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 maggie ☮ look right

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MessageSujet: maggie ☮ look right   maggie ☮ look right Icon_minitimeLun 18 Mai - 22:53

Vous penseriez qu’à onze heures, un mardi, Oxford Street ne serait pas aussi bondée que d’habitude. Eh bien, sachez que non. Comme d’habitude quand j’ai le malheur de me trouver à moins d’un kilomètre de Picadilly Circus, c’est le bazar. Touristes, hommes d’affaires en pause café, vendeurs et vendeuses en pause clopes, acteurs de théâtre dont les répétitions ne commencent que dans trois heures, étudiants qui ont mis tous leurs cours entre quatorze et dix-huit heures, mais qui, par un miracle, sont réveillés… tout ça forme une belle foule hétéroclite, colorée et vivante, certes, mais difficile à éviter complètement. Que fais-je donc dans l’un des quartiers les plus animés de la ville, à bougonner comme un vieillard, me direz-vous ? Je fais des courses. Et même pas pour moi, en plus, c’est dire. Il se trouve que c’est bientôt l’anniversaire de ma mère, et que, comme tous les ans… je ne sais fichtrement pas quoi lui offrir. Conséquence, cela fait maintenant deux heures que je parcoure des rayons plus chers les uns que les autres à la recherche du cadeau parfait (que j’aurai acheté avec l’argent de mon père, pas le sien, bien entendu). Et so far, autant vous dire que j’aurais eu plus de chance dans le désert de Gobi. Le problème avec ma mère, c’est que tous les cadeaux du monde ne lui feront jamais oublier le fait qu’elle a un fils qui, même si ça fait vingt ans qu’il va bien, pourrait à tout moment rechuter et mourir d’un cancer, et un autre handicapé à vie, avec, de fait, une espérance de vie extrêmement réduite, sans compter un mari complètement abruti. Et que je sais très bien, que, samedi, quand je la verrai, avant même de me laisser le temps de lui souhaiter un joyeux anniversaire, ou de lui tendre son cadeau, elle me serrera fort dans ses bras en me demandant comment je vais. Comme si j’allais m’écrouler dans la minute. Je ne lui en veux pas, bien sûr. Bien loin de là. Mais j’aimerais tant qu’elle arrête de s’inquiéter et qu’elle profite, un instant.

Je pousse un soupir, et quitte une énième boutique, découragé.  Autant pour ma matinée de repos, me dis-je alors que je slalome entre les piétons d’Oxford Street. Je sors rapidement mon téléphone, pour jeter un coup d’œil à l’heure, et décide de marcher un peu. J’ai encore du temps avant mon premiers cours de la journée. Je parcoure la rue distraitement, profitant du temps pas trop mauvais du Londres de mai, tout en continuant à me creuser la tête pour lui trouver le cadeau parfait. De temps en temps, je jette un coup d’œil à la devanture des boutiques, mais tout est trop clinquant, ou trop fade, ou trop peu original, ou trop comme quelque chose qu’elle a déjà. Je décide finalement d’abandonner pour aujourd’hui, me disant que je trouverai bien quelqu’idée en regardant sur internet ce soir, et commence à me diriger vers Hyde Park, qui n’est pas bien loin. En chemin, je m’arrête pour m’acheter un café à un Costa, coincé à l’angle de deux rues. Alors que je sors de la boutique, un crissement de pneus m’assourdi, et j’ai juste le temps de voir une voiture débouler à même pas dix mètre, avant que mon regard s’arrête sur une jeune fille sur le point de traverser, à quelques pas de moi. Distraite, elle ne semble même pas avoir entendu la voiture. Mon sang ne fait qu’un tour dans mes veines. « ATTENTION ! » je hurle, sans réfléchir. Je me précipite vers elle, et l’attrape par le seul endroit où je peux – sa capuche. Evidemment, le choc vers l’arrière manque de l’étrangler, mais c’est aussi suffisant pour l’empêcher de traverser. Sans attendre, je la lâche, et me place devant elle, la prenant par les épaules. « Ça va ? Tu n’as rien ? Désolé pour l’étranglement, mais c’était ça ou la voiture ! »
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MessageSujet: Re: maggie ☮ look right   maggie ☮ look right Icon_minitimeMar 19 Mai - 12:29



CHARLES & MARGARET
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Maggie rentrait tranquillement chez elle. Sa matinée de cours était terminée, et elle avait l’intention de déjeuner à la maison. D’ordinaire, l’adolescente était raccompagnée par son chauffeur. Il garait la voiture sur le parking du lycée, puis l’attendait là-bas. Et elle le rejoignait, se laissait ouvrir la portière, puis mettait généralement ses écouteurs sur les oreilles après l’avoir remercié. Ou sinon, elle s’évadait en pensées. Mais aujourd’hui, ce n’était pas le cas. Tout d’abord, son dernier cours avait été annulé presqu’à la dernière minute. Ils avaient appris en fin de matinée que leur professeur était malade, et qu’ils pouvaient rentrer chez eux. Elle n’avait donc pas vraiment eu le temps de le prévenir. Et puis, il faisait beau. Les beaux jours arrivaient enfin, et même si elle n’était, d’ordinaire, pas la plus sportive – à l’exception de la danse, bien entendu, mais étant donné qu’elle avait arrêté cette discipline l’année précédente, cela ne comptait pas vraiment comme un sport – elle avait pris la décision de rentrer à pieds. Oui, marcher devrait sûrement lui faire du bien. Oh, elle aurait pu prendre le bus. Ou le métro. Mais Maggie n’était jamais réellement à l’aise dans les transports en commun, et préférait les éviter. Déjà, des personnes s’asseyaient aux mêmes places qu’elle – enfin, pas en même temps qu’elle, bien entendu – et qui pouvait savoir le nombre de bactéries qu’il y avait sur les sièges ? Et puis aussi, l’adolescente était tellement perdue dans ses pensées, la majorité du temps, que si elle prenait les transports en commun seule, elle était certaine qu’elle raterait son arrêt. Alors marcher lui semblait être une meilleure idée. Elle calla ses écouteurs sur ses oreilles, puis appuya sur play, avant d’apprécier sa playlist.

Elle ne savait pas exactement combien de temps elle mit pour rejoindre son quartier, mais elle sentait déjà ses jambes la tirer. Il allait peut-être falloir qu’elle se remette à faire du sport, non ? Au moins un peu. Clairement, elle avait perdu de sa force physique. Et puis, elle avait l’impression d’avoir pris du poids. Enfin, ce n’était pas le cas, comme le lui affirmait sa balance à chaque fois qu’elle se plaçait dessus. Mais cela ne changeait rien à son impression. Elle mangeait beaucoup. Tout le temps. Et principalement n’importe quoi. Enfin, non, pas n’importe quoi. Elle avait ses préférences, comme toute personne normalement constituée. Mais ses préférences n’allaient malheureusement pas vers des plats équilibrés. Elle les aimait aussi, mais pas autant. Et puis sa gourmandise était probablement l’un de ses pires défauts. Enfin, selon elle, elle en avait des bien pires encore. Mais Maggie était persuadé que, selon sa mère, sa gourmandise était son pire défaut. Il n’y avait qu’à voir le regard qu’elle lui lançait à chaque fois qu’elle la voyait en train de manger une part de gâteau au chocolat. Son regard se faisait bien réprobateur, et même si Jane ne faisait jamais de commentaire … elle n’en avait pas besoin pour faire comprendre à sa fille qu’elle n’aimait pas ça. Oh, pourquoi avait-elle cette terrible version des Misérables sur son iPod ? Quelle horreur, Russell Crowe … Elle n’arrivait pas à croire que des personnes aient pu lui simplement penser à lui donner le rôle de Javert. Comment était-ce possible ? Il ruinait toutes les chansons qu’il faisait. Enfin, en terme de comédie, elle n’avait rien à lui reprocher. Il avait très bien joué le rôle de Javert. Mais en terme de chant … Erg. Elle ne pouvait continuer à écouter cette version. Sans s’arrêter de marcher, elle entreprit de trouver un autre album de la célèbre comédie musicale. Et puis, bientôt, elle pourrait entendre Noah chanter cette chanson. Un grand sourire étira ses lèvres à cette pensée. Alors qu’enfin ses oreilles se voyaient comblées, elle se sentit vivement tirée en arrière. Elle toussa, sentant sa gorge se rétracter. Retirant ses écouteurs, elle tenta de respirer convenablement, ce qui lui semblait bien difficile, alors qu’elle ne comprenait pas vraiment ce qu’il s’était passé. « Ça va ? Tu n’as rien ? Désolé pour l’étranglement, mais c’était ça ou la voiture ! » L’adolescente déglutit lentement, tout en se retournant pour voir celui qui, vraisemblablement, l’avait sauvée d’une mort certaine. Ou d’une paralysie. Ou de quelque chose de tout autant terrible. « Merci ! Oh mon Dieu. Je l’avais pas vu … Je … Je cherchais juste à changer de chanson et … Oh mon Dieu. Merci. Merci. Merci. » balbutia-t-elle, toujours sous le choc. Son cœur battait à tout rompre contre sa poitrine alors qu’elle réalisait ce qui avait failli se passer. La voix de Russell Crowe avait failli la tuer. Littéralement.

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MessageSujet: Re: maggie ☮ look right   maggie ☮ look right Icon_minitimeMer 20 Mai - 12:30

Le pire est passé, elle n'est plus en danger, mais, mon dieu, mon cœur bat encore aussi frénétiquement qu'un musicien secouant ses maracas. J'ai horreur qu'on me fasse des frayeurs comme ça. Bon, granted, ce n'est pas vraiment sa faute, l'autre abruti a surgi à toute allure - les automobilistes à Londres, je vous jure, tous des chauffards - mais tout de même, pendant un instant, j'ai bien cru que mes muscles n'allaient pas bouger d'un pouce, et que j'allais être incapable de l'aider de quelque manière que ce soit. C'est comme, quand j'avais douze ans, je rentrais des cours avec Oliver (je m'en souviens encore, c'était un jour de juin, il faisait inhabituellement chaud pour une journée londonienne, on pouvait presque sentir les vacances dans l'air), et il y avait ce chien. Maintenant, je n'ai rien contre les chiens, hein. Mais ma mère m'a toujours appris à me tenir loin d'eux. Très loin d'eux. Et autant, quand c'était un chien calme et affable, j'osais m'en approcher, autant, quand c'était le genre de gros chien alerte, près à aboyer sur la moindre poussière qui passe, j'avais plutôt tendance à faire plusieurs kilomètres rien que pour le contourner, si vous voyez ce que je veux dire. Or, sur le chemin de retour - on rentrait souvent à pieds, avec Ollie, on aimait bien ça - il y avait ce grand manoir victorien devant lequel on passait. Et dans le jardin, il y avait cet énorme berger allemand (soit l'un des chiens les plus terrifiant du monde, on est d'accord), cliché du chien de garde qui t'aboies dessus quand tu as le malheur de ne faire que passer dans la rue. D'habitude, nous prenions bien soin de nous positionner sur le trottoir d'en face (ça ne l'empêchait pas d'aboyer, mais au moins, la distance amoindrissait la puissance de la mini crise cardiaque que je me mangeais à chaque fois) mais ce jour-là, je ne sais pas trop pourquoi, j'imagine qu'on était juste trop distrait ou quelque chose comme ça, nous n'avions pas traversé avant d'atteindre la fameuse maison victorienne. Et quand nous étions arrivés au niveau de son portail, je m'étais soudainement immobilisé, paralysé par la peur. Et pour cause : le portail était grand ouvert. Le chien pouvait s'échapper, et m'attaquer à tout moment. Il a fallu pas moins de vingt minutes à Oliver pour me convaincre de bouger à nouveau, à coups de "mais si c'est ouvert c'est qu'ils sont absents et ont pris le chien" ou encore "regarde leur voiture n'est pas là, je suis sûr qu'ils l'ont emmené chez le véto ou un truc comme ça !". Et même quand, enfin, je me suis remis en marche, très très lentement, et que, après ce qui m'a semblé une éternité, à l'époque, nous avons tourné à l'angle de la rue, je pouvais encore entendre mon cœur tambouriner dans ma poitrine, et mes genoux jouer des castagnettes. Et bah là, c'est exactement pareil. Tout va bien, en soit, le danger est passé, mais j'ai encore des sueurs froides et l'impression que mon pauvre petit cœur pourrait me lâcher à tout moment. Je vous jure, je vais mourir d'un arrêt cardiaque à 35 ans. Enfin bref. On se calme, Charles, et on va ralentir un peu sur la caféine, aussi, parce que c'est mauvais pour la tension.  « Je t'en pries » je réponds finalement à la jeune fille, un sourire rassurant sur les lèvres. « L'important c'est que tu ne sois pas blessée » j'ajoute, la libérant finalement. Inspirant un bon coup - la panique s'estompe déjà, thank god - je la regarde un peu plus en détail, et il ne faut pas plus de cinq secondes pour que mon cœur recommence à partir en cacahuète. Évidement.  « Mais dis-moi, tu m'es familière ! Tu ne serais pas élève à Holland Park par hasard ? » je demande le plus innocemment du monde, sachant pertinemment bien qui, très exactement, elle est.
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MessageSujet: Re: maggie ☮ look right   maggie ☮ look right Icon_minitimeMer 20 Mai - 13:41



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Elle remercia son sauver, plusieurs fois. Encore et encore. Elle n’avait pas vu la voiture arriver. Elle s’était tellement perdue dans ses pensées, qu’elle n’avait tout simplement pas fait attention. Tout ce dont elle se souvenait, c’était d’avoir voulu changer de chanson. Voire carrément d’album – après tout, les albums des Misérables, ce n’était clairement pas ce qui manquait, encore moins dans son Ipod ; elle les avait, pour ainsi dire, tous, sans exception, parmi de nombreux autres albums de différentes comédies musicales. « Je t'en pries » lui répondit-il. Mais cela ne suffisait pas pour elle. Enfin, elle devait bien pouvoir faire quelque chose pour le remercier, non ? Il lui avait sauvé la vie. Elle avait failli mourir. A cause de Russell Crowe – oui, elle ne s’en remettrait jamais, et était maintenant encore plus persuadée qu’avant que l’avoir sélectionné pour le film avait été la pire des idées possibles.  « L'important c'est que tu ne sois pas blessée » reprit-il, alors qu’elle acquiesçait un peu de la tête. Son cœur battait encore à tout rompre. Elle pouvait presque le sentir pulser contre ses tempes. Et sa respiration était loin d’être redevenue régulière. Elle ne réalisait probablement toujours pas ce qu’il avait failli se passer. Elle était juste, tout simplement, encore sous le choc. « Je voulais juste changer de chanson. C’est tout. » s’expliqua-t-elle, la voix tremblante, en levant son bras pour lui montrer son iPod. « Merci ! Merci, merci ! » le remercia-t-elle à nouveau, pour la énième fois. « Mais dis-moi, tu m'es familière ! Tu ne serais pas élève à Holland Park par hasard ? » Le cœur toujours battant, Maggie eut bien du mal à comprendre sa question. Si elle était à Holland Park ? Oui, elle y était. En terminale. Pourtant, elle n’arrivait pas à sortir les mots de sa bouche – encore une fois, elle était sous le choc, et pensait donc encore moins correctement que d’habitude. Est-ce qu’il lui était familier, lui aussi ? Elle plissa des yeux, pour mieux le regarder. Oui, il lui était un peu familier. Mais elle ne savait pas pourquoi, ni où est-ce qu’elle avait bien pu le rencontrer. A Holland Park, probablement. Vu qu’il lui avait posé la question, c’était qu’ils devaient se connaître de là. Pourtant, il semblait être plus âgé qu’elle, non ? Il ne pouvait pas y être encore. Il avait bien cinq ou six ans – ou quatre, après tout – de plus qu’elle. Et elle n’arrivait pas à imaginer qu’une personne puisse redoubler autant de fois. D’ailleurs, l’école ne l’aurait jamais accepté. Seule l’excellence comptait, et si la direction pouvait, parfois, accepter un redoublement, cela n’allait pas plus loin. Il aurait donc été renvoyé, au bout du deuxième redoublement. C’était certain. Donc il n’était pas à la Holland Park. Durant son petit moment de réflexion, Maggie avait toujours les yeux plissés, les sourcils froncés, et la bouche entrouverte. Oui, elle n’avait pas l’air maligne – mais elle avait une excuse, cette fois-ci, elle était sous le choc. Elle déglutit lentement, avant de finir par acquiescer de la tête. « Oui, je suis en terminale. Et vous ? Toi ? Puisqu’on se connaît. Même si je sais pas d’où. Holland Park, probablement, puisque tu en parles. Mais je ne pense pas que tu y sois. Tu aurais été renvoyé depuis longtemps. Donc, ancien élève ? Mais pourquoi mon visage te serait familier, alors, si tu es un ancien élève ? Parce qu’on se serait simplement croisé, pas plus. Et je suis pas le genre de fille dont on se souvient. » L’air pénétra enfin ses poumons, une fois qu’elle eut terminé. Le stress, le choc, et maintenant elle était tout simplement perturbée par sa question. Forcément, c’était bien difficile pour l’adolescente de se concentrer sur sa respiration. Elle occulta le fait que son visage lui disait aussi quelque chose. Ce n’était pas le sujet. Ou peut-être que si, c’était le sujet. Elle n’en savait rien du tout. Elle était sous le choc.

