Chapter one
«
Pauuuul ! Dépêches-toi ! Ça va bientôt commencer ! » Je relève la tête. Déjà ? Mais je n’ai pas eu le temps de terminer ma course. Je regarde l’horloge, placée au dessus de ma porte et je commence à compter pour trouver où se situent les aiguille. Je lâche la voiture que j’ai dans la main et dévale les escaliers pour retrouver Maman dans le salon. Elle pointe sa montre du doigt. «
Tu vas être en retard. » Je cours jusqu’à elle, pour l’enlacer et repars. Je traverse le jardin en courant. J’arrive au bout de la rue et comme d’habitude, je regarde à droite et à gauche. John est en face de moi et m’attends, les bras croisés sur la poitrine. Je traverse l’avenue et tire la langue en arrivant devant lui. «
Tu es en retard ! » «
Même pas vrai ! » Je l’abandonne et entre dans le pub. Tout le monde me sourit et je sens John sur mes talons. Je rejoins Papa qui est entouré de tous ces amis. «
Tu deviens de plus en plus rapide, Paul. » Il éclate de rire et se pousse sur la banquette pour nous faire de la place. Le Tournoi des V Nations va commencer : Irlande-France. J’hurle en français «
Dehors les poulets ! » et tout le monde rigole autour de moi. «
Depuis quand tu parles français ? » me demande un ami de Papa. «
Depuis que John m’a appris à les insulter dans leur propre langue. » Papa lance un regard noir à mon frère, qui s’excuse en haussant les épaules. Le sujet est vite écourté quand le match de rugby débute. Tradition familiale depuis des générations.
«
Tu veux faire quoi l’année prochaine ? » J’hausse les épaules et joue avec le ballon de rugby que j’ai entre les mains. C’est la question qu’on n’arrête pas de me poser en ce moment. «
J’ai postulé pour une licence de journalisme à Dublin mais je ne suis pas sûr d’être pris. » Je tape dans mon ballon qui atterrit quelques mètres plus loin. John ricane dans mon dos. «
Comme s’ils allaient laisser s’échapper un des meilleurs joueurs de rugby de la ville. » «
Pourtant, ils te n’ont pas pris. » Je vois ses yeux s’écarquille de surprise. Il m’attrape par le cou et emprisonne ma tête avec son bras. «
Tu insinues quoi par là, petit frère ? » «
Que je suis meilleur que toi ? » Il frotte son poing contre ma tête, en rigolant. «
Répète un peu pour voir ! » «
Je suis meilleur que toi ! » Il me lâche et redevient sérieux. «
Tu vois ! Tu es meilleur que moi. Ils ne te laisseront pas tomber. » Je soupire. D’un côté, il a raison mais d’un autre, suis-je assez bon pour faire du journalisme ? Je passe une main dans mes cheveux et m’assois dans les gradins à côté de John. «
Bon et avec Hannah ? » Je le vois rougir et je sens qu’il se passe un truc. «
On va se marier. » «
Quoi ? » Il éclate de rire et joue avec ses mains. «
On va se marier. Enfin, il faut d’abord qu’elle accepte. Et pour ça, il faudrait que je lui demande. » Il sort une boîte minuscule de sa poche, où se trouve une bague. «
C’est une blague ? » Il relève les yeux. «
Pas du tout. J’ai prévu de faire ça ce soir. » J’éclate de rire à mon tour et l’enlace. «
Je suis content pour toi. Réserve-moi la meilleure place. » «
Si tu es libre. » «
Je suis toujours libre pour toi. Puis rappelle-toi que Papa a dit que j’étais de plus en plus rapide. » Il me sourit et je lis la joie qu’il éprouve à ce moment, dans ses yeux. Elle a intérêt à accepter sa proposition.
