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 Letter to a friend [ISAAC & ADRIAN]

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MessageSujet: Letter to a friend [ISAAC & ADRIAN]   Letter to a friend [ISAAC & ADRIAN] Icon_minitimeLun 20 Juil - 2:18

Cher Isaac,

Je suis conscient de t’avoir laissé sans nouvelle et même de ne pas en avoir réclamées depuis trop longtemps maintenant et j’en suis réellement désolé. J’espère que tu as parfois des nouvelles de Christopher, et que tu te rétablis, même si je ne peux qu’imaginer la douleur dans laquelle t’a plongé la mort de Thomas. J’aurais voulu écrire plus tôt pour te parler de lui tel que je me le rappelle, mais je m’en suis finalement trouvé incapable, comme victime de la page blanche de l’écrivain au pire moment. Le souvenir que je conserve de Thomas refuse de s’exprimer sur ces lignes, mais c’est un très beau souvenir. J’aimerais pouvoir te le donner pour effacer les autres.
J’espère, sinon, que les choses vont au mieux. Christopher et moi, nous allons partir quelques temps, en Italie surement, mais si tu es d’accord, j’aimerais continuer à t’écrire de là-bas. Je suis bien meilleur écrivain que parleur, n’importe qui te le dira. Tu devrais peut être partir toi aussi, à la découverte de nouveaux paysages, d’un air nouveau. Je comprendrais que tu n’en n’aies pas envie. Chris a besoin de voyager, je crois. Et moi aussi.
Je recommence à travailler à Oxford l’année prochaine, avec deux classes supplémentaires. Je n’ai pas encore osé lui dire. Il n’aimera sans doute pas que je fasse des heures en plus. Je me sens idiot de te raconter toutes ces choses futiles qui vont sans doute te paraitre dérisoires, mais je voulais écrire sur la vie de tous les jours plutôt que de m’éplorer. Tu connais ma mère, elle en tout cas se souvient bien de toi, et me force à te dire que tu es le bienvenue à la campagne si tu le souhaites. Elle te fera la cuisine, m’a-t-elle promis (je ne suis pas sûr que ce soit une si bonne nouvelle, cela dit).
Je vais être contraint d’arrêter ici ma lettre, malheureusement, car un dernier tas de copies requiert mon attention avant que je ne boucle définitivement l’année qui vient de s’écouler. Je te joins l’exemplaire d’un livre que je viens de terminer, si jamais l’envie te prend de te plonger dans une fiction légère et ma foi assez drôle. C’est comme ça que je fais, moi, quand je suis triste, en tout cas.
N’hésite pas si tu as besoin, nous sommes là, tous les deux, pour toi. A n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, n’importe quand. C’est promis.

Affectueusement,
Adrian.
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MessageSujet: Re: Letter to a friend [ISAAC & ADRIAN]   Letter to a friend [ISAAC & ADRIAN] Icon_minitimeLun 20 Juil - 9:24


Mon tendre Adrian,

Tu ne devrais pas te sentir mal d’avoir pris du temps avant de me contacter. Je le comprends, tu sais ? Dans ce genre de situations, il est toujours difficile de trouver les mots adéquats. Moi-même, j’ai parfois du mal à trouver comment dire ce que je ressens. Ce que je vis. C’est un peu tout mélangé dans ma tête, dans mon cœur. Parfois, je ne distingue plus vraiment le vrai du faux et je ne sais plus à quoi me fier. Alors comment en vouloir aux autres quand je suis moi-même incapable de parler ? Je crois que je ne parle plus vraiment. Plus que par phrases entrecoupées. C’est plus facile à l’écrit mais je ne sais jamais par quoi commencer. Alors j’ai abandonné et je suis resté silencieux. Je suppose que c’est mieux, pour l’instant.
J’essaye aussi de me concentrer sur les beaux souvenirs que m’a laissé Thomas en partant. (‘En partant’, drôle d’expression, non ? Il n’est pas réellement parti, dans le fond. Je pense à lui à chaque instant. C’est comme s’il était toujours là. Un peu. Il est juste mort. Et même parfois, j’ai l’impression qu’il va rentrer à l’appartement comme après chaque journée de travail.) Je ne sais pas si ça rend les choses plus faciles pour moi, de revoir ses sourires. D’entendre ses rires. De revoir son image qui, malheureusement, devient floue par moments. J’ai peur de l’oublier, tu sais ? J’ai peur de me lever un matin et de ne plus arriver à me rappeler comment il était. Est-ce que tu crois que ça arrivera ? Qu’est-ce que je ferai quand ça arrivera ?

Votre voyage en Italie est une bonne nouvelle. Je pense que cela vous sera bénéfique. J’espère que vous pourrez vous y retrouver, comme aux premiers jours. Il n’y a rien de mieux qu’un peu de temps à deux, loin de tout, quand il y a ce besoin de retrouver l’autre. Ça nous a beaucoup aidés, Thomas et moi, à l’époque. J’espère que ça vous aidera aussi, peu importe comment.
Je ne me sens pas prêt à partir loin, longtemps. J’ai toujours un peu de mal à quitter l’appartement. Je me sens coupable de le quitter, en réalité. Tu sais, parfois j’ai peur qu’il rentre pendant que je ne suis pas là. J’ai peur qu’il pense que je l’ai abandonné. C’est bête, hein ? Parce qu’il ne rentrera pas, jamais. Mais je ne peux pas m’en empêcher. L’invitation de ta mère est adorable mais je pense refuser. Je ne peux pas, pas tout de suite. J’espère plus tard, en tout cas.

