Jesse & Connor ❝ Come on, I know you want me ❞

Bien sûr, qu’il y revenait, par facilité, par besoin lucratif aussi. Ce n’était pas la meilleure chose qu’il faisait pour gagner de l’argent, pas la plus honorable non plus et, souvent, juste après, il se sentait sale à en crever. Pourtant ça restait le meilleur moyen de ramasser un maximum de blé en un minimum de temps et il en était bien conscient. S’il avait eu moins d’obligations, entre ses cours, Scarlett et les répétitions, peut-être cela aurait-il été différent. Mais ce n’était pas le cas, il était donc inutile d’imaginer des situations improbables dans lesquelles tout se déroulerait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Il n’était plus aussi naïf. Plus depuis longtemps en tous cas. La soirée finit (et les hommes mariés prenant du plaisir avec des gamins à l’insu de leurs femmes étant rentrés chez eux), Jesse se retrouve devant le casino, une clope au bec. La nicotine lui fait du bien, même s’il ne fume que rarement (et majoritairement en soirée), parce que, même à ce prix, c’est une addiction qu’il ne peut pas vraiment se permettre autrement qu’occasionnellement. La fraicheur glacée du mur de l’établissement dans son dos passe à travers ses vêtements et l’apaise quelque peu, fermant les yeux quelques secondes. D’ici quelques minutes, il lui faudrait rentrer à la maison, vérifier que Scarlett était bien endormie et qu’elle avait fait ses devoirs, sous la surveillance de Mrs Robinson, la voisine… Il rouvre les paupières, sentant un regard posé sur lui et il constate qu’il ne se trompe pas vraiment comme il aperçoit un jeune homme qui le dévisage avec attention, un sourire enjôleur sur les lèvres. Il l’a déjà croisé, quelques fois, autant dire qu’il sait bien à quoi s’attendre, avec ce genre de type. Est-ce que ça lui fait peur ou l’ennuie ? Non, pas spécialement. Il ne lâche pas des yeux, comme il s’approche, jouant de tout son charme, comme si Jesse était l’un des clients en manque qu’il harponnait avec facilité. Ca le fait sourire, le blond, mais il ne dit rien, pas même quand il lui subtilise son briquet en prodiguant une caresse qui, il en est convaincu, n’a rien de fortuite. Il l’observe allumer sa clope, récupérant son bien par la même occasion, et s’installer à ses côtés. S’il s’était mis en tête de parler à cœur ouvert de leurs vies pourries et de ce qui les avaient amenés ici, c’était certain, Jesse prendrait ses jambes à son cou, sans se retourner. « Bonne soirée ? » « Moins bonne que la tienne, j’imagine mais… correcte. » Il connaissait sa réputation, il savait de quoi il était capable et, à voir sa manière de s’y prendre avec lui, il n’était pas très étonné de son franc succès auprès des hommes en pleine crise de la quarantaine. « Jesse, c’est ça ? » « C’est ça. » répond-il d’un ton neutre, tirant de nouveau sur sa clope. Il ne lui demande pas son prénom en retour ; ce n’est pas qu’il s’en fiche mais il le connait déjà alors, pourquoi faire semblant ? « Je sais pas pourquoi je ne pense pas à toi, lorsqu’un client me demande un threesome. » conclut-il dans un rire cristallin qui laisse Jesse interdit quelques secondes. Okay, celle-là, il ne s’y attendait vraiment pas mais il préférait largement ce genre de conversations à celles qu’il pouvait avoir avec d’autres, dans la même situation. Il finit par éclater de rire à son tour, remuant la tête avec amusement avant d’écraser son mégot du talon et de fourrer ses mains dans ses poches. « Tu sais sans doute que tes clients ne feraient plus appel à toi s’ils avaient l’occasion de me rencontrer ? » plaisante-t-il à moitié. « Je comprends tes craintes, rassure-toi. » poursuit-il sur le même ton moqueur et amusé, en levant les yeux au ciel, avec une exagération bien visible. « Mais, ouais, n’hésite pas la prochaine fois, appelle-moi ! » ricane-t-il, tout en sachant très bien qu’il n’a pas son numéro et persuadé qu’il plaisante. Soudain, l’idée qu’il puisse être sérieux, lui traverse l’esprit et son sourire disparait au profit d’une moue perplexe. « Sérieusement ? On t’a déjà demandé ça ? »

Connor éclate de rire à sa question, comme s’il avait soudainement fait un trait d’esprit particulièrement drôle quand, en réalité, il était on ne peut plus sérieux. C’est à son tour de sourire quand il le voit se décoller du mur pour se placer devant lui, prédateur, séducteur, terriblement invitant et il est bien sûr que ce n’est pas fortuit. Il n’est plus qu’à quelques centimètres de lui (Jesse pouvait presque sentir la chaleur de sa peau tant il était près), quand il répond enfin à sa demande. « Si tu savais ce qu’on peut me demander… » Réflexion faite, non, il n’était pas certain d’avoir envie de connaitre les tenants et les aboutissants de ses passes. Il n’était pas du genre à bavarder des clients autour d’un verre comme pourraient le faire d’autres. Jesse tenait à la discrétion, la sienne et celle des gens qui le payaient pour ça. « Et tu crois vraiment que mes clients cesseraient de m’appeler s’ils te rencontraient ? » Le sourire du blond s’élargit de nouveau considérablement comme il le voit se rapprocher davantage. Pensait-il vraiment que ce genre de choses allait l’impressionner ? Quoi, il s’imaginait être le seul à avoir un talent pour la séduction ? Il était vraiment complètement à côté de ses pompes… Jesse ne cille pas, pas même quand il lui souffle la fumée de sa cigarette à la figure. Non, vraiment, il allait devoir faire mieux que ça pour faire accélérer les battements de son cœur ou rendre son souffle plus court… Il ne doute pas qu’il en soit capable, d’ailleurs, sans doute a-t-il juste voulu commencer doucement. « T’es si bon que ça ? » murmure-t-il, avec cet air d’amusement permanent. Le nez de Connor vient caresser le sien, avec légèreté, presque avec malice, et il retient à grand peine un ricanement moqueur. How cute ! A se demander ce que les bourgeois des beaux quartiers de Londres pouvaient bien lui trouver. A moins que ce soit son côté minet aux allures fragiles qui les rendait fous. « J’aimerais bien voir ça … » qu’il lui glisse à l’oreille, invitation peine voilée, provoquant à nouveau un petit rire moqueur de la part du plus vieux. « Je n’en doute pas un seul instant… » répond-il sur le même ton amusé que lui, précédemment, plantant son regard bleu dans le sien. Sans prévenir, il l’attrape par le col, inversant leurs positions et le plaquant contre le mur, sans réelle douceur. De loin, ça aurait pu ressembler à un début de bagarre, en réalité c’était sans doute le début d’autre chose. Son corps vient se coller à lui, plus franc dans ses gestes que le cadet n’a osé l’être. Ses doigts se resserrent légèrement sur son col, entravant un peu sa gorge, comme son genou vient s’intercaler entre ses cuisses, appuyant légèrement contre l’entrejambe du jeune homme. Ses lèvres viennent glisser sur l’arête de sa mâchoire, tentatrices sans jamais embrasser, avant de finalement venir susurrer à son oreille, juste un souffle qui ne peut être entendu que de lui seul… « Je serais ravi de te montrer que je ne suis pas un menteur mais… Je n’ai pas les moyens de me payer un mec comme toi… » Ses dents viennent attraper son lobe, mordillant légèrement, avant qu’il ne poursuive. « Et je doute fortement que tu aies envie de dépenser le moindre penny pour un type comme moi… » Ses lèvres viennent à nouveau souffler sur les siennes, tellement proches qu’il pourrait presque les sentir contre les siennes. « On est dans une impasse, je crois bien… » Avec fluidité, il le relâche, s’écartant de quelques pas, les mains fourrées dans les poches de sa veste, un sourire toujours vissé sur la figure. « It’s all about business after all, isn’t it ? »

Connor était charmant, c’était vrai, même tout à fait à son goût pour ainsi dire et, sans doute les choses auraient-elles été différentes s’il l’avait rencontré dans la rue, sans rien connaitre de ses activités extra-scolaires, mais ce n’était pas le cas. Il était pleinement conscient de ce à quoi le jeune homme occupait ses soirées et, forcément, c’était le genre de choses qui ne l’intéressait pas. Too easy to get… Il avait passé l’âge de se vautrer dans des draps sans d’autre recherche que son plaisir personnel. Le jeu, la chasse, l’excitait davantage que la victoire, allez comprendre… « Oh… Tu couches qu’en étant payé ? » Ce n’était pas tout à fait ce qu’il avait dit mais généralement oui, il évitait de mélanger travail et plaisir, question de limites… Il lit la surprise et l’incompréhension dans ses yeux et ça ne le fait sourire que davantage. « Nan parce que… me concernant… » Le blond ne loupe rien, pas la moindre miette de son petit jeu, de son regard planté dans le sien à ce petit mouvement adorable pour humecter ses lèvres. Innocent en apparence… « Être payé pour le faire n’est que… la cerise sur le gâteau. Ce qui rend ce job si… parfait. » C’était une façon étrange de voir les choses et sans doute était-il bien mieux servi que lui-même sur ses différents clients pour avancer de tels arguments. Quand il se retrouvait coincé entre un mur et un vieux barbot sentant la sueur, il ne pouvait pas prétendre apprécier ça. « Mais je m’en voudrais de te faire perdre de l’argent… » ajoute-t-il en s’approchant, volontairement provocateur. Il savait y faire, il ne pouvait pas lui retirer ça, c’était un fait… « Quoique… Généralement, on a tendance à me payer le double… Pourboires, tout ça, tout ça. » L’aîné a une légère grimace devant tant de vantardise, un peu jaloux sans doute également de le voir réussir si bien là où il ne faisait que se débrouiller pour se maintenir à flots. « Dommage… » Le regard appréciateur qui le détaille ne passe pas inaperçu, pas plus qu’il ne le laisse indifférent et Jesse se sent obligé de détourner le regard un bref instant, histoire de ne pas le faire taire en lui clouant le bec avec ses lèvres sur les siennes. Ce type avait le don de réveiller ses pulsions les plus primaires, celles qu’il croyait endormies. « Mais je devrais trouver quelqu’un d’autre avec qui passer une bonne partie de la nuit… Ce n’est pas ce qui manque, à Londres. » S’il avait eu la moindre notion de psychologie, il aurait sans doute trouvé un nom à cette technique odieuse qui consistait à faire croire qu’on n’en avait pas envie pour forcer l’autre à admettre qu’il le voulait aussi. Nerveusement, il rallume une cigarette au coin de ses lèvres, absorbe la nicotine pour se redonner une contenance comme ses prunelles bleues s’attardent un peu trop sur les courbes harmonieuses du jeune homme. La curiosité le dispute à la prudence comme il se demande pour lui-même si Connor est vraiment si doué dans un lit. Il se mordille la lèvre et finit par murmurer un « Attends ! » un peu trop vif. Se rapprochant du jeune homme avec la souplesse d’un félin prêt à bouffer sa proie, ses doigts viennent effleurer l’arête de sa mâchoire, susurrant sur un ton moqueur. « Je n’aime pas quand c’est trop facile, Connor et, sauf ton respect, t’as l’air aussi dur à avoir qu’une MST… » Il laisse échapper un rire cristallin. Ce n’était certes pas un compliment mais il doutait qu’il s’arrête à cette petite insulte s’il avait vraiment envie de l’avoir… « Essaye au moins de faire en sorte que le jeu en vaille la chandelle… » Il coule un regard en coin vers une quarantenaire qui sort du casino, plutôt guindée dans son tailleur tiré à quatre épingles. Du bout des lèvres, il vient murmurer à son oreille. « Séduis-la en moins de six minutes. » Pas de « et ». Pas de « et en échange je ferai quelque chose pour toi ». Il n’y avait pas de règles à accepter. Juste le jeu.

