I think i've lost my way ♦ CARODREA

Je ne sais pas quoi faire, je ne sais pas où j’en suis. Rouler jusqu’à Cambridge est une très mauvaise idée, même si ma mère s’occupe de Grace après l’école il faut que j’assure le relai en début de soirée. Je ne suis même pas en état de conduire de toute façon, pourtant il faut bien rouler jusqu’à Oxford. Je laisse la détresse prendre le dessus tout le long du trajet ; hors de question que j’assiste à un seul de mes cours de toute façon.
J’arrive rapidement, m’enterre chez moi. Je l’aime, je l’aime tellement, et… est-ce que je viens de manquer de le quitter ? Après tout ce qu’on a traversé, il faudra que le dernier obstacle soit fatal et qu’on ne s’en relève pas ? Je pianote sur mon téléphone, crie au secours auprès de Caro. C’est la seule ici en qui j’ai réellement confiance, particulièrement depuis l’histoire d’Adrian. Je sais que je peux compter sur elle et que son jugement n’est jamais intransigeant ou trop sévère. Elle sait être juste et c’est une qualité que personne ne peut lui enlever. Elle me répond rapidement et je pousse un léger soupir de soulagement, me dirigeant vers la salle de bain pour me passer de l’eau sur la figure. J’avale rapidement un comprimé pour me défaire du stress qui me brûle les veines et retourne m’asseoir dans le canapé, fermant les yeux pour essayer de ne pas penser. Je n’ai absolument aucune idée de ce qu’il en train de m’arriver. Je suis incapable d’analyser mes propres émotions, mes ressentis ; incapable. Je reste ainsi quelques minutes, je ne sais pas combien de temps exactement, puis on frappe. J’inspire, me redresse et me dirige vers la porte que j’ouvre à la volée. « Bonjour ». Je lui offre un sourire triste qu’il m’est difficile de donner. « Merci d'être venue aussi vite... J’ai failli quitter Tristan aujourd’hui ». Je lutte contre l'émotion et tire la porte pour qu'elle entre, la refermant derrière elle. Elle ne s’offusquera pas de mon manque évident de manières, j’ai besoin d’aller droit au but, il faut que quelqu’un sache, m’arrête, me raisonne, m’explique. Elle s’empare de mon poignet et m’entraine vers le canapé, visiblement, elle a besoin d’assembler les pièces du puzzle, elle aussi. « Attends, doucement. Tu quoi ? C'est plus le premier avril Andy. » Elle inspire, je l’imite en triturant mes mains pour parer mon angoisse difficile à masquer. « Okay, explique moi tout. » Je relève les yeux et l’avise lentement. « Avec Grace, rien ne va plus ». Je soupire, la confession est difficile, prononcer les choses à voix haute m’aide cependant à y voir plus clair. « Il ne veut pas être père, et moi je n’ai pas le choix, tu comprends ». Je secoue la tête, comment comprendre ? Moi-même, je ne suis pas certain d’y parvenir. « Je l’aime tellement, je veux juste qu’il aille bien… » Je grimace et inspire, peut être que je me trompe complètement, peut être qu’il faut vraiment que je le laisse malgré son refus catégorique de me laisser le quitter. « Tu sais... Je pense que tu devrais juste lui laisser du temps. Imagine ce que ça doit être il est tellement... jeune. » Je la fixe et fronce les sourcils. Moi aussi, je suis jeune, moi aussi... « Andy, si j'étais à sa place je flipperais totalement. Laisse-le aller à son allure, tu te rends compte de ce que ça doit être ? Il s'est pas préparé à ça. » Elle remet ses cheveux en place et s’empare de mon bras avec douceur. « Il t'aime aussi, tu le sais. Ne t'en fais pas trop, il faut pas que vous vous emportiez. » Je baisse les yeux et prends un instant, incapable d’esquisser un geste. « Mais moi non plus, j’étais pas préparé. Je suis jeune moi aussi, mais on a pas le choix. C’est une petite fille… » Je grimace, moyennement convaincu. Son discours se répète en boucle dans ma tête et je secoue la tête pour chasser les images de notre propre déchéance.




uc

Etalée en sous vêtement sur le carrelage du salon, un bouteille presque vide à la main, je m'acharne depuis presque une heure à compter les tâches au plafond. « KAEL ! Viens m'aider ! » Mon colocataire ne prend même plus la peine de me répondre, habitué à mon comportement étrange et alcoolisé. « Tu m'aimes plus, c'est ça ? » Pas de réponse, tant pis. Mon téléphone sonne, me faisant sursauter. Je n'ai reçu aucn message depuis déjà trois jours. Andrea m'invite à lui rendre visite, voilà une bonne occasion de prendre l'air. Je rampe jusqu'à la douche où j'actionne à pleine puissance le robinet d'eau froide. Voilà déjà des années que j'utilise ce traitement, seul l'effet reste efficace. Une fois mes esprits remis en ordre, je m'habille sans même me sécher et sors, en tee-shirt et jean, un simple billet pour le taxi dans ma poche arrière.
Je frappe à la porte d'Andrea avec le minimum de délicatesse qu'il me reste dans ces moments-là. Il m'ouvre rapidement et s'écarte pour me laisser passer. « Bonjour. Merci d'être venue aussi vite... J’ai failli quitter Tristan aujourd’hui» Je lui fais les gros yeux, lui prends fermement le poignet et l'entraîne vers le canapé. « Attends, doucement. Tu quoi ? C'est plus le premier avril Andy. » Je pince les lèvres et souffle un coup. « Okay, explique moi tout. » Il prend un moment avant de répondre. « Avec Grace, rien ne va plus » Je fronce les sourcils et penche ma tête sur le côté, attendant la suite des explications même si je me doute bien de ce qu'il va me dire. « Il ne veut pas être père, et moi je n’ai pas le choix, tu comprends. Je l’aime tellement, je veux juste qu’il aille bien… » Je soupire et fais craquer mon cou. Je déteste ce genre de discussion. « Tu sais... Je pense que tu devrais juste lui laisser du temps. Imagine ce que ça doit être il est tellement... jeune. » Je soupire et sens bien que je m'enfonce. « Andy, si j'étais à sa place je flipperais totalement. Laisse-le aller à son allure, tu te rends compte de ce que ça doit être ? Il s'est pas préparé à ça. » Je passe une main dans mes cheveux et serre le bras de mon ami. « Il t'aime aussi, tu le sais. Ne t'en fais pas trop, il faut pas que vous vous emportiez. »