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MessageSujet: Re: maggie ☮ look right   maggie ☮ look right Icon_minitimeMer 20 Mai - 19:20

C’est la première fois de ma vie que je me retrouve dans cette situation. Pas celle d’être confronté à l’éventualité d’un accident, ou de la mort, ça non, je n’avais même pas l’âge de raison que déjà, c’était une possibilité de tous les jours, une part de mon monde – une part à laquelle, quel que soit le nombre de parents que l’on voit s’effondrer en pleurs, face à des médecins désemparés, on ne s’habitue jamais – mais à celle de voir ça arriver dans… dans le monde de tous les jours. Parce que j’ai côtoyé la maladie, l’épée de Damoclès, les visages défaits, mais toujours dans des hôpitaux. Quand j’en sortais, c’est presque comme si j’arrivais à me convaincre que ce n’étaient que des éventualités d’hôpital, qu’il y a avait une barrière, deux espaces nettement définis. Jamais, véritablement, dans la rue, dans la vie de chaque jour, la possibilité du danger n’est apparu aussi soudainement, aussi brusquement devant moi qu’aujourd’hui. Et c’est étrange, parce que j’ai l’impression d’être en train de réaliser, là, tout de suite, que c’est quelque chose qui peut arriver dans la rue. Dans la vie, à chaque instant. Comme si, inconsciemment, mon cerveau avait détaché la mort et la maladie des gens… normaux ? Ce qui est idiot, j’en conviens. J’ai vingt-trois ans, je ne suis pas un enfant. Je sais que ce genre de chose concerne tous les êtres humains, tous les jours. Je sais que c’est quelque chose qui fait partie de nous, sans exception. Et pourtant, cette jeune fille, devant moi, c’est comme une réalisation, brutale, une chute, violente. Quel est son nom, déjà… ? Je sais qui elle est sans vraiment le savoir. Et la pauvre, regardez-la. Elle semble complètement prise au dépourvu par ma question. Ce qui est normal, en même temps. Elle est sous le choc, et moi je l’embête avec mes questions bizarres. Quel idiot je peux être, parfois. Je ne réfléchis pas quand je parle, et ça donne des situations comme ça. Elle est probablement encore complètement paniquée par ce qu’il vient d’arriver, peut-être qu’elle n’a même pas pleinement réalisé, encore, ce qui s’est joué là, sur ce trottoir. Et moi je lui demande dans quel lycée elle va. A ce niveau, ce n’est même pas de l’absence de tact, c’est carrément de la stupidité. Sérieusement, Charles. Get your shit together. Vérifie qu’elle va bien, au lieu de lui poser des questions comme ça, je pense, tel un Jimmy Cricket faisant la morale à Pinocchio. D’autant plus qu’il semble évident qu’elle n’a aucune idée de qui je suis, considérant comment elle me dévisage, ce que sa longue réponse ne fait que confirmer. Un petit rire m’échappe aux premiers mots de celle-ci, mais je fronce les sourcils à sa dernière phrase, ressentant un petit pincement au cœur. Ce n'est pour l'instant pas la priorité, mais si je la connaissait mieux, c'est le genre de remarque que je n'aurais jamais laissé passer. Je secoue la tête de gauche à droite, lui offrant à nouveau un sourire rassurant. « Non non, je n’ai jamais été élève là-bas. Mais j’y ai donné quelques cours de chant et… hum… on me dit souvent que j’ai une très bonne mémoire pour les visages, ce qui explique que je me souvienne de toi. » J’inspire un bon coup. « Mais tout ça n’est pas bien important ! » Je plonge mon regard dans le sien, dead serious. « Comment te sens-tu ? Tu as l’air d’avoir des difficultés à respirer, c’est ma faute, je suis vraiment, vraiment désolé… Tu crois que tu peux marcher ? Il faut que tu rentres chez toi. Est-ce que tu as quelqu’un à la maison à cette heure-ci, qui pourrait t’accueillir et te garder à l’œil, au cas où ? On ne sait jamais ». Oui, je suis en train de paniquer. Non, ma flopée de questions ne va probablement pas l’aider.  « Heu… moi c’est Charles, by the way. Encore désolé. » La situation entière me donne envie de me taper la tête contre un mur en répétant "tu es un idiot, tu es un idiot, tu es un idiot".
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MessageSujet: Re: maggie ☮ look right   maggie ☮ look right Icon_minitimeJeu 21 Mai - 9:20



CHARLES & MARGARET
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Maggie était perdue, et son cœur battait un peu trop vite pour son bien. La jeune fille avait toujours été de nature rêveuse, à se perdre dans ses pensées. Et aujourd’hui, pour la première fois, cela avait failli lui causer un véritable problème. Elle qui était pourtant si sérieuse, avait failli mourir bêtement sous les roues d’une voiture qui allait un peu trop vite. Enfin, tout était de la faute de Russell Crowe, bien entendu. Ou alors, c’était de la sienne, parce qu’elle était celle, après tout, qui avait acheté l’album du film – tout en sachant pertinemment qu’à l’exception des étudiants, les acteurs ne savaient pas chanter ; même elle chantait mieux qu’eux, et pour qu’elle en vienne à penser quelque chose de ce style, cela prouvait bien ce qu’elle pensait de cet album. Ou, encore plus simplement, c’était pleinement de sa faute, à elle. Elle avait rêvassé, et n’avait pas regardé avant de traverser, trop concentrée qu’elle était sur son iPod. Une chose était sûre, plus jamais elle rentrerait à pieds. Elle trouvait un autre moyen de faire du sport. Peut-être qu’elle pourrait, tout simplement, se mettre à faire un sport. Elle ne savait pas lequel, cependant. Elle n’était pas assez douée en danse pour continuer – selon elle, ce qui avait causé quelques disputes avec une de ses meilleures amies, obligée d’arrêter de danser suite à une blessure au genou – et courir ne changerait rien à la marche – après tout, elle aurait toujours ses écouteurs sur les oreilles, et serait toujours perdue dans ses pensées. Quel sport, donc, pourrait-elle faire ? De la natation ? Oh non, elle ne se voyait pas du tout se retrouver en maillot de bain devant d’autres personnes, ce serait bien trop embarrassant pour la demoiselle. Quel sport, alors ? Elle fronça un peu des sourcils, avant d’être vivement rappelée à la réalité par le jeune homme qui venait de la sauver. Oui, l’écouter serait la moindre des choses, certainement. Qu’est-ce qu’il avait dit ? Mince, elle n’avait pas écouté. Il venait de parler, mais elle ne savait pas de quoi il s’agissait. Elle se mordilla la lèvre, gênée. Il l’avait sauvée, et elle ne daignait même pas l’écouter parler. « Mais tout ça n’est pas bien important ! » reprit-il, la faisant lâcher un sourire. Si ce n’était pas important, ça allait, alors. Ce n’était pas bien grave si elle n’avait pas écouté quelque chose d’important. Elle se força à expirer l’air de ses poumons, avant d’en ravaler pour les remplir une nouvelle fois. Il fallait qu’elle respire, elle était bien trop sous le choc pour oublier de respirer en plus de ça. Encore une fois, elle n’écouta pas vraiment. Enfin, seulement d’une oreille. Pas assez pour se souvenir de tout, mais assez pour percevoir quelques paroles. Tu crois que tu peux marcher ? Bonne question. Est-ce qu’elle pouvait marcher ? Elle sentait ses jambes trembler sous elle, alors elle n’en avait aucune idée. Est-ce que tu as quelqu’un à la maison à cette heure-ci, qui pourrait t’accueillir et te garder à l’œil, au cas où ? avait-il reprit. Pour ces deux questions, elle se contenta de secouer un peu la tête, à la négative. Elle ne se sentait absolument pas capable de marcher, d’une, et elle serait seule à la maison, de deux. « Heu… moi c’est Charles, by the way. Encore désolé. » Elle hocha un peu la tête, avant de se forcer une nouvelle fois à respirer. « Maggie. Moi c’est Maggie. » se força-t-elle à lui dire, d’une voix toujours un peu tremblante. « Et pourquoi tu t’excuses ? Enfin, tu m’as sauvée. C’est moi qui devrais m’excuser de te mettre dans cette situation. » Nouveau mordillement de lèvres, nouveau baissage de tête. Oui, Maggie ne faisait pas la fière – enfin, ce n’était pas non plus comme si elle le faisait d’ordinaire, de toute façon. « Cela te dérangerait de me raccompagner ? Je ne me sens pas de … » Elle ferma immédiatement la bouche, sous le choc de sa demande. Comment osait-elle ? Il l’avait sauvée, et elle lui demandait de s’occuper d’elle ? Où était donc passée son éducation ? Elle ferait tellement honte à ses parents, s’ils la voyaient en cet instant. Elle se faisait honte à elle-même, tout simplement, comme une grande. « Pardon. Oublie. Merci beaucoup. Je vais réussir à rentrer chez moi. Seule. Je crois. Merci. » se reprit-elle, très rapidement, et – forcément – d’une traite et sans respirer.

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MessageSujet: Re: maggie ☮ look right   maggie ☮ look right Icon_minitimeVen 22 Mai - 20:51

Je fais tourner le nom en boucle dans ma tête. Maggie. Maggie... Non, je ne me souviens pas d'une Maggie. C'est ça mon problème. Je me souviens des visages, je sais les replacer dans un contexte - ici, le lycée auquel je donne parfois des "cours" de chant, celui où j'ai rencontré vous-savez-qui (si vous me sortez Voldemort je vous balance dans une cuve d'acide, je vous préviens) - mais au-delà de ça je ne sais jamais qui sont ces gens. Je n'ai qu'un visage, une photo. Immobile, figée dans des instants, qui se succèdent les uns aux autres, comme un diaporama. Un diaporama d'inconnu(e)s. Qui eux, la plupart du temps, m'ont oublié et me regardent avec des yeux ronds quand j'affirme les connaître. Ce qui est un peu agaçant. Les pauvres doivent me prendre pour un stalker à chaque fois. Enfin bref. Revenons à la réalité. Les paroles de cette jeune fille me font froncer les sourcils. Je sens déjà la compassion m'envahir, et le besoin impérieux de l'aider à voir qu'elle n'a aucune raison de penser comme ça - exactement comme Michelle, si ce n'est pour d'autres raisons. Il est évident qu'elle a des problèmes de confiance en elle. C'est le deuxième commentaire dépréciatif qu'elle fait sur elle-même en moins de cinq minutes. Comme si c'était quelque chose de normal. Et je me demande si ça ne l'est pas. Je me demande si son entourage le vois, lui fait la remarque, ou si c'est devenu quelque chose de banal, de normal, si fréquent qu'ils ont arrêté de s'en apercevoir. L'idée elle-même me brise le cœur. Et la suite de ses paroles ne fait que m'attrister encore plus, parce que je peux voir, dans son visage qui se décompose, le sentiment de ne pas être à sa place, les petites voix de l'anxiété qui lui disent qu'elle occupe trop d'espace dans l'univers, qu'elle n'a rien à faire ici, qu'elle n'est qu'un poids pour les autres. Je connais trop cette expression. Je l'ai vu sur des dizaines de visages d'ados différents, tous convaincus qu'ils n'ont pas le droit d'exister autant que les autres, et je la hais. Parce qu'elle n'y a jamais, jamais sa place, et que personne ne devrait se sentir comme ça. J'ai envie de la prendre par les épaules et de lui hurler ces mots-là à la figure. De lui parler de mon expérience, de lui montrer qu'elle aussi, elle a le droit de s'aimer. Parce que dans cette société, on a tendance à perdre ça de vue. Le fait que s'aimer, soi, c'est possible, et important. Mais ce n'est ni le moment ni le lieu. Je ne la connais pas suffisamment (c'est à dire, je ne la connais pas du tout) pour lui dire ça comme ça, en plein milieu de la rue. Sans compter que je peux voir qu'elle est encore sous le choc. « Maggie. » Je le dis d'un ton ferme, mais calme, composé, pour qu'elle ne se sente pas agressée. « Tout d'abord, c'est inutile de t'excuser. Tu ne me mets dans aucune situation et tu ne me déranges pas du tout. Je suis bien content d'être ici, à parler avec toi, parce que tu vas bien et que c'est tout ce qui compte. » Je lui fais un grand sourire. Je lui fais la leçon, mais en même temps, moi aussi je n'ai pas arrêté de m'excuser. Je devrais peut-être m'écouter un peu plus. « Je vais te raccompagner. Techniquement, je suis plus ou moins une espèce de prof stagiaire dans ton lycée, donc je suis responsable de ta sûreté, d'une certaine façon. Et surtout » j'ajoute sans attendre, histoire qu'elle ne se mette pas à penser un truc idiot du genre "ugh, il ne fait ça que parce que sinon, il ne pourra plus venir présenter la LSOA à Holland Park et qu'il ne veut pas que ça arrive, je l'ai mis dans des emmerdes ohlala il va finir a la rue eT ÇA SERA MA FAUTE", « parce que je veux t'aider, et être certain que tu vas bien. C'est important pour moi, et tu ne m'embêtes pas du tout. D'accord? » Je penche la tête sur le côté, comme pour accompagner ma question. Je sais qu'elle ne va pas miraculeusement arrêter de penser qu'elle est un poids pour moi, je sais comment ce genre de chose marche, mais au moins, je lui ai de mon côté montré que ce n'était pas le cas.
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MessageSujet: Re: maggie ☮ look right   maggie ☮ look right Icon_minitimeDim 24 Mai - 19:13



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Maggie avait toujours du mal à respirer, ou à se concentrer, ou à fixer ses yeux sur un seul point. Non, ses yeux regardaient son sauveur, puis se posaient sur la route, comme elle se tournait un peu. Puis ils se reposaient sur le jeune homme, puis sur d’autres passants. Et quant à ses pensées, c’était à peu près la même chose. Elles allaient sur le jeune homme, puis sur Russell Crowe, puis donc sur Noah puisqu’il allait jouer Javert, puis sur son chauffeur qu’elle aurait définitivement dû appeler, puis sur le sport qu’elle allait devoir choisir, puis à nouveau sur le jeune homme qui l’avait sauvée. Oui, Maggie était perdue. Elle se sentait mal. Et pire encore, son état était tel, qu’elle avait osé lui demander de la raccompagner chez elle. Oui, carrément. Bien entendu, elle s’excusa immédiatement de ce fait : elle n’allait pas non plus l’importuner plus longtemps qu’elle ne l’avait déjà fait. « Maggie. » L’adolescente le regarde en déglutissant, avant de se mordiller la lèvre face à son ton. Il fallait qu’elle l’écoute, cette fois-ci, c’était certain, il n’aurait pas utilisé ce ton ferme, sinon. « Tout d'abord, c'est inutile de t'excuser. Tu ne me mets dans aucune situation et tu ne me déranges pas du tout. Je suis bien content d'être ici, à parler avec toi, parce que tu vas bien et que c'est tout ce qui compte. » Elle ouvrit la bouche pour répondre, puis la referma, ne sachant pas quoi lui répondre, en fait. Heureusement, il reprit, et elle n’en aurait pas eu le temps, même si elle avait eu quelque chose à dire. « Je vais te raccompagner. Techniquement, je suis plus ou moins une espèce de prof stagiaire dans ton lycée, donc je suis responsable de ta sûreté, d'une certaine façon. Et surtout » Oh, cela expliquait plus de choses, s’il était professeur. Oui, c’était plus logique, qu’il veuille s’occuper d’elle. Mais cela la gênait toujours autant de s’imposer à lui de cette façon. Et puis, s’il était professeur, il n’avait donc pas d’autres choix. C’était horrible. Elle devenait un fardeau pour un pauvre professeur, qui ne pouvait rien faire d’autre maintenant. « parce que je veux t'aider, et être certain que tu vas bien. C'est important pour moi, et tu ne m'embêtes pas du tout. D'accord? » reprit-il. Oh. Okay. Vraiment ? Parce qu’elle avait toujours cette sensation de déranger, même s’il le lui disait le contraire. Après tout, il était peut-être juste gentil. Peut-être qu’elle le dérangeait, mais qu’il n’osait pas le lui dire. Peut-être qu’elle le dérangeait, mais que comme il lui avait sauvé la vie, il se sentait maintenant responsable d’elle. Oh mon Dieu, mais dans quelle situation l’avait-elle mise ? Il se sentait investi d’une mission, maintenant. Il allait vouloir veiller sur elle, tout sa vie durant. Il allait être dérangé par elle, toute sa vie. Comment avait-elle pu faire ça ? Maggie avait honte. Maggie sentait le rouge lui monter aux joues. Maggie ne se sentait pas bien, et devrait réellement reprendre sa respiration. « Mais c’est juste que … » tenta-t-elle d’expliquer, avant de secouer de la tête. Il insistait, elle n’allait pas non plus lui dire non, alors qu’en plus elle ne se sentait vraiment pas capable de rentrer seule. « Okay. Je n’habite pas très loin. Promis. Merci. Merci beaucoup. » se reprit-elle, avant de commencer à avancer. Mais au premier pas qu’elle fit, elle ressentit un vertige, et s’arrêta vivement. Il fallait qu’elle respire. Vraiment. Elle souffla longuement, puis inspira tout autant, avant de réitérer plusieurs fois l’exercice. Nouveau pas, cette fois-ci ce fut ses jambes qui flageolèrent. Elle s’arrêta une nouvelle fois, puis agrippa son bras. Après tout, elle n’était plus vraiment à ça près, si ?

