisée dont on se serait lassé. Alors bien sûr que les larmes montent. J'étais toute petite lorsqu'il est arrivé dans nos vies, si bien que j'ai souvent l'impression qu'il en a toujours fait partie. Il a longtemps été l'image même de la solidité, l'armoire à glace qui m'accompagnait partout, le silencieux gage de sécurité. On ne peut pas dire qu'on soit très proches, je ne suis pas sûre qu'on ait déjà échangé plus de trois phrases. Il ne parle pas beaucoup et je n'ai rien à lui dire mais je n'ai jamais imaginé qu'il puisse lui arriver quoi que ce soit. Et pourtant, il est là, branché à des machins qui me donnent froid dans le dos.

Fuir est la première chose qui me vient en tête, peut-être parce que c'est ce que je fais de mieux, comme dirait Papa dans ses moments de lucidité. Les escaliers me passent devant les yeux sans que je les vois, les portes et les couloirs aussi, et mon cœur cogne fort, très fort dans ma cage thoracique. Il y a un truc dans l'air, une lourdeur insupportable qui manque de me faire suffoquer. Quand l'atmosphère se fait plus supportable, je ralentis et un soupir de soulagement  m'échappe pour se noyer dans un sanglot que je n'avais pas prévu. Merde, merde. Ce genre de crises de nerfs ne m'arrive pas souvent, Dieu merci. Perdre le contrôle de mes émotions est sans doute le truc qui m'agace le plus. Mes mains tremblent et ma gorge est sèche, tellement sèche que je n'arrive même plus à déglutir. Bordel.

Le sol est froid, ça calme. Je frissonne, renifle, pathétique gamine recroquevillée dans un hall désert. Pas si désert que ça en fait. La honte pointe le bout de son nez en même temps que débarque une femme, probablement une infirmière, qui s'arrête à quelques pas. Malgré toute la bonne volonté du monde, mes excuses ne sont rien si ce n'est ridicule et je ne peux que maudire ma faiblesse sur ce coup-là. Elle va sans doute me virer et elle aurait raison, déguerpir me ferait le plus grand bien mais je ne suis pas sûre que mes jambes suivent, pas tout de suite en tout cas. Contre toute attente, elle prend place à côté de moi et, curieuse, je ne résiste pas à l'envie de la dévisager furtivement. Elle est jeune, plus jeune que ce j'ai imaginé en l'entendant arriver. Allez savoir pourquoi, je m'attendais à trouver une nana d'un certain âge déjà, revêche et prête à me foutre dehors. Mais non, elle vient jusque-là, franchit les quelques mètres qui nous séparent et va même jusqu'à s'asseoir. Sa voix s'élève, douce et je ne peux m'empêcher de me demander si ça fait partie du boulot, de rassurer les gens comme ça. Elle ne me connaît pas, ne m'a probablement jamais vue mais elle est rassurante. C'est bête mais je trouve ça agréable. J'inspire profondément sans pouvoir réprimer une grimace. L'air est moins aseptisé mais inutile de chercher à s'évader, on est bien dans un hôpital. Curieusement, elle trouve les mots justes pour décrire ça ─ mais après tout, elle travaille ici, elle doit avoir l'habitude ─ et j'acquiesce sans rien, la vue encore un peu trouble. Pleurer n'est pas franchement ─ comprendre, pas du tout ─ dans mes habitudes et j'aurais sans doute eu honte qu'on me trouve dans cet état-là. Bizarrement, ce n'est pas le cas. Peut-être que je me fiche de ce que cette nana pense ou peut-être qu'elle est suffisamment douce pour me calmer sans laisser place à la gêne. Et puis, à qui le répéterait-elle ? A ses collègues ? Et pour dire quoi, qu'elle a vue une petite idiote chialer au détour d'un couloir ? Elle a sans doute mieux à faire et quelque chose me dit qu'elle n'est pas du genre à faire ça. Ou peut-être que si et que je suis actuellement trop perturbée pour m'en rendre compte. Elle me tend toutefois un mouchoir en m'assurant le contraire et après une seconde d'hébétement, je m'en saisis et murmure un merci qui résonnerait presque dans le couloir vide en lui adressant un regard un brin gêné. C'est bête, tellement bête mais je me sens toute petite à présent, les quelques images de David repassant en boucle dans ma tête. « Mon père hurlerait s'il me savait là » Les mots sortent d'eux-mêmes, faibles et tremblants, mais les larmes s'arrêtent, un peu comme si la présence de cette infirmière était suffisamment apaisante pour y mettre un terme. C'est probablement le cas d'ailleurs. « Il ne voulait pas que je le vois. David, je précise, un sourire accompagnant le prénom. C'est notre chauffeur depuis... wow, tellement longtemps. Et on a eu un accident. Rien de grave, enfin, pas pour nous mais lui, il, je sais pas. J'ai été obligée de venir ici pour savoir. C'est ridicule, j'ai dix-huit ans, je peux encaisser. Enfin, non, sans doute pas, la preuve... » Détournant les yeux, je m'arrête pour me moucher et tenter, tant bien que mal, d'essuyer mes joues certainement noires. Tant pis pour les dégâts, ce ne sera pas la première fois que les Londoniens et mon père surtout apercevront une fille qui s'est laissée emporter en oubliant qu'elle était maquillée. « Le voir, comme ça, immobile, et cette odeur, c'est horrible. Je pensais pas que ça m'atteindrait comme ça et franchement, je sais pas comment vous faîtes pour travailler là-dedans » Ce n'est plus du courage qu'il faut, à ce niveau-là, c'est presque une vocation. « Enfin, je veux pas dénigrer votre boulot mais comment vous faîtes ? Tous ces gens qui souffrent et l'odeur, bon sang » Je m'attarde sans doute sur un détail ridicule mais j'ai encore en tête l'entêtante lourdeur qui régnait dans le couloir menant à la chambre de David. Et, damn, je ne pourrais pas vivre là-dedans huit heures par jour, six jours par semaine.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous


Invité
Invité

une toute petite fille w/ jaimee Empty
MessageSujet: Re: une toute petite fille w/ jaimee   une toute petite fille w/ jaimee Icon_minitimeDim 19 Avr - 13:15

Les pleurs ont toujours été source de réconfort, malgré le parallèle qui persistait entre cette action et le sentiment de peine qui en résultait, malgré tous les maux que l'on pouvait endurer à cause de ce geste, il n'en restait pas moins qu'ils parvenaient à nous insuffler cette timide aura d'apaisement. Ils nous dévoilaient nos faiblesses, en même temps qu'ils nous rappelaient nos forces. Ils nous rendaient à cette nature que nous nous efforcions de dissimuler au quotidien : notre aspect humain. Nous n'étions ni des machines, ni des êtres dotés d'une puce incorporée dans notre canal rachidien, capable de guider nos émotions. Nous n'étions que de simples personnes avec os bons et nos mauvais côtés, nos forces et nos faiblesses, notre histoire et notre avenir et nous nous devions de faire avec. Car c'était là le plus difficile dans le cœur de chacun « faire avec », encore et toujours ce même refrain. Celui qu'on ne cesse d'entendre tout le long de notre vie, celui qui nous pousse soit à l'accepter soit au contraire à se battre pour le repousser le plus possible. Et nous nous devions de rester fort coûte que coûte, car notre vie nous appartenait et nous devions la guider comme nous le désirions. Il fallait parvenir à laisser les jugements à la porte de notre conscience, les laisser de l'autre côté, car la nature humaine est faite pour juger, mais elle n'accepte pas lorsqu'elle est remise en question. Voici donc le grand paradoxe de l'humanité tout entière. Celui que notre jeune infirmière avait appris à connaître lors du départ de son père. A ce même moment où elle avait du « faire avec », alors qu'elle ne désirait qu'une chose : revenir en arrière. Au début, elle n'avait pas été capable d'accepter les larmes, pensant qu'elles la rendraient vulnérables, mais surtout convaincue qu'elles n'auraient servis à rien. Son père ne serait pas revenu et personne ne s'en serait soucié. L'alcool lui avait été d'un réconfort pendant un temps. Un temps durant lequel, la réalité s'était peu à peu effacée pour lui revenir en plein visage comme une claque qui vous rougit la joue. La souffrance n'en avait été que des plus douloureuses, si bien que cette petite goutte qui avait traversé son chemin le long de sa joue avait percé une faille qu'elle pensait avoir comblée. Et puis d'autres épreuves se sont enchaînées, les unes plus douloureuses que les autres. Mais la vie n'était qu'une succession de ces dernières. Il n'y avait rien d'autre à faire que de les accepter, de les combattre, pour ainsi se créer à nouveau. Tel le phœnix qui renaît de ses cendres, l'Homme renaît de ses douleurs. Voilà pourquoi, Jaimee avait appris à ne pas juger les autres, à ne pas les brusquer ni même oser envisager ce fait. Car chacun porte sa croix et chacun a sa propre manière d'aller en avant de ses peines. Elle avait appris par elle même, qu'une simple présence pouvait parfois faire du bien. Qu'elle était source de réconfort mais surtout qu'elle permettait de comprendre que nous n'étions jamais seul. Quelle que soit la perte, quelle que soit la douleur, il n'en restait pas moins que l'absence n'était jamais totale, pas tant qu'on ne le désirait pas. Et le plus dur n'était pas de s'en rendre compte, non, le plus était résidait dans le fait de parvenir à garder cette force pour ne pas laisser la solitude nous envahir.