Chapter two
«
Attrape ce ballon ! Ohlala mais t’as quoi dans les mains ?! Paul, tu fous quoi ? » Je rattrape le ballon que je viens de faire tomber et je rejoins mon entraîneur, qui prend un malin plaisir à m’engueuler. «
Quand tes coéquipiers te font la passe, tu l’attrapes ok ? Sinon, tu restes sur la touche pour les prochains matchs. » Il m’abandonne pour parler à l’ensemble de l’équipe. Je jette le ballon et fonce sous la douche. Depuis que je suis arrivé, j’ai deux fois plus de pression qu’avant. Je suis un des meilleurs éléments, donc ils comptent sur moi. Je soupire et me rhabille rapidement. «
J’ai cru qu’avec le temps, ça allait se calmer entre toi et l’entraineur, mais pas du tout. » Je lève les yeux au ciel et hausse les épaules. «
Allez viens, ce soir, c’est notre soirée. »
«
Paul ! Je suis sûre que la petite Prudence est folle de toi. » Je lance un regard noir à Mike. Je n’ai pas du tout envie d’aborder ce sujet maintenant. Surtout que cette situation en amuse plus d’un. Clémentine ne semble pas non plus apprécier que l’on parle d’elle. Elle se colle à moi et attrape ma main. «
Oh, je vois que nous avons un sujet sensible. » Je lève les yeux au ciel pendant que les autres se marrent. «
On peut parler d’autre chose ? » Mike me sourit bizarrement. «
Non, car je ne suis pas sûr que ça plaise à Clémentine que tu sois sous le charme d’une autre. » Je soupire pour le calmer et finis ma bière d’une traite. «
Tu veux que je fasse quoi pour te prouver le contraire ? » il se penche vers moi pour me souffler son idée. J’accepte et lance un regard vers Clémentine. Je me penche à mon tour pour l’embrasser. Elle ne doit pas s’inquiéter pour nous.
Je fixe le tableau depuis cinq bonnes minutes. Je sais que c’est le bon moment, pour le faire. Je commence à regarder autour de moi. Je demande un stylo mais personne ne semble s’intéresser à moi, ou plutôt, je les ignore pour finalement me retourner vers la personne qui m’intéresse le plus. «
Prudence. Pruuuudeeence. Woho, Dear Prudence, sors de sous ta table ! T’as un stylo ? » Je lui souris. Elle me balbutie quelques mots que j’ai du mal à comprendre et me tend un stylo. Je la remercie avec un clin d’œil et me retourne pour faire le travail demandé. Enfin avant, j’y glisse un mot pour un rdv samedi soir, en priant pour qu’elle accepte de venir. Sinon, je perds mon pari et Mike sera ravi de me le rappeler, souvent, très souvent même.
Elle est là, devant son casier. Je soupire et avance, droit vers elle, me préparant à prendre une autre claque mémorable de sa part. Dire que le rdv de samedi soir ne s’est pas bien passé est un euphémisme. C’était horrible. Je lui ai raconté ma vie, je lui ai menti pour qu’elle vienne. J’ai en quelque sorte profité d’elle, alors que je sais qu’elle est amoureuse de moi. Je pense que ma joue s’en souviendra longtemps de la claque qu’elle m’a mise, quand je lui ai dit la vérité sur notre pari avec Mike. Je vois encore la déception, la tristesse et la colère se lire dans ses yeux. Et j’ai du mal à supporter cette image. Je m’approche d’elle et elle me lance un regard noir. Elle semble prête à balancer quelques répliques cinglantes mais je l’en empêche. «
Je suis désolé. » Elle ne réagit pas donc je continue. «
Je n’aurai pas du faire ce pari stupide. Je n’aurai pas du te donner rdv. Je m’excuse de t’avoir fait du mal. » Mon dos se pose sur le casier d’à côté. Je regarde en face de moi, n’osant pas rencontrer son regard. «
Clémentine et moi, c’est terminé. En fait, c’était terminé depuis un moment. On se voilait la face. Enfin, je me voilais la face et elle voulait encore y croire. » Un sourire apparait sur mon visage. « Je crois que je n’ai jamais autant fait de mal en un seul week-end. » Un ange passe. Je tourne légèrement la tête, pour l’observer. «
Pour m’excuser, je voudrais ou plutôt j’espère que tu acceptes un autre rdv avec moi. Promis, pas de pari, cette fois-ci, ça ne sera que toi et moi. » Elle hoche la tête et murmure un oui. Je lui souris et lui donne le nom du café, avant de l’abandonner jusqu’au lendemain.