Ce fut donc tant bien que mal qu’ils arrivèrent à destination, et si l’adolescente était toujours un peu sous le choc, elle se sentit déjà mieux en posant les pieds devant le portail de la demeure familiale. Il y avait encore de la marche, en confer la cour centrale qu’il fallait encore traverser pour atteindre la porte d’entrée. Mais le plus gros du chemin était fait, et c’était déjà ça. Une fois devant la majestueuse porte, l’adolescente s’arrêta, avant de se tourner vers son sauveur – peut-être qu’elle finirait par l’appeler par son prénom, mais là elle avait encore un peu de mal à s’en rappeler. Elle se mordilla la lèvre, gênée, se demandant quoi faire à présent. Elle ne voulait pas continuer à l’embêter. Mais en même temps, son éducation l’empêchait clairement de ne pas l’inviter à rentrer, pour au moins le remercier. « Tu veux rentrer ? Boire quelque chose, ou manger. Ou n’importe quoi. » finit-elle par lui proposer, d’une voix timide. Oui, elle pourrait même lui proposer de regarder un film, là, tout de suite. Bref, tout ce qu’il voulait.

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MessageSujet: Re: maggie ☮ look right   maggie ☮ look right Icon_minitimeLun 25 Mai - 13:00

Je pense à tous ces ados que je vois débarquer au siège de l'association LGBT dans laquelle je travaille (enfin, où je suis bénévole, mais ça n'empêche que je considère ce lieu comme l'un des plus important dans ma vie), paumés, écrasés par le poids de leur propre existence. Tous, dans leurs différences, ont des points communs. Ils entrent doucement, comme pour ne déranger personne, peu sûrs. Tous les traits de leur visage transpirent l'angoisse, la peur de la nouveauté, l'appréhension à l'idée de devoir sortir de cette carapace qu'ils ont formé autour d'eux, pour faire face aux bullies, au regard des autres, mais aussi à cet autre, inconnu, ce monde dont certains ne veulent même pas faire partie, hors de la "norme", même si celle-ci, je l'affirme, n'est qu'un concept, pas une réalité. Ils sont toujours plus ou moins recroquevillés sur eux-même, effrayés de ce que le monde pourrait leur faire. Ils ont perdu cette étincelle dans leur regard, cette petite chose qui fait l'innocence, l'enfance, mais ils ne l'ont pas perdu simplement parce qu'ils ont grandit, non, mais parce qu'ils ont été confronté tôt, trop tôt, à la réalité du monde, à sa cruauté, à son manque de compassion. Leur pas n'est pas léger. Ils ont perdu de vue ce qu'était l'acceptation de soi, de son être physique et mental. Ils ont perdu de vue l'idée même d'exister comme des êtres à part entière, réduits à de simples labels, à la notion qu'ils ne sont pas autre chose que ça, que cette anormalité. Les choses changent, oui, bien sûr. Mais trop lentement, trop en surface. Quand on creuse, quand on cherche, on voit les souffrances, on voit la haine de soi-même, ou, un peu moins intense, mais tout aussi destructeur, parce que plus diffus, moins violent, l'incapacité à s'accepter comme on est. Elle se glisse sous la peau de ces ados, elle les brûle à petit-feu. Là où la haine est une plongée dans une casserole d'eau en ébullition, violente, brutale, douloureuse, le manque de confiance en soi est une entrée dans de l'eau tiède, dont la température augmente au fur et à mesure. Plus lente, plus diffuse. Ce qui fait que l'on ne s'en rend même pas compte. Qu'on s'y habitue. Ça devient un sentiment normal, banal, et on oublie qu'il est possible de ressentir autre chose. Qu'on a le droit de s'aimer, de s'accepter. Qu'on est un être humain, tout autant que les autres, et que notre poids, notre couleur de peau, notre orientation sexuelle, notre handicap, ne change en rien ce fait. Que ça ne devrait pas nous définir. Parce que nous ne sommes pas qu'une chose, mais tout à la fois, symboles multiples de la complexité humaine, de la beauté de la diversité. Les êtres humains ne sont beau que parce qu'ils sont divers dans leurs ressemblances. Ils sont beau parce qu'ils sont uniques, à leur façon. Et pourtant c'est cette possibilité d'être ensemble dans leur différence qui les arrête, qu'ils repoussent. On nous apprend qu'il faut entrer dans des boîtes, bien définies, selon des critères subjectifs, mis en place par la catégorie dominante. Les humains sont un ensemble pluriel, et on nous apprend à rejeter cette pluralité.

Et c'est ce rejet que je vois dans les yeux de cette jeune fille que je ne connais pas. Parce qu'elle me rappelle ces adolescents que je vois si souvent, que je côtoie tant. Ce rejet d'elle-même, de son existence. Qu'elle soit gay ou pas, ça n'a pas d'importance pour moi. Ce n'est pas un sentiment réservé à ceux appartenant à la communauté LGBT. Et qui que soit la personne, c'est une manière de se voir que je n'arrive pas à accepter, que je ne peux pas laisser passer. Je ne connais cette jeune lycéenne ni d'Eve ni d'Adam. Mais je suis décidé à l'aider, comme je peux. Pas parce que je me considère comme une espèce de super-héros qui entre en défonçant la porte et qui se place comme le sauveur de ces dames. Mais parce qu'elle m'est sympathique, et parce que j'aime aider les gens. Oui, peut-être bien que j'en tire une satisfaction personnelle, le sentiment que j'ai "fait quelque chose de bien", je ne vais pas mentir, mais je sais aussi que, au-delà de ça, j'aime pouvoir aider, quand je peux. Parce que moi, on m'a aidé quand j'en avais besoin. Je sais ce que c'est d'avoir besoin d'aide, et je sais ce que c'est que de trouver les bonnes personnes, celles qui vous soutiennent, vous offrent des réponses, un chemin vers une solution. Alors je peux faire ça, la raccompagner jusqu'à chez elle. Surtout que je me rends immédiatement compte que c'est plus prudent. Alors qu'elle accepte enfin mon aide, et se met en marche, elle manque de perdre l'équilibre, sans doute prise de vertiges à cause du contre-coups. Je la laisse reprendre sa respiration et ses esprits, tout en la surveillant du coin de l'œil, attentif, lui laissant le temps dont elle a besoin. Finalement, elle tente à nouveau, et cette fois, ce sont ses jambes qui ne répondent pas. Sans attendre, je lui offre mon bras avec un sourire rassurant, qu'elle accepte sans protester. Je lui fais un signe d'encouragement, pour lui indiquer que je suis prêt à repartir quand elle l'est, et c'est ainsi que nous cheminons jusqu'à chez elle. Je ne peux m'empêcher de m'arrêter un instant pour regarder, ébahis, sa maison.  « Waoh » ne puis-je m'empêcher de lâcher dans un souffle, avant de rougir d'embarras, avec l'espoir qu'elle ne m'a pas entendu. Le pire, c'est que j'ai l'habitude des grandes maisons, des grands appartements. Mais je n'y peux rien, je reste fasciné par les détails architecturaux, par l'ensemble qu'ils forment, harmonieux. Je suis tellement occupé à regarder à droite à gauche qu'il faut qu'elle me parle à nouveau pour que je me rende compte que nous sommes arrivés devant sa porte. D'abord surpris par sa proposition, je lui fais un sourire éblouissant, ravis. C'est sans doute par pure politesse qu'elle me propose ça, mais ça me fait énormément plaisir quand même.  « C'est super gentil de me proposer ! Si je ne suis pas de trop, j'accepte volontiers. » Je fronce les sourcils.  « Mais ça ne te dérange pas d'accueillir un complet inconnu chez toi ? Ça peut être très dangereux tu sais ! On ne sait jamais sur qui on peut tomber, il faut que tu fasse attention ! Pour tout ce que tu en sais, je pourrais être un vieux pervers dégueulasse ! Bon, il se trouve que même si c'était le cas, tu es un peu trop féminine pour moi, mais... » je me prends le menton dans la main, inquiet.  « Imagine que je sois un voleur ! Ou un meurtrier ! Maggie, il faut que tu fasses plus attention ! » J'écarquille les yeux, soudain effrayé.  « Mon Dieu ! Je me fais peur à moi-même, avec toutes ces élucubrations ! » je m'exclame à voix haute, sans même m'en rendre compte. Quel dork, je vous jure. Elle doit me prendre pour un fou, je suis surpris qu'elle ne soit pas encore partie en courant.
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MessageSujet: Re: maggie ☮ look right   maggie ☮ look right Icon_minitimeLun 1 Juin - 0:21



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Maggie commençait déjà à se sentir un peu mieux, à mesure qu’elle se tenait à son sauveur pour rejoindre sa demeure. Oh, elle était toujours autant gênée de s’imposer à lui, cela ne faisait aucun doute. Lui demander de la raccompagner chez elle … Elle n’en revenait toujours pas, et elle le trouvait bien trop gentil d’avoir accepté, alors qu’elle l’avait tant dérangé, déjà. Mais bon, il était professeur stagiaire – ou quelque chose comme ça, elle ne s’en souvenait plus vraiment – dans son lycée, donc peut-être n’avait-il pas vraiment le choix. Même si il avait dit que ce n’était pas lié, et qu’il en avait juste envie. Elle avait du mal à croire qu’il puisse juste en avoir envie, en fait. Elle avait dû chambouler sa journée et pourtant, il continuait à être gentil avec elle, lui offrant même son bras pour qu’elle puisse tenir debout sans trop de difficulté. Oui, il était vraiment gentil. « Waoh » l’entendit-elle souffler, alors qu’ils arrivaient devant l’immense portail en fer forgé. Elle plissa un peu des yeux, se mordillant la lèvre, pas certaine de vraiment comprendre la raison de son trouble. Puis elle comprit. La demeure des De Lacy était magnifique et gigantesque. Parfois, c’était à se demander à quoi cela pouvait bien leur servir, toutes ces pièces, étant donné qu’ils n’étaient que trois personnes à y vivre. Mais Maggie en avait tellement l’habitude, à présent, qu’elle ne se disait pas que sa maison pouvait impressionner des personnes. Enfin si, elle se le disait, quelque fois. C’était l’une des raisons qui faisait que Nate n’avait jamais mis les pieds chez elle, d’ailleurs. Enfin, soyons honnêtes : l’adolescente se voyait très mal inviter son meilleur ami chez elle, alors que sa chambre était probablement plus grande que l’appartement dans lequel son ami vivait. Elle trouverait ça très déplacé de sa part de lui montrer tout ce qu’il n’avait plus à présent. Mais concernant son sauveur – dont elle ne se souvenait toujours pas du nom – elle n’y avait tout simplement pas pensé. Après tout, Mayfair était réputé comme être l’un des quartiers les plus riches de Londres, et étant donné qu’elle l’avait croisé dans l’une des rues … Bref, c’était trop tard, à présent, et ils avançaient déjà dans la cour centrale, pour rejoindre la majestueuse porte d’entrée. Son éducation – plus que sa personnalité, soyons honnêtes, ce n’était pas son style de proposer à quelqu’un de rentrer chez elle, ayant déjà l’impression de le déranger assez comme ça pour en rajouter – la poussa à l’inviter à l’intérieur, pour le remercier. « C'est super gentil de me proposer ! Si je ne suis pas de trop, j'accepte volontiers. » répondit-il, alors qu’elle ouvrait la porte, les mains encore un peu tremblantes, dans un sourire. De trop ? Dans leur demeure familiale ? Non, clairement, la maison pourrait accueillir une cinquantaine de personnes lors d’une réception, sans trop de difficulté. « Mais ça ne te dérange pas d'accueillir un complet inconnu chez toi ? Ça peut être très dangereux tu sais ! … » Trop de paroles, trop d’informations, et Maggie était bien trop fatiguée pour faire l’effort de se concentrer. Elle s’en voulait, beaucoup, d’ailleurs. Après tout, il l’avait sauvée, et la moindre des choses était encore de l’écouter, non ? Alors elle fit un peu plus attention, tandis qu’elle ouvrait la porte en grand et pénétrait dans l’entrée. « Imagine que je sois un voleur ! Ou un meurtrier ! Maggie, il faut que tu fasses plus attention ! » L’adolescente ne put s’empêcher de lâcher un petit rire, en l’imaginant être ainsi. Comme s’il allait lui faire du mal ! Mais bon, peut-être, qu’en effet, la jeune fille accordait sa confiance un peu trop rapidement. « Mon Dieu ! Je me fais peur à moi-même, avec toutes ces élucubrations ! »  Elle lui lança un grand sourire, avant de refermer la porte derrière eux et de l’inviter dans le salon.  « Si tu avais eu envie de me voir morte … Enfin, je le serais déjà. Ecrasée par une voiture. A cause de Russell Crowe … » dit-elle doucement, sans se dépérir de son sourire. Elle l’invita ensuite dans la grande cuisine, puis se retourna vers lui, se mordillant les lèvres. « Tu veux quelque chose à boire ? » lui proposa-t-elle, avant de reprendre aussitôt. « Ou à manger ? » Nouvelle petite pause, nouveau mordillement de lèvres. « J’ai du thé. Beaucoup beaucoup de thés. Ou des jus de fruits. Ou … je sais pas, c’est généralement ce que je bois … Je dois avoir du chocolat, aussi ! Je peux te faire un chocolat chaud, si tu veux ! » Elle ouvrit le réfrigérateur, tout en continuant de parler. « Oui, j’ai du lait ! Donc je peux te faire un chocolat ! » Elle détailla le contenant du réfrigérateur, avant de prendre. « Et j’ai du gâteau au chocolat. Sinon des biscuits … Mais c’est plus diététique. Ma mère souhaiterait que je mange les biscuits … Mais bon, le gâteau au chocolat est bien meilleur … » Elle baissa un peu la tête, gênée d’autant parler, puis se retourna une nouvelle fois vers lui, reprenant son mordillage de lèvres.

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MessageSujet: Re: maggie ☮ look right   maggie ☮ look right Icon_minitimeLun 1 Juin - 18:36

Ce n’est pas que j’imagine toujours le pire… mais j’ai tendance à toujours imaginer le pire. Disons que mon imagination peut vite échapper à tout contrôle, et qu’elle peut parfois… partir un peu loin. Voire très très loin. Mon cerveau a une capacité assez impressionnante à imaginer les scénarios catastrophes les plus improbables et les plus tragiques au monde. Une fois, j’étais au supermarché, et la bouteille d’un litre et demi d’eau que je tenais m’a glissé des mains, dégringolant les escaliers, et manquant de faire mal, et même pire, de faire tomber, au moins cinq personnes. Et bien, à force de jouer et rejouer la scène dans ma tête, je suis arrivé à me persuader que j’avais failli causer la mort de l’ensemble du magasin, et que j’étais passé à deux doigts de la prison à vie. Ce qui est quand même terrible, vous ne trouvez pas ? Moi, en prison à vie ? Brr, rien que l’idée me terrifie. Enfin bref, c’est le genre de conclusion à laquelle je parviens rapidement à chaque fois que ce genre de chose arrive. Et sachant que je suis quand même souvent une catastrophe sur pattes (même si j’ai mes périodes, c’est très périodique, ce truc, c’est bizarre quand même), autant vous dire que mon cerveau marche à plein régime. Ce qui est un peu épuisant. Et aussi, très, très stupide. Après tout, la probabilité que je me fasse enlever par des aliens parce que j’ai mangé du camembert à midi est assez faible (ne cherchez pas à comprendre. Oliver et moi on avait une manière de penser assez bizarre quand on avait douze ans), quand on y réfléchit bien. Pourtant c’est le genre de chose qui peut m’inquiéter. Et me faire paniquer. Et me faire oublier la réalité. Un peu comme maintenant, en fait.

