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 Noah & Margaret ❝ Who Are You Now? ❞

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MessageSujet: Noah & Margaret ❝ Who Are You Now? ❞    Noah & Margaret ❝ Who Are You Now? ❞  Icon_minitimeVen 15 Mai - 20:09



NOAH & MARGARET
❝ Who Are You Now? ❞

Maggie attrapait la main que Nate lui tendait et se tentait de se lever, tant bien que mal. C’était qu’elle avait eu la terrible idée de vouloir porter des talons pour ce piquenique organisé par certaines personnes du lycée, les beaux jours commençant à arriver. Depuis que Nate et elle « sortaient ensemble », elle avait l’impression de toute faire de travers, et de finalement plus enchainer les gaucheries que de l’aider réellement. Est-ce que les autres ne risquaient pas plutôt de se moquer de lui ? Oui, les rumeurs sur sa sexualité n’avaient plus lieues d’être à présent, mais n’était-ce pas pire d’être catégorisé comme celui qui sortait avec la balourde qu’elle était ? Pourtant, Nate balayait à chaque fois ses doutes d’un revers de la main. Enfin bon, elle le faisait pour lui de toute façon, donc si cela lui convenait, c’était l’essentiel, non ? Toujours est-il qu’en ce jour de grand soleil, un groupe d’adolescents avait décidé de prendre possession des jardins pour y déjeuner. Comme à chaque sortie en groupe, Nate et elle se montraient plus proches que jamais, se tenant la main, croisant leurs doigts et se forçant – bien trop souvent à leur goût – à s’embrasser. Et comme à chaque sortie de groupe, Maggie essayait de se montrer le plus possible féminine, à coups de robes – qui ne la mettaient pas du tout en valeur, selon elle – et de chaussures à talons. Quitte à être une couverture pour faire croire aux autres lycéens que Nate était bien hétérosexuel, autant le faire bien et ressembler à tant soit peu à une fille, non ? C’était ce qu’elle se disait, en tout cas, même si elle en venait à le regretter à présent que ses talons s’enfonçaient dans l’herbe et qu’elle essuyait sa robe blanche à fleur, visiblement tachée de terre. Elle grimaça en tentant, vainement, de faire disparaître la terre de sa main, avant d’abdiquer. Tant que sa mère ne la voyait pas ainsi fagotée, elle ne devrait pas avoir trop de problèmes. Elle croisa ses doigts avec ceux de son meilleur ami, puis posa sa tête sur son épaule tout en avançant. Cette partie-là de leur relation ne la gênait pas vraiment. Bien sûr, elle détestait devoir faire subir à son ami la moiteur de ses mains, mais elle n’était pas tant gênée que ça par ce contact physique, se surprenant elle-même. Après tout, Maggie n’était pas connue pour ses marques de tendresse, et était la plupart du temps réservée. Toujours dans ses pensées, il était bien rare qu’elle ne prenne réellement la parole, ou prenne part à une discussion de groupe. Elle sursauta, d’ailleurs, alors qu’une des filles l’interpelait. Elle marmonna une réponse, espérant que ce soit celle qu’attendait l’adolescente. Puis elle repartit dans ses songes, laissant Nate meubler la conversation. Elle crut l’entendre parler d’elle, mais n’y fut plus vraiment attention, se contenant de ne pas lâcher sa main, et de se tenir à lui alors qu’elle marchait le plus précautionneusement possible, manquant de tomber à plusieurs reprises. Elle maugréa sa gaucherie, cachant son embarras derrière un petit sourire gêné. La prochaine fois, elle se contenterait de ballerines, elle s’en faisait la promesse. Comment est-ce que les autres filles pouvaient réussir à marcher avec de pareilles chaussures ? Ou peut-être faisaient-elles attention à où elles mettaient leurs pieds, contrairement à elle. Oui, c’était une possibilité non négligeable.

Puis l’adolescente se stoppa net, alors que son regard se posait sur un homme, assis pas très loin d’eux. Sentant son cœur se mettre à battre plus fortement contre sa poitrine, un sourire éclatant étira ses lèvres alors qu’elle le reconnaissait immédiatement. Noah. Elle déglutit lentement, en voyant le regard interloqué de Nate, avant de se mordiller la lèvre et de pointer l’homme de la tête. Il leva les yeux au ciel – bien entendu qu’il le connaissait, Maggie n’avait jamais vraiment cessé de parler de lui, malgré les deux ans de rééducation qu’il avait été obligé suivre, mettant malheureusement sa carrière en pause par la même occasion – puis lui murmura à l’oreille qu’elle pourrait les rejoindre plus tard. « Nan … Enfin … » Son regard passa de son petit ami à celui qui représentait son idole, à l’homme dont elle était amoureuse depuis la première fois qu’elle l’avait entendu chanter lors de la première de Sweeney Todd. Elle n’avait pas envie de laisser Nate seul avec leurs camarades. Quelle amie serait-elle, si elle le faisait et l’abandonnait ? Mais en même temps … Elle n’avait pas vu Noah depuis plus de deux ans maintenant et même si elle le reverrait probablement à la première des Misérables, il n’aurait pas de temps à lui accorder. Là, il était seul, à simplement profiter du soleil. Il ne suffit à Nate que d’insister un minimum – c’est-à-dire à lâcher un « mais si » – pour qu’elle opine vaillamment du chef. « Ok. Tu m’envoies l’adresse par sms ? » murmura-t-elle, alors qu’elle se remettait à avancer – se rapprochant par la même occasion de l’homme qu’elle admirait tant. Il acquiesça et elle faillit reculer alors qu’il posait ses lèvres sur les siennes. Erg, elle ne s’y ferait probablement jamais. Elle savait qu’il ne pouvait pas vraiment la prévenir avant de le faire, mais la gêne ne pouvait pas disparaître aussi aisément qu’elle le souhaiterait. Et … Oh. Mon. Dieu. Est-ce qu’il venait vraiment de l’embrasser devant Noah ? Est-ce qu’elle venait vraiment de se laisser faire, alors qu’il était là, à quelques pas d’eux ? Son cœur reprit ses battements irréguliers, alors qu’elle se sentait soudainement bien stupide de simplement en être gênée. Il s’agissait de Noah, et la jeune femme était pourtant extrêmement réaliste. Mais bon, elle aurait tout de même préféré que ce jeu ne se fasse pas devant lui.

Alors qu’elle voyait ses amis partir, et qu’elle s’approchait de l’homme, elle se stoppa net. Et si elle le dérangeait ? Et si elle lui rappelait une époque de sa vie dont il n’avait, peut-être, pas envie de se rappeler ? Après tout, il ne pouvait plus danser à présent, de ce qu’elle avait cru comprendre – oui, il lui était arrivé, à plusieurs reprises même, de faire des recherches sur internet à son sujet. Mais il ne lui avait jamais demandé d’arrêter de lui écrire, durant ces deux ans. Donc peut-être que cela ne le dérangerait pas si elle allait le voir ? Et puis, elle était vraiment à quelques centimètres de lui, à présent, et elle le voyait s’asseoir. C’était peut-être une invitation ? Elle grimaça, reposant son regard vers ses amis qui s’éloignaient, et se sentit une nouvelle fois stupide. Elle n’aurait jamais dû laisser Nate. En plus d’être la pire des amies au monde, elle allait déranger l’homme qu’elle admirait le plus. Mais c’était trop tard pour reculer, maintenant qu’il l’avait vue, non ? Elle ne pouvait pas juste prendre ses jambes à son cou et courir les rejoindre. En plus, avec les chaussures qu’elle portait, elle était certaine qu’elle tomberait. Et en plus de s’humilier devant ses amis – et donc d’humilier Nate par la même occasion – elle s’humilierait devant Noah. Elle prit une longue respiration, puis franchit les quelques pas qui les séparaient. « Noah ! »  le salua-t-elle enfin dans un grand sourire, ses yeux pétillants, accompagnant ses paroles d’un geste de la main. Elle fronça des sourcils, alors que l’idée qu’il n’ait aucune idée de qui elle pouvait bien être lui traversa l’esprit. Bien sûr qu’il ne savait pas qui elle était. Il ne l’avait croisée que lors de quelques premières … Et puis, des adolescentes fans de lui, il devait en avoir des tas. Elle sentit les larmes lui monter aux yeux, alors qu’elle se mordillait la lèvre devant sa stupidité. « Vous ne devez avoir aucune idée de qui je suis, là. Maggie ? Margaret. Margaret De Lacy. La fille de Raphael ? Raphael De Lacy. Evidemment, il a le même nom que moi. Enfin, je suis sa fille, donc je porte son nom. Je suis désolée. C’était vraiment vraiment stupide de ma part. C’est juste que je vous aie vu et … C’était stupide, je suis désolée. » dit-elle très rapidement, en oubliant presque de respirer, alors qu’elle sentait enfin l’air remplir ses poumons et qu’elle tentait de mettre un peu d’ordre dans ses cheveux, de gêne.