Ainsi, alors qu'elle se laissait tomber le long de ce mur froid, que ses cuisses touchaient la fraîcheur du carrelage d'un banc presque immaculé, Jaimee n'avait pu retenir ses mots. Des termes qu'elle avait jugé opportun vis-à-vis de cette situation. Une simple succession de paroles, dont le but était de rassurer cette jeune fille à ses côtés. Elle lui paraissait si fragile, si perdue dans son monde, qu'elle n'avait pu se résoudre à la laisser là, seule contre ses démons. Personne n'avait le droit à un tel traitement, personne ne pouvait rester ainsi à attendre simplement que ça passe. Le protocole demandait un détachement par rapport à certaines situations, une distance qu'on se devait de garder pour ne pas perdre pied. Mais dans ce cas de figure, le protocole ne servait à rien, laissons les bureaucrates pensaient ce qu'ils veulent dans leurs cabinets, laissons les médecins s'enfermer dans un monde utopique, laissons les tous là où ils étaient. Car ils n'avaient jamais rien compris à l'humanité.

Le sourire imperceptible de l’infirmière s'entendait un peu dans le ton qu'elle employait. Ceci dans le but de prouver à cette jeune fille qu'elle ne la jugerait pas, qu'elle n'était pas en droit en un tel geste. Non, elle préférait de loin agir comme bon lui semblait. Comme une étrangère qui se voulait protectrice de son prochain et qui parvenait à comprendre la douleur. Les yeux fixes devant elle, elle ne cessait d'épier le mur éloigné mais pourtant si rapproché d'elles. Comme si elle parvenait à se créer une bulle, comme si cet espace temps était suspendu pour qu'elles puissent ainsi se retrouver. Personne ne viendrait la déranger, elle venait de lui en faire la promesse et elle s'attacherait coûte que coûte à la tenir. Le mouvement à ses côtés l'incita à regarder vers cette direction. Ses yeux croisèrent le regard empli de gratitude de cette jeune fille, cette expression embuée, qu'elle n'avait que trop vu pour l'avoir connu elle aussi. Cette fois-ci, elle laissa le temps agir en sa faveur et un timide sourire en coin commençait à s'étirer doucement sur ses lèvres fines.  « Il n'est pas là. » répondit-elle avec ce même ton rassurant. Comme si elles se connaissaient de toujours, comme si il s'agissait de sa propre sœur. Jaimee se devait de prouver à cette jeune fille qu'elle pouvait lui faire confiance et que sa parole était de marbre et d'acier. Le silence retombe dans ce couloir, un silence chargé de tant d'émotions qu'une petite part de l'infirmière était heureuse de ressentir, elle avait réussi à créer sa petite bulle. Le regard suffisait pour comprendre ce qui se tramait dans l'esprit de cette jeune fille, cette petite brunette perdue dans un désespoir qu'elle désirait simplement effacer de son être pour retrouver sa force. Elle l'écouta lorsqu'elle lui expliqua les raisons de sa venue, mais surtout son ressenti vis-à-vis de la situation. A son tour, Jaimee ne dit mot, préférant de loin privilégier cette proximité qu'elles étaient en train d'instaurer toutes les deux. Son sourire s'effaça pour laisser place à ce visage sérieux qu'on lui connaissait. Elle ne voulait perdre aucun mot de ce qu'elle lui racontait, des paroles trop importantes pour qu'elles ne s'échappent par les grilles d'évacuations au dessus de leurs têtes. Dix-huit ans. Cette jeune fille ne s'apercevait pas de sa force alors même qu'elle parvenait à accepter sa douleur. Jaimee ne l'en trouva que des plus courageuses et des plus responsables alors même qu'elle l'entendait peser l'ensemble de ses paroles. Combien de personnes étaient à même d'accepter une telle chose ? Combien d'adultes pouvaient prétendre ne rien ressentir lorsqu'il s'agissait d'un fort choc émotionnel ? La réponse était simple : aucun, à moins qu'ils ne soient de véritables menteurs. Lui laissant le temps pour qu'elle parvienne à se reprendre, Jaimee se contenta simplement de l'admirer alors qu'elle détournait son regard. Essayant de trouver les mots justes pour lui faire comprendre qu'elle n'était pas une gamine mais que bien au contraire, elle était bien plus adulte que la plupart des personnes.  « Personne ne peut prétendre ça. A moins d'être un très bon menteur et comédien, il n'existe personne qui puisse encaisser la douleur d'un être cher. Vous êtes inquiète et étouffée dans cette salle où vous l'avez vu. » Les mots s'échappèrent doucement d'entre ses lèvres dans l'espoir de permettre à cette jeune fille qu'elle était comprise. Mais alors qu'elle remarquait qu'elle essayait de cacher le noir de son mascara qui avait coulé le long de ses joues, Jaimee en profita pour détourner à nouveau son regard afin de regarder devant elle. C'est alors que les mots s'enchaînèrent une nouvelle fois. Des mots qui exprimaient tant cette douleur qu'elle ressentait elle aussi en essayant de se mettre à la place de cette petite brunette. Elle ne pouvait que comprendre son impuissance face à cette situation. Il n'y avait rien de pire que d'assister à un tel spectacle, de regarder en ayant la volonté d'aider mais de ne pas y parvenir, de laisser le temps faire ce qu'il avait à faire.  « On parvient à oublier l'odeur, on s'y habitue à force. Mais la souffrance... » Un soupir s'échappa d'entre ses lèvres alors que ses mains se rejoignaient pour se réfugier l'une dans l'autre.  « Même si on ne s'y fait pas, même si cette impuissance est toujours là et nous handicape pour beaucoup de choses. Il faut trouver la force pour la combattre. Comment soigner quelqu'un dans le besoin si on ne se bat pas contre le temps ? Comment se sentir exister sans donner un peu de notre vie à quelqu'un qui vous tend la main ? La vie est difficile et elle le sera toujours, mais il y a tant de belles choses à côtés. Il y a la guérison, il y a les sourires, il y a la confiance, il y a la joie aussi. » Le sourire commençait déjà se reformer sur ses lèvres alors qu'elle parvenait à mettre des visages sur les bonnes choses qu'elle venait d'évoquer.  « La peur est là mais l'espoir est plus fort et c'est ça qui fait tenir. » Ses yeux vinrent retrouver naturellement ceux de la jeune fille à ses côtés.  « Votre chauffeur, David, a besoin de cet espoir pour vous revenir. C'est difficile à comprendre et ça paraît tellement idiot mais il le ressent. La douleur est là surtout pour vous, elle vous consume de l'intérieur, comme si vous n'aviez plus assez de force pour l'éteindre. Mais vous l'avez, cette force. Vous l'avez eu en venant le voir, vous continuez de l'avoir en acceptant la douleur . » Le regard qu'elle lui offrait était signe d'une force qu'elle voulait lui transmettre. Mais avant d'aller en avant, elle préféra couper le lien qui les unissait pour chercher dans l'une des poches de sa blouse le petit échantillon qu'elle gardait toujours sur elle.  « Et pour l'odeur, tenez, elle s'estompera à chaque fois que vous sentirez ça. » Jaimee lui tendit cette petite fiole qui n'était rien de bien exceptionnel, mais qui aurait peut être pu l'aider pour ainsi parvenir à affronter les démons qui l'entourait. Elle gardait toujours ce petit échantillon dans sa poche pour des moments où elle même n'y croyait plus, mais là il lui semblait plus utile que cette jeune fille sente son parfum plutôt qu'elle.  
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous


Invité
Invité

une toute petite fille w/ jaimee Empty
MessageSujet: Re: une toute petite fille w/ jaimee   une toute petite fille w/ jaimee Icon_minitimeMar 26 Mai - 22:12

Mon cœur commence à retrouver un rythme normal, doucement mais sûrement mais j'ai toujours du mal à respirer, comme si mes poumons refusaient de fonctionner. C'est lourd, gluant, c'est désagréable et j'ai l'impression de m'enfoncer sans pouvoir m'en sortir. Mais ça vient, je sens que ça vient, ça va aller. Ca finira forcément par aller, parce que je ne suis pas sûre de pouvoir supporter ça bien longtemps. Comment fait-elle pour vivre au beau milieu de tout ça, de toute cette souffrance, de toutes ces larmes ? C'est surprenant parce qu'elle semble très douce, très calme et d'un autre côté, well, it just makes sense. Elle est certainement parfaite dans son rôle, sait probablement prendre soin autant des malades que de leur famille. Elle me fait un peu penser à Maman. Un peu, rien qu'un peu. C'est vague, comme ressemblance. Les cheveux peut-être et certaines inflexions dans sa voix aussi. Maman est trop occupée, trop pressée, toujours entre deux rendez-vous. Si elle me voyait, elle me dirait sans doute de me reprendre, parce qu'il est interdit de se laisser aller trop longtemps. Maman, pourtant si sensible à la musique et aux émotions. Enfin, aux siennes, très certainement. Oh, elle se soucie de moi, je n'ai pas à me plaindre. Elle m'envoie des mails, elle me laisse quelques messages sur le répondeur de la maison. Elle m'aime. Juste, parfois, j'aimerais qu'elle m'aime autrement.

Mais ce n'est pas le sujet.

Mon cœur commence à avoir un rythme qu'on pourrait presque qualifier de normal et je décide de me focaliser sur ce que dit l'infirmière inconnue. Sa voix est douce, lente. Elle paraît choisir ses mots avec soin, comme si me parler était la chose la plus importante qu'elle ait à faire présentement. Ce n'est probablement pas vrai, parce qu'il y a des gens dans cet hôpital qui ont bien plus besoin d'elle que moi. Mais elle continue, imperturbable. Lorsque j'essuie discrètement mes joues, elle détourne les yeux et sans très bien savoir pourquoi, ça me touche. Je ne la connais pas, je me fiche bien de pleurer devant elle ou une autre de ses collègues, mais je n'aime pas ça. Ça ne veut peut-être rien dire mais je décide de voir du respect dans ce geste simple. Elle pourrait me regarder chialer en me balançant deux ou trois conseils inspirés par de la psychologie de comptoir mais elle tourne la tête. Il y a dans sa voix un je ne sais quoi qui me convainc qu'elle sait très bien ce qu'elle dit. Je ne sais pas pourquoi, je ne sais pas comment mais j'ai l'intime conviction qu'elle ne se contente pas de me baratiner, non, qu'elle me parle vraiment. Pas comme à une môme un peu trop naïve et sentimentale, non, comme à quelqu'un de normal. Well, comme à une adulte.