En effet, il me faut un petit moment pour me rappeler que je me tiens actuellement sur le seuil de la maison d’une jeune fille à qui je viens plus ou moins de sauver la vie, et que celle-ci me parle. De Russell Crowe. Qui serait… responsable de son accident ? Je la regarde sans répondre, un peu ahuris. Je sais que je me suis déconnecté de la réalité pendant un instant, à force d’exprimer à voix haute la possibilité que je sois un vilain digne d’un épisode des Experts, mais je dois avoir été absent plus longtemps que je pensais si on a commencé à parler de Russell Crowe. Pourquoi est-ce qu’on parle de Russell Crowe, exactement ? Enfin, je n’ai rien contre lui, mind you, mais je ne suis pas complètement certain d’avoir compris quel rapport il avait avec la choucroute. ENFIN BREF. WAKE UP, HOYLE, ELLE EST ENCORE EN TRAIN DE TE PARLER FOR CHRIST’S SAKE. Avec tout ça, je ne m’en suis même pas rendu compte, mais nous sommes déjà dans sa cuisine et, si elle m’a dit quelque chose à propos des pièces que nous avons déjà traversé – même si je crois me souvenir qu’il s’agissait surtout de couloirs – je ne l’ai pas du tout entendu. Et là, maintenant tout de suite, j’ai un peu du mal à suivre son débit de paroles. Il ne me faut néanmoins pas trop de temps à comprendre de quoi elle parle – à force de bugger fréquemment, on prend l’habitude de rattraper le fil d’une conversation dans n’importe quel contexte – et je ne peux pas m’empêcher d’éclater de rire. Je m’arrête immédiatement quand je vois qu’elle se tourne vers moi en se mordillant la lèvre. Je ne veux pas la mettre mal à l’aise, et je ne veux surtout pas qu’elle pense que je me moque d’elle. Parce que ce n’est vraiment pas le cas. Je la trouve honnêtement extrêmement sympathique, et incroyablement adorable. « Te stresse pas » je lui réponds, un grand sourire aux lèvres. Je m’approche un peu d’elle, toujours en souriant. « Quoi que ce soit que tu ais à me proposer, je suis sûr que ça me conviendra ! Et si tu es anxieuse à l’idée d’être une mauvaise hôte, franchement, ne t’inquiète pas, parce que tu te débrouilles très bien. » Je marque une petite pause. « A vrai dire, tu es probablement l’une des personnes les plus désireuse de bien faire que j’ai jamais rencontré » j’ajoute, pensif. Puis je la regarde à nouveau. « Qu’est-ce que tu veux, toi ? Je prendrai la même chose. »
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MessageSujet: Re: maggie ☮ look right   maggie ☮ look right Icon_minitimeLun 1 Juin - 20:37



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Maggie avait toujours très rapidement accordée sa confiance. Il lui suffisait de parler quelques secondes avec une personne – ou plutôt, généralement, que la personne lui parle, puis la rousse n’était très certainement pas la fille la plus bavarde sur Terre, en dehors de quelques moments de stress – et Maggie l’appréciait déjà. On aurait pu croire qu’une personne avec son imagination aurait plutôt tendance à faire les mêmes digressions presque paranoïaques que son sauveur, mais ce n’était pas son cas. La jeune fille laissait toujours une chance aux personnes qu’elle rencontrait. Elle avait une vision de la vie et des autres très … particulière et elle avait beaucoup de mal à imaginer qu’une personne puisse avoir véritablement un mauvais fond. Il était fort probable que l’adolescente idéalise son entourage. Elle-même se posait la question, des fois. Peut-être qu’en ne se concentrant que sur les qualités de ses proches, et en occultant leurs défauts, elle finirait déçue. Mais pour le moment, elle ne l’avait jamais été, ou seulement quelques rares fois. Pas étonnant donc, lorsqu’on la connaissait, qu’elle ne pense pas une seconde au fait que le jeune homme aurait pu vouloir la blesser, ou lui faire du mal. Plus étonnant : qu’elle l’invite à rentrer chez elle. Oh, pas pour les raisons qu’il énumérait. Mais plus parce qu’elle avait tellement peur de déranger, qu’elle avait l’impression de s’imposer à lui. Comme s’il avait accepté de la raccompagner chez elle et d’entrer à l’intérieur de la demeure simplement parce qu’il s’en sentait obligé. Et c’était probablement l’une des hantises de l’adolescente : déranger les autres. Qu’il s’agisse de ses parents, de ses amis ou d’inconnus comme lui, Maggie détestait s’imposer, déranger, gêner. Elle avait beau tenter d’être rationnelle, de se persuader que la personne ne lui aurait pas dit distinctement « tu ne me déranges pas » ou « je le veux » si elle ne le pensait pas … Et bien, demandez à un claustrophobe s’il arrivait à se rationnaliser lorsqu’il était enfermé dans une pièce ou à une personne ayant le vertige si elle y arrivait à dix mètres du sol. Pour elle, c’était exactement la même chose : malgré ses efforts, cela ne s’en allait pas.

Alors maintenant qu’il était à l’intérieur, elle sentait le stress monter en elle. Toujours pas à cause de ses théories farfelues – non, ça elle serait bien incapable d’y croire un jour – mais parce qu’elle devait bien faire. Elle devait le mettre à l’aise chez elle, et elle n’avait aucune idée de comment le faire. D’une, elle n’invitait jamais personne, de peur de rompre le silence de la maison et donc de déranger ses parents – même si son père lui avait assuré, il y a peu de temps, que cela ne le dérangerait, elle doutait qu’il en soit de même pour sa mère – et de deux, sa volonté de bien faire la stressait, parce qu’elle avait soudainement peur de le décevoir. Encore une fois, c’était stupide et elle le savait. Son sauveur ne la connaissait pas. Il lui avait adressé trois phrases – peut-être un peu plus, mais bon – donc comment pourrait-il être déçu par une personne qu’il ne connaissait pas ? Mais encore une fois, il suffisait de faire le parallèle avec un claustrophobe pour comprendre qu’elle n’était pas rationnelle à ce sujet, et qu’elle ne le serait probablement jamais. Alors, comme à chaque fois qu’elle stressait, Maggie se mit à parler. Beaucoup. Elle qui avait à peine réussi à faire quelques phrases entières depuis qu’ils s’étaient rencontrés devenait presque un moulin à paroles. Et lorsqu’il éclata de rire, elle s’arrêta et se retourna lentement, la tête basse et se mordillant les lèvres. « Te stresse pas » dit-il, comme s’il avait remarqué que tout était lié à son stress. « Quoi que ce soit que tu ais à me proposer, je suis sûr que ça me conviendra ! Et si tu es anxieuse à l’idée d’être une mauvaise hôte, franchement, ne t’inquiète pas, parce que tu te débrouilles très bien. A vrai dire, tu es probablement l’une des personnes les plus désireuse de bien faire que j’ai jamais rencontré » Un petit sourire étira ses lèvres, comme il avait directement su lire en elle et voir quel était le problème. « Qu’est-ce que tu veux, toi ? Je prendrai la même chose.   » Elle expira longuement, comme pour se débarrasser des tensions nerveuses qui lui serraient l’estomac, avant de répondre doucement, timidement. « Une part de gâteau au chocolat et un thé Earl Grey ? » proposa-t-elle, avant de reprendre presqu’aussitôt. « Enfin … Si tu aimes ça. Parce que vraiment, j’ai plein d’autres choses. C’est pas le choix qui manque. » Nouvelle longue inspiration puis expiration, avant de remettre une de ses mèches de cheveux derrière l’oreille. Il avait dit qu’il prendrait la même chose, donc il fallait qu’elle se reprenne et qu’elle le serve. Voilà, c’était un bon plan. Alors elle rouvrit le réfrigérateur pour en sortir le gâteau dont elle coupa deux belles parts qu’elle servit dans des assiettes, sur le plan de cuisine – heureusement que sa mère n’était pas là – avant de mettre de l’eau à bouillir.

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MessageSujet: Re: maggie ☮ look right   maggie ☮ look right Icon_minitimeMar 2 Juin - 14:32

Social anxiety. La peur ou la gêne ressenties quand on se retrouve en société, dues à la crainte d’être jugé par les autres, observé, scruté, le tout de manière négative, évidemment. Ce n’est pas une maladie à proprement parler. C’est quelque chose que beaucoup de personnes expérimentent, au quotidien, sans même le savoir. Bien sûr, étant donné que nous vivons dans un monde où l’apparence a une importance capitale, on a constamment cette inquiétude, cette peur d’être jugé par les autres qui plane au-dessus de nos têtes, comme une épée de Damoclès. Mais dans ce cas précis, dans le cas où on peut qualifier ça de social anxiety, ça va beaucoup plus loin. C’est une angoisse permanente, qui ne quitte jamais la personne. Qui la fait douter de la moindre de ses actions, questionner ses moindres gestes, remettre en cause ses moindres paroles. Qui l’empêche d’agir, à la fin, parce que chacune de ses actions demande d’être décortiquée au préalable, certifiée acceptable, suffisante pour satisfaire le regard des autres. Le problème, c’est que ce niveau demandé n’est jamais atteint. Parce que ces gens-là sont des perfectionnistes, qui visent la perfection et rien d’autre, qui se remettent sans arrêt en question, et qui ne sont jamais satisfaits. Ils placent la barre tellement haut qu’ils ne se rendent pas compte qu’elle n’est même pas atteignable. Et ils font ça uniquement pour eux-mêmes, ce qui fait que, la plupart du temps, ils ont tendance à attendre moins des autres, et à accepter que ceux-ci  fassent moins d’efforts. Parce que dans leurs têtes, les autres sont déjà "au-dessus" d’eux. Donc, ils n’ont pas à autant travailler, à faire autant d’efforts. Ils n’en ont pas besoin. Non, c’est à cette personne de faire mieux, pas aux autres. Et ça peut conduire à des situations dramatiques, parfois. Sans aller jusqu’à l’extrême, ça peut aussi mener cette personne à s’enfermer dans des relations malsaines, dans lesquelles l’autre utilise son manque de confiance, d’aise, pour se laisser aller, et tout s’accorder. Je le sais, parce que ma sœur est comme ça. J’ai arrêté de compter le nombre de petits copains qui ont utilisé son besoin presque maladif de bien faire. C’était toujours la même chose, jusqu’à ses vingt ans : elle rencontrait un mec (en général, bien plus âgé qu’elle), se mettait en quatre pour lui, se prenait la tête à toujours vouloir tout bien faire, calculait ses moindres mots, se tordait dans tous les sens pour lui convenir, et lui… ne faisait rien. Il se contentait de lui en demander encore plus, et de se plaindre quand elle dérapait un peu, craquait. "Mais t’es complètement hystérique, ma pauvre ! " "Putain, qu’est-ce qui te prends ? Ça va pas de me gueuler dessus comme ça ? Je t’ai rien fait, moi ! T’es tarée ! ". And so on. Jusqu’au jour où elle a compris que ça ne changerait jamais, si elle-même ne changeait pas. Et depuis, elle essaie toujours de se considérer comme un être humain égal aux autres, avant une machine à satisfaire leur moindre désir.

Je ne sais pas si Margaret est comme ma sœur. Je n’espère pas. Mais si c’est le cas, je suis prêt à l’aider à travailler sur ça. Je pourrais même lui parler d’elle, d’Amélia. Je suis sûre qu’elle se trouverait des points communs avec elle. Et peut-être que ça l’aiderait ? Je ne sais pas, je me demande. Mais j’aimerais bien l’aider. Je ne sais juste pas comment le lui dire clairement. Je ne peux pas juste me planter devant elle et lui lancer "et, au fait, j’aime bien ta bouille, alors j’ai décidé que j’allais devenir ton coach de vie, histoire de faire de toi une jeune femme pleine de confiance en soi et consciente qu’elle est humaine, elle aussi, et que c’est super important de s’aimer soi, avant d’aimer les autres, contrairement à ce qu’on te dit dans les magazines". Non, ce n’est pas bien poli. Pourtant, j’ai vraiment envie de faire quelque chose pour elle. Je dois juste bien garder en tête que je ne la connais pas, et donc que je ne peux pas jouer les psy comme si de rien n’était. Je ne peux décemment pas m’incruster dans sa vie comme ça, après tout. Ça ne se fait pas, ce genre de chose. De toute façon, ce n’est pas le plus important, pour le moment. Il faudrait d’abord que je l’écoute, avant de prétendre être quoi que ce soit. C’est ça le problème quand on se perd trop souvent dans ses pensées, on oublie la réalité. Je parviens quand même à entendre les mots "Earl Grey", et à partir de là, je l’écoute avec la plus grande attention. Je me retiens de lever les yeux au ciel, et me contente de hausser un sourcil, amusé malgré moi par son comportement, mais aussi un peu désolé. Tout dans sa voix, dans son attitude, transpire l’inquiétude à l’idée de faire quelque chose de la mauvaise façon, de ne pas atteindre ce niveau impossible qu’est la perfection. « Relax, Maggie. Ça me va parfaitement, promis. Crois de bois, crois de fer, si j’mens j’vais en enfer » je réponds en rigolant. Elle semble s’en être aperçu d’elle-même, se remémorant sans doute mes paroles précédentes, parce qu’elle sort des assiettes, et commence à découper deux parts de gâteaux. Je la regarde, alléché, et mon estomac gargouille, me rappelant qu’avec tout ça, je n’ai même pas eu le temps de déjeuner. Heureusement pour moi, le mardi est une journée cool à la LSOA (conséquence, notamment, du fait que je suis dispensé de cours de danse), j’ai donc plein de temps pour profiter de ce magnifique gâteau au chocolat. Une véritable œuvre d’art, je dois dire. Et oui, c’est vrai qu’il n’en faut pas beaucoup pour me faire tourner la tête (parlez-moi de pâtisseries au chocolat ou à la pomme, et je suis votre esclave), mais mon dieu qu’il a l’air bon. Sérieusement, j’ai presque les yeux qui me sortent des orbites à force de loucher dessus. Je peux déjà imaginer l’odeur, à la fois douce et amère, de cette magnifique couche de chocolat noir, et le contact de ce contenu spongieux sur ma langue, le goût fin et délicat de ce parfait mélange. « Il a l’air… excellent. Je vais mourir, sérieux. C’est toi qui l’as fait ? En tout cas je comprends que tu préfères ça à des biscuits, parce que vraiment… » Je n’arrive même pas à la regarder quand je lui parle, bien trop occupé à détailler ce petit bout de paradis comme s’il contenait tous les secrets de l’univers.
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MessageSujet: Re: maggie ☮ look right   maggie ☮ look right Icon_minitimeMar 2 Juin - 18:30



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Oui, l’adolescente stressait, et pas qu’un peu. Oh, non pas parce qu’elle invitait un inconnu chez elle. Elle aurait pu angoisser à ce sujet, mais elle accordait bien trop rapidement sa confiance pour simplement penser au fait qu’il pourrait lui faire du mal. Et puis, pourquoi voudrait-il lui faire du mal, alors qu’il lui avait sauvée la vie ? S’il avait voulu la voir morte, il n’aurait pas empêché la voiture de l’écraser et … Elle grimaça à cette pensée, ne voulant pas imaginer ce qu’il se serait passé s’il n’avait pas été là pour la sauver. Bref, elle stressait, parce qu’elle ne savait pas vraiment quoi faire, maintenant qu’ils étaient arrivés dans la cuisine. Est-ce qu’elle lui offrait à boire ? Oui, mais que lui offrir ? Ce n’était pas les choix qui manquaient, c’était certain. Entre les différentes sortes de thés qu’elle avait – au moins une dizaine -, les quelques sodas ou jus de fruits, ainsi que, probablement, un peu d’alcool appartenant à ses parents, elle ne savait pas vraiment où donner de la tête. A manger, aussi, peut-être ? Là encore, que lui offrir ? Il y avait toujours du gâteau au chocolat dans le réfrigérateur – malgré le fait que sa mère lui lançait toujours un regard réprobateur lorsqu’elle la voyait craquer, la gouvernante finissait toujours par en refaire – ou alors des biscuits. Bref, elle ne savait juste pas quoi lui proposait et stressait. Elle voulait réellement bien faire. Ce qui était stupide, elle le savait parfaitement. Enfin, il ne la connaissait pas, donc ce serait étrange qu’il soit déçu d’elle, non ? Mais Maggie avait toujours beaucoup de mal à être rationnelle, sur ce genre de sujets. « Relax, Maggie. Ça me va parfaitement, promis. Crois de bois, crois de fer, si j’mens j’vais en enfer » dit-il en rigolant, après qu’elle ait à nouveau fait quelques unes de ses digressions – oui, Maggie était très douée en digressions, c’était certain ; dommage qu’elle ne puisse pas faire carrière dans ce domaine, elle deviendrait rapidement l’une des meilleures. Elle finit donc enfin par le servir, après quelques hésitations, et mit de l’eau à chauffer pour le thé. Elle sourit en le voyant regarder sa part de gâteau de chocolat. « Il a l’air… excellent. Je vais mourir, sérieux. C’est toi qui l’as fait ? En tout cas je comprends que tu préfères ça à des biscuits, parce que vraiment… » dit-il, comme hypnotisé par son assiette. La jeune fille lâcha un petit rire, avant de tourner la tête de droite à gauche, en signe de négation. « Non, c’est pas moi qui l’ai fait. C’est notre gouvernante. Et il est vraiment, vraiment, excellent. C’est le meilleur gâteau au chocolat de l’univers. Personne ne peut y résister. » dit-elle, plus détendue, avant de lâcher un autre petit rire. Elle découpa précautionneusement dans sa part de gâteau, avec sa cuillère, avant de porter celle-ci en bouche et de déguster avec bonheur le chocolat qui fondait à présent sur sa langue. « Je ne cuisine pas. Je crois que j’en serais incapable. Enfin, déjà, sans parler de sécurité car il est fort probable que j’oublierais quelque chose sur le feu, je pense que je ne pourrais pas attendre que le gâteau soit fini avant de le manger … » Nouveau petit rire, un peu plus gêné, cette fois-ci. Oui, avouer son plus gros pêché de gourmandise n’était finalement pas si aisé que ça. Mais vu le regard presque lubrique qu’il lançait lui-même à l’égard de sa part, elle se disait que, peut-être, il était comme lui à ce sujet. Lorsque la bouilloire se fit entendre, la jeune fille se leva de sa chaise haute pour aller servir l’eau bouillante dans la théière. « Merci encore pour ce que tu as fait. » Elle baissa un peu la tête, avant de reprendre. « Je … C’est stupide mais j’étais tellement dans mes pensées que … Enfin voilà, je n’avais pas vu la voiture arriver. » reprit-elle, plus vraiment certaine de le lui avoir dit avant – l’adrénaline était retombée, Maggie n’avait plus que de vagues souvenirs de ce qu’il s’était passé, à présent.

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MessageSujet: Re: maggie ☮ look right   maggie ☮ look right Icon_minitimeMer 3 Juin - 18:34

J’aime manger. J’aime la nourriture, et surtout, j’aime la nourriture sucrée. J’ai une passion pour les desserts de grands pâtissiers. Gâteaux, tartes, pièces montées, glaces artisanales,  chocolats pâtissiers… Rien n’y échappe. Je n’ai jamais vraiment pris avantage de la richesse de mes parents. Je considérais leur avoir déjà bien assez pompé leur argent à travers ma maladie. Elle leur a coûté tellement cher, et pas seulement pécuniairement parlant. Du coup, le reste de mon enfance, j’ai bien pris soin de ne jamais rien leur demander. Je m’autorisais une petite entorse à la règle durant une unique occasion, chaque année : mon anniversaire. Mais je ne leur demandais pas de cadeaux, oh non, mes grands-parents étaient déjà suffisamment généreux, et de toute façon, même enfant, j’étais le genre de personne à ne jamais savoir ce qu’il voulait. Non, ce que je leur demandais, c’était un gâteau d’anniversaire fait par l’un des meilleurs pâtissiers londonien. Chaque année, sans exception, j’avais le droit à mon magnifique chef d’œuvre culinaire. Le reste du temps, j’avais ma nourrice pour nous cuisiner des tartes à défaillir de bonheur – encore aujourd’hui, je me rends chez elle à l’occasion, pour prendre de ses nouvelles et profiter du cadeau des dieux qu’est sa tarte tatin. Autant vous dire que, si je n’avais pas eu le métabolisme classique de l’ado gringalet, et l’obligation de faire du sport malgré mes jambes (ma sœur n’en démordait pas, soi-disant que c’était essentiel à ma bonne santé, ce qui est vrai, bien sûr), je n’aurai probablement jamais pu conserver un poids correcte. Bref, le sucré, c’est l’un des plus grands plaisir de ma vie. Ça doit être la même chose pour Maggie, à en juger par la manière dont elle le savoure, après avoir répondu à ma question. Je souris quand elle m’explique que c’est sa gouvernante qui le fait, sa phrase faisant écho à mon adolescence à moi. J’ai l’impression qu’elle et moi avons plus de choses en commun que je ne l’aurais cru au premier abord. En l’observant dans la rue, tout à l’heure, alors qu’on parlait, je n’aurai jamais pensé qu’elle aussi vivait pratiquement seule dans une grande maison, avait une gouvernante qui lui préparait des bons petits plats, un goût prononcé pour le thé et la nourriture sucrée, ou encore la caractéristique de laisser un flot de paroles s’échapper de sa bouche dès qu’elle était un peu (ou beaucoup) stressée par quelque chose. Mais à présent, je m’aperçois qu’il y a beaucoup d’éléments, dans ce que j’observe d’elle et de son environnement, qui me rappellent comment j’étais à son âge, voire comment je suis encore aujourd’hui. Certes, je suis loin d’avoir ce problème de manque de confiance en soi qu’elle semble se trainer, mais, dans une certaine mesure, je me reconnais en elle. « Je t’en pries. Et l’important, c’est que tu ailles bien. Ça aurait pu tellement mal finir ! Au moins maintenant, ça t’auras servis de leçon, et tu n’oublieras plus jamais de regarder quand tu traverses ! » je m’exclame, le ton vide de tout reproche, avant de planter ma cuillère dans le gâteau pour la cinquième fois, et d’enfourner l’énorme bout que j’en coupe. Aaaaaah, ce qu’il est bon, je n’en peux plus. Le chocolat noir est parfaitement dosé : l’ensemble n’est ni trop amer, ni trop sucré. La ganache apporte un goût joliment intense, qui vient balancer parfaitement avec la douceur de la base du gâteau – il me semble sentir une pointe de vanille à l’intérieur. Il est vrai qu’il ne battra jamais les tartes aux fruits de ma nourrice – sa tarte aux prunes… mais je m’égare – mais il n’en reste pas moins excellent. « Je t’apprendrai, si tu veux » je lui dis entre deux bouchées. Elle me lance un regard confus, et je lui fais un grand sourire. « A cuisiner, je veux dire. Honnêtement, ce n’est pas si compliqué. » Je me fais pensif. « Regarde-moi : je n’avais jamais cuisiné pour moi-même avant mes dix-huit ans, et pourtant, aujourd’hui, j’arrive à faire des plats tout à fait convenables. Alors je suis sûr que tu peux y arriver aussi ! » Je marque une pause, en pleine réflexion, avant de rediriger mon regard sur elle. « De toute façon, c’est ta dernière année de lycée, non ? J’imagine que tu pars à l’université l’année prochaine ? Ça te sera forcément utile d’être capable de te cuisiner des repas équilibrés et consistants. Ne serait-ce que pour ne pas vivre de nouilles déshydratées et de pizza ! » j’ajoute en rigolant, tout en attrapant la tasse de thé qu’elle vient de me servir. Je la remercie, et souffle dessus, avant d’en prendre une gorgée. « Enfin, je te propose ça, moi, mais tu peux tout à fait refuser. Je ne voudrais pas m’imposer. » Après tout, je ne la connais pas depuis deux heures. Restons convenable.
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MessageSujet: Re: maggie ☮ look right   maggie ☮ look right Icon_minitimeMer 3 Juin - 18:55



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Après avoir longuement hésité sur quoi lui proposer – et quoi lui donner, puisqu’apparemment, il prendrait la même chose qu’elle – elle lui servit une part du merveilleux gâteau au chocolat de sa gouvernante – une belle part, attention, Maggie était d’une gourmandise sans fin, alors ses parts de gâteau, surtout celui-ci, ne pouvaient qu’être gargantuesque – avant de commencer à préparer le thé. Elle ria un peu, lorsqu’il lui demanda si c’était elle qui l’avait cuisiné. Comme si elle était capable de cuisiner … N’importe quoi. Elle était bien trop tête en l’air et maladroite pour ça et elle n’osait imaginer les dégâts qu’elle causerait si elle ne faisait qu’essayer. En plus, il était fort probable que le plat ne soit jamais terminé ou que le gâteau ne soit jamais cuit – elle se connaissait, elle risquait de tout finir avant que ce soit prêt ; il n’y avait qu’à voir à chaque fois qu’elle se retrouvait devant le réfrigérateur et qu’elle faisait son choix pour le goûter. Elle le remercia une nouvelle fois, encore, de lui avoir sauvé la vie. Elle ne savait plus si elle lui avait expliqué ou non ce qu’il s’était passé exactement – à savoir qu’elle s’était juste prise dans ses pensées et n’avait pas fait attention – alors elle le répéta. Maggie n’avait maintenant que de vagues souvenirs de l’incident, l’adrénaline ayant quitté son corps – qu’elle sentait bien trop mou, en cet instant, comme si sa force quittait peu à peu ses jambes. « Je t’en pries. Et l’important, c’est que tu ailles bien. Ça aurait pu tellement mal finir ! Au moins maintenant, ça t’auras servis de leçon, et tu n’oublieras plus jamais de regarder quand tu traverses ! » C’était certain qu’à présent, elle n’oublierait plus jamais de regarder à droite et à gauche avant de traverser. Ou alors, elle ne marcherait plus jamais. C’était une possibilité, aussi. Elle appellerait son chauffeur, même à la dernière minute. Elle outrepasserait sa peur de le déranger, pour qu’il vienne la chercher. Est-ce qu’il n’était pas leur employé, d’ailleurs ? Est-ce qu’il n’était pas payé pour venir la chercher et la déposer ? Elle pencha la tête sur le côté en y repensant. Est-ce qu’appeler un employé pour qu’il fasse ce pour quoi il était payé était considéré comme le déranger ? Elle n’y avait pas pensé. Oui, elle aurait mieux fait de l’appeler. Et à présent, elle le ferait. Enfin … Peut-être qu’elle pourrait lui en parler avant ? Voir si cela ne le dérangerait pas, qu’elle l’appelle à la dernière minute ? Oui, elle lui en parlerait, la prochaine fois qu’il viendrait la chercher – le lendemain matin, en somme. Elle le lui demanderait, et verrait ce qu’elle ferait en fonction de sa réponse. « Je t’apprendrai, si tu veux » dit-il après avoir enfourné sa cuillère dans sa bouche. Maggie fronça des sourcils et se mordilla la lèvre inférieure, pas certaine de bien comprendre ce qu’il lui proposait. Il lui apprendrait quoi ? A regarder la route avant de traverser ? Non, parce que l’adolescente ne comptait plus jamais traverser une route, de toute façon … Ou alors pas seule. « A cuisiner, je veux dire. Honnêtement, ce n’est pas si compliqué. Regarde-moi : je n’avais jamais cuisiné pour moi-même avant mes dix-huit ans, et pourtant, aujourd’hui, j’arrive à faire des plats tout à fait convenables. Alors je suis sûr que tu peux y arriver aussi ! » Elle lâcha un rire nerveux à l’écoute de ses mots. Elle, cuisiner ? Elle était réellement Miss Maladroite, elle n’y arriverait jamais. Et puis, ce n’était pas tant suivre une recette à la lettre, le problème – ça, elle pensait y arriver sans trop de difficulté, c’était un peu comme de la chimie, après tout, non ? – mais plus de ne pas oublier qu’elle avait quelque chose sur le feu. Elle en serait tellement capable. Elle se connaissait … Si elle faisait autre chose en attendant que la cuisson ne se termine – comme écrire, par exemple – elle oublierait totalement et la maison prendrait feu. Et Maggie aimait beaucoup sa maison. Et puis, ses parents aussi, l’aimaient, leur maison. Ce serait donc dommage qu’elle prenne feu à cause d’elle. « De toute façon, c’est ta dernière année de lycée, non ? J’imagine que tu pars à l’université l’année prochaine ? Ça te sera forcément utile d’être capable de te cuisiner des repas équilibrés et consistants. Ne serait-ce que pour ne pas vivre de nouilles déshydratées et de pizza ! » Elle sentit son estomac se contracter et se serrer d’un coup à l’entente du mot « université ». Oh mon Dieu. Est-ce qu’elle allait devoir vivre seule, l’année prochaine ? Non. Elle n’était pas prête. Elle ne pouvait pas quitter la maison. Mais en même temps … enfin quand elle y pensait, Oxford n’était pas à côté. Est-ce que ce ne serait pas compliqué de faire l’aller retour tous les jours ? Mon Dieu, elle n’y avait pas pensé. Elle allait devoir vivre seule, l’année prochaine. Elle n’écouta même pas ce qui vint ensuite, ayant l’impression d’être enfermée dans une bulle de stress. Sa respiration commença à se couper, et elle avait bien du mal à se concentrer pour la reprendre. Elle allait à l’université l’année prochaine. Elle n’avait aucune idée de la filière qu’elle choisirait – elle s’était inscrite en droit histoire de s’inscrire quelque part et de voir si son dossier serait validé ou non, mais à bien y repenser, elle n’était pas certaine du tout de vouloir faire du droit – et en plus, elle vivrait seule. Maggie n’avait pas pensé à ça. Elle n’avait pas pensé au fait qu’elle allait devoir être indépendante. Elle n’était pas prête pour cela. Elle n’arrivait même pas à traverser un passage piéton sans manquer de se faire écraser ! Comment est-ce qu’elle pourrait vivre seule et se faire à manger, et juste rester seule ? Sans personne pour veiller sur elle ? Elle n’y arriverait pas. Elle n’y arriverait pas. Sa respiration se fit plus bruyante, alors qu’elle commençait à réellement paniquer. Elle allait à l’université l’année prochaine. Elle ne verrait plus jamais ses parents. Elle serait à jamais seule, toute seule, sans soutien, livrée à elle-même.

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MessageSujet: Re: maggie ☮ look right   maggie ☮ look right Icon_minitimeVen 5 Juin - 20:48

Je ne fais pas toujours attention à ce que je dis. Je ne prends pas garde à mes mots, trop souvent absorbé par ce que j'essaie de transmettre, ou par mes pensées, et parfois, il m'arrive de faire des gaffes. De dire quelque chose, pas nécessairement de mal, mais en tout cas qui peut être problématique vis à vis de la personne à qui je parle, qui peut les déstabiliser, les embêter, voire pire. Je peux parfois dire ce qu'il ne faut pas dans une situation, comme tout le monde, en fait. Parce qu'on ne connaît pas assez les gens, ou qu'on ne fait pas assez attention, on peut facilement les blesser avec nos mots. C'est même plus facile qu'avec ses poings, parce que moins direct. Mais je ne m'attendais vraiment pas à ce que ce soit le cas avec Maggie. C'est si soudain, si inattendu, que je ne remarque pas tout de suite que ça arrive. Plongé dans mes pensées, en train d'imaginer ce que je pourrais lui apprendre de simple si jamais elle est intéressée (à faire cuire des légumes à la bonne température, à faire des quiches, à cuisiner plus équilibré en utilisant de l'huile d'olive plutôt que du beurre par exemple, je commence à faire la liste dans ma tête) je ne remarque pas tout de suite ce qui lui arrive. Je ne remarque pas tout tous de suite. Ce n'est que quand le temps de silence devient bizarrement long, ponctué de bruits étranges, un peu comme si une sorte de séchoir avait été enclenché quelque part, que je réalise ce qu'il se passe. Ce bruit, c'est sa respiration. Elle est saccadée, ce dont je ne m'étais pas rendu compte au préalable, et cela ne va qu'en accélérant. Elle a les yeux dilatés, comme un chat effrayé, perdus dans le vague, les joues légèrement rosées, la main droite qui tremble. Immédiatement, je me lève de ma place. « Oh mon dieu, Maggie, ma belle, respire ! » je m'exclame, avant de me rappeler que je ne dois surtout pas la brusquer. Je ne panique pas, je garde mon calme, car je sais exactement ce qui lui arrive. Ce n'est pas la première fois que je suis témoin de ça. J'ai vu ma sœur en avoir, mais pas seulement. Des jeunes à l'assoc, des amis, des gens à la LSOA, au lycée, à des soirées. Ça arrive en situation de stress, c'est très soudain, très rapide, et tout à fait possible à calmer, pour peu qu'on sache s'y prendre. Crise de panique.

Je m'approche doucement d'elle, sans geste brusque, comme si je me trouvais face à un petit animal apeuré. « Maggie, Maggie, tout va bien aller, ne t'inquiète pas » je dis avec douceur, prenant délicatement ses mains dans les miennes. « Come on. Respire. Allez. Avec moi. » Je cherche ses yeux des miens, accroche son regard. Je la fixe intensément, prend une grande inspiration, avant d'expirer. Puis je recommence. « Allez Maggie, Maggs » je répète le plus doucement possible, « fais comme moi. Respire. Une. Deux. » J'inspire, j'expire, tout en écoutant son souffle à elle, celui qui est réellement important dans cette pièce. Il est encore heurté, saccadé. Le moindre choc pourrait la faire repartir de plus belle, et j'en suis tout à fait conscient. « Allez, Maggie. C'est bien. C'est très bien. Tu te débrouilles comme une chef. Tu peux le faire. Je crois en toi, tu peux le faire. Allez ma belle. Inspire. Expire. Inspire. Expire. Inspire, expire. » Tout en répétant ces paroles, je lui en fait la démonstration. Je lui parle le plus gentiment possible, essayant de la rassurer, tout en prenant moi-même de grandes inspirations. Petit à petit, son regard se fait moins vitreux, sa respiration reprend un rythme plus ou moins normal. Petit à petit, elle semble reprendre connaissance, si je puis dire, reprendre conscience de la réalité du monde autour d'elle. Je lui fais un sourire encourageant, et prend son visage dans mes mains. Je me penche un peu, de manière à ce que nous soyons plus ou moins à la même taille. « Voilà. Je suis fier de toi. » Je me redresse un peu, lui laisse encore du temps pour reprendre ses esprits, mes mains posées sur ses épaules, maintenant, comme pour lui servir de point d'appuis. Je prends de grandes inspirations, continuant à montrer l'exemple. C'est ce qu'il fait dans ces cas-là, un point d'ancrage dans la réalité, quelque chose qui permette à la personne victime d'une crise de panique de quitter cet état, de quitter cet univers dans lequel il ou elle s'est enfermé pour retomber dans le réel, en quelque sorte. Il est très important de ne surtout pas les brusquer, mais de les accompagner hors de cet état de panique, par des encouragements, des paroles rassurantes. Je ne suis pas un spécialiste bien sûr, loin de là, mais je l'ai vu suffisamment arriver autour de moi, et j'ai lu assez d'articles ou autre à ce sujet, pour connaître les choses à ne surtout pas faire, et celles qui peuvent aider à calmer les crises. Ça ne marche pas toujours, bien sûr - parfois, la personne a juste besoin d'espace, et par-dessus tout, de silence - mais je connais au moins ce qui peut être tenté dans des situations comme celles-ci. « Tu te sens un peu mieux, ma belle ? Est-ce que tu veux parler de ce qui te tracasse ? » je lui demande calmement quand je vois que ça semble s'être amélioré. Je me doute que c'est quelque chose que j'ai dit qui a déclenché la crise, mais il est essentiel de ne jamais faire de supposition, et de laisser la personne elle-même vous faire part de ses doutes, de ses problèmes. Je suis pratiquement certain que cela à un rapport avec le fait que j'ai mentionné l'année prochaine, et donc son possible départ à l'université. Après tout, je sais à quel point penser à son futur peut être angoissant, terrifiant, même. Je sais que ça fait partie de tous ces sujets, à son âge, auxquels on ne veut surtout pas penser, parce qu'alors ça les rends concrets, réels. Je suis passé par là moi aussi, par ces mois atroces, remplis de l'impression que, tel Atlas, on porte le poids du monde sur ses épaules. Mais, si c'est bien le cas, c'est à elle de m'en parler, et pas l'inverse. Si elle en a envie.
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MessageSujet: Re: maggie ☮ look right   maggie ☮ look right Icon_minitimeSam 6 Juin - 14:54



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Maggie ne se sentait vraiment pas bien. Elle paniquait, sans savoir pourquoi. Mais elle ne s’était tellement pas attendue à entendre le mot « université » que cela lui fit un choc, la prenant aux tripes. Déjà, elle ne savait pas ce qu’elle allait bien pouvoir faire l’année prochaine. Oh, l’adolescente avait été acceptée à Oxford, elle n’était donc pas à la rue. Elle s’était inscrite en droit, parce qu’après avoir eu une discussion avec son conseiller d’orientation, elle avait appris qu’elle ne pouvait pas simplement déposer son dossier, sans dire ce quelle filière elle comptait intégrer. Elle se souvenait encore parfaitement de la discussion avec lui, presque mot à mot, tant elle se l’était répétée en boucle. Il lui avait ensuite dit que, si vraiment elle ne savait pas quoi faire, elle pouvait toujours s’inscrire dans un secteur puis modifier son choix par la suite, une fois qu’elle serait acceptée. Alors elle avait un peu choisi au hasard en remplissant son dossier de candidature, puis l’avait envoyé. Maggie avait eu les résultats il y a peu de temps, deux semaines tout au plus. Mais toujours ce doute fulgurant, à chaque fois qu’elle se demandait ce qu’elle allait bien pouvoir faire pour son avenir. Est-ce qu’elle ne changerait rien et étudierait le droit ? Est-ce qu’elle aimait le droit ? Peut-être … Enfin, elle avait déjà lu, par curiosité, des livres à ce sujet. Mais pour faire quoi, par la suite ? Avocate ? Elle pourrait presque rire à cette idée, tant elle lui semblait saugrenue. Elle, avocate … Non, vraiment, ce n’était pas envisageable. Elle avait déjà du mal à parler tout en respirant en même temps, elle n’osait imaginer comment elle serait si elle devait un jour défendre un client … Mais donc quoi ? Bien sûr, il y avait toujours la musique … Oui, Maggie était passionnée de musique, depuis son plus jeune âge. Comment aurait-il pu en être autrement, alors qu’elle baignait dedans depuis sa plus tendre enfance ? Mais elle n’était pas « douée », ou du moins, pas autant que ses parents avaient pu l’être. Bref, de toute façon, les inscriptions pour la LSOA étaient à présent closes, ce n’était donc pas la peine d’y penser. Mais le pire dans cette histoire, c’était que Maggie n’avait pas réfléchi à une chose : elle devrait déménager. Elle n’allait pas à l’université de Londres, mais à Oxford … Elle ne pourrait donc pas continuer à vivre chez ses parents. Elle serait donc seule, toute seule, livrée à elle-même.

Si Maggie était souvent angoissée, elle n’avait pas l’habitude des crises de panique. Oh, elle manquait souvent d’air lorsqu’elle était stressée et comblait son angoisse par des paroles sans queue ni tête, mais cela n’allait jamais bien plus loin. Pas comme en cet instant, où le peu d’air qu’elle réussissait à avaler se faisait sifflant, et peinait à oxygéner son cerveau. Elle vit plus qu’elle n’entendit son sauveur la rassurer, et l’aider à respirer. Elle se concentra sur lui, tentant de ne pas céder à cette nouvelle panique qui la prenait, alors que sa respiration était partiellement bloquée. « Allez, Maggie. C'est bien. C'est très bien. Tu te débrouilles comme une chef. Tu peux le faire. Je crois en toi, tu peux le faire. Allez ma belle. Inspire. Expire. Inspire. Expire. Inspire, expire. » Elle l’imita, respirant en même temps que lui, les larmes coulant déjà sur ses joues. Mais enfin, elle réussit à se calmer, et si sa respiration était toujours saccadée, l’air parvenait à retrouver le chemin de ses poumons. « Voilà. Je suis fier de toi. » reprit-il. Elle posa sa tête contre son torse, presque timidement, tâchant de se concentrer sur sa respiration à lui, sur les battements de son cœur, et de le copier. Oui, elle allait déjà mieux. Elle resta ainsi, contre lui, un bon moment, calmant son cœur qui cognait contre sa poitrine, et qu’elle sentait pulser jusque dans ses tempes. « Tu te sens un peu mieux, ma belle ? Est-ce que tu veux parler de ce qui te tracasse ? » Elle releva un peu la tête, les yeux rougis et les joues mouillées, avant de s’éloigner de lui, un peu gênée. Elle essuya ses larmes d’un revers de la main, avant de forcer un sourire, et d’expirer lentement pour ne pas paniquer une nouvelle fois. « Je suis désolée … » s’excusa-t-elle, en se mordilla les lèvres, avant de baisser la tête. « Et oui, ça va mieux. Beaucoup mieux. Merci. » Apparemment, son inconnu était destiné à être son sauveur pour l’éternité – déjà deux fois, aujourd’hui, quand même, qu’il était intervenu. « Et c’est juste … L’université. Je ne sais pas ce que je veux faire … Et je n’ai plus que quelques semaines pour pouvoir changer de filière à Oxford et … J’en ai aucune idée … Et j’avais pas pensé que je devrais déménager et quitter mes parents … » finit-elle par parler, les lèvres tremblantes, tout en essuyant les nouvelles larmes qui coulaient sur ses joues. Bon sang, dans quoi est-ce qu’elle l’avait entrainé ? Le pauvre, il aurait sûrement préféré ne jamais croiser son chemin.

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MessageSujet: Re: maggie ☮ look right   maggie ☮ look right Icon_minitimeDim 7 Juin - 8:31

Partir à la fin du lycée n'a franchement pas été un problème pour moi. Très tôt, la maladie - celle de mon frère, bien entendue, sa naissance ayant suivi de près mon rétablissement, ou plutôt mon sortir de situation critique - avait établi une distance entre nos parents et moi et ma sœur, qui s'est tout simplement transformée en un fossé insurmontable, dans le cas de mon père, quand je leur ai fait part de mon homosexualité. Ils n'étaient déjà que des instants infimes de mon existence, des interludes, ils sont devenus à partir de ce moment des photos sur une étagère, la présence vague d'une voiture garée dans la cours. Ma mère, quand elle n'était pas en train de travailler, s'occupait de mon frère. Mon père ne voulait tout simplement plus me voir. Nous avons ainsi vécu dans cette situation, cette espèce de statu quo, pendant plusieurs années, avant qu'ils m'apprennent, sans avoir pris la peine de me concerter au préalable, que j'allais me faire opérer à nouveau. Je crois qu'on peut dire que c'est à cette époque que le divorce fut complètement consommé entre lui et moi. Cette décision arbitraire me laissait alité pendant une année entière, et je dois me montrer honnête, et avouer qu'elle entama aussi ma relation avec ma mère, et que je ne le leur ai jamais pardonné. Amelia et moi partîmes d'ailleurs immédiatement après, embarquant notre petit frère dans la foulée. Quitter la maison ne fut donc pas une épreuve pour moi, dans le sens où cet endroit, finalement, n'avait jamais réellement été un endroit où je me sentais "at home". Je m'en rends bien compte, à chaque fois que je m'accorde un moment pour repenser à ces années, à mon enfance, mon adolescence. Avec le recul, j'imagine que je suis capable de les analyser avec un peu plus d'objectivité, moins d'émotion, et je m'aperçois bien que, malgré tout ce qu'ils ont fait pour moi, j'en veux à mes parents, de nous avoir abandonné comme ça, de n'avoir vu en nous que des maladies, rien de plus, rien de moins. Mais je reste tout de même conscient de la difficulté de leur situation, raison pour laquelle je n'ai jamais été un enfant compliqué ou capricieux, un ado toujours en train de tester ses limites. J'étais conscient des sacrifices, de la douleur, de l'inquiétude constante, et je me sentais coupable. Ce n'était pas tant leur manque de présence, je crois, que je leur reprochais – leur reproche – au fond, si ce n'est leur incapacité à ne pas m'en vouloir d'avoir été un enfant malade, alors qu'en réalité, je n'avais aucun contrôle là-dessus. C'est véritablement la maladie, en fin de compte, qui nous a séparé, qui m'a appris à me débrouiller par moi-même, à être indépendant et qui m'a poussé à me détacher d'eux, complètement rapidement. C'est triste a dire, mais c'est bien leur peur de me perdre, de nous perdre, qui les a éloigné de nous. Qui a fait que je suis parti à dix-huit ans, et que maintenant je ne le vois, lui en tout cas, qu'une fois par ans. J'étais détaché de cette maison, de cet endroit, depuis si longtemps déjà, que ça ne faisait de toute façon aucune différence pour moi.

Ça doit être pour ça qu'il ne m'est pas venu une seule seconde à l'esprit qu'évoquer l'avenir, le départ, pas à des milliers de kilomètres certes, mais suffisamment loin pour que ça soit permanent, de chez elle, puisse angoisser Maggie de la sorte. Jamais je n'aurai pu imaginer qu'évoquer ne serait-ce que la possibilité de l'université pourrait la mettre dans des états pareils. Et pourtant elle est là, devant moi, le souffle coupé par la simple mention de ce mot, paniquée au point d'en pleurer. Ça me fait mal au cœur de la voir comme ça, alors évidemment, je fais tout ce que je peux pour la calmer. Je la laisse s'éloigner de moi quand enfin elle semble s'être plus ou moins reprise, ne voulant pas lui faire peur, ou la brusquer. Je la regarde s'essuyer les yeux en silence, lui laissant le temps de reprendre complètement pleine possession de ses moyens. « Je suis désolée » dit-elle alors, en baissant la tête, et je secoue la mienne de droite à gauche, pour bien signifier que je refuse en bloc ses excuses. « Tu n'as pas besoin de me dire ça Maggie, vraiment. Ce n'est pas un crime de paniquer un peu devant les gens. Et puis crois-moi, ça arrive même aux meilleurs d'entre nous. Regarde Tony Stark » je réponds avec un petit rire, référence au dernier volet de la saga Iron Man. Elle arrive à esquisser l'ébauche d'un sourire, un peu rassurée par mes paroles, sans doute, ce qui me fait chaud au cœur. Elle est toujours en train de pleurer, mais le plus gros de la crise semble être passé, ce qui est l'essentiel. Elle me remercie timidement, avant de m'expliquer enfin ce qui la travaille. Je hoche plusieurs fois la tête durant sa tirade, pour bien montrer que je l'écoute, participant en silence, en somme. Comme je m'y attendais, c'est bien l'université, et l'idée d'avoir à partir de chez elle, qui la tracassent, et cette soudaine prise de conscience, enclenchée par mes paroles, qui lui a fait perdre pieds un instant. Je lui souris avec compassion, alors qu'elle essuie de nouvelles larmes. « Ce n'est pas grave de ne pas savoir quoi faire, Maggie, surtout à ton âge ! » j'affirme avec confiance. « Je connais peu de gens qui sont complètement assurés sur ce sujet encore à la vingtaine, alors avant ! » j'ajoute avec un petit rire. « Et dans quelle filière t'es-tu inscrite ? Es-tu déjà certaine de vouloir en changer ? Ou ne veux-tu pas essayer ce en quoi tu t'es inscrite ? Pour tout ce que tu en sais, tu vas adorer ! Et si ce n'est pas le cas... Je t'assure qu'il n'est jamais trop tard pour changer de voie ! » Tout en disant ça, je fais un geste d'assertion de la tête. « Quand à partir de chez toi... Je ne peux pas t'aider là-dessus. J'imagine que si ça arrive (et si tu me dis que tu as été acceptée à Oxford, ça serait quand même dommage que ça n'arrive pas), ça te fera un choc immense, évidemment. Mais ça ne veut pas dire que tu ne t'en sortiras pas, ou que tu ne verras plus jamais tes parents ! Au contraire ! Tu ne profiteras que plus des moments passés avec eux, tu ne crois pas ? » je dis d'un ton interrogateur, posant la question à la fois à elle et à moi-même. C'est vrai que je ne suis pas complètement apte à comprendre sa situation.
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MessageSujet: Re: maggie ☮ look right   maggie ☮ look right Icon_minitimeDim 7 Juin - 20:29



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La première chose que fit Maggie après s’être calmée fut de s’excuser, la tête basse. Pour qui allait-il la prendre, maintenant ? Elle n’avait eu cesse d’enchainer les mauvais pas. Mais finalement, ce n’était pas étonnant qu’ils ne se quittent comme ils s’étaient rencontrés : à cause d’elle, et uniquement à cause d’elle. Il semblait réellement être un garçon gentil, pourtant. Mais comme à son habitude, Maggie faisait tout de travers, encore et encore. À peine commençaient-il à avoir une conversion qui pourrait sembler banale, mais qui leur aurait permis de faire connaissance, qu’elle faisait une réelle crise de panique. « Tu n'as pas besoin de me dire ça Maggie, vraiment. Ce n'est pas un crime de paniquer un peu devant les gens. Et puis crois-moi, ça arrive même aux meilleurs d'entre nous. Regarde Tony Stark » dit-il pour la rassurer, dans un petit rire qui lui tira un sourire. Oui, son sauveur – il faudrait vraiment qu’elle lui redemande son prénom – était un ange tombé du ciel. Il était adorable avec elle, et l’adolescente ne pouvait s’empêcher de se demander pourquoi il était ainsi avec elle. Peut-être qu’il devrait arrêter d’être professeur au lycée, mais devenir un conseiller … Il serait très bon, dans ce domaine, pour rassurer les multiples élèves stressés par leur avenir.

Son deuxième réflexe fut, bien entendu, de le remercier. Une nouvelle fois, il l’avait sauvée. Et voilà qu’il l’invitait à se confier à lui, à lui dire ce qui l’avait poussée à réagir de cette façon si … violente, finalement. L’adolescente hésita, bien entendu. Elle ne voulait pas le déranger. Et malgré sa bonne résolution – qu’elle n’avait jamais vraiment réussir à tenir depuis que l’année 2015 avait débuté – de ne pas douter des propositions des autres … Elle avait peur qu’il ne fasse ça que par pure politesse. Mais elle finit par prendre sur elle – techniquement, elle se devait bien de lui expliquer, non ? « Ce n'est pas grave de ne pas savoir quoi faire, Maggie, surtout à ton âge ! Je connais peu de gens qui sont complètement assurés sur ce sujet encore à la vingtaine, alors avant ! » Vraiment ? Pourtant … Son père avait su, bien avant, ce qu’il ferait de sa vie. Et alors qu’elle n’était qu’une adolescente, plus jeune qu’elle encore, sa mère avait su ce qu’elle voulait faire, jusqu’à se qu’elle ne tombe enceinte d’elle, ruinant son rêve par la même occasion. « Et dans quelle filière t'es-tu inscrite ? Es-tu déjà certaine de vouloir en changer ? Ou ne veux-tu pas essayer ce en quoi tu t'es inscrite ? Pour tout ce que tu en sais, tu vas adorer ! Et si ce n'est pas le cas... Je t'assure qu'il n'est jamais trop tard pour changer de voie ! » Mon Dieu ce qu’il pouvait parler … beaucoup Elle déglutit, presque fière d’avoir réussi à tout entendre, tout capter. Il parlait vraiment beaucoup, et elle n’eut pas le temps de tout analyser, qu’il reprenait déjà. « Quand à partir de chez toi... Je ne peux pas t'aider là-dessus. J'imagine que si ça arrive (et si tu me dis que tu as été acceptée à Oxford, ça serait quand même dommage que ça n'arrive pas), ça te fera un choc immense, évidemment. Mais ça ne veut pas dire que tu ne t'en sortiras pas, ou que tu ne verras plus jamais tes parents ! Au contraire ! Tu ne profiteras que plus des moments passés avec eux, tu ne crois pas ? » Une nouvelle fois, elle déglutit devant le surplus d’informations qu’il lui donnait, avant de se mordiller la lèvre de gêne. Il parlait vraiment beaucoup.

Elle resta silencieuse un moment, récupérant sa tasse de thé pour en apprécier le doux liquide, se donnant par la même occasion une excuse pour attendre avant de parler – après tout, elle n’allait pas lui répondre alors qu’elle était en train de boire, cela semblait parfaitement logique. Elle reporta son regard sur lui, avant de forcer un petit sourire, comme elle réfléchissait. « Je me suis inscrite en droit … » Elle prit une pause, se rappelant qu’elle devait respirer. Voilà, pour le moment, tout allait bien. « Et … Enfin j’aime beaucoup le droit, oui. J’ai déjà lu quelques livres sur le Common law et c’est très intéressant. » Nouvelle pause. Voilà, très bien. « Mais je ne me vois pas avocate … Je dois déjà me rappeler de respirer, quand je parle alors … » Elle laissa sa phrase en suspens, un peu gênée de se confier à lui ainsi. « Et ce n’est pas que je ne m’en sortirais pas sans eux … C’est juste que je ne les vois pas souvent, déjà … Mon père … On se croise, quand il rentre, puis il va dans sa salle de musique pour travailler … Ma mère … Elle s’occupe d’autres choses et … » Inspiration. Expiration. Inspiration. Expiration. « Si en plus je m’en vais … Si je quitte la maison … On ne se verra plus du tout. » Elle essuya les quelques larmes qui s’étaient échappées, avant de lui lancer un petit sourire, qu’elle espéra rassurer. « Tu dois me trouver ridicule … J’ai dix-sept ans, et je pleure parce que mes parents vont me manquer. » reprit-elle enfin, dans un rire jaune, essuyant de nouvelles larmes.

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MessageSujet: Re: maggie ☮ look right   maggie ☮ look right Icon_minitimeMar 9 Juin - 11:43

S'il y a bien une chose que je déteste particulièrement (il faut dire que je ne suis pas le genre de personne à "haïr" quoi que ce soit), c'est le manque de confiance en soi. Pas dans le sens où la personne m'insupporte, me donne envie de la taper, non, évidemment que non, bien au contraire. Mais dans le sens où ça me fait mal au cœur, de voir certaines personnes se rabaisser, se dénigrer sans cesse de cette façon, alors qu'elles n'ont, en vérité, aucune raison de le faire. Personne n'est parfait, contrairement à ce que les médias, la famille, le système scolaire, ou que sais-je, essaient de nous faire croire. Personne n'a un parfait contrôle sur sa vie, personne n'a un corps, un esprit, un mode de vie, "parfait". Tout le monde a des petits doutes, parfois, tout le monde a des petites insécurités, des instants de remise en question. C'est le lot de tous les hommes, malheureusement, et je suis sûr que même Chris Pratt, à certains moments, a remis en doute ses certitudes, ses affirmations, ne s'est pas senti au mieux de sa forme. On a tous des moments où on se sent un peu "meh", où on se trouve un peu moche, ou un peu idiot. C'est dur d'avoir toujours confiance en soi, bien sûr, c'est un travail à faire sur soi-même, tous les jours - personne ou presque, je le répète, n'est 100% assuré - mais justement, ça ne devrait pas être aussi difficile pour la plupart des gens, surtout les jeunes filles. Ça ne devrait pas être quasi-impossible de s'accepter comme on est. Du coup moi, ça m'énerve. Ça m'énerve qu'on vive dans un monde où il est quasiment impossible de vivre comme on est, où on est sans arrêt "confrontés" au regard des autres, comme si ça devait être une épreuve, non un partage, au point qu'on soit effrayé d'être soi-même. Ce n'est pas normal. On ne devrait pas constamment vivre dans la peur de ce que les autres pensent de nous. On ne devrait pas avoir à se cacher, à s'excuser pour ce que l'on est. On ne devrait pas avoir à s'excuser d'exister. Parce que j'ai l'impression que c'est de ça, que Maggie s'excuse, finalement. De tout simplement exister. De respirer, de prendre de la place. Comme si elle n'en avait pas le droit. Alors qu'elle a tous les droits. Alors qu'elle mérite autant de vivre que n'importe quelle autre personne. Qu'elle a le droit de prendre de la place, elle aussi. De s'affirmer, d'exister. Elle est un être humain, tout autant que moi, tout autant que le premier ministre, tout autant que n'importe qui d'autre.

Mais je ne peux pas lui dire ça, évidemment, pas alors que je viens tout juste de la rencontrer. Je me contente donc de l'aider, de la conseiller comme je peux. Des ados paumés, j'en vois constamment, étant donné toutes les associations avec lesquelles je suis lié, des bien plus perdus que Maggie, dans des situations bien plus difficiles, mais ça n'empêche pas qu'elle a de vrais problèmes, plus que réels à son âge. Toutes ces inquiétudes qu'elle a là, elles comptent, elles sont importantes. Elles sont légitimes. Ce sont des considérations qui la touchent directement et maintenant, celle de son orientation notamment - je suis certain que c'est le seul mot qu'ils doivent avoir à la bouche, dans son entourage, que ce soit au lycée ou dans sa famille. Je l'écoute d'ailleurs avec la plus grande attention quand elle prend enfin la parole, après s'être calmée, pour me parler du choix sur lequel elle s'est arrêtée pour le moment (même si elle hésite encore à en changer). Je me redirige moi aussi vers ma place, ne pouvant pas m'empêcher de me saisir à nouveau de ma cuiller pour reprendre de ma part de gâteau. J'écarquille les yeux, un peu incrédule, quand elle me sort comme ça qu'elle a déjà lu des livres de Common Law, comme ça, pour le fun, comme si c'était quelque chose qui se faisait par simple curiosité. "Aimer beaucoup" lui servait sans doute d'euphémisme, parce que je ne suis pas certain que beaucoup de personnes lisent des livres de droits s'ils n'y sont pas obligés. J'acquiesce tout de même quand elle m'avoue qu'elle ne s'imagine pas du tout faire une carrière d'avocate. Je pense que c'est discutable, comme affirmation, je suis sûr qu'avec de la pratique, elle pourrait améliorer ses talents oratoires, mais bon, je ne veux pas l'embêter plus que ça sur cette question. J'ai eu l'occasion de croiser quelques étudiants en droit, à Oxford, et tous n'avaient pas pour objectif de faire carrière spécifiquement sans le domaine juridique, j'avais même une connaissance qui souhaitait travailler pour des ONG, si je me souviens bien, et c'est aussi un assez bon tremplin pour la politique. Et puis il n'y a pas que ça, de toute façon, au sein même de la spécialité... « Au pire, il n'y a pas que le métier d'avocat que tu peux exercer après des études de droit » je me contente de murmurer pensivement, plus pour moi que pour elle. J'ai de toute façon décide de ne pas insister, de la laisser réfléchir par elle-même à cette question. Elle me sourit, un peu gênée - et je me fais la réflexion qu'elle est quand même sacrément mignonne cette jeune fille, il va vraiment falloir qu'on travaille sur ce problème de confiance en elle, parce que ça ne va tout simplement pas être possible - et ce qu'elle dit ensuite fait fondre mon coeur comme un cornet de glace en plein mois d'août. Aww, mais elle est trop adorable. C'est tellement choupi et triste à la fois, j'ai envie de la prendre dans mes bras et de lui faire un gros câlin. Mais je ne le fais pas, parce que j'ai des manières, et du savoir vivre. Mais aussi parce que sa dernière remarque m'arrête nette dans mes réflexions. Ça ne va pas du tout. Non, décidément, ça ne va pas du tout. « Maggie » je réponds, avec douceur mais aussi avec fermeté. Je me lève et m'approche d'elle, prenant délicatement ses mains dans les miennes, pour l'obliger à me regarder dans les yeux. « Je ne te trouve pas ridicule » Je lui dis, prenant bien soin d'appuyer sur le dernier mot, « et certainement pas parce que tu aimes tes parents. » C'est vrai quoi, zut à la fin. « Au contraire, je trouve ça adorable que tu tiennes tant à tes parents. C'est vraiment dommage qu'ils ne soient pas là plus souvent avec toi. Mais... » J'exerce une légère pression sur ses mains, rassurante, avant de détendre mes doigts à nouveau. « en rien ce n’est ridicule d’avoir peur de t’éloigner de tes parents. Surtout si cette maison est tout ce que tu as toujours connu ».


Dernière édition par Charles B. Hoyle le Jeu 11 Juin - 14:35, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: maggie ☮ look right   maggie ☮ look right Icon_minitimeMer 10 Juin - 12:57



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Le sujet de l’université, et donc de sa poursuite d’études et son avenir en général, était clairement un tabou pour l’adolescente. A chaque fois qu’une personne ne faisait qu’aborder ce sujet, l’approcher un peu, Maggie sentait l’air commencer à lui manquer. Elle ne pouvait s’en empêchait, elle n’arrivait pas à parler de ce sujet tant celui-ci l’angoissait. Elle ne savait pas ce qu’elle allait faire l’année prochaine. Oh, elle n’était pas à la rue et était même acceptée dans l’une des plus grandes universités du monde, et en tout cas la plus grande d’Angleterre : Oxford. Beaucoup devaient donc penser qu’elle n’avait pas à avoir peur et qu’elle était même chanceuse, en comparaison à tous ces adolescents qui, eux, ne savaient même pas s’ils iraient à l’université l’année prochaine. Alors, de quoi se plaignait-elle, après tout ? Et bien de rien. Maggie savait la chance qu’elle avait d’avoir été acceptée dans cette prestigieuse université. Elle savait à quel point il s’agissait d’un honneur. Mais elle ne se sentait pas prête. Elle était perdue. Elle ne savait même pas si elle devait continuer en droit – filière dans laquelle elle s’était inscrite, un peu par hasard, parce qu’il fallait bien s’inscrire quelque part pour envoyer son dossier de candidature après tout – ou si elle devait complètement changer pour faire quelque chose d’entièrement différent. Mais alors quoi ? Que pourrait-elle faire, à la place ? Qu’est-ce qu’elle voulait faire, plus tard ? Dans quel domaine s’épanouirait-elle ? Est-ce qu’elle avait sa place, quelque part ? Est-ce qu’un métier était fait pour elle ? Et, finalement, méritait-elle vraiment d’entrer dans cette université, dans une filière choisie au hasard, prenant ainsi la place d’une autre personne, d’un autre futur étudiant, qui rêvait depuis son enfance de suivre des cours de droit et de se spécialiser dans ce domaine ? N’était-ce pas injuste, finalement, qu’elle lui prenne sa place, simplement pour continuer ses études, sans même être certaine qu’elle aimerait ça ? Et puis vint autre chose à laquelle Maggie n’avait pas pensé : Oxford n’était pas situé à Londres. Si elle y allait vraiment, elle devrait déménager. Elle devrait quitter ses parents, qu’elle voyait déjà si peu, et serait obligée de prendre son indépendance. Comment y arriverait-elle ? Comment est-ce que les autres adolescents de son âge faisaient-ils pour ne pas craquer ?

Ce fut donc sans réelle surprise que la jeune fille eut une crise de panique, sa respiration se bloquant, se faisant sifflante, et refusant d’oxygéner son cerveau. Et puis elle se confia. Elle n’en avait jamais parlé à personne … Enfin si, vaguement, à Noah, lors d’une rencontre fortuite dans un parc. Mais elle n’était pas rentré dans les détails, ne voulant pas importuner l’une des personnes qu’elle admirait le plus – déjà qu’elle lui avait, en quelque sorte, imposé sa présence, il ne fallait pas en rajouter non plus, s’était-elle dit. Mais son sauveur, celui qui l’avait protégée d’une mort certaine, l’invitait à parler, à se confier. Il l’invitait, comme si cela l’intéressait vraiment. Comme s’il s’était finalement trompé de métier, en devenant professeur assistant – ou stagiaire ? elle ne s’en souvenait plus vraiment. « Au pire, il n'y a pas que le métier d'avocat que tu peux exercer après des études de droit » commença-t-il par dire. Oui, peut-être qu’il avait raison. Peut-être qu’elle pourrait toujours faire du droit, et voir ensuite ce qui l’intéresserait. Le droit était une filière tellement vaste, après tout. Elle se contenta d’acquiescer dans un bref hochement de la tête, avant de continuer à lui livrer ses doutes sur un plateau d’argent. Elle se sentit bien ridicule, après ça. Pleurer, laisser ses larmes s’échapper et couler sur ses joues, simplement parce que ses parents allaient lui manquer … Pour qui devait-il la prendre, à présent ? Elle était ridicule. Comme d’habitude.

Et pourtant, le jeune homme reprend. Dans un ton ferme, tout en prenant ses mains dans les siennes, deux choses qui la poussèrent à se concentrer sur ses mots, probablement importants. « Je ne te trouve pas ridicule  et certainement pas parce que tu aimes tes parents. » Vraiment ? Elle renifla un peu, se contentant de se mordiller la lèvre inférieure, les larmes toujours aux yeux, menaçant de s’échapper une nouvelle fois. « Au contraire, je trouve ça adorable que tu tiennes tant à tes parents. C'est vraiment dommage qu'ils ne soient pas là plus souvent avec toi. Mais... en rien ce n’est ridicule d’avoir peur de t’éloigner de tes parents. Surtout si cette maison est tout ce que tu as toujours connu » Maggie n’avait probablement jamais rencontré quelqu’un d’aussi adorable que lui. Il était là, à la consoler, à l’écouter, à la conseiller et à la rassurer, alors qu’il ne la connaissait que depuis une heure à peine et qu’elle avait déjà assez chamboulé sa journée. Elle renifla une nouvelle fois, lâchant une de ses mains pour s’essuyer les yeux, avant d’acquiescer et d’expirer longuement, pour calmer son cœur battant la chamade. « C’était la même chose pour toi lorsque … lorsque le lycée s’est terminé ? » commença-t-elle, timidement, d’une petite voix. « Toi aussi tu avais peur du futur, de ce qu’il allait se passer ? De quitter tes parents ? Peur de ne plus jamais les voir ? Peur de rater ta vie, simplement parce que tu n’aurais pas fait le bon choix ? » précisa-t-elle, avant de soupirer doucement et de secouer un peu la tête à la négative. « Pardon je … » Elle lâcha ses mains, avant d’en passer une dans ses cheveux, et le regarda de ses yeux rougis. « C’est indiscret de ma part. » reprit-elle en opinant du chef, comme pour accentuer ses dires. « On ne se connaît pas. Je ne te connais pas. Et je t’ai assez dérangé pour une vie entière. » Elle se mordilla sa lèvre, qu’elle sentait déjà trembler de nouveau. « Je ne vais pas en rajouter en te posant des questions indiscrètes. » Elle baissa ensuite la tête, gênée, presque honteuse de son débordement, et espérant qu’il ne lui en voudrait pas – c’était qu’étrangement, même si elle ne le connaissait pas, justement, elle l’appréciait déjà et ne voulait pas tout gâcher sans même avoir eu l’opportunité de faire plus ample connaissance.

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MessageSujet: Re: maggie ☮ look right   maggie ☮ look right Icon_minitimeVen 12 Juin - 11:37

Les journées se suivaient et se ressemblaient toute. Cette sensation était terrible. Il n’avançait plus. Il avait l’impression de reproduire toujours les mêmes gestes, comme si la première entorse à son programme allait profondément chambouler sa vie et provoquer l’une de ses coriaces crises de panique. Il vivait comme ça, coincé dans une vie sans saveur qui l’anesthésiait, puis subitement, la seconde d’après, sujet à une crise de panique qui lui couperait le souffle pendant plusieurs longues, longues secondes. On s’y faisait. On s’y faisait toujours. Et c’était bien le problème, on se faisait à tout. Toutes les douleurs, toutes les peines, tout ce que l’on ne devrait pas forcément accepter. On s’y faisait, toujours, et on pensait toujours avoir une bonne raison de s’y faire. On acceptait le pire, et on en prenait l’habitude. Tout était okay, parce que c’était comme ça, que cela ne serait pas autrement, et qu’on l’avait accepté.