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MessageSujet: Re: Noah & Margaret ❝ Who Are You Now? ❞    Noah & Margaret ❝ Who Are You Now? ❞  Icon_minitimeSam 16 Mai - 23:54

L’année de son installation avec Sasha Bellamy, Noah avait été d’une redoutable mauvaise foi. Oh, jamais sérieusement, et lui comme sa meilleure amie en avaient eu parfaitement conscience - mais il en avait fait des tonnes. La petite maisonnée qu’il avait partagé avec Tony et sa troupe l’appartement qu’il avait occupé seul pendant un an avaient en effet un seul point commun: ils se trouvaient en plein centre, dans des quartiers où la moindre centimètre carré de verdure tenait ni plus ni moins du mythe. Il y avait ses habitudes, ses petits conforts urbains, ses petits automatismes. Il avait toujours eu à portée de main ses bars, ses boutiques, son tatoueur, son travail, tout, et avait aussi la chance inconsidérée de pouvoir passe des semaines sans mettre un pied dans le métro. Kensington avait été une petite révolution. Attaché à sa routine, comme un chat un peu trop caractériel, il avait continué à fréquenter les mêmes lieux - mais avec un point de départ radicalement différent. Quand Sasha avait le malheur d’aborder le sujet, il grognait allègrement. Et puis il avait fini par se faire à Kensington, à ses espaces verts, à ses habitants richissimes - même sans jamais avoir réellement l’impression de coller au décor, il l’avait adopté comme le sien. Il s’était même rendu compte que le Kensington Park était sûrement l’endroit rêvé pour s’installer, tranquille, à moitié somnolent, les après-midis de repos.
Il avait besoin de ça. De s’installer, tranquille, et de ne surtout pas penser au travail. Oh, il avait connu des périodes beaucoup plus lourdes en pression - The Phantom of the Opera avait été redoutable en matière de préparation, production proprement démesurée, particulièrement pour les épaules d’un rôle titre - mais l’épuisement était déjà là, une sorte de fatigue sourde qui se rappelait à lui dès qu’il prenait la peine de se poser quelques minutes. Ce n’était pas tant la faute des Misérables, ou du théâtre, ou des exigences de la production. D’ailleurs, les répétitions n’avaient pas encore véritablement commencé - ils n’en étaient qu’à leurs balbutiements. Elles étaient juste… déjà plus difficiles que jamais. A cause d’une seule et unique personne - et de toute la foule de souvenirs qui lui était attachée. Probablement qu’il n’aurait pas pu choisir de pires conditions pour effectuer enfin son retour à la scène. Probablement qu’il n’aurait eu aucune chance de tenir le coup et de ne pas se laisser broyer dans le processus, si Sasha ne s’était pas trouvée à ses côtés, la plus salvatrice des Fantine que les productions des Misérables aient jamais connue.
Après la première année de mauvaise foi, donc, les virées dans Kensington Park étaient devenues une habitude. Il les effectuait parfois en compagnie de sa colocataire ou d’autres camarades, contexte qui les avait plus d’une fois vus donner des représentations inopinées de leurs pièces préférées, à grands renforts de guitares approximatives et de chorégraphies grossièrement mémorisées. La plupart du temps il en profitait pour être seul, un peu tranquille, loin d’un appartement où Sasha et lui avaient toujours eu la très légère tendance à vivre collés l’un à l’autre. Il avait son petit secteur de prédilection où il s’installait, de préférence les jours de soleil, pour bosser un peu quelques partitions ou profiter d’un honteux temps de sieste. Le brouhaha ne lui posait pas de problème, pas plus que les passants - au contraire, tout cela le berçait et contribuait à le couper du monde. Au milieu des gens, il était tranquille, et imperturbable. Il pouvait tranquillement faire en sorte de ne plus penser à rien. Tranquillement faire en sorte de ne pas penser à Raphael.
La gymnastique mentale était si efficace que, ce jour là, il parvint à éloigner ses pensées de l’autre homme tout en travaillant l’une de ses partitions de Javert. La manoeuvre aurait dû être délicate - principalement pour le désastre qu’avaient données les premières tentatives de répétitions en tête à tête avec le chef d’orchestre - mais il y était parvenu, bardant Stars d’annotations, comme toujours en espagnol, de sa dense et ample écriture. Il avait tout à fait l’allure d’un type en journée de repos qui considère le parc de son quartier comme l’extension de son propre jardin. Ses lunettes de lecture au bout de son nez, les manches de son vieux henley remontées jusqu’aux coudes, un écouteur dans une oreille et l’autre se balançant tout près de l’herbe, il écoutait en boucle les enregistrements de Norm Lewis au concert des vingt-cinq ans des Misérables et recouvrait lentement mais sûrement de bic des feuilles autrefois quasi-immaculées. Quand il parvint à une relative satisfaction, il se redressa, s’étira longuement, s’alanguit au soleil. Les yeux fermés, il aurait presque pu prétendre au saint Graal de la paix intérieure.

C’est à cet instant qu’il vit un visage qu’il n’avait pas aperçu depuis plus de deux ans.
Depuis la première du Phantom, à vrai dire. Oh, il la reconnut immédiatement. C’aurait été complètement hypocrite de sa part que de prétendre, même une seconde, qu’il ne connaissait pas ces yeux là par coeur - qu’il ne connaissait pas non plus certains de ces gestes, certaines courbes du visage. De Lacy. Maggie. Le fantôme d’un sourire apparut au coin de ses lèvres. C’était atroce, quelque part, mais elle était pour lui De Lacy avant d’être Margaret - il avait une mémoire atroce mais il pouvait reconnaître Raphael partout, même dans sa fille. De toutes façons, il ne l’aurait certainement pas oubliée. Il aurait pu être un instant désarçonné par combien elle avait changé au fil de ces deux années, mais il n’aurait pas pu l’oublier - probablement sa plus grand admiratrice, comme on disait, ou tout du moins celle qu’il avait le plus souvent croisé les soirs de premières, et la seule à qui il avait directement donné l’un de ses masques. Elle l’avait vu. Elle avait envie de venir le voir. Il le savait - elle était aussi lisible que Raphael au début de leur relation, c’est à dire limpide. Elle n’osait pas. Il laissa échapper un léger rire, s’étira une nouvelle fois. Quelques minutes encore, et elle franchit le pas.
« Je sais très bien qui tu es. » dit-il avec un nouveau rire. Oh, oui, il le savait parfaitement. Et elle ressemblait en tellement de points à son père que c’en était presque terrifiant. Qu’il en avait presque mal, aussi, presque envie de fuir, aussi - mais elle n’avait rien mérité de tout cela. Elle n’avait sûrement aucune idée de ce qui s’était passé entre eux. Il pouvait être souriant, charmeur - en un mot professionnel. Mais si elle pouvait arrêter de répéter le nom de Raphael… Son sourire était peut-être un peu plus crispé que de raison. Il inspira profondément, avec toute la discrétion du monde, et reprit: « Respire! Doucement. Tout va bien. Je vais pas te manger, et tu me déranges pas. » Il riait, encore. Il avait toujours été rieur - et c’était un moyen redoutable pour cacher le fait que quand il la regardait droit dans les yeux il voyait son père, que quand elle lui parlait, nerveuse, il entendait son père. Repliant ses jambes pour les croiser, il tapota tranquillement l’herbe à côté de lui, l’air de l’inviter à prendre place. Il ne savait même pas pourquoi il faisait ça. Quelque chose en elle lui faisait mal - mais elle avait toujours été adorable. Un nouveau sourire. « Est-ce que tout va bien pour toi, Maggie? La dernière fois c’était… pour le Phantom, c’est ça? » Oh, il n’aurait pas pu l’oublier, cette soirée. Il avait revu Maggie là-bas, certes, mais il avait surtout rencontré Jane. Un merveilleux souvenir, avec et sans ironie à la fois.
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MessageSujet: Re: Noah & Margaret ❝ Who Are You Now? ❞    Noah & Margaret ❝ Who Are You Now? ❞  Icon_minitimeDim 17 Mai - 21:28



