Je me présente, je m'appelle
Charles Benjamin Hoyle,
xx ans. Je suis né(e) le
17 septembre 1991, à
Londres (England) et j'habite à Londres, dans le très particulier quartier de
Notting Hill. Je suis par ailleurs
, et puisque la question vous brûle les lèvres, je suis malheureusement
forever alone. Que vous dire de plus si ce n'est que dans la vie je suis actuellement
étudiant à la LSOA et que mon rêve le plus fou serait de
faire une tournée mondiale. Oh, par contre, il y a ce léger détail que vous devez savoir sur moi, je suis
supposément doué de mémoire eidétique (en gros, j'ai une super bonne mémoire photographique). Voilà, c'est tout pour l'instant.
And by the way, nice to meet you! Previously on… MY LIFE (si si, c’est passionnant, vous allez voir)
17 septembre 1991
–. Naissance du petit Charles Benjamin Hoyle (moi, quoi), à Londres (ce qui explique sans doute mes goûts musicaux extraordinaires ainsi que mon amour profond pour le roman gothique et la peinture romantique), dans une famille d’anciens aristocrates (comme dans Downton Abbey, pour les ricains qui y connaissent que dalle), ce qui fait que je n’ai jamais vraiment eu de problèmes d’argent, quoi que je ne m’en vante pas. D’aussi loin que je m’en souvienne, j’ai toujours été assez discret, pudique, même. Je ne m’affiche pas, je ne me mets pas en avant, ce qui explique aussi que, de la même manière, je ne cherche pas à montrer l’étendue de la richesse de mes parents. Je n’en ai, honnêtement, jamais vu l’intérêt, c’est un sujet qui m’a toujours mis légèrement mal à l’aise. Sans leur argent, je n’aurai peut-être jamais dépassé l’âge de cinq ans, et je me suis toujours senti redevable pour cela.
5 janvier 1995
–. Alors que je suis étendu sur mon lit d’hôpital, à moitié conscient du monde qui m’entoure, j’entends mon médecin (Mrs. Evans) annoncer à mes parents que je souffre d’un ostéosarcome à la hanche. C’est un cancer qui, normalement, se déclare plutôt à l’adolescence, mais chez moi, les cellules ont dégénéré très vite, comme on me l’expliquera plus tard. Les mois suivants sont tombés dans l’oubli de ma mémoire, souvenirs flous de soins intensifs, de nuits passées seul dans ma chambre d’hôpital, à contempler le plafond blanc et à me demander pourquoi ma maman n’arrête pas de pleurer, de séances de chimiothérapie, puis de séances de réhabilitation pour me réapprendre à marcher, mais ce jour reste gravé, image brulant ma rétine, dans ma mémoire. Je ne sais plus quels détails sont vrais, quels détails ont été inventés par mon cerveau pour combler les espaces vides de ma mémoire. Mais je n’oublierai jamais le visage de mes parents quand ils n’ont pas pu cacher, pendant un instant, leur peur de perdre leur second enfant. Encore aujourd’hui, je suis obligé de faire des tests fréquents pour prévenir une potentielle rechute.
8 mai 1996
–. Naissance de mon petit frère, Eddie, souffrant de trisomie 21. « L’enfant miraculeux », comme m’appelait ma tante Lola, et sa grande sœur, Amelia, sont mis de côté pour s’occuper entièrement du petit dernier, ce que j’ai immédiatement compris, et toujours accepté. Je ne peux pas mentir et dire que je ne leur en ai pas voulu, que je n’en ai pas voulu à Eddie, parfois. Mais je comprenais. Et puis, je vivais avec lui, même si je ne le voyais pas tant que ça, même si Amelia et moi, on passait plus de temps chez notre nourrice que chez nous (jusqu’à ce qu’elle nous quitte, quatre ans plus tard, mon père considérant Amelia assez âgée pour s’occuper de nous deux par elle-même). Je vivais avec lui, et je savais très bien que dans l’histoire, je n’étais pas le plus à plaindre. Je ne suis pas le plus à plaindre. J’ai pu guérir, moi. L’argent de mes parents m’a servi à quelque chose. Ils ont pu payer les meilleurs cancérologues londoniens, me faire soigner par les meilleurs médecins, dans le meilleur hôpital pour enfants. Alors que pour mon frère, l’argent ne leur a jamais servi à rien. Sentiment de désespoir et d’impuissance qui les a rendu, les années passant, de plus en plus amers et distants.
