[INTRIGUE] anniversaire party de ludwig

Ludwig ne ratait jamais une occasion d'organiser une soirée. Son énorme maison rose s'y prêtait plutôt bien et puis il s'agissait pour lui presque d'un rituel quand on connaissait son goût certain pour ce genre de sauterie détonante. Étant malheureusement parti en France pour affaires il n'avait par conséquent pas eu le temps de fêter son anniversaire dans les règles de l'art, ce qu'il faisait pourtant chaque année sans jamais manquer une occasion. Mais hors de question d'attendre d'avoir trente ans pour le faire avait il pensé ! l'énergumène blond s'était alors empressé d'organiser l’événement dès son retour en Angleterre et ce, pour fêter dignement vingt neuf années de grand n'importe quoi Ludwigien dans la joie et la bonne humeur, annoncer une petite surprise aussi, avait t-il laissé entendre à Conchita (la bonne) et à ses futurs invités. Ludwig Allen Jenzell était vraiment le roi des soirées aux goûts particulier, mais quiconque y avait un jour été invité ne pouvait sincèrement prétendre que la soirée en question ne lui avait laissé un souvenir impérissable et quelque part il s'en félicitait. On se souvenait notamment assez bien de la licorne qui lui avait été offerte et qui avait servi de distraction toute la soirée, posant avec les invités et s'autorisant un petit galop avec Jay sur le dos autour de la piscine. Le poney vivait d'ailleurs toujours là, bien qu'on lui ait retiré sa fausse corne après la fête. Ludwig l'aimait beaucoup et l'avait nommé Elton en hommage à Sir Elton John évidemment, qui n'avait d'ailleurs pas pu venir l'année dernière à cause d'une gastro si Ludwig se souvenait bien. Une fois de plus, il avait d'ailleurs imposé son célèbre dress code, either white or pink, avec un bonus pour les paillettes. Ludwig adorait les paillettes de toutes sortes c'était bien connu. Concernant les invités, le fonctionnement ne changeait pas trop des années précédentes, sa tonne d'amis était invitée et pouvait inviter d'autres personnes à condition qu'ils soient drôles, majeurs et tolérants. Quant aux excentriques, ils n'avaient qu'à inventer une excuse loufoque sur la raison de leur invitation pour qu'on les laisse entrer et s'amuser avec les autres. L'important pour Ludwig c'était bien que tout ça vive et fasse la fête jusqu'à une heure avancée de la matinée. Il avait même fait préparer toutes ses chambres libres, et pour s'y envoyer en l'air, il suffirait de gagner une petite clé en remplissant un des défis du maître de maison. Et Ludwig n'était vraiment pas à cours d'idées.

Le temps agréable le mettait de bonne humeur et contrairement à l'année précédente il avait eu le temps de faire appel à un professionnel pour faire mousser sa piscine rose avec des produits complètement bios dont il ne serait pas plus tard une sinécure de se débarrasser. L'un des gros changement que Ludwig avait opéré c'était bien l'uniforme de travail de ses employés. Plus d'antennes et d'ailes dorées, mais bien des créations de Ludwig lui même qu'il présenterait donc lors de sa fête pour la première fois. Après une année de dur labeur et de secrets gardés, il allait présenter sa première ligne de vêtements (ou de costumes), et s'il n'était pas angoissé, il avait tout de même hâte d'annoncer la surprise et surtout d'éblouir ses amis. Conchita Wurst en personne serait là pour présenter l'une de ses pièces phares. C'était un grand pas pour Ludwig qui a vingt neuf ans et victime d'un héritage trop conséquent, n'avait jamais vraiment choisi de voie se contentant de vivre sur l'argent familial. Il militait activement et à temps complet, mais il n'avait jamais rien tenté de concret. Le stylisme aurait pourtant pu paraître une direction toute indiquée vu son dressing. Bon l'un de ses ex lui avait appris à trader, mais détail. Ludwig Allen Jenzell avait toujours eu un don pour s'envoyer en l'air avec les bonnes personnes.