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Maggie était vraiment heureuse de revoir Noah. Enfin, c’était étrange de le voir sans costume, il fallait bien l’avouer. C’était plus … réel, probablement. Et depuis qu’elle savait qu’il allait jouer Javert, elle comptait presque les jours avant la première – même si elle n’en connaissait pas encore la date. Elle avait vraiment hâte de l’entendre chanter à nouveau. Sa vie musicale s’était retrouvée bien vide, lorsqu’il avait été obligé de s’arrêter. Oh, bien entendu qu’elle avait continué à aller voir des représentations. Maggie aimait tellement les comédies musicales que, même si elle l’avait voulu, elle n’aurait pas pu arrêter d’aller en voir. Mais rien n’avait été comparable avec Noah. Le Phantom qui l’avait remplacé semblait tellement morne, tellement terne en comparaison de Noah. Elle n’avait rien ressenti. Oh, c’était beau. C’était toujours beau. Mais pour la première fois, elle avait senti ses pensées dériver, justement vers son prédécesseur. Elle n’avait pas réussi à se concentrer. Et les fois suivantes avaient eu la même saveur. C’était pour ça qu’elle aimait autant Noah. Parce que lorsqu’il chantait, il n’y avait plus rien d’autre qui importait. Elle ne pouvait détourner son regard de lui, et rapidement les larmes coulaient sur ses joues. Et personne, avant, ne lui avait jamais fait ressentir ça. C’était probablement pour cette raison qu’elle était persuadée d’être amoureuse de lui. Parce que n’était-ce pas ça, l’amour, finalement ? Frissonner, trembler, pleurer, et avoir son cœur qui bat étrangement vite sans raison particulière, juste à l’écoute de sa voix ? En tout cas, elle s’imaginait que c’était ça, l’amour. Et donc même si elle se sentait un peu idiote, à chaque fois qu’elle y pensait, cela ne changeait rien au fait qu’elle était sûre qu’elle en était amoureuse. Parce que lorsqu’il était sur scène, il n’y avait que lui. Parce qu’elle ne pensait à rien d’autre. Parce qu’elle n’était même pas obligée de le voir, pour ressentir cette palette de sentiments lorsqu’il chantait. Elle pouvait juste fermer les yeux, et se laisser bercer par ses chants. Alors le voir dans ce parc ? Aller le rejoindre ? Elle avait forcément beaucoup hésité. Et si elle n’avait pas eu trop d’autres choix que de lui adresser la parole maintenant qu’elle n’était plus qu’à quelques pas de lui, elle aurait vivement préféré avoir finalement suivi ses amis, plutôt que d’aller le voir sur un coup de tête. Elle se pensait plus intelligente que ça, pourtant. Mais apparemment, même intelligente, elle ne l’était pas vraiment.

Alors à peine prit-elle la parole qu’elle s’emmêla honteusement les pinceaux. Il n’avait peut-être – voire probablement, même – aucune idée de qui elle était. Elle n’était qu’une fan parmi tant d’autres, après tout. Rien d’autre. Comment avait-elle pu croire qu’il se souviendrait d’elle ? Alors elle rappela son prénom. Enfin son surnom, plutôt. Ce qui n’était pas mieux. Puis son nom entier, et celui de son père – il connaissait son père, au moins, et peut-être que cela lui permettrait de mieux identifier qui elle était. Puis elle s’excusa, en réalisant qu’elle avait fait une terrible erreur en allant le rejoindre. Et tout ça, sans reprendre son souffle, bien entendu. « Je sais très bien qui tu es. » lui dit-il dans la rire, la faisant déglutir. Elle tentait de calmer sa respiration, mais c’était bien vain, tant cette phrase lui faisait plaisir. Enfin, en même temps, elle était la fille de son chef d’orchestre. Et même si elle ne l’avait, finalement, pas rencontré beaucoup de fois, il ne pouvait pas vraiment oublier la fille de l’homme qui dirigeait les comédies musicales dans lesquelles il jouait, non ? Enfin, c’était probablement la seule et unique raison qui faisait qu’il se souvienne d’elle. Mais cela lui faisait tout de même chaud au cœur, en témoigne le grand sourire éclatant qui étirait ses lèvres. « Respire! Doucement. Tout va bien. Je vais pas te manger, et tu me déranges pas. » Elle lâcha un petit rire, probablement aidée par le sien. Puis elle réussit enfin à respirer à peu près convenablement. Elle acquiesça timidement de la tête, avant de se mordiller la lèvre comme il l’invitait à s’asseoir à ses côtés. Elle ne le dérangeait pas. Il le lui avait dit. Et il l’invitait à s’asseoir avec lui. Il ne l’aurait pas fait si elle l’avait dérangé, non ? Enfin, même si elle était la fille de Raphael. Ou sinon, c’était parce qu’elle était sa fille. C’était juste pour ça. Il croyait peut-être qu’elle se plaindrait à son père s’il ne le faisait pas. Ou alors, il croyait qu’elle croyait que tout lui était dû, à cause de ça. Et qu’elle ne lui laissait pas le choix. Non, il ne pouvait pas croire ça. Enfin, cela devait bien se voir qu’elle était gênée, non ? Et qu’elle avait réellement peur de le déranger. Elle rougissait presque, et était nerveuse. Cela se voyait. Il devait bien le voir. Donc il ne lui proposerait pas de s’asseoir si ça le dérangeait. Et d’ailleurs, il ne lui dirait tout simplement pas qu’elle ne le dérangeait pas, si elle le dérangeait. Encore une fois, elle dût se rappeler de respirer, pour y parvenir. Puis, enfin, elle s’essaya à ses côtés. Avant de le regretter presqu’aussitôt, en pensant que cette fois-ci, Nate ne l’aiderait pas à se relever et qu’elle risquait de tomber.

Mais c’était trop tard, maintenant, et elle était installée à côté de lui. Enfin, pas tout à côté non plus, elle ne voulait pas envahir son espace vital – elle détestait lorsque des personnes s’asseyaient trop proches d’elle, à l’exception de ses plus proches amis, donc elle n’allait pas lui faire subir ce qu’elle-même détestait. « Est-ce que tout va bien pour toi, Maggie? La dernière fois c’était… pour le Phantom, c’est ça? » lui demanda-t-il. Elle acquiesça rapidement de la tête, avant de se concentrer une nouvelle fois sur sa respiration. Il ne fallait pas qu’elle oublie de respirer. Mais peut-être qu’elle faudra qu’elle lui réponde, aussi. Et qu’elle n’installe pas un silence trop long, avant. Enfin, le silence n’était pas gêné. Elle n’était plus vraiment gênée, en fait. Impressionnée, oui. Mais plus gênée. Mais tout de même, peut-être que le silence le gênerait, lui. C’était quoi, sa question, déjà ? Ses questions, même. Elle se mordilla la lèvre en le regardant, sentant la gêne revenir un peu. Elle se racla la gorge – signe évident, chez elle, lorsqu’on la connaissait. « Désolée. Je suis un peu intimidée. Pardon. » Nouveau raclement de gorge, alors qu’elle se sentait devenir rouge pivoine, cette fois-ci. Elle inspira longuement, avant d’expirer, puis sourit. « Oui, c’était pour le Phantom !  » se reprit-elle, avec un enthousiasme certain. « C’était vraiment vraiment magnifique. » ne put-elle s’empêcher de dire, avant de froncer des sourcils. Il n’avait sûrement pas envie d’entendre ça. Il n’avait jamais pu faire toutes les représentations. Parce qu’il avait eu son accident. Qu’est-ce qu’elle pouvait être stupide ! Pourquoi est-ce qu’elle avait dit ça ? « J’ai toujours le masque … Celui que vous m’avez offert. Merci, encore, d’ailleurs ! » dit-elle dans un sourire un peu plus éclatant. Elle baissa un peu la tête, regardant ses mains. Il lui avait demandé comment elle allait. Peut-être que répondre à sa question, au lieu de remuer le couteau dans la plaie à propos de cette période de sa vie dont il n’avait peut-être plus envie d’entendre parler, serait une meilleure idée. « Et je vais très bien ! Enfin … Je suis en terminale, et tout se passe bien. » Elle acquiesça de la tête, comme pour confirmer ses dires. « Je suis première de ma classe ! » Elle l’avait appris un peu plus tôt dans la semaine. Et même si ce n’était pas son genre de parler de ça – après tout, elle ne le méritait pas vraiment, vu son manque d’investissement en cours – elle avait cru bon de le préciser, cette fois-ci. « Et vous ? Vous allez bien ? Mieux ? Enfin … » Elle bascula un peu la tête en arrière. Elle faisait tout de travers. « Mon père m’a dit que vous alliez jouer Javert ! J’ai été vraiment contente d’apprendre ça ! Et j’ai vraiment hâte d’assister à la première ! Et autres représentations ! Enfin, probablement pas toutes. Parce que … Enfin, ça semble logique que je ne peux pas aller à toutes les représentations. Encore moins quand j’ai cours le lendemain. Pas que mes parents me diraient non. Ils me disent jamais non. Mais je pense que c’est aussi parce que je ne leur demande pas d’aller à des représentations la veille de cours. » Au moins, cette fois-ci, elle avait réussi un peu à respirer. Pas si bien que ça, mais quand même. Elle baissa la tête, avant de se mordiller la lèvre. « Je comprends pas pourquoi je parle autant. Je parle jamais, normalement. » Elle faillit s’excuser une nouvelle fois, mais se contenta de soupirer. « Donc. Javert ?» demanda-t-elle en relevant la tête, dans un sourire timide.