1er septembre 2002
–. Premier jour de collège. Désireux de me faire des amis, et ne connaissant personne, je n’ose pas dire non quand mon voisin de classe, Oliver, me propose de faire un match de basket avec lui et ses amis de primaire. Je fais du sport pour la première fois, et si ma nullitude profonde le fait rire, elle me vaut l’attachement d’Oliver, qui se fait alors un devoir de m’apprendre à mettre des paniers. Je ne lui explique pas que, depuis mon cancer, je ne peux pas pratiquer d’activité physique. Il s’en rend compte très vite, de toute façon, s'apercevant qu’il m’arrive fréquemment de boiter. Deux semaines après notre rencontre, il me confronte, et je suis obligé de lui avouer la vérité. C’est le début de quatre ans d’une belle amitié.
5 juin 2003
–. Première fois de ma vie que je chante devant un public autre que ma mère ou les membres de mon cours de chant. La musique, ma passion, devient très vite mon refuge, le lieu où je peux m’exprimer, où je me sens en vie.
8 mars 2006
–. Il m’embrasse. Mon cœur bat très vite, mes paumes sont moites. Ce que je savais déjà se trouve confirmé : je suis gay.
18 octobre 2006
–. Je fais mon coming-out. Si ma mère n’y attache pas grande importance, mon père, lui, ne me l’a jamais pardonné. A partir de là, nos relations n’ont cessé de se dégrader. J’ai toujours fait profil bas, toujours évité les conflits, prétendant ne pas voir le dégout dans ses yeux, ne réagissant pas à ses remarques blessantes, ne ramenant jamais un seul de mes petits amis à la maison. Je me suis toujours dis : « à quoi bon ? Réagir ne résoudra rien. J’ai ma sœur, j’ai ma mère. S’il ne peut pas accepter son fils tel qu’il est, tant pis pour lui ». Je m’y suis fait, j’ai appris à vivre avec. Ce n’était pas toujours facile. Mais vous savez, les gens qui vous rejettent pour ce que vous êtes, vous apprenez à faire une croix sur eux. Comme j’ai fait une croix sur Oliver parce qu’il n’a jamais voulu accepté ce qu’il était. A détruit ce qu’on aurait pu être, sans lui laisser la possibilité d'exister.
17 juillet 2009
–. Alors que je viens à peine de recevoir les résultats de mes A levels, je subis une nouvelle opération des jambes. Elle aurait dû me permettre de retrouver un usage complet de celles-ci. Autant vous dire que ça rate complètement, et que ce qui aurait dû être l’affaire de quelques semaines s’étend sur une année entière. Excédé par le sentiment d’avoir passé douze long mois dans la plus complète immobilité (bien que, du point de vue culturel et littéraire,ils m’aient été plus que bénéfique), je pars pour un tour de l’Europe avec mon frère et ma sœur à la seconde où mon médecin (Mrs Evans, avec quelques rides en plus) me libère enfin de
ma prison mon état d’alitement. Par la suite, je me rends avec Alice en Asie, où je travaille pour une association caritative, avant de retourner en Angleterre. Accepté à Oxford en histoire pour la rentrée 2012, je me rends néanmoins très vite compte que ce n’est pas ce que je veux faire de ma vie. A nouveau, je me tourne vers ce qui me tient le plus au cœur depuis que je suis tout petit : le chant.
9 août 2013
–. Vous pouvez entendre le hurlement hystérique de ma sœur dans l’ensemble de Londres. Je viens de lui annoncer par téléphone que j’ai été reçu à la London School of Arts, et apparemment, ils se sont trompés sur le candidat, parce qu’elle a l’air encore plus heureuse que moi.
15 octobre 2014
–. Ayant besoin de me changer les idées (je viens tout juste de découvrir que mon dernier petit ami en date était en réalité marié et père de famille), je me propose parmi d’autres étudiants de deuxième et troisième année, pour donner des cours de chant à des élèves du lycée Holland. Je ne sais pas pourquoi je me suis dit que ça se passerait bien. Je veux dire, j’aurai du savoir que les chances que j’avais de me retrouver confronté à une espèce d’ado pseudo-rebelle qui se croit plus malin que les autres étaient de… 100%. Bon, ok, ok, je dois l’admettre, lancer des piques à Nathaniel Carlisle, le taquiner, est devenu l’un des grands plaisirs de ma vie. Sans compter qu’il a un talent extraordinaire pour la musique. Il m’a fallu le temps (deux mois pour être précis), mais j’ai fini par le convaincre de me retrouver une fois par semaine pour qu’il s’exerce au chant. Ce qui se déroulait plus ou moins bien… Jusqu’à ce que je l’embrasse. Ce que, il est vrai, je n’aurais peut-être pas dû faire, puisque je sais très bien que ce garçon est aussi prêt de sortir du placard que Nick Carraway l’a jamais été. Mais que voulez-vous… J’ai toujours été une catastrophe ambulante quand on en vient aux histoires de cœur.