Tu devrais le dire à Christopher. Je sais que ça doit t’être difficile, mais il a besoin de savoir. Et puis vous trouverez comment vous arranger, même avec tes heures supplémentaires. Il y a toujours une solution, si on la cherche bien.
Tu es tout de même heureux de continuer à Oxford ? Autant de responsabilités si jeune, c’est très impressionnant. Je suis vraiment content pour toi, en tout cas. J’espère que tu y trouves toujours autant de plaisir.
Je te laisse alors à la correction de tes copies, je te souhaite bon courage. Tes élèves sont-ils à la hauteur de ton enseignement ? Pour ma part, je vais sans doute commencer le livre que tu m’as envoyé. C’est une attention délicate qui me plaît beaucoup. J’espère pouvoir le finir d’ici ta prochaine lettre, que nous puissions en discuter.

Je sais que vous êtes là, mais je crois que j’ai besoin de juste me faire à l’idée que jamais il ne reviendra. Une fois cette étape passée, je pourrai sûrement être aidé.

Je t’embrasse,
Isaac.

PS – Je crois que je n’ai jamais autant parlé depuis l’enterrement. Enfin, jamais autant parlé en écrivant. Ça m’a fait beaucoup de bien, merci. Même si ça n’a pas dû être agréable pour toi.
PS² – Si tu le souhaites toujours, je veux bien que tu continues de m’écrire, même d’Italie. Tu me raconteras vos aventures et me décrira tous les merveilleux paysages que vous y verrez. Je voyagerai à travers tes lettres, ça me sera suffisant.
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MessageSujet: Re: Letter to a friend [ISAAC & ADRIAN]   Letter to a friend [ISAAC & ADRIAN] Icon_minitimeLun 20 Juil - 15:41

Cher Isaac,

Je suis réellement ravi de ta réponse, de même que je suis très heureux que tu aies pu prendre le temps, ou même ressentir l’envie, de t’exprimer aussi longuement. Ce n’est pas le moins du monde déplaisant pour moi, sois en assuré, bien au contraire. La parole reviendra à son tour, mais j’imagine qu’il est totalement compréhensible que tu aies besoin de temps. Seul le temps peut réparer de si vives blessures. A ta place, je n’aurais certainement pas envie de parler non plus. Je serai ravi de t’écrire d’Italie, je crois que nous allons effectivement choisir cette destination. Elle semble inspirer Chris, en tout cas, il cherche des hôtels pour notre escapade. Je comprends que tu ne veuilles pas partir, l’envie de voyager reviendra elle aussi, chaque chose en son temps.

Tu n’oublieras pas Thomas. Bien sûr, les visages se troublent parfois. Mais les photos sont là pour ça, pour aider les souvenirs à subsister, et je pense que le plus important n’est pas de se rappeler ‘un trait du visage ou de l’inclinaison d’un nez, mais plutôt de ces choses qui ont fait votre vie ensemble, vos expériences, l’amour, ces choses que vous avez traversées. Tu ne les oublieras jamais, il te suffira d’un instant pour que la pensée te revienne. Si c’est douloureux aujourd’hui, comme les autres blessures, ces souvenirs seront un jour doux à ta mémoire, j’en suis persuadé. Mais je suis aussi persuadé que tu n’oublieras pas Thomas. La peur est légitime, mais ce n’est pas possible.

Je parlerai à ma mère, elle comprendra. Considère son invitation comme éternelle, elle s’ennuie pas mal maintenant qu’elle ne travaille plus. Alors si un jour l’envie te prend de t’éloigner un peu… N’hésite pas. Pour l’instant, la solitude est peut être la solution. A ta place, c’est ce que je voudrais sans doute aussi, être seul. Alors je ne peux qu’imaginer et comprendre, une fois de plus.

J’annoncerai Oxford à Chris, mais j’attends qu’il reprenne un peu confiance. J’ai eu du mal à le trouver optimiste, ces derniers temps. En dehors de ça, bien entendu, je suis plus que ravi. Flatté, même, de rencontrer tant de succès dans cette université. Mes étudiants sont tous différents et tous à la hauteur, chacun à leur manière, en tout cas je n’ai pas eu encore à me confronter à qui que ce soit qui m’aurait donné du fil à retordre. Tant mieux, je ne sais pas ce que je ferai face à un insolent ! Peu importe, les vacances ont commencé maintenant. On m’a également proposé d’écrire l’histoire d’un livre pour enfant, qu’une amie à moi illustrerait. Je vais le faire. Il sera pour Thomas, il sera pour toi aussi. Il parlera d’amour et de tolérance.

Je ne sais pas encore quand nous partons. Je me répète sans doute mais si la solitude te devient pénible, surtout, n’hésite pas à nous faire signe.

Je t’embrasse,
Adrian.