Elle se tourne à nouveau vers moi, un sourire confiant aux lèvres, si sincère que j'en viendrais presque à croire ce qu'elle vient de dire. Que les choses s'arrangeront, qu'il n'y a pas que la douleur et les regrets. Pas pour David. Il n'y a que la souffrance dans la vie de David, là maintenant. Tout ça parce qu'il travaillait pour mon père. Ce n'est pas juste. Papa et moi sommes sorti indemnes de cet accident. Indemnes. Pas même un genou éraflé, pas la moindre contusion. Ils m'ont examinée pourtant mais rien. Un vague hématome sur la hanche et voilà. David, lui, respire uniquement parce qu'on l'a branché à des machines. Mais elle me parle d'espoir, de guérison, d'avenir plus beau. Elle sait certainement de quoi elle parle et je me surprend à hocher la tête. Est-ce que j'ai réellement la force de croire à ce genre de choses, d'imaginer qu'il puisse s'en sortir ? Cette question amène de nouvelles larmes qui brouillent ma vue et assèchent ma gorge mais je tiens bon. Pas encore, pas une nouvelle fois. J'ai assez pleuré. J'acquiesce, encore et encore, jusqu'à ce que mes yeux se vident.  « Et pour l'odeur, tenez, elle s'estompera à chaque fois que vous sentirez ça » dit-elle en me tendant une petite fiole qu'elle a sorti d'une poche de sa blouse. J'observe un instant le flacon, sans comprendre. Pourquoi est-elle si gentille avec moi ? Elle ne me connaît pas, ne m'a jamais vue. Je ne suis qu'un visage de plus, une autre fille qui pleure dans les couloirs d'un hôpital. Elle n'a pas à faire ça, rien ne lui dicte de s'occuper de moi mais elle le fait quand même. Alors j'accepte le cadeau sans un mot. Mes doigts se resserrent dessus, un peu comme si c'était la preuve tangible des mots qu'elle m'a offert. Comme si ça prouvait tout ce qu'elle vient de dire. « Merci » C'est ridicule, murmuré comme ça, face à tout ce qu'elle a dit. Je n'ai jamais compris l'importance de ce mot-là, il n'a pas grande signification à mes yeux et c'est pourtant le seul que je trouve à lui donner. « Je suis désolée, je... je ne sais pas faire ça » Un sourire passe sur mes lèvres et je ferme les yeux. Pas de larme, pas encore. « Je n'ai jamais perdu qui que ce soit. Mes grand-parents sont en vie, ils vont bien, ma famille est en très bonne santé, je n'ai même jamais perdu un chat ou un chien. Je ne sais pas ce que c'est. La souffrance je veux dire. Je, mh, je suis une môme pourrie gâtée, j'ai toujours eu tout ce que je voulais et je, je ne sais pas ce que c'est, d'avoir mal. Vraiment mal. Jusqu'à maintenant, je... » Je ne sais pas. Je ne sais pas quoi dire. C'est la première fois que je me retrouve dans cette situation, la première fois que j'ai peur pour quelqu'un, réellement peur. La première fois que je me sens si impuissante aussi et pourtant je devrais pouvoir gérer. Officiellement, je suis une adulte, j'ai dix-huit ans, je devrais pouvoir gérer. Je devrais pouvoir gérer. Devrais, keyword. J'ai l'impression de m'effondrer et la seule chose qui me tient encore en place, c'est le mur contre lequel je suis appuyée. « J'ai tellement peur. S'il meurt, s'il meurt je, il, il travaille pour mon père. J'étais avec lui quand c'est arrivé et moi, moi je vais bien. J'ai eu de la chance. J'ai toujours de la chance et les gens autour de moi, pas vraiment. Ça ne me gênait pas avant, c'est pour ça qu'on dit que je suis une petite princesse aussi. Parce que ça ne me gênait pas. Mais ça, David, s'il meurt, s'il meurt ce sera ma faute en quelque sorte » C'est monstrueux à penser comme à prononcer mais ça m'obsède. S'il meurt, je serai encore là et je ne suis pas certaine de pouvoir vivre avec le poids d'une telle injustice.

Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas


Contenu sponsorisé

une toute petite fille w/ jaimee Empty
MessageSujet: Re: une toute petite fille w/ jaimee   une toute petite fille w/ jaimee Icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 
une toute petite fille w/ jaimee
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» IRL ✖ Son regard trahit toujours cette espièglerie qui mêle rêves de petite fille et réalité désabusée.
» JAIMEE ∆ definitely not a good day
» don't get too close, it's dark inside + jaimee
» if i told you what i was, would you turn your back on me ? (jaimee)
» CEB • La fille aux chats.

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Ticket To Ride :: flood & hors-jeu :: this train terminates at morden :: ARCHIVES 2016-2017-
Sauter vers: