BL + practice makes perfect

Munich. 2000. Bastian n'avait jamais connu un mélange d'émotion aussi contradictoire. Il jeta un coup d'oeil en arrière pour vérifier que son meilleur ami le suivait. Il pouvait sentir le regard de Thomas, l'un de leurs amis et celui qui avait organisé la fête à laquelle ils se trouvaient, le regarder légèrement de travers. Il avait dû comprendre ce qu'ils avaient fait tous les deux dans le placard. Quelle idée de jouer à seven minutes in heaven aussi, et surtout d'y envoyer deux hommes. Oh bien sûr, il leur avait précisé discrètement qu'ils n'étaient pas obligés de faire quoique ce soit, mais les deux munichois avaient voulu essayer, du moins c'était ce qu'ils s'étaient dit pour ne pas se dégonfler; Et puis après ça... Les choses avaient vraiment commencé à déraper. Bastian ne pouvait pas le nier, il avait adoré embrasser son meilleur ami, il en avait même rêvé plus d'une fois avant d'arriver ici, et il aurait menti en disant ne pas avoir espéré un tel scénario quand Thomas avait proposé son stupide jeu. Mais il ne pouvait pas s'empêcher de penser que Wendel avait vraiment juste voulu essayer, histoire de s'entraîner sur un pote plutôt que de devoir se lancer directement avec une fille. Peut-être que ça avait juste été une réaction naturelle, peut-être qu'il l'avait simplement fait par curiosité, qu'est-ce qu'il était censé en savoir lui après tout ? Certes, tous les meilleurs potes ne se roulaient pas des pelles quand ils étaient enfermés dans un placard dans sept minutes, mais peut-être aussi que ça ne voulait rien dire. Il réfléchissait trop, voilà ce que c'était son problème, mais il connaissait Wendel depuis toujours, il n'avait pas spécialement envie de le faire fuir tout ça parce qu'il était incapable de la garder dans son pantalon. Il savait depuis longtemps que son meilleur ami ne le laissait pas indifférent, mais s'il avait décidé de ne jamais rien lui dire et de réprimer ce sentiment jusqu'à sa mort, il y avait bien une raison. Il avait passé toute sa vie avec Wendel, et si du jour au lendemain il devait faire une croix sur cette amitié, et bin même si ça lui donnait l'impression d'être une nana méga niaise dans une série B, il aurait juste pas pu le supporter. « Basti ? » Le jeune homme se retourna, sorti de ses pensées par la voix de son meilleur ami. Ce dernier avait l'air parfaitement à l'aise, ce qui était loin d'être le cas de Bastian. Il passa d'ailleurs sa main dans ses cheveux pour essayer de faire passer son embarras et répondit d'un ton légèrement forcé : « Ouais ? » Wendel le connaissait un peu trop bien pour ne pas savoir ce qui se passait dans sa tête alors il l'entraîna dans la cuisine où aucun des autres adolescents n'était venu s'aventurer. Normal y avait pas de bière. « Tu veux qu'on en parle ? » Lâcha Wendel d'un ton moqueur en croisant les bras sur sa poitrine. Lui non plus n'aimait pas donner dans le mélo-dramatique, mais s'il connaissait son meilleur ami sur le bout des doigts, c'était réciproque, et Bastian pouvait sentir qu'il n'était pas aussi à l'aise qu'il aurait voulu le faire croire. « Non. » Mentit-il juste à cause du ton moqueur de son meilleur ami. Wendel n'avait clairement pas envie d'en parler, il n'allait pas le forcer. « T'inquiète pas va c'est déjà oublié. C'est normal, on était curieux, pas la peine de se prendre la tête avec ç... » Mais Wendel ne le laissa pas finir sa phrase. Sans chercher à vérifier que personne ne les surveillait il vint à nouveau déposer rapidement ses lèvres sur celles de Bastian. Celui-ci fut trop choqué pour réagir et le laissa s'écarter tranquillement. Ses joues étaient de nouveau écarlates. « Ou bien... » Lâcha-t-il d'un ton amusé en haussant les épaules, attendant apparemment de voir si Bastian allait ajouter quelque chose. Il ne dit rien. « Ou bien tu pourrais juste admettre que tu as aimé ce qui s'est passé dans le placard. » Bastian baissa les yeux. C'était stupide de le nier, sa réaction au moment du baiser n'avait laissé que peu de place à l'imagination, c'était même lui qui était venu chercher plus. Il ne tarda pas à sentir la main de Wendel sur son torse et fut forcé de relever les yeux. « Fais pas cette tête, moi aussi je te signale. » S'empressa-t-il d'ajouter, un sourire malicieux au coin des lèvres, sentant le besoin de rassurer son meilleur ami. Et pour la première fois depuis qu'ils avaient commencé à jouer, un véritable sourit vint illuminer les lèvres de Bastian.



Londres. 2013. « Eh les pipelettes, concentrez-vous un peu, si c'est pour faire salon de thé vous pouvez rentrer chez vous. » Bastian laissa échapper un soupir agacé tandis que Wendel se contenta d'afficher un sourire amusé. Ils avaient l'habitudes des réflexions de leurs entraîneurs, il fallait dire aussi qu'ils les cherchaient. Ils étaient, comme leur surnom le signalait, inséparables. Alors forcément, les blagues fusaient à la vitesse de l'éclair et leurs entraîneurs en avaient tellement marre de les voir parler ensemble pendant qu'ils étaient censés bosser qu'ils avaient développé une politique de tolérance zéro à ce sujet. « C'est bon là, on les fait tes exercices à la con non ? » S'emporta Bastian, qui était légèrement sur les nerfs en ce moment. « Vous venez de gagner le droit de vous farcir 5 tours de terrain, allez les filles, plus vite que ça. Et sans discuter. » Ajouta l'entraîneur en voyant Bastian sur le point de répliquer. Wendel ne prit même pas la peine de faire remarquer que lui ne s'était pas montré insolent et se contenta de suivre Bastian qui s'élançait autour du terrain. Ce ne fut qu'une fois qu'ils furent bien éloignés du groupe qu'il se permit de faire le moindre commentaire. « Tu devrais pas t'énerver aussi facilement, tu sais très bien qu'il attend que ça. » Non, le type qui l'avait envoyé faire des tours de terrain ne l'aimait pas, étonnant pas vrai ? Bastian était pourtant très facile à vivre. « Je sais. » Grogna-t-il en accélérant malgré lui le pas. Il n'avait pas envie de donner à l'autre abruti la moindre excuse pour le faire chier. Au final après deux tours de terrain, les autres joueurs commencèrent à rentrer aux vestiaires, visiblement fatigués. « Finissez vos tours, et pas la peine de tricher je le saurais. » Bastian se retint de lui faire un doigt, juste parce qu'il n'avait pas envie d'écoper de cinq tours supplémentaires, mais ce n'était pas l'envie qui lui manquait. A la fin de leur troisième tour, toute l'équipe ainsi que le staff étaient rentrés. Bastian était tellement concentré dans ce qu'il faisait qu'il sursauta presque en sentant la main de Wendel se refermer sur son poignet. Le jeune homme avait ralenti et s'était finalement arrêté, forçant son meilleur ami à en faire de même. « On a pas fini je te signale. » Wendel leva les yeux au ciel et se rapprocha dangereusement de son meilleur ami. Bastian recula par pur réflexe avant de vérifier que personne n'était sur le terrain ou ne pouvait les voir. Wendel ne se laissa pas décourager, bien au contraire, et il posa sa main sur la nuque de Bastian pour le forcer à rester près de lui cette fois-ci. « Pas ici, je te l'ai dit cent fois. » Le jeune homme leva à nouveau les yeux au ciel tandis que Bastian continuait à essayer de s'écarter, anxieux à l'idée que quelqu'un ne les aperçoive. « Allez, sois pas parano non plus, tu vois bien que personne n'est là. Et puis tu sais très bien que je te trouve sexy quand tu t'énerves. » Bastian laissa échapper un bref rire mais finit par forcer Wendel à le lâcher. « Je dois te rappeler combien on en a bavé pour arriver jusque là ? T'as vraiment envie de tout perdre juste parce que t'es pas capable de résister à mon charme naturel l'espace de quelques heures ? » Son ton était amusé, mais il était on ne peut plus sérieux. Il n'avait pas envie de foutre en l'air autant d'année de boulot juste parce qu'ils étaient incapables de garder leurs mains dans leurs poches, ça aurait été trop con. « Tu vois toujours le pire scénario possible. Ce serait pas la première fois que je t'embrasserais ici je te rappelle. C'est pas comme si je te demandais de me prendre là tout de suite. » Bastian ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel, ce qui laissa le temps à Wendel de s'approcher à nouveau. « Pas ici merde Wendel. Réfléchis deux minutes. » Mais même lui se trouvait déjà moins convaincant et quand son meilleur ami vint finalement poser ses lèvres sur les siennes, il n'essaya pas de le repousser, au contraire même. Comme à chaque fois, il se laissa emporté par l'instant et ce ne fut qu'après s'être finalement écarté de lui qu'il se rendit compte que ce n'était pas un bon choix stratégique de rouler des pelles à l'un de ses coéquipiers sur leur terrain d'entraînement. Enfin s'il voulait garder sa place de titulaire, mais c'était trop tard de toute façon, et Wendel avait l'air tellement fier de lui que Bastian n'eut pas le courage de l'engueuler. Il se contenta de reprendre leur footing, accélérant le rythme pour compenser le temps perdu.

→ Ton heure de gloire est enfin arrivée, un producteur de cinéma vient de te remarquer dans la rue et te propose de devenir la star de son nouveau film. Que lui dis-tu ? Je l'envoie chier tout simplement. Déjà s'il vient m'aborder dans la rue pour me proposer gloire et richesse le mec c'est qu'il est totalement con. La célébrité je l'ai déjà et plus que nécessaire je peux vous le dire, et l'argent, bah c'est pareil j'en ai largement assez comme ça. En plus très franchement ça m'intéresse pas spécialement de faire le guignol dans le film d'un type que je connais absolument pas. Je fais pas confiance aux gens qui m'abordent dans la rue comme ça moi, vous êtes fous.

→ Une pauvre fille en pleurs chante All by myself avec son cornet de glace à la vanille en plein de milieu de la rue retournant tous les regards sur son passage, y compris le tien. Ta réaction ? Je passe mon chemin tout simplement. Les gens n'ont aucune fierté ou quoi ? La fille si ça l'amuse d'étaler sa peine comme ça aux yeux de tout le monde je ne vois qu'une solution : elle aime attirer l'attention et je suis pas du genre à donner aux gens ce qu'ils attendent aussi désespérément.

→ Ton(ta) cousin(e) t'avoue sous l'emprise de l'alcool son attirance pour toi, et tente de t'embrasser. Premières impressions à chaud ? Réactions à froid ? Ça dépend j'ai bu ou pas ? Non sans déconner ma réaction à chaud est claire et net, je la ou le repousse. Si c'est une fille déjà c'est assez évident que j'aurais jamais le réflexe de la laisser m'embrasser, et puis si c'est un mec bah... Je suis quand même pas intéressé. J'ai passé toute ma vie avec le même homme, je pense que je serais bien qu'avec lui, et puis comme on va toujours partout ensemble, j'aurais pas envie qu'il me tape une crise de jalousie. Et puis à froid, bah je serais dégoûté et je l'éviterais probablement à vie, homme ou femme. Merde, trouve-toi quelqu'un d'autre que ton cousin.

→ Ton idée du parfait samedi soir : une soirée arrosée au Carling à Oxford, une nuit de folie au Fez Club de Cambridge, une sortie au théâtre de Londres ou une soirée geek avec plat commandé et partie de jeux vidéos avec tes meilleurs potes ? Une soirée arrosée au Carling, sans hésitation. J'y ai jamais mis les pieds mais ça a l'air fun, de toute façon moi j'ai lu le mot 'arrosée' et j'ai été séduit. Vous avez pas une adresse à me filer que j'aille y jeter un petit coup d’œil ?

→ T'es au confessionnal, tu peux avouer ta pire faute, ou encore un secret particulièrement pesant que tu n'aimerais pas voir révélé. Que dis-tu au père Patrick pour te soulager la conscience ? Alors déjà le jour où vous me verrez foutre les pieds dans une église prenez une photo parce que vous m'y reverrez jamais. M'enfin bon, admettons que j'aille au confessionnal... Je suppose que je lui dirai que j'aime les hommes, les hommes et rien que les hommes. Très franchement, je n'en ai jamais été aussi convaincu que depuis que je suis obligé de sortir avec une nana.

→ Le père Patrick était en fait un vrai sociopathe fan de Pretty Little Liars, et t'envoie un sms anonyme où il vous demande de choisir entre un secret révélé qui pourrait anéantir ta réputation ou briser ta famille, et de voler la bague de fiançailles Cartier d'un de vos amis. Après mûre réflexion, qu'est-ce que tu choisis ? Je vole la bague, direct, y a même pas d'hésitation à avoir ! Vous êtes fous ou quoi ? J'ai passé ma vie à cacher ce secret, c'est pas pour laisser un abruti le révéler comme ça ! Au pire c'est pas grave, je rembourserai le prix de la bague une autre fois discrétos.

→ C'est le mec (la fille) de tes rêves, tu en es persuadé(e) et pourtant, celui(celle)-ci est en couple avec quelqu'un d'autre. Tu te la joues résigné(e), stratégique, ou éploré(e) ? On veut les détails ! Stratégique, je n'ai jamais eu ce problème, mais si la personne que j'aimais était en couple je ne ferais aucun cadeau. Je vais pas dire que j'ai pas d'honneur, mais en amour, tout est de bonne guerre. Tant qu'on me le fait pas à moi bien sûr.

→ Dans dix ans, je me vois bien ouvrir un resto spécialité moules frites avec Camille Jules Martin, marié, six gosses et à l'origine d'une toute nouvelle sauce roquefort-épinards et toi, des projets pour l'avenir ? Finir ma carrière sans que mon secret ne soit dévoilé et après, je sais pas j'y ai jamais réfléchi. Je profite de ma jeunesse qu'est-ce que vous voulez ! Mais j'irai probablement bosser comme consultant au Bayern, enfin, s'ils veulent bien de moi. J'ai toujours voulu retourner à Munich, ma ville natale me manque, et puis, je me vois pas quitter le monde du football.

→ Et enfin, honnêtement, entre truth ou dare, qu'est-ce que tu préfères ? (oui ça rime !) Dare, j'ai un culot monstre alors je suis capable de tout. Et puis, y a des secrets que je peux juste pas me permettre de révéler.

→ En pleine soirée baby-sitting, l'adorable petite fille aux cheveux blonds que vous gardez s'installe sur vos genoux et vous demande, d'un air suppliant : « Moi plus tard, je veux être la Reine d'Angleterre. Papa m'a dit que pour pouvoir le faire, il fallait aller à l'université. Mais il a dit aussi qu'il fallait choisir entre Oxford et Cambridge, parce que ce sont elles les meilleures d'Angleterre. A ton avis, il vaut mieux apprendre à devenir Reine à Oxford, ou à Cambridge ? » Cambridge, enfin si t'es vraiment motivée, y a l'air d'y avoir plus de tête. A Oxford, ça m'a tout l'air d'être rempli de rigolos et de fauteurs de trouble.

→ Après avoir écouté votre argumentaire, elle s'interrompt une seconde et fronce étrangement le nez. « Mais, au fait, qu'est-ce que c'est, le Judging Cambridge Club ? » Un groupe d'étudiant qui s'amuse à juger et à critiquer tous les étudiants de Cambridge. Enfin, au moins ça paye, les résultats sont là, non ?

→ « Aaaah, d'accord. Je comprends mieux. Et les TroubleMakers, alors ? C'est la même chose ?» C'est tout l'inverse, ce sont des farceurs invétérés, enfin si on peut appeler ça comme ça. Ils s'amusent à faire chier le monde, ils ont que ça à faire je suppose.

→ « C'est bien compliqué tout ça. Mais alors, si je choisis Cambridge et que finalement je préfère Oxford, j'ai le droit de changer en cours de route ? » Probablement mais je te le conseillerais pas, vu la rivalité entre les deux écoles tu serais probablement pas bien accueillie si tu passais de l'une à l'autre.

→ « Hm... Bon. Ca m'avance pas beaucoup. Mais en même temps, j'ai le temps. »