PS : As-tu commencé le livre ? L’auras tu apprécié autant que moi ? J’ai généralement du mal à trouver un livre mauvais, je les aime sans doute trop.
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MessageSujet: Re: Letter to a friend [ISAAC & ADRIAN]   Letter to a friend [ISAAC & ADRIAN] Icon_minitimeMar 21 Juil - 0:17


Tendre Adrian,

Je crois que c’est à moi de te remercier. Parce que ça fait du bien de pouvoir dire ces choses-là. Je ne savais pas vraiment comment les formuler, je ne savais pas comment les dire. c’était difficile de trouver les mots et quand j’ai eu le courage de répondre à ta lettre, tout est venu un peu tout seul. Comme si ça devenait soudainement simple. Je crois que j’en avais besoin. Ça ne rend pas son absence plus facile à vivre mais je suppose que ça peut m’aider. Ça m’aidera, non ? Tu crois ?
On me dit souvent que c’est le temps qui va m’aider, qui va refermer les blessures. Mais combien de temps ? Combien de temps, Adrian ? Un an, deux ? Plus, moins ? Est-ce que tu crois que j’arriverai à sourire à nouveau, à rire à nouveau ? Certains jours, j’ai la sensation que ça sera impossible sans lui ; d’autres, j’ai juste l’impression d’être dans un gouffre tout noir et de ne pas pouvoir trouver une porte de sortie. C’est un peu comme si j’étais sur des montagnes russes. Et j’ai le tournis. Je me sens perdu, Adrian. Je suis perdu sans lui. Est-ce que je peux encore avoir l’espoir de me retrouver, même s’il n’est plus là ?

Je regarde souvent nos albums photos. Nos souvenirs. Ça reste douloureux, encore. Je pleure beaucoup quand je le vois sur ces clichés. Il me manque. Et la peur de l’oublier est toujours présente. Peut-être que certains détails disparaîtront avec le temps, peut-être que je me souviendrai toujours de la couleur de ses yeux. Mais son image sera-t-elle toujours aussi douloureuse, elle aussi ? Est-ce que ça fera toujours mal de le voir dans mes songes ? Et est-ce qu’un jour, aller sur sa tombe deviendra un moment seulement apaisant, qui ne creuse pas un peu plus ma poitrine sous le poids de a souffrance ?
(Je pose beaucoup de questions, ne te sens pas obligé d’y répondre. Elles arrivent au fil de mes pensées, alors que je t’écris.)

Je serai ravi de rendre visite à ta mère, peut-être plus tard. Je pourrais essayer de l’appeler quand même pour la remercier de son invitation, mais j’ai parfois peur de prendre le téléphone. De composer les numéros. Comme si j’avais peur de ce que me diraient les gens à l’autre bout.
Je ne suis pas toujours tout seul. Je vois Dexter, le frère de Thomas si tu te souviens. Souvent. Ça nous fait du bien à tous les deux, je crois. Malgré la douleur toujours présente, ça nous aide. Ça n’enlève pas le vide et l’absence mais ça nous aide. Je suppose que c’est une bonne chose.

Laisse du temps à Chris, son naturel enjoué reviendra. Il a juste besoin d’un peu de temps, de ta présence. Tu as besoin de temps avec lui aussi. Ces vacances vous feront du bien, peu importe ce qu’il en ressortira.
Oxford est une grande chance pour toi et je suis heureux de voir que ça te réussit. Ton métier te passionne et tes élèves doivent l’être aussi par ton enseignement. Ils ont beaucoup de chance de t’avoir pour leurs cours. Et je crois que tu saurais parfaitement comment te comporter avec un jeune difficile. Tu as ça en toi, Adrian. Et je crois que tu es bien le seul à ne pas le voir encore.

Je suis flatté que tu aies pensé à Thomas et moi pour ce livre. Ça me touche énormément, tu sais. Et j’ai hâte de voir le résultat. Il sera superbe, j’en suis sûr. Tu penses commencer quand ? Tu me tiendras au courant des détails ?

Je sais que ça paraîtra égoïste mais je me sens nerveux à l’idée que vous partiez. Même si je ne vous contacte pas souvent, même si je reste seul dans mon coin, j’ai toujours la sécurité de vous savoir près de moi. C’est horrible à dire, hein ?
Mais vous reviendrez, pas vrai ? Vous ne resterez pas là-bas pour toujours ?

Je me rends compte que je parle beaucoup de moi, je suis désolé. Ça doit être ennuyeux.

Je t’embrasse, embrasse également Chris pour moi. Dis-lui qu’il me manque. Vous me manquez tous les deux.
Isaac.