«
T’es prêt ? » Je lève la tête pour faire face à John. «
Pas vraiment, j’ai peur d’avoir oublié un truc. » Il éclate de rire. «
Tu n’as rien oublié. Tu verras, ça se passera bien. Il faut juste que tu te concentres. Regardes, même avec une demande en mariage foireuse, Hannah a dit oui. » J’éclate de rire à mon tour et hoche la tête. Si Hannah a dit oui, alors Prudence le fera aussi. Après tout ce que nous avons traversé, je pense que je ne peux pas faire pire. «
Puis pour Angie, ne t’inquiètes pas, elle est entre de bonnes mains. Depuis qu’elle a appris qu’elle était enceinte, elle veut absolument jouer les baby-sitters pour toutes ces amies, afin de s’entraîner. » Je lui souris. «
Allez dépêches-toi, tu vas être en retard. » J’acquiesce, sers John et Hannah dans mes bras puis dis au revoir à Angie. Je monte dans le taxi que nous avons appelé, plus tôt. Celui-ci m’amène à l’université, où nous avons fait nos études. J’attends nerveusement Prudence, qui finit par arriver. Je ne lui ai rien dit en particulier, juste de s’habiller élégamment. Je lui souris, l’embrasse et lui prends la main. «
Je suis désolé, ça ne durera qu’une minute. Après, on ira au restaurant, comme prévu. » Elle me sourit à son tour. C’est vrai que revenir à l’université, le jour de ses vingt ans, ce n’est pas ce qu’il y a de mieux. Je la guide à travers les couloirs, pour arriver dans l’amphithéâtre, où nous passions plusieurs heures par semaine, l’amphithéâtre où je lui ai piqué un stylo pour lui glisser un mot. Je regarde autour de moi paniqué, pour jouer le jeu. «
Installes-toi ici, je vais voir si je le trouve derrière. » Elle s’assoit à sa place habituelle et je vais derrière où je retrouve un ancien prof, qui nous a toujours apprécié. Je le remercie et mets en route, le petit film que nous avons monté ensembles, grâce à l’aide de son père et de ses amis. Je l’observe de loin, guettant la moindre réaction au film qui retrace notre histoire. «
Vous avez la bague ? » Je sursaute et me retourne. «
Je-je crois. » Je fouille dans mes poches et trouve la boîte, qui me brûle les doigts depuis ce matin. «
Je l’ai ! » Il me tape dans le dos. «
Préparez-vous, ça va être votre tour. » Je visionne les dernières images de notre film puis passe la porte, pour le dernier acte. «
Je sais que ce n’est pas l’endroit le plus glamour, ni le meilleur pour fêter ses vingt ans mais ce soir, j’ai autre chose en tête. Vois-tu Prudence, si je t’ai amené ici, dans cette magnifique robe, c’est parce que j’ai une question importante à te demander. » Je sors la boîte de ma poche et pose une genou à terre. «
Dear Prudence, veux-tu m’épouser ? »
Chapter three
Journaliste :
Et elle a dit oui ?Paul Smith : Bien sur ! Sinon, je ne serai pas là, en train de vous raconter cette histoire. Vous imaginez ? « Bonjour, je vais vous raconter comment la femme que j’aimais, a refusé de m’épouser et est partie vivre au Groenland, vivre avec des Ours polaire. » [rires]
J :
C’est vrai que ce n’est pas une histoire que l’on aime raconter. Donc aujourd’hui, vous êtes le père d’une magnifique petite fille âgée de trois ans, Angie, mariée à la femme de votre vie, depuis deux ans, et vous vivez votre rêve depuis toujours : jouer avec les London Wasps. .
TS : Vous avez tout compris. Je ne sais pas ce qu’aurait été ma vie si je n’avais pas rencontré Prudence. Peut-être que je serai de ces sportifs volages, qui ne savent pas se poser avec une femme, ou plutôt qui se posent mais qui la trompent à la moindre occasion. Je suis l’homme le plus heureux au monde. [il rougit]
J :
Une dernière question : ça vous fait quoi de jouer pour un des plus grands clubs d’Europe ?TS : C’est exceptionnel ! Vous l’avez dit plus tôt, c’est un rêve. Jamais je n’aurai pensé jouer pour cette équipe ou pour une autre. J’ai toujours adoré le rugby. C’est une tradition familiale à la maison, de regarder tous les matchs. Vous auriez vu la tête de mon père quand je lui ai dit que je jouais à Londres et pas à Dublin. [rires] Mais il est très fier de moi et, qui sait, peut-être que je jouerai pour Dublin ou l’Irlande un jour. En tout cas, c’est extraordinaire et j’ai encore du mal à croire qu’il y a quelques années, je n’étais encore qu’un étudiant, qui se faisait martyrisait par son entraineur. Mais bon, encore une fois, sans lui, sans mon frère, ma famille, ma femme et ma fille, je n’en serai pas là.