Très excité à propos de sa soirée, il s'était assuré que tout était parfait et que Conchita son associée avait la situation bien en main avec l'armada d'employés qui s’occupaient désormais du barbecue, des salades veggie, de la sono et de la maintenance de la fête en général. Pour annoncer la couleur, il demanda à ce qu'on arrose le quartier de musique disco. Ludwig adorait le disco.

Sortir alors que les répétitions des Mis étaient si intenses n'était sans doute pas l'idée du siècle mais Gaby ne pouvait décemment pas manquer l'anniversaire de Ludwig. Il suffirait d'un litre de café supplémentaire le lendemain pour qu'elle soit suffisamment en forme et Jesse Andrews pourrait tranquillement continuer à lui pomper l'air un jour de plus. Elle s'observa une dernière fois dans le large miroir de la salle debains et décréta que cette petite robe blanche était de loin le meilleur investissement de la semaine. Et tant pis si son banquier voyait rouge pendant quelques jours, ça valait le coup. Ce n'était pas tous les jours qu'on était invité à l'anniversaire de Ludwig Jenzell et Gaby prenait les dress codes très au sérieux. Il lui avait fallu toute une soirée et les conseils avisés de Sage, Casey et Charles pour trouver la tenue parfaite, après avoir reçu les instructions très claires du birthday boy. Le simple fait qu'il ait insisté sur deux couleurs bien précises la laissait déjà rêveuse quant au déroulement de cette soirée qui promettait d'être riche en émotions.

Après avoir savamment natté puis fixé ses cheveux blonds avec quelques épingles et beaucoup de savoir-faire, Gaby attrapa manteau et sac à main, déjà toute excitée. Elle quitta l'appartement, non sans avoir lâché une bise sonore sur la joue de sa colocataire, coincée chez elles par des révisions de dernière minute. Tant pis pour elle, Gaby comptait bien s'amuser pour deux. Ou dix. Elle vibrait presque d'excitation en arrivant à Kensington et elle adressa un sourire éclatant au vigile qui surveillait farouchement l'accès à la fameuse maison rose dans laquelle s’époumonait déjà une Diana Ross d'une qualité incroyable. Il parcourut son carton d'invitation du regard puis inspecta brièvement le panier qu'elle trimbalait depuis Camden. Il dû reconnaître les étiquettes du sex-shop dans lequel elle était allée faire ses emplettes ou approuva simplement la quantité de boîtes, toujours est-il qu'lui fit signe d'entrer d'un bref mouvement de tête avec l'ombre d'un sourire. Gaby ne retint pas son gloussement d'excitation et lui tapota l'épaule en signe de remerciements. Il y avait déjà du monde et, craignant d'être en retard, elle vérifia discrètement l'heure sur son portable – à peine vingt heures passées – avant de le ranger définitivement au fond de sa pochette qu'elle cala sous son bras, une fois débarrassée de son manteau et de son panier-garni réservé aux adultes. Bien, bien, restait à trouver Ludwig ou à tomber sur des visages familiers. Non pas que Gaby était timide ou angoissait à l'idée de rencontrer de nouvelles têtes ce soir, mais il était tout de même d'usage de souhaiter un bon anniversaire à l'invité d'honneur. Elle se hâta donc vers le jardin, indiqué par l'un des serveurs comme the place to be de la soirée. On l'arrêta toutefois à l'entrée, une fois de plus, et elle éclata de rire devant les trois shots qu'on lui présenta sur un plateau. Le cœur battant et le rouge aux joues, Gaby descendit un à un les minuscules verres de tequila et leva les bras en signe de victoire après avoir reposé le dernier. « Ludwiiiiiig, hiiii ! » s'écria-t-elle en l'apercevant, plus bruyante et heureuse que jamais. Les shots faisaient déjà leur petit effet, ça ne ratait jamais. « Happy birthdayyy ! ajouta-t-elle d'un ton chantant. Dis-moi, que faut-il faire pour un peu plus de tequila ? Je meurs de soif already et les shots réglementaires m'ont ouvert l'appétit » Oui, non, sortir une veille de répétitions n'était pas un problème mais devoir travailler avec Raphael De Lacy après la fête d'anniversaire de Lud pourrait en devenir un.

On m'a toujours dit que débarquer dans une soirée où vous n'avez pas été invité ne se fait pas. C'est malpoli, grossier et oh so unladylike. Whatever. Si on vous offre la possibilité d'entrer quand même, c'est qu'on s'attend à ce que vous veniez même si vous n'avez pas d'invitation, right ? Et puis merde, j'ai passé deux heures à me préparer pour cette soirée qui, d'après ce qu'on m'a dit, est déjà en lice pour être la soirée de l'année, alors je ne vais pas reculer maintenant. J'ai failli pourtant, quand Leo s'est ouvertement foutu de ma gueule en me demandant si je comptais vraiment sortir comme ça. Apparemment, les cheveux bleus et la robe rose ne font pas bon ménage. Il a dû remarquer que sa remarque ne m'avait pas beaucoup plu, parce qu'il s'est empressé de nuancer son propos en affirmant que ça donne un genre. On a vu mieux, comme rectification mais c'est mon frère et mon frère est un idiot. Il a préféré rester à la maison, papy avant l'heure, et c'est donc seule que je me dirige vers cette maison dont j'ai si souvent entendu parler. Déjà parce qu'elle est rose, presque plus rose que ma robe, et surtout parce que ses habitants sont kinda célèbres. Je me fous un peu de tomber sur Jessie Jenzell, puisque Jackie n'est pas là pour me communiquer son enthousiasme et puis c'est le cousin qui m'intéresse. Une vraie légende urbaine et j'avoue que je suis curieuse. Il paraît qu'il organise les meilleures fêtes de tout Londres, alors je veux voir ça.

Une espèce d'armoire à glace me barre la route lorsque j'arrive et je fronce les sourcils, sans comprendre. Il me semblait pourtant avoir compris que tout le monde pouvait entrer. M'aurait-on donc menti ? « Comment avez-vous été invitée ? » me balance-t-il comme ça, sans préambule. J'ai presque envie de lui répondre par un bonsoir exagéré, parce que merde, un peu de politesse n'a jamais blessé qui que ce soit, mais je me contente de le fixer avec insistance. Il compte bouger, oui ou merde ? « Il me faut une histoire, explique-t-il finalement, et je vous laisse passer » Oooh mais quand on m'aura tout dit. Je me redresse et m'éclaircis la gorge, en quête d'inspiration. Ça devrait pas tarder à venir, ça vient toujours. « Tout est de la faute de ma copine Jackie en fait. Elle zonait sur Tumblr, tranquille, et elle a trouvé une playlist, publiée par tumblr user wewearpinkonwednesdays, et il se trouve que c'était la playlist d'une des fêtes de Ludwig. Elle l'a écoutée, elle en est tombée raide dingue et elle l'a harcelé pendant des semaines après ça. Ludwig, pas la playlist hein, me semble-t-il bon de préciser, il a eu pitié d'elle, parce que ok, elle est adorable mais elle s'appelle Jackie et voyez-vous, pour moi qui suis française, ce prénom est vraiment super drôle. Ludwig doit penser la même chose parce qu'il lui a envoyé une invit' et elle me l'a refilée vu qu'elle a chopé la malaria la semaine dernière dans les toilettes des filles du rez-de-chaussée, à Holland Park » Je termine avec un sourire et note mentalement qu'il faudra que je ramène quelque chose à Jackie de cette soirée, pour me faire pardonner. Oh, bien sûr elle ne saura jamais ce que je viens de lui dire, sauf si son frère traîne dans les parages – ce dont je doute fort mais bon, a girl can dream. On finit par me lancer entrer et je m'autorise un sourire triomphant en me mêlant aux invités. A priori, si il est si facile de passer la porte, lesdits invités n'ont sans doute pas tous été invité et il risque d'y avoir foule ce soir. Tant mieux. Je tente de passer dans le jardin mais on m'arrête brusquement. Un plateau fait son apparition juste sous mon nez et trois shots entrent dans mon champ de vision. Really ? La serveuse hoche la tête et je lève les yeux au ciel. Tu parles d'un défi, c'est pour se mettre en bouche ou il s'agit juste de la conso gratuite ? « Vous pourrez boire sans sortir votre portefeuille, don't worry » fait la serveuse et je réalise, en m'attaquant au deuxième shot, que j'ai probablement dû dire ça tout haut. Oh, well. Je lève le troisième et dernier verre lorsqu'elle ajoute : « par contre il va falloir vous mouiller un peu » Comment ça, me mouiller un peu ? Je regarde d'un air mauvais la piscine, en continuant mon petit tour, et je décide on the spot de rester loin, très loin de l'eau chloré. Déjà parce que ce serait catastrophique pour mes cheveux et surtout parce que cette robe, bien que pas très chère, ne mérite pas de finir sa vie dans une piscine. Et je n'ai pas apporté de tenue de secours. Ni de cadeau d'ailleurs, mais bon c'est pas comme si je connaissais personnellement mon hôte non plus.

- Je suis venue depuis Russie pour rencontrer Ludwig ! Moi Petrova Matrinovska, grande couturière vient pour présenter tissus pour prochaine collection de Monsieur Jenzell, baragouina t-elle au mec de l’entrée qui lui avait réclamé des explications, à propos de sa présence ici. Sa pote Michelle était en train de pouffer dans son dos, tellement l’accent de Reese était mauvais. On avait jamais vu de russe aussi anglaise. Elle s’en ficha, et poursuivit même sur sa lancée (elle avait aperçu l’ombre d’un sourire de la part du gars) : beau tissu de Moscou oui oui, avec beaux motifs, tout plein beau motifs russes ! Elle appuya sur l’armature de ses Wayfarer, bien qu’elles fussent inutiles puisque la nuit tombait, et c’était uniquement pour le style. Tout était dedans ainsi que l’assurance qu’elle dégageait, en racontant ses mensonges.

Le type passa sa grosse main derrière ses épaules pour l’inviter à s’avancer. C’était au tour de Michelle maintenant, mais la blonde ne prit pas la peine de l’attendre ; elle savait que celle ci allait très bien se débrouiller aussi pour gagner sa place dans cette soirée. Elles s’étaient pointées à l’improviste, donc pas forcément à l’heure, et elle vit mal de monde avec se qui ressemblait à nul autre que des présents pour le roi de la soirée. Elle faisait déjà l’effort d’être ici, elle allait quand même pas s’emmerder et gaspiller son fric pour un mec qu’elle ne connaissait même pas ! Quand elle avait entendu parlé de la party, bien sûr l’occasion avait été trop bonne pour ne pas la manquer : Ludwig était un personnage dans les alentours et chacune de ses fêtes étaient réputés pour être géniales, alors pas question de rater celle-ci ! Un éclair blanc traversa son champ de vision ; Michelle était parvenue à rentrer jusque ici. Elles s’étaient prêtées au jeu du dress code avec plaisir, et de fait, Reese était vêtue de rose, et elle n’avait pas lésiné sur les paillettes.

- Seulement ? s’exclama t-elle lorsqu’on leur informèrent que pour rejoindre l’extérieur elle devait gagner leur droit de passage là encore, à coups de téquila. Plutôt deux fois qu’une !! Génial, c’était tout simplement génial. Ce ne fut qu’une simple formalité, et elle dégomma les trois shots, comme s’il avait s’agit d’un vulgaire verre de coca. Elle avait la gorge en feu maintenant, mais elle n’en avait rien à foutre, comparé à tout ce qui l’attendait ensuite ! Elle passa son bras sous celui de sa pote pour commencer à déambuler dans le jardin, et c’st en conversant avec un illustre inconnu qu’elles apprirent que chaque boisson était « payante » , mais d’une façon bien plus originale que d’avancer bêtement la monnaie, et sous forme de défis. Reese qui ne comptait surtout pas dépenser un rond trouvait le principe génial. Bientôt, elle n’eut plus qu’une idée en tête : tous les réaliser. Sans exception.