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MessageSujet: Re: Noah & Margaret ❝ Who Are You Now? ❞    Noah & Margaret ❝ Who Are You Now? ❞  Icon_minitimeSam 23 Mai - 0:14

Noah n'était pas une star de cinéma. Même dans son domaine, il y avait des gens beaucoup plus facilement reconnaissables que lui. Il pouvait se permettre de traverser la ville ou de vivre sans propre vie sans crainte d’être abordé à toutes les rues, ou reconnu toutes les demi-heures. Il avait la belle vie, de façon générale. Le seul moment où il croisait à coup sûr des gens que l’on aurait éventuellement pu qualifier de « fans », c’était à la fin des spectacles, à la sortie des artistes, où les habitués des musicals venaient attendre le casting. Il pouvait parler d’habitués, parce qu’au fil des années il avait appris à reconnaître une grande partie d’entre eux - il connaissait même le prénom d’une grosse poignée de ces gens qui revenaient très régulièrement, sans que cela n’aie jamais cessé de le surprendre. Et puis il y avait les familles de ses collègues - frères, soeurs, enfants, qui apparaissaient parfois sur les répétitions et souvent sur les premières et qui, pour certains, appréciaient son travail. Maggie De Lacy appartenait à cette catégorie. En quelques sortes. Son père n’avait jamais jamais - ô grand jamais - était un simple collègue. Non. Raphael avait été tout. Absolument tout. Prétendre le contraire aurait été mentir - prétendre le contraire, à chaque fois, était mentir.
Elle ne savait strictement rien de tout cela, et il ne pouvait pas la laisser le découvrir. Elle n’était responsable d’aucun des agissements de son père - elle n’avait fait qu’une seule chose, être là, l’entendre, et apprécier ce qu’il faisait. Pour être tout à fait honnête, il avait bien besoin d’un petit boost d’ego, aussi. En se concentrant bien, probablement qu’il parviendrait à faire abstraction de toutes les choses qui, en elle, lui rappelaient un peu trop son père - en se concentrant vraiment bien, à vrai dire, comme chacun des mots qu’elle prononçait rappelait aux accès de timidité et de candeur de Raphael De Lacy, au moment de leur toute première rencontre. Presque sans s’en rendre compte, elle lui fournit la possibilité de ne pas penser à tout cela en se lançant dans… et bien… il n’y avait pas d’autre mot que « long monologue », marqué en d’interminables points par la plus profonde des gênes. Oh, elle était adorable. En de nombreux points, elle lui faisait penser à sa petite soeur - Soledad - il y avait quelques années de cela. Avant qu’elle ne trouve sa propre voie et sa propre assurance, elle avait, par moments, de ces mêmes discours où pistes et digressions s’enchaînaient sans trêve jusqu’à, parfois, laisser son interlocuteur dans la plus grande des confusions. Au moins, Noah, lui, était paré, et jugeait ce genre de choses comme attachantes.
Rassurant, il n’avait pas une seconde cessé de sourire. Tranquillement il s’était installé dans l’herbe, étendant ses jambes endolories, s’appuyant sur ses mains. Quand la jeune fille rougit, s’excusant une fois encore, il laissa échapper un léger rire - quoique sans la moindre cruauté. Elle venait de rougir, violemment, et c’est avec toute la sincérité du monde qu’il glissa: « Il n’y a pas de raison, ne t’inquiète pas. ». Après tout, quelque part, ils n’étaient que deux personnes en train de discuter dans un parc - ils n’étaient pas au théâtre, il n’était pas dans ce domaine où oui, parfois, il avait une très légère tendance à se prendre pour un roi. De toutes manières, il n’avait jamais maltraité la moindre personne venue avec des compliments. Il se laissa sourire encore un peu plus largement quand de nouveaux survinrent, à propos du Phantom - faisant fermement abstraction de la petite pointe de douleur qui revenait à chaque fois qu’il se laissait absorber par le souvenir de la première, et de la rencontre avec la légendaire Jane De Lacy qui avait suivi. Ou le moment où, plus cruellement que jamais, il avait réalisé que Raphael avait, pour de bon, tourné la page sur leur histoire - poussant le vice jusqu’à cette forme bien particulière de torture. « De rien. Tant que tu en prends soin - et tant que tu jures de garder le silence si un jour la costumière vient toquer à ta porte et te pose des questions sur un certain masque disparu. » Hum? Il avait une certaine marge de perte d’accessoires, après tout. Et ces masques étaient bien particuliers - façonnés sur mesure pour son visage et pour la forme de son crâne, ils n’auraient, de toutes façons, jamais pu être réutilisés. Deux autres étaient actuellement suspendus au-dessus de son bureau, dans son appartement, au beau milieu d’innombrables photos de tous les rôles qu’il avait pu jouer dans les premières heures de sa carrière. La symbolique avait eu quelque chose de douloureux, quand il était en rééducation - mais il avait pris l’habitude de cette image, et de cette preuve qu’il était capable d’aller aussi haut, aussi loin. Mais tout cela appartenait au passé. Comme Raphael. Au présent, il y avait la jeune Maggie. Un nouveau rire chaleureux: « Félicitations! » répondit-il à sa réussite scolaire, avant d’enchaîner d’un nouveau, rassurant: « Ne t’inquiète pas. Vraiment. » Il se redressa machinalement, reprenant une posture si ferme et si droite que son passé de danseur s’y ressentait forcément. Passant une main sur sa nuque, il réunit ses jambes en tailleur avant de se lancer: « Javert. Oui. Javert. Tu es bien informée, dis-moi - je suis même pas certain que les annonces officielles aient déjà été faites. Pour un peu, les bureaux de com pourraient taper sur les doigts de ton père. » Il fronça brièvement les sourcils, comme pour appuyer la gravité des choses dites. Comme si les membres du staff ne pouvaient pas annoncer les nouvelles à leurs familles. Comme s’il allait balancer Raphael, de toutes façons. Rien que le fait de prononcer son nom, parfois, lui arrachait la gorge. Face à Maggie, il était « son père ». Froidement. Simplement. Et tout juste parce que ne pas le mentionner serait plus étrange qu’autre chose. « Et tu seras la bienvenue à la première! Comme d’habitude. On essayera pas de pas être trop mauvais, promis. Tu as le droit de nous huer, si tu en ressens le besoin. » Un clin d’oeil. Comme si Sasha pouvait physiquement être mauvaise. « Bosse dur à l’école, c’est le plus important. Si t’es parents peuvent pas de dire non, si tu veux, je peux te faire la morale si tu veux. » Venant d’un type qui avait arrêté avant le bac, ça serait un petit peu l’hôpital qui se moque de la charité - certes. « Et de toutes façons, entre nous… Si tu venais à toutes les représentations, je suis à peu près sûr qu’on finirait par te sortir par les yeux. Je me sortirais par les yeux. On sort probablement par les yeux de ton père. »
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MessageSujet: Re: Noah & Margaret ❝ Who Are You Now? ❞    Noah & Margaret ❝ Who Are You Now? ❞  Icon_minitimeDim 24 Mai - 19:13



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Maggie se sentait atrocement mal à l’aise, au point qu’elle n’arrivait pas vraiment à parler – non pas qu’elle soit généralement à l’aise pour parler, de toute façon, mais c’était bien pire aujourd’hui, comme sa gorge lui semblait sèche. Elle l’écoutait, oui, mais encore, elle avait bien du mal à se concentrer, ses pensées se focalisant sur ce qu’elle, elle devrait répondre. Elle était si contente de le voir, mais si stressée en même temps. Probablement parce qu’elle l’admirait, et l’aimait aussi – même si cela lui semblait toujours étrange de penser ça, encore plus maintenant qu’il était en sa présence. Elle s’excusa donc, lui disant la vérité – elle était très intimidée. « Il n’y a pas de raison, ne t’inquiète pas. » lui dit-il, sans cesser de sourire. Mais c’était bien plus facile à dire qu’à faire, et voilà qu’elle enchainait les gaucheries et devait sûrement remuer le couteau dans la plaie en parlant du Phantom – rôle qu’il avait dû arrêter avant la fin des représentations, après son accident. « De rien. Tant que tu en prends soin - et tant que tu jures de garder le silence si un jour la costumière vient toquer à ta porte et te pose des questions sur un certain masque disparu. » Dans un sourire, elle acquiesça vivement de la tête. « Promis ! » Même si elle imaginait très mal une costumière venir frapper à sa porte – elle fronça d’ailleurs des sourcils à cette pensée. Voulant enfin répondre à ses questions, plutôt que de continuer à parler du Phantom. Mais elle parlait trop. Bien trop. Elle-même ne savait pas pourquoi. Enfin soyons honnête, Maggie ne parlait quasiment jamais. Il n’y avait que très peu de personnes qui arrivaient à lui faire aligner plus de trois mots, et l’une d’elles venaient d’ailleurs de partir avec leur groupe d’amis, la laissant seule avec Noah – enfin c’était plutôt l’inverse : elle, l’abandonnant pour rester avec Noah. « Félicitations! » Elle se mordilla nerveusement la lèvre. Elle n’aimait pas vraiment qu’on la félicite sur ses résultats scolaires, pour la simple et bonne raison qu’elle ne travaillait pas vraiment, et ne s’y investissait pas plus que ça. Combien de fois avait-elle rêvassé durant ses cours ? Combien de fois avait-elle préféré bâcler ses devoirs et / ou révisions pour aller noircir son carnet ? Non, vraiment, Maggie n’était pas une élève studieuse et ne méritait pas qu’on la félicite. « Ne t’inquiète pas. Vraiment. » Elle força un petit sourire, alors qu’elle rebaissait déjà la tête, posant son regard sur ses mains.

Heureusement pour elle, il reprit la parole – et cette fois-ci, elle comptait bien la lui laisser, au moins un minimum ; c’était qu’il ne fallait pas non plus qu’elle reste trop silencieuse. « Javert. Oui. Javert. Tu es bien informée, dis-moi - je suis même pas certain que les annonces officielles aient déjà été faites. Pour un peu, les bureaux de com pourraient taper sur les doigts de ton père. » Maggie ouvrit la bouche, avant de la refermer. Il n’avait pas eu le droit de le lui dire ? Vraiment ? Est-ce qu’il pouvait se prendre une réflexion par les responsables du théâtre, s’ils l’apprenaient ? Elle espérait que non. Enfin, c’était de sa faute à elle, pas celle de son père. C’était elle, qui l’avait questionné. Il n’avait fait que lui répondre. Et puis, en quoi lui donner de ses nouvelles était problématique ? Elle ne l’avait même pas mis comme statut Facebook. Mais elle en avait parlé à Sage. Peut-être qu’elle n’aurait pas dû. Peut-être qu’elle aurait dû garder cette information secrète et se taire. Mais elle avait juste été si contente en l’apprenant que … Enfin, elle n’avait pas vraiment eu le choix que d’en parler à sa meilleure amie.  « C’est de ma faute, vraiment. Pas de la sienne. » dit-elle en hochant de la tête. « Et tu seras la bienvenue à la première! Comme d’habitude. On essayera pas de pas être trop mauvais, promis. Tu as le droit de nous huer, si tu en ressens le besoin. » Cette fois-ci, elle ria, vraiment. Comme s’ils pouvaient être mauvais. Non, cela lui semblait impossible à imaginer. Noah ferait un parfait Javert, et Sasha une parfaite Fantine. Il n’y avait aucun doute à avoir sur la question. « Bosse dur à l’école, c’est le plus important. Si t’es parents peuvent pas de dire non, si tu veux, je peux te faire la morale si tu veux. » Nouveau sourire, alors qu’elle secouait la tête à la négative. Malgré tout, Maggie était assez sérieuse pour ne pas avoir besoin qu’on lui fasse la morale. Quoique … Enfin, peut-être que cela lui ferait du bien, de vraiment travailler ses cours. Mais elle n’allait pas non plus demander à Noah de le faire. Cela ne se faisait pas. Et puis, il avait d’autres choses plus importantes à faire que de babysitter une adolescente. « Et de toutes façons, entre nous… Si tu venais à toutes les représentations, je suis à peu près sûr qu’on finirait par te sortir par les yeux. Je me sortirais par les yeux. On sort probablement par les yeux de ton père. » Cette fois-ci, ses yeux ressemblèrent à des coupes, comme elle était en total désaccord avec lui. Et puis, son père ne pensait pas ça. Ils en avaient même parlé il y a peu. « Je ne m’en lasserais jamais, de vous écouter. » Elle secoua une nouvelle fois la tête, avant de dessiner vaguement sur l’herbe de ses doigts. « Et vous ne sortez pas par les yeux de mon père. » Elle sourit, alors qu’elle le regardait. « Il a dit que vous étiez parfait. » dit-elle en opinant du chef, toujours en souriant. « Et que vous et Sasha étiez parfaitement accordés ! » Oui, il le lui avait dit. Enfin, il n’avait fait qu’être d’accord avec elle, mais pour l’adolescente, c’était la même chose. Et Maggie en pensait tout autant, même si l’avis de son père était bien plus important, cela valait sans dire. « Oh ! Et aussi, qu’apparemment, vous chantiez beaucoup tous les deux dans votre appartement. » Et elle lui avait même répondu qu’elle aurait rêvé de vivre dans l’appartement à côté du leur. « Et … voilà, c’est à peu près tout. » Elle se mordilla la lèvre, avant de se passer une main dans les cheveux, gênée. Avouer qu’elle avait parlé de lui à son père, cela lui semblait embarrassant, tout à coup. « On parlait d’autres choses, avant … » commença-t-elle à se justifier, omettant que le sujet qui avait précédé avant tout simplement été son père lui demandant si elle croyait toujours être amoureuse de lui – elle était déjà bien assez embarrassée comme ça pour en rajouter. « Puis j’ai vu le masque … Et voilà, le sujet a dérivé un peu. » Elle rougit une nouvelle fois, baissant la tête pour le lui cacher. Oui, l’adolescente se trouvait maintenant au comble de la gêne, c’était certain.

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MessageSujet: Re: Noah & Margaret ❝ Who Are You Now? ❞    Noah & Margaret ❝ Who Are You Now? ❞  Icon_minitimeMer 27 Mai - 19:57

Quand il y pensait, il y avait quelque chose d’absurde dans cette situation. Quelque chose d’absurde en voyant cette petite fille - elle était encore une petite fille à l’époque où il était avec Raphael, force était de constater que de l’eau avait coulé sous les ponts et qu’elle était devenue une jeune femme - lui parler sans avoir la moindre idée ce qu’il avait bien pu être pour son père. Quelque chose d’absurde à la voir totalement innocente, totalement ignorante, et à ressembler malgré tout tellement à l’homme qu’il avait aimé de tout son coeur et de toutes ses forces. Quand il la voyait De Lacy, elle n’était en réalité que Maggie, et ce paradoxe lui donnait l’impression paradoxale de passer à la fois un bon moment avec une personne qui appréciait son travail et une véritable torture en compagnie d’un être qui avait les yeux, le sourire et les manières d’un homme qu’il était incapable d’oublier. Oh, la prochaine fois, il y réfléchirait plus longtemps que ça avant de venir travailler à Kensington Garden. Rien de cela ne serait jamais arrivé s’il avait bien voulu utiliser correctement son bureau au lieu de le noyer sous des tonnes et des tonnes de CDs en tout genre.
Mais en même temps… c’était comme, tout à coup, retrouver un lien avec son passé. Même ténu. Maggie le ramenait à une époque où il valait quelque chose sur scène, où il était en pleine ascension, enfilait le masque du Phantom pour la toute première fois, exceptionnellement jeune pour le rôle, tout proche de la reconnaissance de ses pairs. Elle le ramenait à ce soir de première où, dernier appelé pour saluer, il avait vu la foule se lever et lui crier des « bravos », cachant des larmes de joie en se penchant pour donner un baisemain à Sasha, à sa Christine. Elle le ramenait à l’époque où il avait réussi à avant de flinguer sa carrière pour deux longues années en rentrant de plein fouet dans un mur. Ces jours étaient tellement loin. Ces jours lui manquaient. A chaque fois qu’elle évoquait Raphael, aussi, elle le ramenait à une certaine proximité de cet homme, à des temps reculés où ils savaient tout l’un de l’autre, se disaient tout, ou presque. Et tout à coup il était là. Quelque part. Oh, les regrets.
En attendant, il eut un sourire étrange, presque gêné, quand elle affirma, aussi directe, sincère et hyperbolique que peuvent être les enfants, qu’elle ne se lasserait jamais de l’écouter. Machinalement, il remonta ses lunettes de lecture sur son nez - comme pour ne pas rester les bras ballants, immobile, comme il recevait un compliment qu’il n’était plus tout à fait sûr de véritablement mériter encore. C’est quand elle répondit directement aux remarques sur son père que, imperceptiblement, il détourna les yeux. Son sourire se fit un peu plus forcé, une légère tension, là, juste au coin des lèvres. « Il a dit ça, hein. » dit-il, après un léger rire - jaune. Alors comme ça Raphael avait dit qu’il était parfait. Sur le plan de la voix, peut-être, ou du coffre, ou du jeu - le chef d’orchestre avait toujours eu l’air de croire en lui, musicalement. Sur le reste? Manifestement, en tous cas s’il fallait en croire leur rupture, il ne l’était pas tant que ça. Ou pas assez. Pas assez à côté de sa femme, de sa famille, de son quotidien, de son confort. Noah se rendit compte que, presque machinalement, il avait serré les dents. Comme pour chercher une distraction, il amena une main à son bras, lissa du pouce les complexes lignes de l’un de ses tatouages, reprit: « Vrai. On chante beaucoup dans notre appartement. Mais si tu veux tout savoir, je crois que certains de nos voisins ont des envies de meurtre. Particulièrement une petite vieille. Revêche. Très revêche. Enfin au moins ça veut dire qu’on a du coffre et qu’on est capable de passer au travers de l’insonorisation du bâtiment et de ses problèmes auditifs? Je suppose? » Il avait un peu froncé les sourcils, mimant la concentration. Au fil de sa déclaration, un nouveau sourire, plus amusé et plus sincère, était apparu au coin de ses lèvres. Le tout était de ne pas songer qu’elle avait plusieurs fois fait des remarques à Noah sur les… autres types de bruits qui émanaient parfois de l’appartement. Parfois (souvent) avec une personne que Maggie connaissait très, très bien. Un rire. « Beaucoup de monde pèterait un plomb après nous avoir entendu faire des vocalises sur Barcelona de Freddie Mercury et Montserrat Caballé toute une après-midi. Et si c’est pas ton cas et bien… félicitations, tu es des nôtres. Et si possible, tu es encore plus la bienvenue le soir de la première. » La conclusion avait été balancée sur un grand sourire radieux. Oh, il ne doutait pas que Maggie était passionnée. Elle avait de qui tenir, après tout. C’est tout naturellement, et intimement persuadé que la réponse aurait un rapport ou un autre avec le monde de la musique qu’il demanda: « Tu comptes faire quoi plus tard? Après avoir bossé dur, tout ça tout ça? » Un nouveau rire nerveux: « Désolé d’insister sur ça. Sur le fait de bosser dur. T’as plus douze ans après tout, tu sais très bien ce que t’es supposée faire et de toutes façons j’ai rien à dire - j’ai juste une très, très longue histoire de morale et de pep-talks à ma petite soeur. » Il ne culpabilisait absolument pas sur ce point - Soledad avait fait plus que réussir, elle était probablement la plus intelligente des jeunes femmes qu’il ait jamais rencontré. « Enfin… manifestement tu es passionnée de musique. Je me demandais juste si tu comptais suivre la voie de ton père. Tu as parfaitement le droit de n’avoir aucune foutue idée, hein - crois-moi, tu ne veux pas savoir dans quel flou je nageais à ton âge. » Enfin, il savait à peu près ce qu’il voulait faire, à dix-sept ans. Mais cette volonté était noyée dans des relations glauques, des nuages de fumée, et tout ce qui constituait, de façon générale, le cauchemar de n’importe quel parent - pas le meilleur exemple du monde pour une adolescente.
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MessageSujet: Re: Noah & Margaret ❝ Who Are You Now? ❞    Noah & Margaret ❝ Who Are You Now? ❞  Icon_minitimeLun 1 Juin - 0:22



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Malgré sa gêne toujours un peu présente, l’adolescente se sentait un peu mieux, probablement parce qu’elle parlait d’un sujet qu’elle aimait et connaissait : les comédies musicales. Bon, après avoir probablement remué un peu le couteau dans la plaie en parlant du Phantom, elle se détendit en voulant le rassurer, elle lui apprit qu’il ne sortait absolument pas par les yeux de son père, puisqu’il trouvait lui aussi que Noah était parfait. « Il a dit ça, hein. » Maggie se contenta de hocher vivement de la tête, avant de reprendre en amenant le sujet sur ce que lui avait dit son père : Noah et Sasha chantaient tout le temps dans leur appartement, apparemment. « Vrai. On chante beaucoup dans notre appartement. Mais si tu veux tout savoir, je crois que certains de nos voisins ont des envies de meurtre. Particulièrement une petite vieille. Revêche. Très revêche. Enfin au moins ça veut dire qu’on a du coffre et qu’on est capable de passer au travers de l’insonorisation du bâtiment et de ses problèmes auditifs? Je suppose? » Maggie lâcha un rire franc, en imaginant une personne très âgée taper sa canne contre le mur pour leur demander de se taire. Oh, elle n’imaginait par contre absolument pas pourquoi elle pouvait bien leur demander ça : elle vivait à côté d’un concert continuel, cela devait être tout bonnement merveilleux. « Beaucoup de monde pèterait un plomb après nous avoir entendu faire des vocalises sur Barcelona de Freddie Mercury et Montserrat Caballé toute une après-midi. Et si c’est pas ton cas et bien… félicitations, tu es des nôtres. Et si possible, tu es encore plus la bienvenue le soir de la première. » Maggie lui rendit son sourire, s’étonnant de ne pas avoir manqué un seul mot de ce qu’il avait pu lui dire – après tout, il avait beaucoup parlé, et Maggie n’était pas si douée que ça pour écouter, il fallait bien l’avouer. « C’est pas mon cas ! » s’empressa-t-elle de lui répondre dans un grand sourire, avant de répondre. « Et je pense que vos voisins ont vraiment, vraiment, beaucoup de chance ! » reprit-elle, sans se dépêtre de son sourire.