Il lui lance un défi auquel l’autre ne répond que par un petit rire amusé, posant ses doigts sur sa hanche, espérant sans doute le détourner de son idée originelle mais le blond se dérobe avec souplesse ; non, il ne se laisserait pas avoir aussi facilement. Il avait demandé quelque chose et il entendait bien l’obtenir. Assez rapidement, si possible. « Je suis gay… Le jeu est tronqué par avance… Je n’ai aucune idée de comment on séduit une femme… » Et ? Il était censé s’en émouvoir d’une façon ou d’une autre ? Qu’il sache faire ou pas n’était pas son problème… « Tu peux toujours renoncer si tu ne t’en sens pas capable, tu sais ? » Sourire innocent et clairement moqueur. Mais Connor ne répond que par un baiser bref, sans doute pour lui donner un avant-goût, provoquer chez lui l’envie, comme s’il ne l’avait pas déjà. Il passe sa langue sur ses lèvres en le voyant reculer vers la proie désignée, comme pour mieux se saisir du goût des siennes et il l’observe, un sourire en coin vissé sur la figure. Bien sûr qu’avec un physique comme le sien, faire des ravages même parmi la gente féminine n’est pas mission compliquée, il aurait juste pensé que vues ses allures de frigide, elle mettrait davantage de temps à lui résister. Ses prunelles bleues jetant un rapide coup d’œil à sa montre, il ne peut que constater que Connor réussit son petit jeu débile en moins de temps que celui qu’il ne lui a accordé et il esquisse une légère grimace contrariée. Not funny. « There. Done. Ce n’était pas si compliqué, finalement ! » Forcément ! Ce type était un appel à la luxure à lui tout seul ! S’en rendait-il seulement compte ? Oui, sans doute. « Bon… J’peux t’amener chez moi et empêcher mon colocataire de dormir, maintenant ? » Chez lui ? Un colocataire ? Ca ne lui semblait pas être le plan idéal. « Ou ailleurs, plutôt. Il a des exams importants… Et mes partenaires sont rarement discrets … » Le blond ne peut retenir un léger ricanement moqueur devant tant de vantardise et il lève les yeux au ciel, avec amusement, avant de reporter son attention sur lui, ses doigts venant remettre en place le col du jeune homme avec douceur. « Peut-être que ce n’est pas un colocataire mais ton petit ami et que tu n’as pas envie que ça se sache… Il y a une différence entre le travail et le plaisir, j’imagine ? » chuchote-t-il, émettant l’hypothèse qui lui trotte dans la tête. Lui, il s’en moque bien, il n’est pas du genre jaloux… Il sait que ce n’est, malheureusement, pas le cas de tout le monde. « On ne peut pas aller chez moi. Je ne vis pas seul. » Inutile de préciser qu’il parle de sa jeune sœur, c’était plus amusant de laisser Connor imaginait ce qu’il souhaitait. Ses doigts viennent à nouveau effleurer les contours de son visage, doux, presque tendres. « Et je ne peux pas me permettre une chambre d’hôtel, pas même dans le plus miteux de la ville… » Avec malice, il le pousse de nouveau contre le mur, sans la moindre douceur, se collant à lui pour murmurer à son oreille. « Tu as quelque chose contre les ruelles sombres ou pas ? » Il n’avait clairement pas l’intention de s’envoyer en l’air dans un lieu public, ce n’était qu’un test de plus.

Il teste ses limites, joueur, lui demandant s’il a quelque chose contre les ruelles sombres. Ce n’est qu’une proposition en l’air, il n’a pas réellement l’intention de s’envoyer en l’air avec un presque inconnu entre deux bennes à ordures. Si on les surprenait, ils risquaient fort de finir au poste de police pour la nuit et c’était un écart qu’il ne pouvait pas se permettre. Ca risquait de lui faire perdre la garde de Scarlett et elle se retrouverait en foyer d’accueil. Non, définitivement non, et il est presque soulagé quand il l’entend, sagement, décliner sa suggestion. « Non, pas grand-chose… Mais il me semble que ce serait de l’exhibitionnisme et que c’est illégal… » lâche-t-il dans un petit rire avant de déposer quelques baisers sur l’arête de sa mâchoire, provoquant un léger feulement de la part du blond. Il savait décidément susciter l’envie, c’était quelque chose qu’on se devait de lui reconnaitre. « Non pas que j’en ai quelque chose à faire… Apparemment, je n’ai aucune pudeur. Et je suis exhibitionniste. Enfin, c’est ce que mon meilleur ami me dit tout le temps. » ajoute-t-il dans un nouveau rire qui entraine celui du plus vieux. Il ne savait pas pourquoi il trouvait l’idée amusante. Peut-être parce que Casey lui sortait parfois, lui aussi, ce genre de phrases toutes faites sur ses comportements sexuels. Comme s’il était mieux, lui ! Il savait juste se montrer plus discret, c’était là la seule différence entre eux deux. En tous cas, Jesse en était convaincu. Casey aurait sans doute une autre version, si on le lui demandait mais il n’était pas là pour faire valoir son droit à la parole. « Mais… si on… se… fait prendre… ça reviendra… à plus cher… qu’une chambre d’hôtel. » murmure-t-il en ponctuant chaque partie de phrase d’un baiser qui fait accélérer son rythme cardiaque, provoquant déjà une montée d’adrénaline. Il avait pourtant beau dire ce qu’il voulait, il était hors de question qu’il dépense la moindre livre pour une chambre d’hôtel, simplement pour satisfaire une envie, pressante certes, mais un peu futile aussi. Il avait besoin de cet argent pour les courses, les factures, les dépenses quotidiennes et il n’avait pas franchement l’intention de dépenser en plaisirs vains, ces quelques billets durement gagnés. « Puis merde. Viens, on va chez moi. » S’il avait conservé encore la moindre hésitation quant à ce qu’il lui proposait de façon clairement peu subtile, le baiser qu’il lui prodigue, aussi fougueux que sauvage, achève bien vite de faire tomber toutes les barrières qu’il pouvait encore avoir gardé dressées. « Tu abandonnes tes bonnes résolutions quant aux examens de ton colocataire ? » Ses doigts viennent accrocher le menton du jeune homme pour le forcer à le regarder et il se fend d’un sourire en coin, amusé. « Pas que ça me déplaise hein, ne te méprends pas… » Ses lèvres viennent capturer les siennes, sa langue forçant le passage pour venir caresser la sienne avec fougue, ses doigts accrochant déjà les hanches du jeune homme pour l’attirer tout contre lui, collant son bassin contre le sien, ronronnant déjà comme un chat amoureux. Rompant le baiser, il attrape la lèvre inférieure du jeune homme pour la mordiller au passage avant de lui rendre sa liberté, une lueur malicieuse dans le regard. « Pitié, dis-moi que tu n’habites pas à l’autre bout de la ville parce que, crois-moi, je ne suis pas certain de te tenir bien longtemps… » Il y avait un revers de médaille à mettre ainsi le feu aux poudres, on ne pouvait que rarement éteindre le brasier une fois qu’on l’avait lancé. Il le colle à nouveau contre le mur, l’embrassant de plus belle comme ses phalanges se font déjà plus aventureuses, glissant sous la ceinture du jeune homme pour s’infiltrer dans son sous-vêtement. Il manque de souffle, certes, mais il ne rompt pas le baiser pour autant. Il avait envie, là, maintenant… Tant pis pour son appartement, la ruelle adjacente ferait aussi bien l’affaire. Comme souvent, le désir brouillait ses idées claires…

Il aurait sans doute dû ne plus avoir le moindre désir sexuel, après une soirée aussi harassante, mais il y avait, effectivement, un monde entre le travail et le loisir. Connor était, sans discussion possible, bien plus mignon que la plupart des clients qui venaient s’enquérir de ses services et Jesse ne doutait pas qu’il soit un expert dans le domaine de la chair. Ça avait suffi à attiser sa curiosité et son envie et le voilà qui se retrouvait, le plaquant contre un mur, ses lèvres accrochés aux siennes suppliant qu’il habite à proximité afin qu’ils puissent se perdre dans la fraicheur de ses draps et que ses doigts puissent poursuivre leur office. « Trop loin, je crois. » souffle-t-il tout contre sa bouche, tandis que ses doigts se glissent sous son tee shirt, lui arrachant un frisson violent qui manque de lui faire perdre pied, tout à coup. Il inspire profondément, cherchant sans doute à se calmer, à reprendre un semblant de contenance. Il n’a pas vraiment le temps de penser à quoi que ce soit que, déjà, le jeune homme attrape son bras, l’attirant un peu plus loin, dans l’alcôve secrète d’une ruelle déserte. Il a une vue directe sur la benne à ordures mais il n’y pense pas très longtemps, à vrai dire. « I want you… Now. » chuchote le brun avant de le coller à son tour contre le mur de pierres froides. La dureté de la paroi ne parvient même pas à son esprit, qui s’embrume sous ces lèvres qui l’embrassent encore et ses doigts qui reviennent s’aventurer sur son épiderme avant de se lasser et de lui retirer son haut, dans un mouvement fluide. Le froid du soir le saisit légèrement, provoquant des frissons sur sa peau d’opale. « Much better. » chuchote-t-il à nouveau, visiblement appréciateur du spectacle qu’il lui offre. Un sourire vient étirer ses lèvres et il feule à nouveau comme un chat en colère quand sa bouche vient se poser sur sa peau, goûtant sa clavicule. C’est tout son corps qui se tend et qui en demande davantage, qui veut plus, tellement plus. Il ne pense plus clairement, comme drogué, complètement inconscient des risques qu’il prend, des conséquences, de ce que cela pourrait lui coûter. C’est une sirène de police, au loin, loin dans la ville, un son à peine diffus, qui le rappelle soudain à la raison, écarquillant les yeux comme s’il venait de se réveiller d’un rêve étrange, repoussant le jeune homme peut-être un peu trop durement. « I… I can’t… » Il a sans doute un peu l’allure du type qui se défile après avoir allumé tout son soûl, mais il s’explique presque aussitôt, réenfilant son t-shirt sur ses épaules avec rapidité, jetant un œil inquiet aux alentours. « J’peux pas prendre le risque qu’on se fasse prendre par des flics pour attentat à la pudeur ou exhibitionnisme. » Certes, ça ne leur coûterait sans doute pas grand-chose, une nuit au poste tout au plus, mais c’était déjà bien trop pour le blondinet, supposé récupérer sa petite sœur chez Mrs Robinson, la voisine. Il ne pouvait pas prendre le risque, qu’inquiète, la voisine prévienne la police ou les services sociaux et qu’on lui retire la garde de la gamine. « Je dois être chez moi avant minuit… » Tiens, ça commençait comme un conte de fées connu, quelle coïncidence ! Fort heureusement, Jesse n’allait pas se transformer en crapaud une fois le temps imparti. Ses prunelles claires se plantent dans celles du jeune homme tandis qu’il se mordille la lèvre inférieure, visiblement frustré. Il en meurt d’envie pourtant et tout son corps tend à le prouver. Il n’a juste pas de vraie solution… L’espace d’un instant, l’idée d’inviter Connor chez lui, beaucoup plus proche du casino, lui traverse l’esprit mais il se ravise bien vite. Il ne pouvait pas commencer comme ça ou il n’en finirait plus de faire défiler ses conquêtes dans l’appartement familial et, soyons honnêtes, ce n’était pas une vision à offrir à une enfant…

Son corps tendu à l’extrême contre lui, tiraillé par deux sentiments contradictoires et provoquant un cocktail détonnant dans son esprit ; entre l’envie qu’il avait de lui et qui tenait presque de l’urgence et la raison qui lui imposait d’aller retrouver sa sœur, même s’il savait que la voisine la surveillait en attendant son retour, il ne savait que choisir. Les deux sentiments se tiraient dessus à boulets serrés, chacun cherchant à l’attirer de son côté, l’un le poussant à se montrer raisonnable, l’autre l’incitant à se soumettre à ses pulsions les plus basses et les plus primaires. Il entend le soupir de plainte de Connor et il éprouve exactement la même frustration violente que celle qui étreint le jeune homme. « Et… T’habites loin, sinon ? » interroge-t-il d’une voix clairement altérée par le désir. « Non, pas très loin mais… » commence-t-il, bien décidé à expliquer la raison de l’impossibilité de se rendre chez lui, mais, déjà, Connor lui coupe l’herbe sous le pied, reprenant à son tour. « On s’en moque de ton colloc. Come on. » Il ouvre la bouche pour répondre que ce n’est pas ça, que ce n’est pas un colocataire mais une gamine de quelques années qu’il cherche à préserver du bruit passionné de ses ébats. Voilà pourquoi il n’avait jamais ramené personne chez lui. Par pudeur, par respect pour la gamine. Par honte sans doute un peu, aussi. Pour autant, les baisers qu’il dépose le long de sa mâchoire achèvent de lui faire perdre totalement pied, son pantalon se faisant encore plus étroit, son rythme cardiaque s’accélérant subitement. « You want me. I want you. So… » Il cherche à résister un moment, à cette attraction entre eux, à cette envie qu’il a su susciter, à l’incendie qu’il a allumé et qu’il ne parvient pas à éteindre, même si toute sa raison se concentre là-dessus. Finalement, il soupire lourdement, repoussant doucement le jeune homme, les prunelles brillantes de fièvre et d’envie. « Okay, okay, t’as gagné, je vais payer l’hôtel… » Oh, il allait le regretter amèrement, demain matin, quand au réveil, il réaliserait qu’il n’avait plus un seul billet en poche et qu’il avait tout dépensé pour satisfaire son appétit sexuel. Oui, il se maudirait et il lui faudrait travailler encore plus d’arrache-pied, multiplier les strip-teases au club et les passes au casino pour redresser la barre mais là, sa raison avait simplement était mise en pause et il n’y pensait pas le moins du monde. Non, tout ce qui l’intéressait, c’était que Connor termine ce qu’il avait initié. L’attrapant par le poignet, il l’entraîne de nouveau à l’intérieur du casino ; certes, ils auraient pu aller au motel, beaucoup moins cher, quelques pâtés de maison plus bas, mais ça les aurait forcé à attendre encore et il ne s’en sentait pas capable… La réceptionniste, qui les connait bien, ne peut retenir un sourire narquois en les voyant débarquer ensemble mais Jesse ne s’en offusque même pas, c’est d’ailleurs à peine s’il s’en rend compte. Il dépose sa liasse de billets sur le comptoir et elle ne lui en rend même pas la moitié, qu’il fourre rapidement dans sa poche avant de traîner Connor vers l’ascenseur, après avoir attrapé les clefs de ses doigts fébriles. Bien sûr, il le plaque contre la porte qui se referme, l’embrassant à pleine bouche, une sauvagerie impétueuse et fougueuse qui ne prend plus qu’elle ne donne, ses doigts s’infiltrant déjà sous son t-shirt pour le lui retirer. Peu importe que quelqu’un les surprenne, Connor à moitié nu, en sortant dans le couloir, il ne pense plus vraiment avec son cerveau. Toujours accroché à ses lèvres, il parvient difficilement à ouvrir la porte de la chambre louée pour la nuit, le poussant à l’intérieur avant de refermer d’un coup de pied en arrière. Il a sans doute laissé les clefs à l’extérieur, bien en vue sur la serrure, mais qu’importe, il s’en moque pas mal. Déjà, Connor a basculé sur le lit sous son impulsion, comme il commence lui-même à retirer son pull, le balançant au sol avant de venir se caler à califourchon au-dessus de lui, ses doigts s’attaquant à la ceinture de son pantalon tandis que ses lèvres s’attèlent à dévorer sa gorge…