PS – Le livre que tu m’as envoyé est passionnant. Je suis vraiment content que tu me l’aies conseillé et d’avoir pris le temps de le commencer. J’en suis déjà à la moitié ! J’ai même dû me forcer à me coucher et le lâcher pour quelques heures. Ça fait du bien de s’évader.
N’hésite pas si tu as d’autres romans à me conseiller, je serais ravi d’en lire plus.
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MessageSujet: Re: Letter to a friend [ISAAC & ADRIAN]   Letter to a friend [ISAAC & ADRIAN] Icon_minitimeMar 21 Juil - 18:38

Mon cher Isaac,

J’aimerais réellement pouvoir apporter des réponses précises à tes questions, pour pouvoir te guider ou t’indiquer, malheureusement, je crois que personne ne le peut. Ou peut être des gens qui sont réellement passés par là, qui ne te donneront pas des réponses en l’air ? L’idée est peut être déplacée mais as-tu pensé à rencontrer des gens qui traversent ou ont traversé ce que tu vis en ce moment ? Loin de moi l’idée de te pousser à faire des choses que tu n’aurais pas envie de faire, au contraire. Mais là, tout de suite, alors que je t’écris, c’est la seule idée qui me vient pour t’aider à trouver les réponses que tu cherches – et tu pourrais leur écrire, aussi. Les gens aiment encore écrire, je crois.
En tout cas, je me doute que regarder les albums photo est douloureux. Mais je crois que c’est bien, de le faire. Bien sûr que ça fait mal. Bien sûr qu’un jour ça ira mieux. Mais ce que tu as vécu reste profondément injuste et terrible, l’imprévisible ajoute en plus à l’injustice. Ca prendra plus de temps, sans doute. Mais c’est bien de regarder les photos, de tenter de s’imprégner de souvenirs meilleurs, des beaux jours. C’est en se souvenant des bons moments, je crois, que la douleur finira par s’estomper, petit à petit. Je te parle encore de temps en ces termes tellement vagues ; et je regrette de ne pas pouvoir être plus précis…

Je le dirai à ma mère, elle sera ravie, elle aussi. Elle a été bouleversée d’apprendre ce qui est arrivé, sans doute en partie parce qu’elle a imaginé ce que représenterait une telle tragédie pour elle, en tant que mère. Mais aussi parce qu’elle vous appréciait réellement tous les deux. Vous avez été si longtemps un réconfort et un soutien pour Chris, et ensuite pour le couple que nous avons formé et pour moi.
Je vois qui est Dexter, oui, je me rappelle vaguement. J’aurais pensé que rencontrer le frère jumeau de Thomas te heurterait, mais si ce n’est pas le cas, il faut prendre le réconfort d’où il vient. Si ça vous aide tous les deux, c’est forcément une bonne chose, sois-en convaincu.

Je sais, pour Chris. J’essaye de le rassurer, maintenant, il est tems qu’on passe à autre chose. D’où notre décision de partir un peu, mais ne t’en fais pas, nous serons tous les deux joignables, et disponibles si tu as le moindre problème. Quant à partir pour toujours, il n’en n’est bien sûr pas question. Nous serons loin de Londres pour quelques semaines tout au plus, et nous rentrerons. Je pense peut être déménager. Il faut que j’en parle à Chris. Un nouvel appartement pour une nouvelle vie qui commence, ça semble un peu cliché, non ? Mais j’aime assez l’idée. J’aime cet appartement, mais il a fait son temps dans notre vie. J’aimerai acheter plus grand. Peut être une maison ?

Pour le livre, c’est tout naturel. Mon amie est emballée par l’idée. Je te ferai parvenir un exemplaire dès qu’il sera terminé, c’est promis. Tu pourrais la rencontrer, un jour, aussi, c’est une jeune femme formidable avec laquelle j’ai fait mes études de littérature, à Oxford justement. Elle te plairait je crois ; pas tout de suite, bien sûr. Plus tard
J’espère que tu as raison pour les étudiants difficiles, le cas se présentera forcément à moi un jour et il faudra bien que je m’en débrouille, de toute façon.

Ce n’est pas ennuyeux, je suis content que tu me parles, au contraire.

Je transmets à Chris, et me répète sans doute, mais si tu veux venir dîner un soir, avant notre départ, tu n’as pas besoin de demander ou même de prévenir.
Tu nous manques, à nous aussi.

Je t’embrasse,
Adrian.

PS : je suis content que le livre te plaise. Je te ferai une liste jointe à la prochaine lettre, c’est promis.
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MessageSujet: Re: Letter to a friend [ISAAC & ADRIAN]   Letter to a friend [ISAAC & ADRIAN] Icon_minitimeMer 22 Juil - 0:41


Tendre Adrian,

Je sais que tu ne peux apporter de réponses à toutes ces questions sans queue ni tête. Je suis seul dans ce délire du deuil et je sais que rien ne changera ça. Rien n’apaisera ma douleur. Il n’y a pas de solution miracle, juste le temps.
Je ne sais pas si rencontrer d’autres personnes qui ont vécu ce même drame (ou un drame similaire) pourrait m’aider. Tu le crois ? Je ne sais pas si j’aurais le courage, la force de parler à ces inconnus. Et si leur propre souffrance, véritable reflet de la mienne, était encore plus pénible à endurer ? N’est-ce pas pour cette raison que les gens nous fuient, nous, les endeuillés ? Même si c’est honteux à avouer, je crois que j’ai peur de la détresse d’autrui. La détresse de tous ces gens qui ont si mal d’avoir perdu quelqu’un qu’ils aimaient. Parce que ça ne ferait que me rappeler ce que j’endure, jour après jour. Ça ne ferait que me rappeler que, moi aussi, j’ai perdu quelqu’un que j’ai aimé.

Nous avions tant de projets, tant d’espoirs pour notre avenir. Nous avions tant à vivre encore. Tu crois qu’un jour, je pourrai rebâtir quelque chose à nouveau ? Avec quelqu’un d’autre ?