Raphael acceptait tout pour une seule raison. Il était père. Et cette condition méritait tous les sacrifices du monde. Il avait beau avoir appris au fil des années, que tout n’était pas blanc, ou noir, que l’on avait pas toujours notre mot à dire sur les situations, ou que plutôt, tout pouvait être bien plus compliqué que ce qu’on le pensait. Quoiqu’il en soit, si lui savait pertinemment que le monde s’étirait en une infinie nuance de gris, le monde dans lequel il avait toujours vécu, semblait toujours fonctionner de manière manichéenne. Il y avait les valeurs, et le péché et en dehors point de salut. Il avait fauté - oui fauté, comme une fille de petite vertu des siècles précédents - et il passait ses journées à se racheter de cette faute, ou plutôt à faire comme si elle n’avait pas exister. Il vivait en effaçant des parties de sa vie, en faisant semblant de vivre de blanc lorsque dans sa tête tout était noir - ou à défaut en obscure touche de gris. Parce qu’il était père. Parce qu’il avait une fille, et qu’il n’avait pas le droit à l’erreur. Rejeter la faute sur elle était horrible, et il ne lui en voulait pas le moins du monde. Il serait incapable de lui en vouloir une seule seconde ou de lui faire un reproche quelconque. Elle était juste son excuse. Elle était la raison pour laquelle il acceptait, pour laquelle il fermait les yeux sur son mariage désastreux et qu’il essayait de le maintenir en vie coûte que coûte à grand coup d’ignorance. Elle était la raison pour laquelle il était encore debout, et qu’il ne s’était pas laissé aller au chagrin, au deuil, et au manque depuis toutes ses années. Elle était son roc, sa raison de respirer, et de sourire. Si elle allait bien, il pouvait oublier que sa vie à lui n’était pas si bien que ça. Il se foutait que sa vie ne ressemble plus à rien depuis qu’il avait épousé Jane à cause de Maggie. Il se moquait d’avoir eu deux ans de bonheur extatique pour se le voir enlever si violemment. Si Maggie allait bien. Il allait bien. Et cette phrase avait beau être fausse, exagérée, et un brun ridicule, il s’y accrochait comme il pouvait. Il avait besoin de cette raison. Il avait besoin de pouvoir faire semblant. Et d’aller bien, quand bien même ce n’était qu’un vaste mensonge.

Le problème c’est que Maggie n’allait pas bien. Pas parfaitement en tout cas, et surement pas comme il l’aurait voulu. Il avait passé des années à se dire qu’il était un bon père, parce qu’elle pouvait le déranger quand elle voulait, parce qu’il pourrait tout sacrifier pour elle. Parce qu’il avait tout sacrifier pour elle. Mais le fait est que cela ne suffisait pas. Le faite est qu’elle n’osait pas avec lui, ou avec sa mère. Elle n’osait jamais rien demandé, n’osait jamais déranger. Qu’est-ce qu’ils avaient fait pour avoir une fille terrifiée d’exister ? Ou avaient-ils échoué ? Dans leur couple, c’était sûr, ils avaient tout fait de travers. Mais en tant que parents… Ou avaient-ils été si mauvais qu’il y avait à la fois, aucun problème, et à la fois cette retenue intenable sur le long terme. Oh bien sûr, lui même avait été comme ça. Mais ses parents l’ignoraient en permanence et en plus de cela était sévère. Il était terrifié par ses parents, avait toujours cherché un moyen de leur plaire, d’attirer leur attention, d’obtenir un peu d’amour de leur part. Mais il n’avait pas été comme ça avec Maggie. Non ? Il l’aimait, et il lui disait régulièrement. Il était attentif, si elle voulait parler. Il n’était pas trop pressant, et lui laissait de l’espace. Peut être lui en laissait-il trop ? Ah ! Etre père était définitivement trop compliqué, et c’était la raison numéro un de tous ses noeuds aux cerveaux.

Il était rentré à une heure correct. Ce qui était tout de même assez rare. Il restait souvent assez tard au théâtre, et rentrait à pied, ce qui lui prenait toujours un certain temps. Il n’avait jamais aucune envie de rentrer à la maison, et faisait tout ce qu’il pouvait pour étirer ses journées. Il savait que ce n’était pas correcte et que ça l’empêchait surement de passer plus de temps avec sa fille. Mais il lui avait dit qu’il était joignable et qu’il pouvait rentrer dès qu’elle le souhaitait si elle avait besoin. Quoiqu’il en soit, s’il était rentré tôt c’est qu’il n’avait pas réussit à étirer plus le temps, et qu’il avait surement prévu de bosser dans sa salle de musique. Il ne s’en finissait jamais de travailler, et quand il pliait bagage des misérables, il rentrait préparer des concerts, et s’entraînait sur des grands classiques, pour ne pas perdre la main. En arrivant chez lui, il fut surpris d’entendre des voix dans la cuisine. Cette maison, presque trop grande, était surtout bien trop silencieuse à son goût la plus part du temps. En plus d’être terriblement froide et peu accueillante. Posant ses affaire contre un coin de porte, il se dirigea vers la cuisine, avant de voir Maggie, et un garçon. Maggie et un garçon. Il savait qu’elle avait un copain. Ca devait être lui. Il était néanmoins surpris qu’elle l’est amené ici, la dernière fois qu’ils en avaient parlé, elle n’avait pas l’air décidé à lui présenté avant un moment. Il fit un sourire « Bonsoir ! » dit-il sur un ton aussi joyeux que possible. Il s’avança vers le garçon en question, qu’il trouvait étrangement vieux. Le copain de Maggie n’allait-il pas au lycée ? Il du rester fixer un peu trop longtemps pour avoir l’air tout à fait naturel et finit par tendre la main ! « Tu dois être Nate ! Enchanté de te rencontrer ! » Il se tourna vers sa fille, et hésitant deux secondes, il l’embrassa sur le front. « Bonsoir trésor ! Tu as passé une bonne journée ? »
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MessageSujet: Re: maggie ☮ look right   maggie ☮ look right Icon_minitimeVen 12 Juin - 20:05

Plus j’observe Maggie, et plus je remarque des constantes dans sa façon de se comporter, de se tenir, qui indiquent très clairement ce qu’elle pense, voire même comment elle pense. Je peux déjà identifier des petites manies qu’elle a, des petits signes distinctifs, qui mettent en évidence les moments où elle est angoissée, embarrassée, mal à l’aise. Ainsi, à chaque fois qu’elle a l’impression de trop parler, ou de dire quelque chose d’inapproprié, elle a tendance à se mordre la lèvre, ou à baisser le regard. Elle ne regarde d’ailleurs jamais vraiment les gens dans les yeux, l’une des manifestations les plus flagrante de son très évident manque de confiance en elle d’ailleurs, comme si elle avait peur de ce que ces « miroirs de l’âme » pourraient lui montrer – ou montrer aux autres. Ça me fait de la peine, honnêtement. Je ne la connais pas suffisamment pour pouvoir identifier d’où ça vient, mais je me le demande. Je me demande s’il y a une raison particulière, un évènement dramatique dans sa vie qui a fait qu’aujourd’hui, elle a presque peur de vivre, ou si cela vient du fait qu’elle a passé une grande partie de sa vie, d’après ce que j’ai cru comprendre, seule dans cette grande maison, et que de fait, elle n’a jamais vraiment été habituée à être en contact avec les gens. Enfin, quoi qu’il en soit, j’aimerais pouvoir l’aider à se voir différemment, parce que même si je ne la connais pas encore très bien, je suis tout de même sûr à 100% que ce qu’elle pense d’elle-même est totalement injustifié. Il me semble évident qu’elle a une image complètement faussée d’elle-même, et qu’il faut absolument que ça change. Bien sûr, ce n’est pas à moi de la « faire » changer de quelque manière que ce soit, c’est un travail qu’elle doit faire par elle-même, pour elle-même. Elle doit prendre conscience qu’elle est un être humain à part entière, qui mérite d’être considéré, et ensuite travailler à améliorer cette image qu’elle a d’elle. Mais cela ne peut se faire sans des personnes autour d’elle pour la soutenir dans cette « entreprise », si l’on peut dire, et je me demande si ce n’est pas ça qui lui manque. Est-ce que son entourage remarque tout ça ? Ou est-ce que c’est beaucoup plus discret que ce que je le crois, au point que seules des personnes qui, comme moi, sont sans arrêt en contact avec des adolescents peu assurés, s’en aperçoivent ? Et s’ils en ont conscience, arrivent-il à véritablement cerner le problème de Maggie, et à quel point celui-ci peut devenir un réel handicap pour elle, s’il ne l’est pas déjà ? Ou se disent-ils tout simplement que c’est « normal », pour une jeune fille de son âge, de se sentir comme ça ? Je ne sais pas, mais en tout cas, ça me rend triste de la voir comme ça. De la voir me poser des questions, et immédiatement s’excuser après, comme si elle n’avait pas le droit de m’interroger, comme si elle n’avait pas le droit de m’adresser la parole. Comme si c’était un crime, presque, d’oser me poser des questions.

« Tu ne me déranges pas, Maggie » est la première chose que je réplique quand elle baisse piteusement la tête, après m’avoir questionné sur comment j’étais à son âge. Je lui souris avec malice, avant de lui frotter le sommet du crâne de la main, joueur. Un peu trop familier, peut-être, mais je me sens déjà tellement proche d’elle, de cette adorable petite bulle de cuteness, que je ne peux pas m’en empêcher. « Ça veut pas te rentrer dans le cerveau, hein ? » je rigole en lui tirant la langue, alors qu’elle laisse échapper une petite exclamation de surprise. « Tu ne me déranges pas. Et puis tu es inquiète, c’est normal que tu aies envie de savoir si d’autres personnes sont passées par là avant toi. T’as le droit de me poser des questions, ce n'est vraiment pas un problème. » Mon sourire se fait plus doux, et je plonge mon regard dans le sien, plus sérieux à présent. « Et pour te répondre, oui, j’ai eu peur. D’ailleurs, j’ai dû m’y reprendre à trois fois avant de trouver ce que je voulais vraiment faire » je dis en haussant les épaules, sans rentrer dans les détails. Je n’en ai pas vraiment le temps, de toute façon. Je suis en train de réfléchir à comment aborder la question des parents – à laquelle, pour plusieurs raisons, j’ai bien pris soin de ne pas répondre pour l’instant – quand un monsieur d’une trentaine d’année pénètre dans la cuisine. Il ne me faut bien sûr pas plus de cinq secondes pour l’identifier comme étant le père de Maggie (cela va de soi), et je m’apprête à répondre à son salut, quand ce qu’il dit ensuite m’arrête. Nate… ? Il croit que je suis… Nate ? Nate… est-ce qu’il s’agit du Nate dont je pense qu’il s’agit ? Ou bien me fais-je des films, au point de le voir partout, tout le temps ? Je veux dire, il n’y a pas trente-six milles Nate à Holland Park, right ? Il y a de fortes chances que ce soit lui. Maggie doit être amie avec lui. Très proche sans doute, puisque son père a directement supposé que j’étais Nate. Mais pas suffisamment proche pour qu’il l’ait déjà rencontré ? Ou est-ce que c’est parce que Maggie ne tenait pas à ce qu’il le rencontre ? Quels liens ont-ils exactement, je me le demande… Enfin, je veux dire, pas que ça soit quelque chose qui me tienne particulièrement à cœur, hein, savoir avec qui Nathaniel traine en dehors de nos entretiens musicaux ne m’intéresse pas plus que ça, mais je suis curieux, voilà tout. Ce n’est que de la pure curiosité, rien de plus. Et puis de toute façon, ce n’est pas le moment de penser à ça. Je vois bien à la manière dont il m’a détaillé, que le père de Maggie a été surpris, sans doute parce que je ne suis pas un ado, et je me dois de rectifier le tir. C’est pourquoi, une fois que Maggie l’a salué à son tour, et lui a répondu, je m’empresse de réparer son erreur, tout à fait compréhensible. Je toussote discrètement, un peu embarrassé. « Erm… je crois que vous me prenez pour quelqu’un d’autre » j’explique avec un petit sourire. « Moi, c’est Charles » j’ajoute en lui tendant la main. Je fronce les sourcils, me demandant comment je vais expliquer ma présence ici sans trop l’inquiéter. J’opte finalement pour une version un peu édulcorée. « Il y a eu un petit problème avec un chauffard, et j’ai juste raccompagné votre fille pour être sûr que tout allait bien ».
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MessageSujet: Re: maggie ☮ look right   maggie ☮ look right Icon_minitimeVen 19 Juin - 20:22



CHARLES & MARGARET
❝ look right ❞

Maggie se sentait vraiment mal à l’aise d’avoir posé ces questions particulièrement indiscrètes. Il l’avait sauvée. Vraiment sauvée. Il lui avait sauvée alors qu’elle traversait une rue sans regarder s’il n’y avait pas de voiture qui arrivait. Il l’avait réellement sauvée. Et ensuite, elle osait lui poser des questions de ce type ? Que savait-elle de la relation qu’il entretenait avec ses parents ? Mon Dieu. Peut-être même qu’il était orphelin. Peut-être que ses parents étaient morts et qu’il vivait avec ce deuil. Peut-être qu’ils étaient morts il y a quelques semaines ! Et elle, elle remuait le couteau dans la plaie avec ses questions idiotes ! Comment avait-elle pu faire ça, réellement ? Oui, elle était angoissée par toute cette histoire d’avenir, par ce qu’elle ferait plus tard, dans quel domaine, si elle y arriverait ou non. Oui, elle avait peur de ne plus voir ses parents, qu’elle voyait déjà si peu souvent. Oui, elle ne se sentait absolument pas prête à prendre son indépendance. Mais là n’était pas la question. Elle n’aurait jamais dû se montrer si indiscrète, au point de poser une question déplacée à une personne qu’elle n’avait rencontrée que quelques heures plus tôt et dont elle ne savait strictement rien.  « Tu ne me déranges pas, Maggie » dit-il alors qu’elle s’apprêtait à s’excuser une énième fois, en lui frottant le front comme pour lui faire rentrer ses paroles dans la tête. « Ça veut pas te rentrer dans le cerveau, hein ? » Elle se mordilla la lèvre en l’entendant rire, avant de sourire un peu, timidement.  « Tu ne me déranges pas.  Et puis tu es inquiète, c’est normal que tu aies envie de savoir si d’autres personnes sont passées par là avant toi. T’as le droit de me poser des questions, ce n'est vraiment pas un problème. » reprit-il ensuite. Elle sentit tout de même les larmes lui monter aux yeux, un peu émue par ses paroles. « Et pour te répondre, oui, j’ai eu peur. D’ailleurs, j’ai dû m’y reprendre à trois fois avant de trouver ce que je voulais vraiment faire » Vraiment ? Vraiment ? Elle sentit comme un poids libérer son estomac. Et alors qu’elle s’apprêtait à lui répondre, elle entendit la porte d’entrée s’ouvrir. Oh, déjà ? Il était encore tôt pourtant, non ? Sa mère était normalement avec ses amies, à cette heure-ci. Et son père devrait être au travail. Elle fronça des sourcils, vérifiant l’heure qu’il était sur la pendule de la cuisine. Oui, il était vraiment tôt.

Pourtant, elle l’accueillit dans un grand sourire, vraiment heureuse de le voir, comme à chaque fois. « Tu dois être Nate ! Enchanté de te rencontrer ! » Wait, What? Elle ouvrit la bouche, avant de la refermer. Pourquoi croyait-il qu’il s’agissait de Nate ? En plus, elle avait déjà posté une photo de lui, sur Facebook. Beaucoup, même. C’était d’ailleurs son rôle de couverture. Poster pleins de photos d’eux sur le réseau social et se montrer comme étant un couple parfaitement heureux. Donc forcément, étant donné que son père avait appris qu’elle était en couple justement à cause du réseau social … En même temps, il n’avait probablement pas regardé avec attention qui était son petit-ami en question. Les cœurs et les mots d’amour avaient suffi à lui mettre la puce à l’oreille et probablement n’avait-il pas été cherché plus loin que ça. Elle ouvrit une nouvelle fois la bouche pour lui répondre, lui dire qu’il ne s’agissait pas de Nate, mais son père reprit. « Bonsoir trésor ! Tu as passé une bonne journée ? » Comment répondre à cette question ? Elle s’était ennuyée en cours, parce que ses pensées étaient focalisées sur Oxford et ce qu’elle ferait plus tard. Puis ensuite son professeur n’était pas venu parce qu’il était malade et, ne voulant pas déranger son chauffeur, elle était rentrée à pieds, se disant que marcher ne pourrait que lui faire du bien. Ensuite, en écoutant sa playlist des Misérables, elle avait été tant perturbée par la voix de Russell Crowe qu’elle avait voulu changer de version en en mettant une bien meilleure. Et là, elle s’était sentie tirée vers l’arrière, se faisant donc sauver la vie par le jeune homme qui était à présent dans la cuisine. Alors, pour seule réponse, Maggie sourit et hocha la tête. « Erm… je crois que vous me prenez pour quelqu’un d’autre. Moi, c’est Charles » Charles ! Voilà quel était son prénom ! Enfin, il répétait comment il s’appelait. Maggie n’avait eu cesse de se poser la question depuis qu’ils étaient arrivés chez elle. Et autant dire que le lui demander aurait paru être très mal élevée. « Il y a eu un petit problème avec un chauffard, et j’ai juste raccompagné votre fille pour être sûr que tout allait bien » Elle acquiesça de la tête, avant de la baisser en se mordillant la lèvre inférieure d’embarras. « Donc je me suis dit que l’inviter à l’intérieur serait la moindre des choses. Et lui offrir un thé. Et du gâteau. » reprit-elle avant de lancer un sourire à Charles, comme pour le remercier de ne pas rentrer dans les détails. Elle ne voulait pas que son père s’inquiète, alors que tout allait bien, à présent. « Et toi ? Ta journée s’est bien passée ? Les répétitions avancent ? » lui demanda-t-elle ensuite, toujours un peu stressée par les événements passés.

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