« Tu comptes faire quoi plus tard? Après avoir bossé dur, tout ça tout ça? » lui demanda-t-il ensuite. Elle n’écouta même pas le reste, sa question tournant déjà en boucle dans sa tête – et peut-être était-ce finalement mieux ainsi, considérant qu’il venait en quelque sorte de la comparer à sa petite sœur, c’était probablement mieux qu’elle ne l’ait pas entendu. Ce qu’elle voulait faire ensuite ? Elle n’en avait aucune idée. Et pour dire, cela la stressait. Dans un peu plus d’un mois, les cours seraient terminés, et Maggie n’avait aucune idée d’où aller ensuite. Oh, elle était acceptée à Oxford, et c’était une assez bonne nouvelle – au moins, elle ne se retrouvait pas à la rue. Mais alors qu’elle avait regardé quelles matières prendre, elle avait été incapable de choisir, ne sachant absolument pas ce qu’elle aimerait faire. Elle avait, pendant un temps, envisagé de postuler à la LSOA, aussi. Sa meilleure amie y était en première année et … Elle s’était réellement posée la question. Mais, pour quoi faire, exactement ? Elle avait arrêté la danse. Elle n’avait jamais pris de cours de chant. Elle était incapable de jouer la comédie. Donc non, la LSOA n’était probablement pas fait pour elle, malgré sa passion évidente pour les comédies musicales. Mais quoi, donc ? « Enfin… manifestement tu es passionnée de musique. Je me demandais juste si tu comptais suivre la voie de ton père. Tu as parfaitement le droit de n’avoir aucune foutue idée, hein - crois-moi, tu ne veux pas savoir dans quel flou je nageais à ton âge. » Elle sursauta, en entendant une nouvelle fois la voix de Noah – elle l’avait oublié ; oui, elle avait oublié que Noah était là, à ses côtés, c’était dire à quel point sa question avait pu la perturber. Et puis, la comparaison avec son père … Pourquoi avait-il fallu qu’il la compare à lui ? A ce génie musical qu’il était. Elle baissa la tête, reprenant son tic. « Je n’en ai aucune idée … » murmura-t-elle, la tête toujours basse. « Alors que j’ai fini le Lycée dans un mois … J’ai aucune idée de ce que je vais faire l’année prochaine. » Elle sentit son estomac se serrer à cette pensée, et les larmes lui monter aux yeux. « J’ai visité l’université de Londres. Et Oxford, aussi. J’ai assisté à quelques cours mais … Je ne sais pas. J’ai pas eu de déclic. » Il avait beau avoir dit qu’il avait été dans le flou, lui aussi, à son âge, il n’empêchait pas que le fait de ne pas savoir ce qu’elle voulait faire l’angoissait réellement. Elle irait probablement à Oxford. Elle n’avait pas encore parlé de la lettre à ses parents – justement parce qu’elle ne savait pas ce qu’elle ferait – mais ce n’était pas comme si une personne pouvait dire non à Oxford, de toute façon. « Peut-être que je pourrais produire des comédies musicales … Il n’y a pas besoin d’avoir de talent, pour ça. Juste aimer les comédies musicales et dire si l’idée est bonne, non ? Et d’avoir de l’argent. J’ai de l’argent. Enfin non, mais ma famille en a. C’est la même chose, non ? » balbutia-t-elle sans respirer, plus pour elle-même que pour l’homme à ses côtés. Elle releva la tête, et lui lança un petit sourire désolé. « J’irais probablement à Oxford. Peut-être que je vais choisir les matières à pile ou face. » Elle marqua une petite pause, avant de poser sa main sur sa bouche et de reprendre. « Ne le dîtes pas à mon père, s’il vous plaît. Je ne lui ai pas dit que j’étais acceptée, encore. Enfin … Voilà, je ne sais pas quelles matières prendre donc … Je ne lui en ai pas encore parlé. » Et clairement, elle ne voulait pas que son père puisse l’apprendre de quelqu’un d’autre. Enfin, malgré tout, même si elle ne savait pas quoi faire, il s’agissait d’une bonne nouvelle, et elle ne voulait pas qu’il soit déçu qu’elle ne lui en ait pas parlé.

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MessageSujet: Re: Noah & Margaret ❝ Who Are You Now? ❞    Noah & Margaret ❝ Who Are You Now? ❞  Icon_minitimeDim 28 Juin - 17:42

Oui, au plus Noah y songeait, au plus Margaret De Lacy - Maggie, il préférait penser à elle comme « Maggie », ce surnom moins froid qu’utilisait toujours Raphael pour la désigner - ressemblait à Soledad Valdivieso. Oh, pas physiquement. Après tout, sa petite soeur avait elle aussi hérité de leur père sa très haute stature, ses cheveux et ses yeux d’un noir de jais, son profil autoritaire, autant de choses qui se trouvaient aux antipodes de cette jeune fille là. Mais les deux avaient grandi dans le milieu des musicals, présentant à son encontre une sorte de familiarité naturelle là où Noah en avait appris les codes à partir de ses dix-sept ans. Soledad, de huit ans sa cadette, avait certainement entendu Noah faire des vocalises aussi loin que remontaient ses souvenirs. Maggie, il était prêt à le parier, avait été bercée par un piano et par des mélodies qu’elle connaissait certainement aujourd’hui par coeur. Les deux pouvaient affirmer ne jamais se lasser de la musique pour la simple et bonne raison que toutes leurs vies avaient été baignées dans celle-ci.
C’était là une analogie bien étrange qu’il faisait entre sa propre petite soeur et la fille de l’homme qu’il avait aimé de toutes ses forces et de tout son coeur - il le savait. En ressortait une affection d’autant plus étrange que, pour le propre bien de Noah et pour le deuil même de sa relation avec Raphael, elle n’aurait pas du être. Et pourtant. Voilà qu’il était déjà incapable de vraiment songer à trouver un prétexte fumeux pour plier bagage et retourner se terrer dans l’appartement qu’il partageait avec Sasha. Tant qu'il parvenait à faire abstraction des ressemblances physiques qui existaient entre l’adolescente et son père, il l’appréciait.

Comme Soledad aussi, elle appartenait au monde des musicals sans pour autant avoir le projet d’y faire carrière. Sa petite soeur, de son côté, avait été très tôt catégorique - elle deviendrait médecin, comme leur père, en ne gardant du milieu que lui avait présenté son frère aîné que le lien ténu d’une attention toute particulière aux cas des blessures de danseurs. Margaret, elle, nageait un peu plus dans le flou. C’est sincèrement admiratif et surpris qu’il releva la tête vers elle quand elle évoqua Oxford - oh que oui, le nom avait quelque chose de percutant et de fort pour un homme qui avait très brutalement coupé court à ses études avant même de passer son baccalauréat, tout comme « Cambridge » dans la bouche de sa jeune soeur, il y avait quelques années de cela. Probablement que Raphael serait fier d’elle. Quand elle mentionna la production, il laissa échapper un léger rire. Il ne connaissait strictement rien à cet univers là. Tout juste se contentait-il de ne pas faire de grosses conneries quand les producteurs décidaient de passer par là, et de prêter une oreille compatissante aux plaintes des maquilleurs ou costumiers qui lui expliquaient qu’ils n’avaient jamais, jamais les fonds nécessaires pour parvenir à une totale liberté artistique. Oh, une jeune fille passionnée comme Maggie y aurait peut-être sa place. Peut-être même qu’elle pourrait amener un vent de fraîcheur, et se révéler moins regardante sur son porte-monnaie que la plupart des gens qui avaient travaillé sur les pièces de Noah. Mais quand s’acheva son discours, c’est tout à fait sincèrement que sa première réaction fut un « Pourquoi? » Il connaissait Raphael. Maggie ne savait pas à quel point, mais il connaissait Raphael, assez pour savoir qu’il ne ferait que chercher à venir en aide à sa fille, jusqu’à ce qu’elle parvienne à un choix qui lui conviendrait en tout point, à elle. Il n’était pas un père tortionnaire. Loin de là. Beaucoup plus expansif que les propres parents de Noah, il aurait pensé que la petite Margaret éviterait l’écueil de la fausse pression parentale - en tous cas avec lui. « Je… enfin, de ce que je sais de ton père, je pense qu’il serait surtout fier de toi. Je sais qu’il fait un peu peur, parfois, enfin, tout rigide et tout précis et tout parfait derrière son piano, là, mais il serait fier de toi et il t’aiderait volontiers à choisir. » Il avait laissé échapper un sourire à l’image de Raphael qu’il décrivait. Oh, il l’avait ressentie souvent, cette admiration en le voyant jouer. A une époque, elle nourrissait même l’amour qu’il éprouvait pour lui. « Je veux dire… Oxford, même moi je suis fier de toi, alors que techniquement c’est absolument pas mon job. » Un léger rire. « Félicitations en tous cas. Et… vraiment, tu devrais en parler à Raphael. Je lui dirai rien, bien sûr, mais tu devrais lui en parler. Il te connaît bien, après tout. » La mine songeuse, il frotta sa lèvre de son pouce, ajouta: « Et je sais que c’est plus ou moins tabou, mais tu as le droit de changer cinquante fois de filière jusqu’à trouver ce qui te plaît… Personne ne te jugera pour ça… Même pas ton père, surtout pas ton père. Il veut juste que tu sois heureuse. » Il souriait. Légèrement. A peine un fantôme de sourire. Ce qu’il déclarait pouvait sembler une grande et vague généralité sur les opinions des parents sur leurs enfants, mais c’était aussi et surtout le double fruit de la connaissance intime qu’il avait eu de l’amour de Raphael pour sa fille et de ses propres doutes et complexes d’infériorité à côté de ses parents. Il avait fichu en l’air une bonne partie de ses jeunes années à essayer de composer avec ce sentiment. Pour rien. Toute l’aide était là, juste à portée de main - il avait juste été trop stupide pour se résoudre à y croire et à la saisir. Plus léger, il reprit: « Mais cette idée de production est pas mauvaise. L’essentiel c’est d’être passionné. Et d’avoir l’oeil. Et d’être capable de dire non quand on te propose pour la trentième fois des mises en scènes tordues de Cats. » Oh, il adorait Cats. Mais il pouvait aussi librement admettre, pour y avoir joué deux rôles, que le musical était suffisamment étrange en lui-même sans que l’on prenne la peine d’y rajouter d’autres éléments farfelus.
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MessageSujet: Re: Noah & Margaret ❝ Who Are You Now? ❞    Noah & Margaret ❝ Who Are You Now? ❞  Icon_minitimeMar 7 Juil - 9:46