Ta mère est une femme formidable. C’est drôle, en un sens. Je me rends compte, avec le décès de Thomas, de tous ces gens qui nous aimaient tant sans même que j’en aie conscience. Je me sens mal de ne jamais l’avoir vu avant, ou de ne pas avoir vu à quel point nous étions aimés.
Au départ, ça a été dur, oui. Ça a été dur de le voir, parce qu’il me rappelait beaucoup trop Thomas. Mais ils sont différents, ils sont uniques à leur manière. Et aujourd’hui je me concentre sur ce qui fait qu’il est simplement Dexter et pas la copie conforme de l’homme que j’aime et que j’ai perdu. Je crois que nous souffrons tous les deux d’une manière similaire, ça nous a rapprochés en un sens. Ça me fait du bien. Ça m’aide, quand il est là.

Si tu sens que c’est l’heure d’un nouveau départ pour Chris et toi, c’est peut-être l’occasion de trouver un nouveau logement. Je sais que ça aide. Ça nous a aidés, Thomas et moi, après notre séparation. Il fallait que l’on se construise un nouveau foyer, un nouveau chez-nous. Pour tout recommencer et laisser le passé, les douleurs derrière nous. Si tu sens que c’est une bonne décision, alors propose-lui. Et tu sauras où t’adresser si jamais il faut parler maison. Je ne suis pas encore retourné à l’agence, mais je serai là pour vous aider.

Ça me ferait plaisir de la rencontrer. Sans doute quand je serai plus présentable. Plus apte à retourner dans le monde extérieur. Parfois, ça me fait un peu peur de reprendre contact avec les gens, avec ceux que je connais et même ceux que je ne connais pas encore. J’ai peur de laisser les autres m’approcher. Mais je serais ravi de rencontrer ton amie. Si tu l’apprécies autant, elle doit être une belle âme comme toi alors.

Je suis content de pouvoir te parler également, je crois que nous ne l’avions jamais réellement fait auparavant. Pas ainsi.

J’essaierai de passer avant votre départ, je ne peux rien te promettre.

Je t’embrasse,
Isaac.

PS – Je suis impatient de voir cette liste, surtout s’ils sont tous aussi bien que celui-ci.
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MessageSujet: Re: Letter to a friend [ISAAC & ADRIAN]   Letter to a friend [ISAAC & ADRIAN] Icon_minitimeLun 27 Juil - 0:05

Cher Isaac,

Je ne sais que te dire sur la possibilité de rencontrer ces gens, qui comme toi, souffrent de terribles pertes. C'est à double tranchant, j'imagine que les expériences des autres peuvent à la fois aider et t'être bénéfiques, comme elles peuvent effrayer et pointer les choses qui font mal. Je ne sais pas que te conseiller. Je pensais qu'écrire à des gens qui ont traversé ce genre de choses aurait pu aider, mais je ne sais pas. Quand je ne sais pas quoi faire, j'attends, que la solution m'apparaisse plus claire ou plus logique ; peut-être que c'est ce que tu dois faire pour l'instant. Pour reconstruire les choses petit à petit, sans précipitation. Tu peux en tout cas m'écrire sans problème pour me parler de ce que tu veux. Je n'ai pas de réponses à toutes tes questions, bien entendu, mais te lire m'est réellement agréable, et je suis content d'avoir de tes nouvelles autrement que par celles que Chris me donne. Il est vrai que je ne pense pas que nous ayons déjà autant parlé. J'apprécie énormément nos échanges en tous cas.

Je suis sûr que tu pourras reconstruire des projets. Ce sera sans doute difficile, et long - une fois de plus, me revoilà à te parler de temps - mais tu y arriveras. Tu sais, et garde le pour toi, mais il y a quelques mois encore j'étais persuadé que je n'arriverai sous aucun prétexte à m'attacher à une autre personne que Christopher. C'est faux, c'est arrivé, sans que je m'y attende, sans même que je comprenne pourquoi. Bien sur, on ne vit pas les mêmes choses avec deux personnes différentes. Peut être que les choses seront d'une intensité différente, d'une couleur différente, que tes projets changeront ; mais un jour, tu seras heureux de nouveau. On n'oublie jamais ceux qui partent, mais on apprend à se reconstruire avec leur image. J'en suis certain. Je suis peut être égoïste de comparer tout ça à mon propre cas, mais je pense que finalement, on peut aimer plusieurs personnes. Ca ne veut pas dire que je n'aime plus Chris, bien entendu.

Je ne peux que te rejoindre sur les qualités de ma mère ; mais je ne suis pas très objectif. Cela dit, sois assuré qu'il y a énormément de gens qui vous aiment, en tout cas.
Pour Dexter, tant mieux s'il t'aide désormais. Peut être qu'il serait bon aussi de voir d'autres gens, et pas seulement ton beau-frère, j'ai peur qu'il ne te rappelle de manière trop régulière la souffrance qui est attachée à la famille Simmons. Quoi qu'il en soit, je n'ai pas de leçon à te donner ; la seule chose qui m'importe est que tu te portes mieux.

