Isaiah ♦ Swim hard. Dream big.

Tu attrapes ton pull troué, l'enfile sur tes épaules avant de récupérer ton paquetage. Ta majorité est arrivée. 25 décembre 2010. Même si ça signifie souvent quelque chose d'important pour tous les ados du pays, pour toi, ça a une sonorité particulière. Tu vas pouvoir te trouver un appartement. Après plus de 6 mois passés dans la rue, il était temps. T'avais pas grand chose, que ce soit niveau affaires personnelles ou fric mais tu savais que ça te laissait quelques mois de répit. Pourquoi t'étais à la rue ? Oh et bien c'est tout simple. Tes parents sont en prison depuis maintenant deux ans. Mais tu n'es pas à la rue depuis tout ce temps non. Tu as vécu chez les James ces deux dernières années. Jusqu'à ce que tu découvres que le père de famille était le flic qui avait mis en prison tes parents. Tout ça n'était qu'un jeu, qu'une couverture. Il n'y avait aucune amitié qui s'était créée. Tu n'avais été qu'un pion dans ce jeu. Et toi qui pensais que les James t'avaient accueilli par pure bonté, tu avais bien compris que c'était juste de la pitié. Alors il y a peu, tu avais claqué la porte de cet appartement, laissant derrière toi Bayden et son père. Même si tu avais pris ça comme une trahison de la part du patriarche, ça avait été bien pire en ce qui concerne Bayden. Votre relation avait évolué ces deux dernières années. Tu ne l'avais pas attendu pour savoir que le sexe de ton partenaire n'avait aucune importance pour toi bien sur, mais tu ne pensais pas qu'il ferait parti de ces garçons qui finiraient dans ton pieu. Il faut croire que la cohabitation ça rapproche. Mais c'était fini maintenant tout ça. Tu devais faire ce que tes parents t'avaient appris. Au final c'était eux qui avaient raison. On ne peut faire confiance à personne. Seule la confiance que l'on s'accordait nous permettait de survivre dans ce monde de merde. La nuit, tu t'infiltrais par le grillage dé-soudé de la piscine pour aller nager une heure ou deux. L'eau avait toujours été ton exutoire et ça n'était pas prêt de changer. Quand tu étais au lycée, un recruteur de Westminster t'avait proposé une bourse. Bien sur, tu aurais pu tout simplement y aller, mais non. La rancœur, la colère et la tristesse t'avaient fait louper les sélections. Ce qui avait d'autant plus accentué ces émotions négatives en toi. Tu n'avais passé que 6 mois dans la rue mais c'était bien assez pour se concentrer sur toi même, ta vie, ce qui n'allait pas. Et puis maintenant, il était temps que tu te reprennes en main. La natation allait être ce qui allait te sauver. Alors tu te promettais que pour les 6 prochains mois, tu te donnerais à fond pour repasser les sélections et être pris pour la rentrée prochaine. Il fallait se fixer des objectifs dans la vie, celui ci serait le tien.

Une année universitaire qui se finissait. Encore une. Et ta dernière dans cette université d'ailleurs. L'année prochaine tu entrais à Cambridge. Oh, tu n'avais pas gagné au loto, non vraiment pas. Mais il faut croire que tes prouesses en natation avaient attiré l'oeil de cette université plutôt réputée. Toi tu t'en foutais de là où tu étudiais, du moment que tu puisses nager. De toute façon t'étais bon qu'à ça. Enfin depuis le temps maintenant tu te débrouillais bien en mécanique, et puis surtout tu n'avais pas trop eu le choix. Vu le peu de revenus que tes parents et toi aviez et maintenant toi tout seul, tu avais du te débrouiller seul pour réparer les petites merdes du quotidien. Du coup oui, ça ne te plaisait pas forcément, mais tu arrivais à passer les années. Au moins, tu ne perdrais pas ta bourse. Quitter tes amis à Westminster ça avait été compliqué, enfin ceux que tu avais. Pour la plupart tu n'étais qu'un parasite. Même si tu te doutais qu'à Cambridge ce serait pire. Le gosse des rues, celui qui a ses parents en prison, qui vient faire ses études avec les gosses des riches. On dirait plus un roman qu'une histoire vraie. Mais c'était ta vie ça. Tu ne cherchais pas à te faire aimer, bien loin de là. Tu voulais juste continuer tes études et les terminer. Enfin même si tu ne savais pas ce que tu pourrais faire par la suite. Disons que le statut d'étudiant te convient pour le moment mais tu sais qu'un jour ça se terminerait. Tu espères juste que d'ici là, tu auras trouvé quoi faire. Ou au pire et bien, tu continueras à voler et tu rejoindras tes parents. La prison c'est pas si mal non ? En plus t'es nourri et logé. Vu ta vie actuelle, on pourrait presque prendre ça pour des vacances. La piscine en moins. C'était peut être bien la seule chose qui te motivait pour ne pas te faire chopper.