NOAH & MARGARET
❝ Who Are You Now? ❞

S’il y avait bien un sujet qui angoissait l’adolescente, c’était celui de son avenir. La jeune femme n’avait strictement aucune idée de ce qu’elle souhaitait faire plus tard. Elle avait eu une sérieuse discussion avec son conseiller d’orientation, lorsque le moment des inscriptions à l’université avait eu lieu. Elle avait candidaté dans la majorité des universités des alentours, ainsi que dans des prestigieuses comme Oxford. Pour s’y inscrire, elle avait déjà dû faire un choix au préalable – elle était bien obligée de s’inscrire dans une filière, après tout – et malgré son conseiller tentant de la rassurer, elle avait fini par faire une crise d’angoisse dans son bureau. Mais le fait était qu’elle avait encore un peu plus d’un mois pour changer d’avis concernant les matières qu’elle étudierait l’année prochaine – et sur le choix de l’université en question. Maggie était prise dans toutes les universités où elle avait postulé, et si elle aurait dû ressentir une certaine fierté à ce fait, elle n’avait que cette boule d’angoisse au creux de son estomac, qui semblait s’agrandir au fil de la discussion avec Noah. Elle n’avait toujours pas parlé à ses parents des lettres d’acceptations qu’elle avait reçues. Tant qu’elle ne savait pas exactement ce qu’elle souhaitait faire, elle pensait qu’il valait mieux attendre avant de leur annoncer la nouvelle. Mais, maintenant qu’elle y pensait – et surtout qu’elle en parlait avec Noah – elle avait peur que son père puisse mal prendre le fait qu’elle ne se soit pas confiée à lui. S’il venait à apprendre qu’elle était acceptée à Oxford et qu’elle ne lui en avait pas parlé … Non, elle ne voulait pas imaginer sa déception. Alors elle demanda à son idole de ne pas lui en parler, pas maintenant. Après tout, Noah et son père devaient se voir régulièrement, lors des répétitions, non ? Elle ne savait pas s’il y avait plus qu’une relation de travail et de respect entre eux. Mais, après toutes ces années à travailler ensemble, ce serait logique qu’il y ait un lien qui se soit tissé entre eux, non ? Enfin, son père ne lui avait pas parlé d’une quelconque amitié qu’il y aurait entre eux donc, finalement, Maggie n’en savait rien. Peut-être qu’ils ne se parlaient pas en dehors des répétitions, et que donc son sujet ne serait pas mentionné. Ou peut-être que, s’ils étaient amis, ils parlaient de choses bien plus intéressantes que sa personne, aussi. « Pourquoi? » lui demanda-t-il, la faisant se mordiller la lèvre inférieure de nouveau. « Je… enfin, de ce que je sais de ton père, je pense qu’il serait surtout fier de toi. (…) Je veux dire… Oxford, même moi je suis fier de toi, alors que techniquement c’est absolument pas mon job. » reprit-il, la faisant lâcher un sourire. Oh, il avait probablement raison, et elle le savait, au fond d’elle. Mais qu’y avait-il d’être fier, alors qu’elle ne savait même pas ce qu’elle ferait plus tard ? Elle s’était inscrite en droit, parce qu’il fallait bien qu’elle s’inscrive en quelque chose, mais elle avait laissé le hasard décider pour elle – réellement, elle avait écrit les filières sur des morceaux de papier, avant d’en tirer un au hasard, et c’était tombé sur le droit. Alors il n’y avait pas vraiment de quoi être fier.

Son esprit s’éloigna un peu de la conversation, de ce que Noah disait. Elle en oubliait presque qu’elle était actuellement dans un parc, assise sur l’herbe. Elle ne savait vraiment pas ce qu’elle allait faire plus tard – ce qu’elle avait envie de faire. Elle avait l’impression que cette année s’était écoulée bien trop rapidement. Elle ne l’avait pas vue passer, et n’avait donc pas eu le temps de réfléchir à l’année prochaine. Elle avait des souvenirs de cette année, bien entendu. Mais la majorité d’entre eux n’avaient, finalement, rien à voir avec ses cours. Elle savait que Noah était à côté d’elle, et elle entendait sa voix en bruit de fond, mais était bien incapable de se concentrer dessus. C’était Noah, pourtant. Et puis, c’était elle qui était allée le rejoindre, il ne lui avait rien demandé. Le plus poli serait donc de l’écouter un minimum, non ? « Même pas ton père, surtout pas ton père. Il veut juste que tu sois heureuse. » Elle sursauta presque à ses mots, avant d’enrouler une mèche de cheveux sur ses doigts, gênée. Oui, son père voulait qu’elle soit heureuse. Elle le savait. Mais, le problème, c’était aussi qu’elle-même ne savait pas quoi faire pour être heureuse. Oh, elle n’était pas malheureuse, attention. Mais elle n’était pas heureuse non plus. Elle lâcha un rire alors qu’il lui parlait de Cats, en hochant de la tête. Finalement, elle ne savait même pas si elle se sentirait bien à produire des comédies musicales. Oui, elle était passionnée, et elle pourrait même demander de l’argent à ses parents au début, mais … elle ne savait pas si elle se voyait réellement évoluer dans ce milieu. « Vous le connaissez bien ? » demanda-t-elle, un peu de but en blanc. « Mon père, je veux dire … Vous êtes proches ? Ou vous ne parlez que travail durant les répétitions ? » se reprit-elle, avant de se mordiller la lèvre. Elle détournait totalement le sujet, et elle le savait. Elle n’avait aucune idée de pourquoi elle posait cette question, cependant. Enfin si … Son père n’était jamais à la maison, ou s’enfermait directement dans sa salle de musique, à peine un pied posé à l’intérieur. Elle aimait bien l’idée qu’il puisse avoir des amis au travail, au moins. « Il connaît des choses sur vous … Comme le fait que vous chantez avec Sasha dans votre appartement. Et vous affirmez qu’il veut juste mon bonheur donc … » Oui, peut-être qu’ils étaient amis. Ce n’était pas à elle de s’inquiéter pour ça, pourtant. Enfin, ce n’était pas ses affaires, finalement. Elle joua distraitement avec un bout d’herbe, continuant de se mordiller la lèvre. « Désolée … C’est probablement indiscret. Et ce ne sont pas mes affaires. » finit-elle tout de même par reprendre, un peu honteuse.
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