J'aimerais habiter une maison. Je ne veux pas quitter Londres, même si Chris semble penser qu'il serait peut être bon de déménager à Oxford - je l'ai informé de mes heures supplémentaires, ça y est. Je le soupçonne de vouloir m'éloigner de Londres pour d'autres raisons. J'adore cette ville, cela dit, et je m'imagine tellement y habiter une petite maison... Nous te tiendrons au courant, je serai ravi que tu nous aides, si tu le veux bien en temps voulu, évidemment.
Tu penses que tu retourneras à l'agence bientôt ? J'imagine que la perspective est très difficile, et qu'elle est de toute façon laissée entre de bonnes mains en attendant ton retour.

Entendu pour mon amie - Ethel - j'organiserai ça plus tard, il suffira que tu me dises quand tu le sens. Elle est très légère, et possède beaucoup d'humour, elle met tout de suite les gens à l'aise.

Bien entendu, n'hésite pas. Je ne sais pas encore quelle sera notre date de départ, mais dès que je sais, je te le dirai.

Ci-joint, la liste promise. Elle ne contient que dix livres pour l'instant, mais je t'en donnerai davantage si besoin.

Je t'embrasse,

Adrian.
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MessageSujet: Re: Letter to a friend [ISAAC & ADRIAN]   Letter to a friend [ISAAC & ADRIAN] Icon_minitimeMar 28 Juil - 10:06


Tendre Adrian,

Peut-être que je vais attendre, comme tu me le conseilles. Je n’ai, pour l’instant, pas les idées assez claires pour savoir ce que je désire vraiment. Je ne suis même pas sûr d’être prêt à retrouver le monde extérieur. À trop m’enfermer chez moi, à trop me couper des autres, j’ai l’impression d’avoir perdu mes facultés à dialoguer. Tu sais, il y a quelques temps, je croyais que j’allais être en colère. Que j’allais en vouloir, même à des inconnus, si je voyais les gens autour de moi en train de sourire, de rire. Je croyais que j’allais les détester s’ils étaient heureux et pas moi. Est-ce que tu crois que c’est normal ? Est-ce que c’est normal d’envier le bonheur de personnes que je ne connais pourtant pas ? Je me sens coupable d’avoir ce genre de pensées. Parce qu’ils n’y sont pour rien. Ce n’est pas de leur faute si Thomas m’a été enlevé. Ils ne le connaissaient même pas, pour la plupart. Mais j’envie leurs sourires, la lumière dans leurs yeux. J’envie aussi tous ces amoureux qui se tiennent la main sans avoir peur. Je ne pourrai plus jamais vivre ça, moi. Pendant un temps, je m’en suis voulu d’être homosexuel. Je me répétais continuellement que c’était de ma faute si Thomas était mort, que si j’avais aimé les femmes, jamais il n’aurait été tué. Pourtant, j’ai toujours été fier de ce que je suis, je n’ai jamais eu honte d’aimer Thomas. Mais parfois, je me dis que, sans moi, il aurait été en vie. Et c’est le plus important pour moi – qu’il soit en vie. Sauf qu’il ne l’est pas. Il ne l’est plus. Tout ça à cause d’un stupide baiser. Un seul baiser. (Dans les conte de fées, le baiser est pourtant synonyme de bonheur. Je ne comprends pas. Il ne l’a pas été, dans le mien.)
J’aime beaucoup aussi, ça me libère. Je crois. Ça me fait du bien. Je suppose que j’en avais besoin.

Est-ce que tu l’as aimée ? Cette autre personne. C’était différent d’avec Chris mais est-ce que tu l’aimais ? Tu sais, je ne te juge pas. Je ne t’en veux pas – je n’en aurais pas le droit, de toute façon. Je sais que tu aimes Chris et que tu ne cherchais pas à le blesser – ou peut-être que si, parce que tu l’étais aussi. Je sais que la situation était compliquée entre vous, peut-être qu’elle l’est encore un peu aujourd’hui. C’est juste, comme un de ces romantiques idiots, j’ai toujours cru que je n’aurais qu’un seul amour. Thomas. Que je vivrais ma vie avec lui, que j’aurais des enfants avec lui. Que je vieillirais avec lui. Je pensais pareil pour Chris et toi. Aujourd’hui, quand je repense à tout ce qu’il s’est passé dans nos vies, je ne suis plus sûr de rien. De rien du tout.
Peut-être que je serai à nouveau heureux. Avec le temps, encore. Ça me semble encore difficile à concevoir mais tu as peut-être raison.

Je sais que je devrais voir d’autres gens, que me rapprocher de Dexter me rappelle inlassablement à la douleur, au souvenir de Thomas. Mais je ne veux pas répondre aux questions habituelles, je ne veux pas parler de comment je vais, ce que je fais maintenant sans lui. Dexter, il comprend ; Dexter, il sait parce que lui aussi, il le ressent. Alors je n’ai pas à m’expliquer, je n’ai pas à parler. Et c’est ce que je recherche en attendant d’être capable de dire que je vais mal, que Thomas me manque chaque jour de ma vie, que je suis comme mort à l’intérieur. C’est facile d’être avec Dexter, c’est simple. C’est reposant.

