sometimes i think i was born backwards [cassie & miriam]

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[cassie & miriam]

L’avion a atterri il y a de cela quelques heures déjà. Le vol s’était bien déroulé, sans incident majeur, une femme en ceinte avait éprouvé des nausées au-dessus de Bristol, mais sans plus. Les vents avaient été chauds, ou froids peut-être, elle ne s’en souvenait plus très bien. Le pilote l’avait mentionné, mais elle était distraite. Les bancs étaient peut-être un peu inconfortables, comme toujours, mais elle avait la tête ailleurs. Ainsi, elle n’en était plus certaine. Ce qu’elle sait très bien, pertinemment, c’est qu’aucun nuage ne semblait brodé dans le ciel. Comme si celui-ci s’était éclairci, s’était tu suite à son envolé, comme pour bien l’accueillir. Et ce, du vol de Reykjavik à Londres.

Londres. Le simple nom réveille tant de souvenirs. Rares sont les moments où elle se sentit si seule, si exclue, si perdue... Voilà les rues, les bâtisses et les parcs où ses angoisses naquirent, où sa colère prit feu. Pas seulement sa colère, mais le pensionnat aussi. Par sa faute. Une pyromane sans illusion.

L’aéroport était bondé, comme ils le sont toujours en ces temps de vacances. Cassie y avait passé peu de temps, préférant échapper à son fourmillement étouffant. Un taxi cab patientait à l’extérieur, elle bondit à l’intérieur. Le chauffeur lui parla, l’informa de la congestion du centre-ville, lui précisa le nombre de clients qu’il avait reçu jusqu’à maintenant dans son véhicule. Cassie hocha la tête plusieurs fois. Elle n’osait regarder à travers les fenêtres ou encore baisser celle à sa gauche, toujours un peu craintive. Comme si, toujours assise dans le taxi, elle n’était pas encore arrivée à destination. Londres semblait encore si loin, le moment, lui, retardé. Elle salivait beaucoup, déglutissait encore plus que nécessaire. L’angoisse lui tiraillait la gorge, la hâte lui chatouillait les tripes. Enfin, le chauffeur freina, lui annonça le prix et l’incita à débarquer une fois le montant rendu. Cassie prit une respiration qui se voulait sereine, mais qui ne l’était pas et se glissa hors du taxi. Éblouie par le Soleil de midi, elle avait pris un moment pour regretter sa décision, puis en être fière, avant de s’engouffrer dans les méandres de Hyde Park, avec une incertitude marquée.

Assise sur un banc sur une colline, elle fixe l’horizon. Depuis un moment, la voilà, songeuse. Une demi-heure, peut-être une heure même. La brunette réfléchit. Après un long moment, enfin elle se met à sourire. Sourire, oui. Enfin cet éclat des commissures illumine à nouveau son visage. Néanmoins, l’évidence démontre que ce sourire ne s’apparente pas à la joie, mais bien à quelque chose de plus vil, de plus macabre. Le goût de la discorde.

Cassie est de retour. La pire chatte de ruelle s’apprête à réarpenter les rues de Londres. Son sourire en coin affiche son apaisement tant attendu. Blondie avait peut-être raison, ose-t-elle-même croire. La vie sert à davantage qu’à fuir.

Vivement les merveilles de Londres. Et surtout leur stupeur.