Comment est-ce que Chris a pris la nouvelle ?
Laisse-lui un peu de temps. Il doit encore être effrayé à l’idée de te perdre à nouveau. Il a besoin de se rassurer. Il pense que s’éloigner de Londres est comme la réponse à cette peur de te voir partir. Mais il se calmera, il comprendra. Il comprendra que tu lui es revenu.
Vous avez le temps avant de vous décider. Ce n’est pas une décision qui se prend sur un coup de tête et vous saurez ce que vous voudrez quand ce sera le bon moment. Je serai là pour vous conseiller et vous aider, tu n’as pas à en douter.
Je ne sais pas quand je retournerai à l’agence. Bientôt, je suppose. Il faudrait. Mais je repousse l’échéance à chaque fois parce que je reste trop lâche, trop effrayé à l’idée de retrouver cet endroit qui signifiait beaucoup pour Thomas et moi. Est-ce que c’est lâche, tu crois ?

Ta liste me paraît très intéressante, j’ai hâte de découvrir tous ces livres. Il y en a un que tu me conseilles en particulier ? Un de tes préférés parmi ceux de ta liste ?

Je t’embrasse, à bientôt,

Isaac.
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MessageSujet: Re: Letter to a friend [ISAAC & ADRIAN]   Letter to a friend [ISAAC & ADRIAN] Icon_minitimeJeu 30 Juil - 1:07

Mon cher Isaac,

Bien sûr que c’est normal d’être en colère. Les gens ne sont pas responsables, c’est vrai. Mais tu dois te demander pourquoi, pourquoi c’est tombé sur vous, ce que vous aviez bien pu faire pour mériter qu’une telle chose vous arrive. Bien sûr que tu as le droit d’être en colère. Et je comprends aussi que tu préfères la sécurité de ton appartement au bonheur que tu pourrais rencontrer là, dehors. Pour l’instant, c’est normal. Ce sera difficile, sans doute, mais un jour tu y parviendras. Je ne sais pas si tu as entendu parler des phases du deuil, et je ne sais pas si ça te parle, par rapport à ce que tu vis, mais je trouve que le raisonnement se tient. Il y aurait plusieurs phases qui suivent la perte d’un être cher – ou plus général, tout ce qui engendre une forme de deuil chez l’être humain – et la colère serait l’une d’elle, comme un passage obligatoire vers l’acceptation. C’est idiot, peut être, de réduire le deuil à une simple addition de phases comme si ce pouvait être résumé à des donnes scientifiques, mais je trouve que ça aide, peut être, à comprendre ce que chacun traverse. La colère, donc, est une phrase du deuil, un passage normal. Tu n’as pas à t’en vouloir d’être en colère, tu as même au contraire toutes les raisons de l’être. Tu as été la victime d’une injustice terrible.
Quant au fait d’être homosexuel perdre Thomas de cette manière nous a tous fait avoir des remords. Mais je crois, même si c’est facile à dire, que l’homme qui a fait ça aurait très bien pu avoir d’autres convictions. Ne pas aimer les étrangers, et tuer un étranger. L’étranger n’aurait pas pu s’en vouloir d’être étranger, tu comprends ce que je veux dire ? Nous sommes homosexuels, nous le savons et l’assumons depuis longtemps, et ça déjà été tellement difficile de le faire savoir. Même si ce qui est arrivé à Thomas relève de la plus vive des horreurs, plutôt que de nous inciter à cacher nos convictions, cela devrait nous intimer à les renforcer. Pour que ça ne se produise plus jamais.

Je l’ai aimé, oui. Merci de ne pas me juger, je pensais moi aussi que ces histoires d’âme sœurs étaient véridiques, qu’un couple pouvait se former et ne jamais se briser. Que Chris me trompe a sans doute été l’élément déclencheur, tu as raison, mais je me suis attaché à cet homme plus que je n’aurais voulu. Il me manque, je crois. Mais être avec Chris, c’est ce que je veux. Il n’empêche que si mon histoire s’était réellement terminée avec lui, j’aurais pu être heureux de nouveau, je pense. Heureux différemment, mais heureux quand même. Je ne suis pas sûr d’être clair, pardonne moi.

Pour l’agence, je trouve normal qu’il te faille du temps pour t’y rendre de nouveau. Elle signifiait beaucoup pour vous deux, c’est la moindre des choses que le retour soit difficile. Là encore, je te dirais de prendre ton temps, surtout, pour ne pas brusquer les choses. Je suis sûr que tout le monde fait de son mieux pour qu’elle fonctionne très bien sans toi, en attendant que tu te sentes mieux. Il faudra peut être la réaménager. Faire un peu de changement, j’imagine…

Pour Dexter, si c’est ce qui te fait du bien, alors je ne peux pas le juger. Je suggérais simplement que, quand tu t’y sentes prêt, tu vois de nouvelles personnes pour ne pas vivre avec le frère jumeau de Thomas. Mais je comprends que les choses soient plus simples avec lui pour l’instant.

Chris a bien pris Oxford, je crois. Il est anxieux, il trouve qu’il me verra moins. Mais je vais faire mon possible pour que mes heures supplémentaires me soient données dans le but de remplir les grands vides de mon emploi du temps.

Commence par le troisième livre, c’est mon préféré. Il est un peu décalé, mais très bien écrit et empli d’humour.

Affectueusement,

Adrian.
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MessageSujet: Re: Letter to a friend [ISAAC & ADRIAN]   Letter to a friend [ISAAC & ADRIAN] Icon_minitimeJeu 30 Juil - 10:00


Tendre Adrian,

Oui, parfois je me dis que Thomas ne méritait pas ça. Qu’on ne méritait pas ça. Que ça n’a pas de sens et qu’on aurait dû être heureux. Mais envier les autres, leur en vouloir ne changera pas ma situation. Ça ne me ramènera pas Thomas ni notre vie tous les deux. Et je me sens coupable alors. Même si c’est sûrement normal, oui, d’être en colère.
J’ai entendu parler de ces phases de deuil, oui. C’est assez commun dans le monde de la psychologie. Je suppose que je passerai par toutes ces phases avant d’aller « mieux ». C’est juste que je n’assume pas encore d’être en colère. Je n’ai pas vraiment l’habitude d’un sentiment aussi violent. Ça me fait peur. Parfois, j’ai envie de tout renverser dans l’appartement, de tout détruire de tous ces souvenirs qui sont juste là pour me hanter, me rappeler qu’il n’est plus là. Et la seconde d’après, je regrette cette pensée. Je suis incapable de toucher quoi que ce soit parce que, sans eux, je serais véritablement perdu. Mes humeurs ressemblent à des montagnes russes et c’est difficile à supporter.
Au fond, ce n’est pas moi la vraie victime de cette injustice – c’est plutôt Thomas. C’est lui qui n’est plus là…
Je trouve cela triste qu’il existe encore des gens comme ça, dans notre monde actuel. Je pensais qu’au 21ème siècle, on serait un peu plus évolués. Mais il faut croire que ce combat-là n’est pas encore terminé. Et quelquefois, je me dis que Thomas mériterait que je me batte pour que son assassinat ne reste pas impuni. Qu’il faut changer les mentalités. Quelquefois, je me dis que ce serait un bon moyen d’honorer sa mémoire, qu’il serait fier de me voir rebondir et avancer. Et puis je me rétracte, incapable de faire quoi que ce soit, fatigué, harassé d’avance de devoir me battre.

Je n’ai pas de raison de te juger, je peux comprendre ce que tu as vécu. Je peux essayer en tout cas. Je me doute que ça doit être difficile de trouver la force de tout reconstruire quand la confiance n’est plus là. Si tu es certain que c’est avec Chris que tu veux être, alors il ne faut pas que tu te retiennes de vivre votre histoire. Tu n’as pas à oublier cet autre, surtout s’il a été aussi important pour toi, il restera un beau souvenir. Un peu comme un pansement sur une blessure douloureuse, peut-être. Parce qu’il t’aura aidé à guérir de la tromperie de Chris. L’important aujourd’hui est que tu saches que tu aimes assez Chris pour donner une nouvelle chance à votre couple et votre vie ensemble. Tant que c’est ce que tu désires au fond de toi, c’est tout ce qui compte.
Je crois comprendre. Tu essayes de me dire que je ne dois pas rechercher ce que je vivais avec Thomas chez une autre personne mais plutôt accepter le fait que, malgré tout ce que je peux penser et ressentir, ma (mes) future(s) histoire(s) sera/seront forcément différente(s) de celle avec lui. Parce qu’il a été unique à mes yeux et qu’il le restera toujours même s’il n’est plus là.

Je crois qu’il sera nécessaire que je réaménage l’espace où je travaillais – ou nous travaillions. Son bureau était en face du mien, j’arrivais à apercevoir son visage si je regardais par-dessus mon écran d’ordinateur. Et maintenant, il ne sera plus là.
J’ai peur aussi que quelqu’un prenne sa place. Son bureau. Qu’il envahisse cet espace qui était autrefois à lui. Qui le sera toujours, malgré tout. Je n’ai pas envie de détester cette personne sous prétexte qu’elle va s’asseoir là où il ne faudrait pas.

Je crois que je redoute surtout de devoir parler de la mort de Thomas, de devoir répondre aux mêmes questions encore et toujours : comment je vais, si je tiens le coup, ce que j’ai fait de ses affaires, si je vais vendre l’appartement ou seulement le réaménager. Un peu comme à l’enterrement quand tous ces gens venaient nous serrer les mains, nous sortir cette même phrase usée « toutes mes condoléances » et nous faire un compliment (idiot ?) sur Thomas. J’avais envie de hurler, de leur crier dessus. De le dire que je me fichais qu’il ait été un homme bon, un ami formidable. Je voulais juste qu’on me rendre mon fiancé. Et à la plupart de ces questions, je ne saurais pas quoi répondre. Le deuil est comme une maladie, les gens vous fuient en pensant que c’est contagieux.

Il arrivera à se faire à cette idée. Vous arriverez à trouver le bon moyen pour que ça marche, c’est certain. C’est seulement le contrecoup. Il verra que tu es là, avec lui, désormais.

Alors je commencerai le troisième dès cet après-midi. Je crois qu’il fait beau dehors, je devrais probablement aller au parc pour lire. Rien que l’idée elle-même m’épuise mais je vais essayer de faire cet effort.

Je t’embrasse,

Isaac.
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